Adieu mon excuse pourrie !

 

 

    Il était une fois… moi. Oui, l’égocentrique aime bien se mettre en scène dans le rôle du héros.

 

    Ce moi avait (je l’ai toujours, hein, c’est juste que les contes se racontent au passé) une petite amie (1m63, c’est pour vous dire), qui malheureusement pour eux deux ne pouvait provisoirement emménager et rester vivre dans sa contrée lointaine (la région parisienne).

 

    Leur restait donc les vacances pour aller chez l’un ou chez l’autre, selon leurs disponibilités respectives. Plus d’une fois, le héros de cette histoire s’était dit, avant d’aller chercher sa dulcinée à l’aéroport, que ce serait quand même vachement cool et trop classe de lui offrir genre un bouquet de fleurs, parce que ça fait toujours plaisir.

 

    Sauf que la dure réalité de la vie venait alors s’imposer à lui dans toute la splendeur de sa cruauté : il ne possédait pas de vase. Avouez qu’offrir un bouquet de fleurs à sa chère et tendre et se retrouver, arrivé à la maison, à devoir le mettre dans un contenant pourri trouvé parmi un monceau de trucs à jeter jonchant le jardin, on fait mieux au niveau classe.

 

    Du coup, ce problème se résolvait de lui-même : pas de vase, donc pas de bouquet. On ne peut pas faire plus logique. C’est dommage mais c’est ainsi.

 

    Mais comme souvent, les vicissitudes d’une vie incertaine pleine d’ornières dans les chemins boueux allaient vite rattraper notre malheureux héros et le pousser dans ses derniers retranchements.

 

    Car survint son anniversaire, occasion au cours de laquelle sa belle-aimée commit rien moins qu’un blasphème : elle lui fit livrer des fleurs. Oui, des fleurs, allant ainsi contre l’ordre naturel du monde : ce sont les hommes qui offrent des fleurs aux femmes, pas l’inverse, voyons !

 

    Hein, quoi ? Dinosaure, moi ? Pas du tout, c’est encore une fois une question de logique. Imaginez-moi dans mon salon, genre hier soir. Dans mon clic-clac, avec sur ma table basse une pizza, une bière, et la télé allumée sur les Bleus se prenant une branlée à domicile face au Brésil (oui, c’est bien du foot, car un cliché éculé, ça se respecte). Vous visualisez le tableau ? Alors expliquez-moi quelle serait la place d’un bouquet de fleurs dans cette scène ? Vous séchez ? C’est normal. On ne demande pas à Chantal Goya de faire du death metal, et ben là, c’est pareil.

 

    Et attention, ce n’était pas le petit bouquet à deux balles qu’on range dans un coin et que trois jours plus tard il est mort, non, non, il s’agissait d’un méga big bouquet avec des trop zoulies couleurs et une fragrance enchanteresse.

 

    Du coup, notre héros n’avait désormais plus le choix : il se devait d’aller acheter un vase (balèze vu le monstre reçu) pour mettre le bouquet en valeur. Et par-là même, plus jamais il n’aurait à l’avenir l’excuse de ne pas offrir de fleurs à sa petite amie quand elle débarquerait chez lui.

 

    Merci chérie, je t’aime. 

 

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