Carnets d'un Inspecteur du travail
8 octobre 2006
C'est fini : à la demande expresse de sa hiérarchie, l'inspecteur du travail, qui écrivait sous le pseudonyme de Bereno, a dû fermer son carnet Web.
J'étais parti pour suivre la chaîne pornographique, mais Bereno ne souhaite pas cette republication. Afin de respecter sa décision, j'ai modifié entièrement mon billet (de l'avantage de publier avec un décalage) par la citation d'une citation, extrait du billet Mai 1936, publié le 26 mai 2006 :
Voici, décrit par Simone Weil (philosophe) l’état d’esprit des grévistes et l’ambiance particulière qui régnait dans les usines occupées :
On est heureux. On chante, mais pas l’Internationale, pas la Jeune Garde ; on chante des chansons, tout simplement et c’est très bien. Quelques-uns font des plaisanteries, dont on rit pour le plaisir de s’entendre rire. On n’est pas méchant. Bien sûr, on est heureux de faire sentir aux chefs qu’ils ne sont plus les plus forts. C’est bien leur tour. Ça leur fait du bien. Mais on est pas cruel. On est bien trop content. On est sûr que les patrons céderont.(...) On veut avoir ce qu’on demande. On veut l’avoir parce que les choses qu’on demande, on les désire, mais surtout parce qu’après avoir si longtemps plié, pour une fois qu’on relève la tête, on ne veut pas céder. On ne veut pas se laisser rouler, être pris pour des imbéciles. Après avoir passivement exécuté tant et tant d’ordres, c’est trop bon de pouvoir enfin pour une fois en donner à ceux mêmes de qui on les recevait. Mais le meilleur de tout, c’est de se sentir tellement des frères.(Extrait : Simone Weil, Oeuvres, Gallimard Quarto.)
Aujourd’hui, nul ne peut ignorer que ceux à qui on a assigné pour seul rôle sur cette terre de plier, de se soumettre et de se taire plient, se soumettent et se taisent seulement dans la mesure précise où ils ne peuvent faire autrement. Y aura-t-il autre chose ? Allons-nous assister à une amélioration effective et durable des conditions du travail industriel ? L’avenir le dira ; mais cet avenir, il ne faut pas l’attendre, il faut le faire.
Il faut le faire...
Commentaires
Pas de contresens :
Bereno ne souhaite pas que la mobilisation continue quant à la réouverture de son blog ou au sujet de ce qui l'a décidé à continuer d'arrêter.
Maintenant, je pense qu'il a parfaitement conscience du fait que ses textes appartiennent à la postérité, qu'ils sont des documents importants qui doivent pouvoir continués à être lus.
La simple diffusion de ses textes, dans le cadre de la chaîne pornographique ne me semble pas aller à l'encontre du choix de Bereno de laisser son blog fermer et de se contenter de faire son travail du mieux qu'il le peut, tout en menant sa propre vie...
Dieu me garde des contresens et de la maladresse de l'intitulé de mon lien !
Bereno ne souhaite pas que la mobilisation continue quant à la réouverture de son blog ou au sujet de ce qui l'a décidé à continuer d'arrêter.
Nous sommes d'accord sur point puisque Bereno précise, sous l'article de Gérard Filoche, qu'il
.Un peu plus haut, tout en remerciant ses lecteurs, il précise qu'il
. C'est cette aspiration à plus de sérénité qui m'a fait hésiter, puis abandonner et finalement modifier ma note initiale.Cela n'enlève rien à l'importance et la valeur de ses écrits : il sera toujours bien temps d'y revenir, plus tard, une fois la passion retombée et la sérénité revenue.