Dans le contexte actuel, qui est celui, depuis déjà trente ans, de la crise du plein emploi, de la norme de l'emploi à plein temps et à vie, la seule utopie pensable serait alors celle d'un retour… au plein emploi, à vie, et à plein temps. En oubliant, peut-être, que la crise de cette norme, a été aussi portée par les multiples lignes de fuite… le désir d'échapper à l'aliénation du travail massacrant dans les usines, le désir de savoir, le désir d'expérimenter des formes autonomes d'association, d'être mobile, de s'épanouire dans l'activité, en tant que coopération et invention, au lieu d'enfermer sa vie dans un rapport salarial à l'intérieur d'une entreprise, décidant à notre place quoi et comment le produire.

En contradiction avec cette utopie triste du plein emploi, la revendication du revenu social garanti inconditionnel déplace l'axe des revendications de la continuité de l'emploi à la continuité du revenu. Les fondements de cette revendication peuvent être cherchés à l'intérieur d'une analyse des métamorphoses du salariat, de la nature de l'activité humaine mise en valeur par les capitaux, de la nature même de la richesse : qu'est que la richesse, comment on la produit, comment on la partage ?

Antonella Corsani, Éléments pour la revendication d'un revenu garanti inconditionnel et universel.