Il est désormais de notoriété publique que les situations de crise sont autant d’occasions offertes à la domination de se restructurer. Ainsi Sarkozy peut-il, sans trop avoir l’air de mentir, annoncer que la crise financière correspond à « la fin d’un monde », et que l’année 2009 verra la France entrer dans une nouvelle ère. Cette fumisterie de crise économique serait en somme une nouveauté. L’occasion d’une belle épopée qui nous verrait, tous ensemble, combattre les inégalités en même temps que le réchauffement climatique. Ce qui pour notre génération, qui est justement née dans la crise et qui n’a connu que cela – crise économique, financière, sociale, écologique – est, vous l’avouerez, relativement difficile à admettre. On ne nous refera pas le coup de la crise, du « on va repartir à zéro » et « il suffira de se serrer la ceinture pendant quelques temps ». À vrai dire l’annonce des chiffres désastreux du chômage ne provoque chez nous aucun sentiment. La crise est une manière de gouverner. Quand ce monde ne semble plus tenir que par l’infinie gestion de sa propre déroute.

On voudrait nous voir derrière l’État, mobilisés, solidaires d’un improbable rafistolage de la société. Sauf que nous répugnons tellement à la rejoindre, cette mobilisation, qu’il se pourrait bien que l’on se décide, plutôt, à abattre définitivement le capitalisme.

Mise au point du Comité Invisible.