« Le trilemme de Rodrik est le suivant. Il est impossible d’avoir simultanément :

- une intégration économique et financière poussée (libre échange, flux de capitaux ouverts, monnaie unique, etc)

- des états-nations souverains

- la démocratie

Il n’est possible d’en avoir que deux sur les trois. On peut rapidement l’expliquer ainsi : l’intégration économique impose une compétition entre les États qui limite leur capacité à adopter les politiques interventionnistes que souhaitent les populations. Le gouvernement peut alors soit décider d’ignorer la volonté des habitants, et préserver au passage sa liberté de choix; soit décider d’abandonner sa souveraineté et de transférer les aspirations démocratiques à des instances supranationales. Avant la première guerre mondiale, sous le régime de l’étalon-or, les populations n’avaient pas tellement leur mot à dire sur les politiques nationales. Il était donc possible d’avoir un monde constitué d’états-nations fortement intégrés économiquement, dans lequel les populations devaient supporter des épisodes de déflation prolongée (en cas de problèmes, on envoyait la troupe mater les protestataires). L’extension de la démocratie a rendu cela intolérable, jusqu’au point extrême des années 30, avec un essor énorme du protectionnisme et l’abandon de l’étalon-or. Bretton-Woods était un compromis : limitation de l’intégration économique, et exercice de la démocratie au sein d’états souverains. Victime de son propre succès, ce compromis ne fonctionne plus. »

L’euro survivra-t-il ?