J’ai tendance à considérer que le fond d’une histoire n’est pas critiquable, que seule la forme l’est. Évidemment, il y a toujours des exceptions : ainsi, la première mouture de Magda & Cameni était mauvaise, au sens où sous prétexte d’écrire une histoire à l’intention des pré-ados, mon intrigue était simple… trop simple… simpliste, avec des héros qui n’en avaient que le nom, trimbalés de droite à gauche sans réellement agir sur l’histoire.

    Au fur et à mesure de mes réflexions, de mon auto-critique, j’ai réévalué tout le texte, je l’ai réécrit, bonifié, avec pour objectif qu’il ne reste que des broutilles à corriger en ce qui concerne la forme, et que le fond soit irréprochable. Et si, comme je l’ai souligné auparavant, je suis satisfait de l’évolution de la dernière version en date, me faut en pondre une nouvelle pour mettre en avant la caractérisation des héros. Soit.

    Mais comme énoncé en préambule, un nouveau problème m’a sauté aux yeux. Il m’arrive de lire des romans jeunesse, soit en prévision de cette histoire-là (Les Dragons de Nalsara), soit parce que j’aime l’univers dont il est question (la série Enola Holmes, spin-off de Sherlock Holmes, ou Les jeunes Chevaliers Jedi), soit parce que j’ai entendu parler du livre (Tara Duncan), ou simplement parce que j’aime l’auteur (La quête d’Ewilan du regretté Pierre Bottero).

    À l’exception d’Ewilan, mieux tourné (à moins qu’il ne s’adresse à un lectorat plus âgé ?), les autres livres précités irritent parfois le lecteur que je suis par une constante : les jeunes héros sont plus malins que les adultes qui les entourent, ils ont toujours une longueur d’avance sur eux, ils occupent une place de premier plan.

    Pourquoi cela m’irrite-t-il ? Parce qu’en tant qu’adulte qui lit, je trouve que ça donne un défaut de crédibilité. Sauf que je suis à côté de la plaque, en fait. Ces livres s’adressent à des enfants, et bien entendu qu’ils ont besoin de lire des histoires où les héros sont de leur âge : on apprécie d’autant plus une histoire quand on peut s’identifier aux héros.

    À partir de ce constat se pose la question suivante : est-ce que mon histoire tient la route à ce niveau ? Après réflexion, je dirai oui… et non. Mes jeunes héros sont plus au centre de l’histoire dans la dernière version de l’histoire, pas de souci là-dessus, sauf que vers la fin, je fais intervenir des adultes pour voler à la rescousse des enfants, qui ont fait ce qu’ils ont pu mais se retrouvent finalement dépassés par les événements. Et sur le principe, je me rends compte que ça cloche.

    Faut-il donc que je réécrive encore une fois le tout ? Non. À l’exception du chapitre en question où les adultes tiennent le haut du pavé, le reste me semble plutôt pas mal. Il s’agit donc de procéder à un ajustement. Que des adultes interviennent et se retrouvent sur le devant de la scène, c’est plus crédible, mais ce n’est pas ce que le jeune lectorat veut lire. Que des enfants s’en sortent seuls et n’aient pas besoin des adultes, c’est moins crédible, mais ce n’est pas ce que le lectorat veut dire. Alors je fais quoi ?

    Eh bien je coupe la poire en deux : je laisse ma scène (l’avant-dernière “grosse” scène du livre) avec mes héros adultes, par contre la dernière grosse à venir, je ferai en sorte de laisser la place d’honneur aux enfants, d’une manière que j’espère crédible. Ainsi, je pense qu’il y aura un bel équilibre.

    Et sinon, chapitre 16 écrit, corrections quasiment terminées dessus. Ce soir j’enchaîne sur le 17, qui sera probablement l’avant-dernier (sauf s’il s’étend sur deux chapitres car trop long, mais ça je ne le saurai qu’à l’écriture). Le dernier chapitre, lui, fera office d’épilogue.

    PS : et là, un nouveau doute me prend. J’écris à l’instinct, sans suivre d’autres règles que celles que je bâtis. Et s’il en existait des spécifiques liées à la structure même d’un chapitre ? Genre une problématique par chapitre et sa résolution dans la foulée, ou d’autres codes dont j’ignorerais l’existence ? De deux choses l’une : soit j’étudie en profondeur des romans jeunesse pour en extirper des règles, des codes qui m’auraient échappé… soit je laisse en l’état parce que ça me semble tenir la route ainsi. Je vais privilégier la deuxième solution. S’il y a des erreurs de ce type, je me dis qu’elles seront pointées par la maison d’édition qui acceptera le manuscrit… si jamais ce cas de figure se produit. :)