La décroissance, un point de vue parfaitement réactionnaire
4 juillet 2009
Un argument courant contre la décroissance, trouvé sur un site trotskyste (via @recriweb).
« Et en quoi la « croissance », c’est-à-dire le fait que les richesses produites par la société humaine s’accroissent, pose-t-elle un problème ? Ce constat devrait au contraire être plutôt réjouissant : plus la quantité de richesses produites augmente, plus se rapproche la possibilité pour l’humanité d’offrir « à chacun selon ses besoins ». Et plutôt que de chercher à réduire la quantité de richesses produites par un retour à l’artisanat de village, il serait peut-être nécessaire de se demander comme faire profiter l’ensemble de l’humanité de cette abondance de richesses.
À cela, les décroissants répondent que c’est de toute façon impossible et utopique, puisque la terre ne peut produire assez de richesses pour satisfaire tout le monde. La théorie récente de « l’empreinte écologique », souvent brandie par les décroissants, va dans ce sens : si tous les humains vivaient avec le standard de vie des classes moyennes américaines, « il faudrait quatre planètes pour pouvoir y faire face ».
Poser la question de cette manière revient, au fond, à dire aux habitants des pays sous-développés qu’ils doivent rester dans la misère. Car il évident que l’ensemble de la population des États-Unis, d’Europe et du Japon ne va pas revenir à la charrette à cheval et à la bougie – et tant mieux. Mais au-delà, c’est le raisonnement lui-même qui est absurde. Exactement comme les malthusiens qui prévoyaient « l’extinction de la race humaine » au-delà d’un milliard d’habitants sur la terre, les partisans de ces théories ne tiennent aucun compte des possibilités que le progrès scientifique et technique pourra offrir à l’humanité. Malthus pensait que l’humanité s’éteindrait au-delà d’un milliard d’individus parce qu’il ne pouvait pas imaginer ce que serait un jour l’agriculture intensive et la productivité de l’industrie actuelle. Au moins avait-il quelque excuse, en 1780. Les décroissants d’aujourd’hui, qui sont témoins de ce que la technologie est capable de réaliser et des espoirs qu’elle offre, n’en ont, eux, aucune. Essayer d’imaginer ce que seront les capacités productives de la société dans cinquante ans est impossible. Le raisonnement des malthusiens sur ce sujet est aussi absurde que le dialogue d’une plaisanterie célèbre : deux hommes de Cro-Magnon bavardent en revenant de la chasse aux mammouths. L’un dit : « Tu sais, je crois qu’il y aura six milliards d’être humains dans 40 000 ans. » – « Tu es fou, répond l’autre. Il n’y aura jamais assez de mammouths. Il faudrait au moins 6 000 planètes ! ». »
Commentaires
J’ai souvent l’impression que les critiques adressées aux théories de la décroissance utilisent leurs arguments.
Et les simplifient toujours.
Mais, je ne suis pas économiste, c’est vrai !
http://www.ladecroissance.net/?chem…
Comme tu as pu le constater, mes idées sont confuses à propos de la décroissance. Je pars d’un a priori défavorable, j’ai lu le Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable de Riesel et Semprun (voir cette citation) : alors que tant de gens ont tant de mal à boucler la fin de mois dans ce pays, l’idée de décroissance apparaît comme absolument incroyable et l’on sait déjà de quelle façon cette idée pourrait être utilisée par les partis de droite au pouvoir. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Sur le texte cité dans ce billet, voir la réponse argumentée de SuperNo .
Attention toutefois à ne pas rejeter les questions posées par les écolos/décroissants qui ne sont pas toutes stupides : je pense notamment à l’alimentation (comment assurer une production pour tous avec l’assurance qualité de ce que nos corps digère…)
Après il y a les réponses de ces courants avec leurs différences, mais effectivement le fond idéologique de ces réponses oscillent entre le grand n’importe quoi, et le intrinsèquement réactionnaire. Allez pour finir, cette mode ridicule des chiottes sèches y compris en ville ou le “chacun gère sa merde” illustre cette dérive un peu effrayante de cette mouvance ….
Tout à fait d’accord pour ne rejeter aucune de ces croyances au départ, mais pour mieux les questionner par la suite.
COMMENT ne pas comprendre que le terme “décroissance” a été utiliser par provocation,de façon à suciter, justement,des réactions, la preuve! qu’elles soient positives ou négatives,qu’importe!
écologiste (je supporte de moins en moins ce qualificatif, vu son détournement médiatique, politique,et économique!)formé par le GRAND bonhomme RENE DUMONT, il suffit de relire son livre “l’utopie ou la mort”(1974) pour comprendre que déjà il parlait de décroissance!
ceci dit si on pouvait commencer par LA SIMPLICITE VOLONTAIRE, qui n’est ni la pauvreté ni le sacrifice ; en essayant de VIVRE MIEUX AVEC MOINS, EN ALLANT A L’ESSENTIEL, AU NECESSAIRE ET NON AU SUPERFLU ; on serait sur la voie de la décroissance voulue, consciente, maitrisée!
Quand au problême du tiers monde, avec ses famines et malnutritions, et celui de la pauvreté du monde ; il est EVIDENT que la décroissance serait une odieuse provocation, pour ces”damnés de la terre” ; c’est bien pour cela que les décroissants crédibles (LATOUCHE,CHENEY,ARIES etc) parlent de REDISTRIBUTION DES RICHESSES.
Il faut avoier le courage et l’honnêteté de comprendre le sens de leur démarche qui est avant tout : HUMANISTE!
Personnellement, j’ai du lire leur revue (la décroissance) pendant plusieurs mois avant de saisir le message, tant leur assurance, leur “savoir” m’irritait!
MAINTENANT J’AI LA CONVICTION QU’ILS SONT DANS LE VRAI POUR UN MONDE MEILLEUR OU L’HOMME DEVRAIT ETRE AU COEUR DU SYSTEME ET NON LES PROFITS DE QUELQUES PRIVILEGIES
à méditer