« Je suis séropositif depuis 1987, ce qui veut dire que j’ai tout de suite pensé que je ne vivrai pas très longtemps. Mes ennemis pensent vraiment que j’aurais dû crever et d’autres auraient dû survivre, ça aurait été plus juste. Manque de bol. Je trouve ridicule de réaliser que j’ai passé presque la moitié de ma vie à anticiper ma mort. Si on ajoute qu’à 5 ans, je pensais déjà me sacrifier pour que ma mère revienne à la maison et que j’ai tenté de me suicider à 17 ans parce que c’était décidément trop difficile d’être gay dans le Lot et Garonne, j’ai passé toute ma vie à m’habituer à l’idée de quitter ce monde. Je ne prétends pas dire que le passage sera facile, mais ce que je veux dire, c’est que malgré cette persistance de la mort dans ma vie, le concept de mort, chez moi, c’est quelque chose qui est pratiquement domestiqué. Je m’en branle totalement quand des gens célèbres crèvent. Je ne suis pas triste quand des personnes de ma famille décèdent. Je trouve normal que mes amis sidéens disparaissent après des années de souffrance. Le seul truc qui m’effondre, c’est de voir mes amis séronégas se suicider. »

Je te vois