« Noyau vivant. Foucault le rappelle d’emblée : la parrêsia « est d’abord une notion politique ». C’est le citoyen grec qui, sur l’agora, n’a pas peur de dire ce qu’il pense ; c’est l’ami qui vous dit ce que vous n’aimez pas entendre ; ou encore le conseiller qui se refuse à flatter le roi, au péril parfois de sa vie. Certes, il existe d’autres manières de « dire le vrai », comme la sagesse, la prophétie ou l’enseignement. Mais ce qui fait le propre de la parrêsia, c’est le danger qu’elle fait courir. C’est « le courage de la vérité », qu’on retrouvera dans diverses figures (le fou du roi, par exemple), mais qui, en tant que tel, en tant que parrêsia, a disparu. Foucault s’emploie à l’exhumer, en écouter palpiter le noyau vivant.

Noyau vivant car l’idée de « vie » est le fil rouge de tout le cours. Parce qu’elle est un acte, la parrêsia va provoquer des effets à la fois sur ceux à qui elle s’adresse et sur celui qui la pratique. Elle fâche, oui, mais elle est accès de chacun à sa propre vérité, donc à soi-même. Elle est « souci de soi ». Ce que Foucault montre ici, notamment par sa lecture de l’Apologie de Socrate, c’est que le souci de soi et le souci des autres sont l’avers et le revers d’une même exigence, qui est de conduire chacun à sa propre vérité, à lui-même. Pourquoi Socrate a-t-il dit le vrai aux Athéniens, au point de risquer la mort ? « Pour les inciter à s’occuper, non de leur fortune, non de leur réputation, non de leurs honneurs et de leurs charges, mais d’eux-mêmes, c’est-à-dire : de leur raison, de la vérité et de leur âme. Ils doivent s’occuper d’eux-mêmes. Cette définition est capitale. » »

Heurt de vérité