L’habile slogan de la LCR – « nos vies valent plus que leurs profits » – est tout-à-fait symptomatique de cette confusion. Par une classique manœuvre d’attrape-tout, reposant qui plus est sur une ambiguïté sémantique (la vie de l’individu, la vie au sens large et biologique du terme), on met dans le même paquet lutte contre le capitalisme accapareur au nom du droit à consommer, et lutte contre le capitalisme destructeur au nom de la sauvegarde de la planète – confere les déclarations de Besancenot sur son parti qui serait à la fois anticapitaliste, altermondialiste, féministe et écologiste. Mais au-delà de ces beaux mots, on peine à comprendre au nom de quoi le travailleur, frappé avant tout par la désespérance sociale, aurait à se sacrifier pour éviter des conséquences à long terme dont il ne sera peut-être même pas témoin, ou qui ne changeront pas grand-chose à la misère dans laquelle il se démène, et à laquelle le discours d’extrême gauche le ramène principalement.

Romain Pigenel, Pour une république environnementale

L'auteur fait allusion dans la suite de ce texte à un article du philosophe norvégien Arne Naess, « Le mouvement d'écologie superficielle et le mouvement d'écologie profonde de longue portée. Une présentation. »[1] qui pose les fondations de l'écologie profonde (deep ecology) par opposition à l'écologie superficielle. Cet article est disponible dans l'excellente anthologie Vrin consacrée à l'Éthique de l'environnement.

Notes

[1] Inquiry, 16 (1973), pp.95-100.