(Tous les 6 mois, retrouvez sur ce carnet des notes de lectures sur Multitudes, de Hart et Negri).

Après avoir décrit les nouvelles formes de guerre, les auteurs poursuivent leurs analyses sur l'Indiscernabilité de la guerre et de la politique.

  • la guerre est devenue un absolu avec le développement technologique d'armes de destruction de masse et/ou de destruction totale : avec Auschwitz et Hiroshima, nous atteignons les limites de la guerre, la pure production de la mort.
  • Lorsque le génocide et l'arme nucléaire mettent en jeu la vie même, la guerre devient ontologique au sens le plus rigoureux du terme. (p. 34)

    (L'expression guerre ontologique ne veux rien dire : sans doute faut-il comprendre ici l'adjectif ontologique comme synonyme d'absolu ou de fondamental)

  • la guerre semble évoluer dans 2 directions :
    1. elle se réduit à l'action policière
    2. les technologie de destruction la portent à niveau absolu

      Ces 2 directions ne sont pas contradictoires entre elles : le fait que la guerre se réduise au travail de police n'annule pas mais, au contraire, confirme sa dimension ontologique (p.35)

  • Le biopouvoir détient le pouvoir sur la destruction massive de la vie, mais il peut prend aussi la forme de la violence individualisée :

    "Comment un homme s'assure-t-il de son pouvoir sur un autre, Winston ?" Winston réfléchit. "En le faisant souffir", répondit-il. "Exactement. En le faisant souffrir. L'obéissance ne suffit pas".

    Orwell, 1984.

  • La torture comme technique de contrôle.
  • pourtant, ni l'une ni l'autre ne doivent aboutir à la mort : Le pouvoir souverain ne vit lui-même qu'en préservant la vie de ses sujets, ou tout au moins leur capacité de produire et de consommer (p. 36)
  • passage d'une rhétorique de la défense à la sécurité : cette dernière brouille la distinction entre intérieur et extérieur, entre police et armée.
  • inversion de l'agencement traditionnel du pouvoir :
    1. le pouvoir de faire la guerre
    2. le pouvoir de contrôle politique
    3. le pouvoir administratif et disciplinaire
  • La guerre comme élément premier : La souveraineté impériale produit de l'ordre non pas en mettant un terme à la guerre de tous contre tous mais en proposant un régime d'administration disciplinaire et de contrôle politique directement fondé sur une action guerrière continue.
  • Paradoxe : la guerre en devenant fondement du politique doit toutefois produire de nouvelles formes juridiques, c'est-à-dire qu'elle crée son propre ordre juridique.
  • l'exemple de la fabrique de nations (nation building) (on pourra consulter là-dessus le bilan des États-Unis Lessons from the Past: The American Record on Nation-Building).
  • Ce programme politique présuppose que :
    • la nation est quelque chose de purement contignent ou d'accidentel
    • la nation est nécessaire comme éléments de l'ordre global et de la sécurité
  • Quelle différence avec le pouvoir constituant des guerres révolutionnaires ? La fabrique de nations n'est qu'une pâle imitation des processus des révolutions qui ont, eux, leurs racines dans la société : elle vient de l'extérieur et constitue seulement un changement de régime. Ce programme rapelle la division du globe par des puissances coloniales.