Une tribune parue dans Libération par Pascal Durand et Patrick Farbiaz (respectivement directeur de la campagne 2009 et co-rédacteur du programme d’Europe-Écologie).

« Le parti vert a joué historiquement son rôle de tremplin de l’écologie politique en transformant le mouvement environnementaliste en un petit parti politique. Il a créé de toutes pièces l’écologie publique, en maillant le territoire d’un réseau d’élus locaux efficaces appliquant des politiques publiques durables.

En fait, il a transformé en programme les principes généraux de l’écologie des pères fondateurs. Mais les évolutions de la société lui imposent de dépasser le cadre initial de son périmètre. Il s’agit désormais de revisiter la « charte d’Amiens » et ses frontières étanches entre syndicalisme, associations et construction partidaire. La participation aux élections n’est qu’une des fonctions d’un parti politique. Toutes les autres, telles que l’éducation populaire, la représentation et la médiation des mouvements sociaux, le débat et la production d’idées sont indispensables à la crédibilité de toute formation moderne.

Nous devons inventer un « trade-unionisme » écologique qui se pense comme une coalition à géométrie variable de la transformation sociale, rassemblant tous les « éco-acteurs » qui ne se sentent plus représentés dans le cadre du système politique partidaire actuel et qui s’accordent sur une priorité de l’impératif écologique et social. Pour exister durablement, notre réseau-mouvement devra préalablement faire société.

L’histoire nous l’a enseigné, on ne construit pas un grand mouvement politique sans regrouper l’ensemble de sa famille. C’est en son sein que les divergences doivent être discutées et tranchées, surtout lorsque le débat d’orientation se déroule dans une dynamique de victoire plutôt que dans la frustration des défaites. Nous sommes ici dans un processus similaire à la naissance du Parti socialiste en 1905, lorsqu’il réunissait Jaurès, Guesde, Allemane, Vaillant le blanquiste et de nombreux syndicalistes : nous devons construire Europe-Écologie comme une fédération souple d’individus, de groupes et de cultures, avant de pouvoir donner une forme définitive à cet « Objet politique non identifié », né il y a plus d’une année et encouragé par le résultat électoral du 7 juin. »