Trois textes sur le revenu universel d'existence :

  1. Gilbert Boss, Justifications du revenu universel :

    Le revenu universel se caractérise par le fait qu’il est attribué également à tous, aux riches comme aux pauvres, automatiquement, sans avoir à être demandé, sans aucune contrepartie, sans aucune limitation de son usage. Par opposition à un salaire minimum ou aux pensions de sécurité sociale, il se distingue par le fait qu’il ne dépend pas des revenus qu’ont par ailleurs les gens, si bien que tous le reçoivent. Par opposition à toutes les formes de salaire social donné pour participer à des activités visant le bien public, il se distingue par le fait qu’il n’exige aucune compensation, ni en travail ni autrement. Selon les conceptions, il est plus ou moins compatible avec d’autres revenus de ce type, plus ou moins exclusif de certaines de leurs formes, plus ou moins destiné, à terme, à s’y substituer.

  2. Jean Zin, Vers la révolution du revenu garanti ? :

    Il y a peu, la revendication d'un revenu garanti était encore rejetée dans un avenir utopique, ne pouvant espérer mieux que d'améliorer les minima sociaux, mais il semble bien que cette revendication commence à trouver un écho dans la population et pourrait s'imposer dans la lutte actuelle contre la précarité comme la réponse la plus adaptée, la plus ouverte sur l'avenir en même temps que la plus démocratique, conquête d'un approfondissement démocratique, d'un progrès des droits de l'homme, de la solidarité sociale et de la civilisation, dans la grande tradition révolutionnaire.

  3. Yann Moulier Boutang, Résistible New Deal en Europe. Sur la crise du CPE en France :

    La justification d’un revenu d’existence inconditionnel n’est pas seulement éthique, elle est surtout économique. Il s’agit de rétribuer de façon primaire et pas comme une opération de redistribution d’une richesse sociale créé par ailleurs, la productivité sociale de l’actif, du travailleur que son activité prenne la forme d’un emploi stable (c’est l’idéal malheureusement en voie de raréfaction), d’une suite plus ou moins chaotique de contrats à durée déterminée ou d’un travail couvert par des dispositifs existants de mutualisation (les Intermittents, les fonctionnaires, les free-lances devant se monter leur propre système de protection) ou enfin d’un travail qui n’est pas reconnu comme travail et dont l’utilité sociale saute aux yeux (ceux qui aident des personnes âgées ou handicapées, les malades à domicile, les femmes (plus rarement les hommes) qui élèvent des enfants. Il faut ajouter enfin que dans une société de la connaissance et un capitalisme cognitif, étudier, se former, se cultiver c’est déjà contribuer à la productivité globale de la société. Le revenu d’existence est la seule solution qui concilie l’involution actuelle de l’emploi (la dégradation jusque-là insensible est en train de s’accélérer brutalement), les nouvelles formes d’activité, la production flexible et l’incorporation croissante de savoir et de travail immatériel dans la production de valeur économique. C’est aussi le seul mécanisme économique incitatif puissant qui soit capable d’arrêter l’involution de l’emploi et de créer les conditions d’un retour à l’élaboration d’un nouveau compromis ou régime salarial correspondant au capitalisme cognitif.

Et toujours sur le même thème, une conférence vidéo (fichier WMV) dans le cadre du cycle de conférence d'Utopia.