« L’époque philosophique est souvent dans la duplication de la vulgate deleuzienne qui fait du philosophe l’inventeur de nouveaux concepts ou de personnages conceptuels. Ce prurit conduit à multiplier les néologismes afin de donner l’impression d’une réelle profondeur et d’une pensée véritable. La publication d’un 789 néologismes de Jacques Lacan montre qu’à cette aune on finit par prendre la glossolalie pour de la philosophie.

Où sont les concepts de Montaigne ? Nulle part. On ne trouve dans les Essais que des méditations sur l’amour et la mort, le rire et les larmes, l’amitié et la souffrance, le père et l’enfance, les cannibales et le pouce, la sagesse et les jardins, les femmes et l’amour, les passions et la religion, le vin et les huîtres, la santé et le sommeil, la musique et la lecture, le cheval et le voyage - autrement dit, la vie… Avec le professeur Deleuze, l’élève Montaigne aurait eu une très mauvaise note !

Michel Onfray, Le critère de la vie philosophique.