Faisons une expérience de pensée : imaginons que nous soyons capable de déterminer la date à partir de laquelle nos ressources énergétiques — disons le pétrole et le gaz — vont commencer à s'épuiser. On pourrait s'amuser à se faire peur et se demander quelle serait cette date, que seraient les solutions alternatives et qu'en seraient les conséquences.

C'est à ces questions que la Conférence sur le pic mondial de la production pétrolière organisée à Paris le 26 et 27 mai 2003 par l'Institut français du pétrole et l'ASPO a tenté de répondre. Le fait qu'une telle conférence ait eu lieu il y a plus de sept mois sans qu'aucun média français ne s'y soit intéressé est assez étrange de la part de l'industrie de l'information : c'est via un article du journal Le Canard Enchainé du 24 décembre dernier que j'ai découverts l'existence de ce pic de Hubbert.

La question de la date de ce fameux pic de production est finalement peu importante : certains pensent qu'elle approche et que cette proximité suffit à expliquer et à justifier certains attentats et certaines invasions depuis trois ans ; d'autres, comme le professeur Kenneth Deffeyes, auteur du livre Hubbert's Peak: The Impending World Oil Shortage, pense que le pic pétrolier a déjà eu lieu.

Tous sont d'accord sur un point, la pénurie arrive : les champs pétroliers de la mer du Nord seront, par exemple, épuisés dans 6 ans. Parmi les solutions envisageables, ni l'hydrogène, ni l'éthanol ne sont viables. Reste le nucléaire, mais il résoudra difficilement la question des transports.

Quant aux conséquences possibles, il suffit de lire un bout du rapport

Nous sommes sortis de la conférence avec le sentiment qu'en raison du déni politique et économique, alors que les lumières commenceront à s'éteindre, que les voitures s'arrêteront, que les fertilisants et pesticides deviendront trop chers pour les pays du tiers-monde et que les famines commenceront à frapper la planète, le charbon et le nucléaire seront les remèdes d'urgence auxquels nous auront recours, mais ne seront pas efficaces, sinon pour colmater les brèches dans l'urgence.

qui brille par son optimisme.

On lira avec profit l'article Pétrole : le début de la fin déjà là qui fournit une traduction française du compte-rendu de la conférence réalisé par Mike Ruppert, ainsi que le site Negawatt pour plus de détails.

Le Pic de Hubbert : voilà une locution promise à un bel avenir en 2004, tout comme celle de travailleur pauvre.