Chapitre V

D’après ce que Tel’Ay put décrypter des panneaux de contrôle du PX-7, il leur faudrait une semaine pour atteindre Meros V. Il fit le tour du bâtiment, autant pour s’assurer qu’il ne s’y trouvait aucune mauvaise surprise, que pour vérifier que l’approvisionnement en carburant et en ressources de première nécessité étaient suffisantes pour leur voyage. Il fut amplement rasséréné sur ce dernier point : avec tout ce qu’il y avait à bord, ils pouvaient tenir deux mois minimum sans avoir besoin de se réapprovisionner.
Tel’Ay trouva un kit de premiers soins bien plus complet que la normale et il ne put s’empêcher d’esquisser un sourire : les Tanietiens n’avaient jamais été réputés pour leurs dons de guérisseurs, et malgré les progrès dont il s’était vanté, Séis n’avait pas l’air de s’être grandement amélioré dans ce domaine.
Il veilla à ce que Anaria reste plongée dans l’inconscience et soigna ses plaies, les anciennes ainsi que celles qu’elle avait récoltées lors de leur fuite face à Séis. Repensant à la vision qui l’avait saisie à la vue du sabrolaser rouge de Séis, il finit par glisser ses doigts sur la crâne de la Wookiee et ne tarda pas à y trouver la vieille blessure, vestige d’une brûlure au sabrolaser. Elle partait du dessus de son front et courait verticalement sur l’arrière de son crâne, jusqu’à l’occiput.
Il était probable que ses séquelles mentales provenaient de là, et qui donnaient chez elle cet étrange mélange de douceur et de terreur. Mais avoir recouvré l’intégralité de ses pouvoirs n’en donnait pas de nouveaux à Tel’Ay, et il était d’autant plus impuissant que ses compétences de soigneur se bornaient aux premiers soins.

Il se demanda si le Gant de Vèntorqis ne pouvait pas l’aider. En fouillant le vaisseau, il avait trouvé un écrin luxueux, qui servait manifestement à le ranger, et il l’y avait déposé. Le Gant de Vèntorqis…Tel’Ay en avait une impression mitigée. Lorsqu’ils avaient été mis en présence, il s’était établi comme une connexion, une sorte de signe de reconnaissance mutuel. Comme si un partenariat pouvait être possible entre l’artefact Sith et Tel’Ay. Ce fait rendait Tel’Ay perplexe : se pouvait-il que le Gant soit doté d’une volonté propre ? Il convenait de faire preuve de prudence : Tel’Ay ne considérait la Force et le Gant de Vèntorqis que comme des outils. Il était le manipulateur, le maître, et devait le rester.
La répulsion et l’attirance se côtoyaient en lui, mais les avantages qu’il pouvait retirer de la maîtrise du Gant finirent par l’emporter sur son hésitation. Il l’enfila et retourna auprès de sa camarade, en espérant que le Gant lui montrerait plus de choses sur son état qu’il n’était capable d’en percevoir par ses propres moyens.

Dès qu’il fut près de la Wookiee, dont les pieds dépassaient de la couchette sur laquelle il l’avait allongée, son apparence changea. Elle sembla se transformer en amalgame de couleurs ternes, en des couches qui semblaient se superposer au hasard. Du blanc, du noir et diverses teintes de gris apparurent. Certaines des taches grises semblaient tourbillonner sur elles-mêmes, et quand Tel’Ay toucha l’une d’elles, il sentit un pansement de bacta sous ses doigts. Intéressant. Il renouvela l’expérience sur d’autres taches « agitées » et constata qu’à chaque fois, il s’agissait de blessures béguines qu’il avait soignées.
Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre à quoi correspondait les couleurs noires et blanches. La cicatrice sur le crâne d’Anaria était intégralement noire, et des filaments de même couleur semblaient s’en écouler, tels des affluents de fleuves, pour se propager dans diverses parties de son cerveau.
Tel’Ay était aussi stupéfait qu’excité par ses découvertes et décida de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Il entreprit d’entrer dans une méditation profonde, qui lui permettrait de la canaliser la Force et de s’en gorger. Il perdit toute notion de temps, concentré sur son objectif. Il effleura ou fut effleuré par des êtres liés à la Force, mais il les ignora consciencieusement, jusqu’à ce qu’ils disparaissent de son champ de perception.
Quand il estima être prêt, il apposa instinctivement ses mains sur les taches du crâne d’Anaria, au niveau des tempes. Il ouvrit alors un canal de Force entre eux et un déversa un flot continu et régulier, lentement, très lentement, afin d’en évaluer les éventuels effets.
Il parvint à maîtriser son ébahissement quand, à un niveau presque microscopique, il vit certains des filaments virer du noir au gris foncé, puis continuer à s’éclaircir. Il persévéra, s’attaquant à tous les filaments tour à tour, avant la blessure en elle-même. Il lui semblerait par la suite que la conduite de ce processus avait duré le temps de plusieurs existences. En fait, il s’y adonna quatre jours sans discontinuer, sans même s’en rendre compte.

Quand Tel’Ay ouvrit les yeux, il se sentit faible mais aussi régénéré, paradoxalement. Il était allongé sur une couchette du navire et un drap le recouvrait. Il portait encore le Gant de Vèntorqis, mais celui-ci semblait être « au repos ». aucune pulsation de Force n’en émanait. Si Tel’Ay n’avait pas su à quoi s’en tenir à son niveau, il l’aurait pris pour un gant tout ce qu’il y avait de plus normal. Mais son premier geste fut tout de même de l’enlever et de le poser sur le lit, à ses côtés.
Il se redressa en grognant, ankylosé. La couchette en face de la sienne, qui avait été occupée par Anaria, était vide. Il allait se lever quand il entendit des bruits de pas se rapprochant dans la coursive, et Anaria entra, les dents retroussées en un rictus joyeux, et un plateau empli de victuailles entre les mains.
– Enfin tu te réveilles, mon ami, dit-elle en Shyriiwook. Je commençais à me demander si tu sortirais un jour de l’inconscience.
Elle posa le plateau sur les genoux du Skelor et s’assit au bord du lit.
Tel’Ay ne perçut nulle trace de terreur en elle, et ses yeux n’abritaient plus la lueur de folie mais qui les avait hantés jusque-là. N’y restait que de la douceur et de la compassion. Un être nouveau lui faisait face, estima-t-il.
– J’ai l’impression de me réveiller d’un long cauchemar, poursuivit-elle. Je me souviens de tout, et surtout de l’impuissance dans laquelle j’étais plongée. C’était comme si mes choix de vie étaient réduits à des options extrêmement limitées. Aujourd’hui, je suis libérée de ce carcan. Je ne sais pas ce que tu as fait, mais je sais que c’est à toi que je le dois. Je te remercie, mon ami. J’ai une dette de vie envers toi, désormais.
– Une quoi ? fit Tel’Ay, trop médusé par les changements survenus chez Anaria pour être capable d’en dire plus.
– Une dette de vie. C’est l’une des coutumes les plus fondamentales chez les Wookiees. Elle implique que tant que tu vivras, je serais à tes côtés pour te protéger, et que si je meurs avant toi, un autre membre de mon clan prendra le relais.
– Euh…c’est très gentil de ta part, Anaria, mais ce ne sera pas nécessaire.
Ses petits yeux pétillèrent de malice et de détermination quand elle lui rétorqua :
– Je ne me souviens pas avoir dit que tu avais le choix, mon ami.
Tel’Ay ne sut quoi répondre, et décida de laisser tomber le sujet pour l’instant. A ses yeux, seules les circonstances avaient fait d’eux des compagnons de route, et il estima que d’autres circonstances les sépareraient à un moment ou à un autre.
Repensant à la manière dont il l’avait guérie, il tenta de se « réaccorder » sur la ligne de Force qui le lui avait permis. Instantanément, la Wookiee se transforma en une multitude de taches monochromes. Toute trace de noir avait disparu de son crâne et, plus important encore, Tel’Ay semblait désormais être capable de se passer du Gant de Vèntorqis pour se servir de ce nouveau pouvoir. Il n’eut pas le loisir d’y réfléchir plus avant, car Anaria reprit la parole :
– Comment t’appelles-tu, ami Skelor ?
– Tel’Ay Mi-Nag.
– Que fais-tu dans la vie ? Quel but poursuivons-nous ?
Tel’Ay tiqua sur le « nous » mais ne le releva pas. Il réfléchit soigneusement à la réponse qu’il allait lui donner. Faire d’une Wookiee à l’esprit atrophié était une chose, mais qu’est-ce qui se cachait dans la tête d’Anaria, maintenant qu’elle avait récupéré son intégralité psychique ? Il choisit de jouer la carte de la sincérité, de manière à savoir dès le départ comment elle prendrait le fait d’être associée à un être tel que lui. Ainsi, il s’éviterait tout malentendu ultérieur.
– Je suis un utilisateur de la Force. J’en maîtrise le Côté Obscur, et le Devaronien qui nous poursuivait a fait partie de la même confrérie que moi, avant de la trahir et d’éliminer nos condisciples. Quand il nous a retrouvé, ma connexion avec la Force est réapparue, je l’ai éliminé et me suis approprié son navire.
Un long silence s’instaura, pendant lequel Anaria resta méditative, avant de finir par le briser :
– Et maintenant ?
– Je ne sais pas trop. La première chose à faire est de se rendre sur Meros V. c’est là que se cachait la confrérie à laquelle j’appartenais, et je veux m’assurer de visu que Séis m’a dit ma vérité, à savoir qu’il a tué tout le monde, y compris mon maître. A vrai dire, je n’ai aucun doute à ce sujet, mais je dois le constater de mes propres yeux. Ensuite, nous verrons. Je veux redevenir le Skelor que j’étais, un Sith de mouvance tanietienne ; le Gant de Vèntorqis, symbole secret de notre Ordre, est en ma possession et il semble me reconnaître comme son maître légitime, ou son allié, je ne suis pas sûr. Même si j’ai moi aussi trahi les enseignements de mon maître, je suis aujourd’hui le seul à pouvoir faire revivre et perdurer les traditions mises sur pied par Maal Taniet, fondateur de l’Ordre auquel j’appartenais…et auquel j’appartiens à nouveau désormais.

Dès le début de son discours, Tel’Ay avait rivé son regard dans celui d’Anaria. Il y lut une trace fugace de peur, mais elle dissimula parfaitement ses sentiments. Il fut en revanche étonné de n’y lire aucun dégoût. Tout au plus put-il simplement percevoir une vieille blessure se rouvrir en elle, mais malgré sa curiosité, il ne voulut pas la questionner. En lui montrant qu’il respectait son intimité et des pans de sa vie dont elle ne voulait rien dévoiler, il espérait que de son côté, elle ferait de même à son égard. Et de fait, ni l’un ni l’autre ne chercha à en savoir plus.
Anaria hocha la tête et conclut leur conversation :
- Qu’il en soit ainsi.


***

Aar Gamonn, sénateur Duro et chef de file de l’opposition à la politique menée par le Chancelier Marcus Valorum, redressa la tête et prit un port altier, fruit de nombreuses séances d’entraînement devant son miroir. Sa capsule sénatoriale se détacha de son support et vint flotter paresseusement au milieu de l’hémicycle de la chambre du Sénat.
Le Grand Chambellan et Porte-Parole du Chancelier, le Rodien Antargo, annonça :
– Aar Gamonn, estimé et auguste sénateur Duro, souhaite nous entretenir de la question skelorienne.
A cette présentation, des murmures s’élevèrent dans les rangs des sénateurs. Les Skelor ? quel intérêt avait donc Aar Gamonn de s’intéresser à ce peuple, chassé de sa planète quelques trente années auparavant, et qui depuis constituait une main d’œuvre bon marché et surexploitée partout dans la galaxie ? Qui plus est, jamais le système skelorien n’avait fait partie de la République.
– Mes chers collègues, votre excellence Valorum. Vous le savez tous, une horrible tragédie a eu lieu dans le système skelorien il y a trente ans (il fit un signe discret à son assistant, assis près de lui, qui transmit un rapport sur Skelor I à toutes les plates-formes sénatoriales, ainsi qu’au perchoir du Chancelier). La République ne s’y est pas intéressée, à l’époque, car le système en question n’en était pas membre. Cette injustice, ce coup d’Etat, n’a donc pas été sanctionné, et nous avons depuis honteusement profité de la détresse des Skelors, qui se sont retrouvés dans l’obligation d’accepter les emplois les plus décriés et les plus dévalorisants, à cause du dénuement et de la misère dans lesquels ils ont été plongés.
« La République a donc cautionné ce renversement du pouvoir légitime skelorien. Et ceci, n’ayons pas peur de le dire, est un scandale innommable qui ne nous fait pas honneur, loin de là. Les valeurs fondamentales de la République sont la tolérance, la justice et la paix, or ce jour-là, elle a failli à son rôle en laissant perpétrer un tel acte. Aujourd’hui, mes amis, s’offre à nous une chance unique de réparer ce tort. Les Services Diplomatiques de la République ont reçu un rapport émanant de la Station Spatiale Itinérante Carolusia, entité indépendante mais alliée de longue date avec la République. Ce rapport indique que l’héritier légitime du Trône des Skelors, le jeune Ver’Liu So-Ren, nous tend la main et nous demande notre aide pour réparer l’injustice que les siens ont subi.
– Je ne vois quel intérêt nous aurions à nous mêler de politique extra-républicaine, intervint Marcus Valorum, méfiant car il ne voyait pas où le Duro voulait en venir. Nous avons déjà fort affaire pour renforcer la cohésion entre les membres de la République.
– Je suis désolé, votre éminence, rétorqua Gamonn sur un ton montrant clairement qu’il n’en pensait rien, mais notre vision de la justice ne devrait pas, selon mon humble avis, se cantoner à une simple donnée frontalière. Si un génocide survenait dans un système surpeuplé, situé en lisière mais en-dehors de la République, nous devrions donc, selon vous, détourner les yeux, hausser les épaules et nous dire que cela ne nous concerne pas ? Ce serait un crime, mes chers collègues, comme l’a été notre passivité lors du coup d’Etat de Skelor I. le jeune Ver’Liu nous demande notre aide aujourd’hui, et au nom de la justice et du respect de la paix à travers la galaxie, nous devons nous ranger à ses côtés pour combattre la barbarie qui s’est abattue sur lui et les siens. Toutes les valeurs que nous chérissons sont mises à l’épreuve par sa demande, et nous ne pouvons pas nous permettre de détourner les yeux de sa juste et noble cause. Une deuxième chance nous est offerte de réparer une erreur, et nous devons la saisir !

Un tonnerre d’applaudissements s’abattit dans l’hémicycle. Aar Gamonn avait su trouver les arguments pour convaincre ses pairs de le suivre. Intérieurement, il jubila. Que lui importait le sort de Ver’Liu, il venait de faire un pas décisif vers sa future élection en tant que Chancelier de la République. Il s’était montré pugnace, avait fait appel aux valeurs traditionnelles prônées par la République. Il se délecta de ce coup politique magistral, d’autant plus que Valorum, qu’il observait du coin de l’œil, ne le lâchait pas du regard, décontenancé et méfiant. Aar Gamonn savait reconnaître quand quelqu’un était aux abois, et c’était exactement la sensation qu’il éprouva en déchiffrant les expressions faciales du Chancelier.


***

Tchoo-Nachril sortit de sa transe Jedi dès que la console de son chasseur déclencha une alarme, qui indiquait une sortie imminente de l’hyperespace. A travers le cockpit, le malstrom de traits étoilés se stabilisa et il s’orienta rapidement, avant de plonger dans le champ d’astéroïdes de Belsémas, tout proche.
Ses senseurs ne lui étaient d’aucun secours pour localiser les Archanges de Norkaï. Il y avait trop d’interférences dues à un champ magnétique local mais puissant. Il se plongea dans la Force et la laissa guider ses mains cramponnées sur le manche à balai. Une demi-heure de pérégrination instinctive plus tard, une petite alarme tinta dans un coin de son esprit. Il reprit sciemment le contrôle de son appareil et déploya ses sens. Il perçut une concentration d’êtres vivants non loin de là. Scrutant le champ d’astéroïdes, il avisa une énorme roche tourbillonnante de la taille approximative d’un croiseur, et sut qu’il avait atteint son objectif. Sa certitude fut vite renforcée quand des tirs en provinrent, émanant d’une tourelle d’une taille assez grande pour tenir la dragée haute à une corvette.
Non sans mal mais sans se départir de son calme souverain, il esquiva les tirs, les astéroïdes qui dansaient autour de lui en un ballet mortel, et se rapprocha de sa cible en suivant une trajectoire oblique, qui lui permit de se mettre rapidement hors de la trajectoire des tirs de la tourelle. Comme il s’y attendait, il vit une nouvelle tourelle surgir et verrouiller sa position. Il l’ajusta le premier et la détruisit d’une série de tirs dévastateurs. Elle explosa et il ne resta bientôt à la place qu’un cratère noirâtre.

Pilotant avec brio à moins de deux mètres de la surface de l’astéroïde, Tchoo-Nachril en fit le tour, cherchant une ouverture pour pénétrer à l’intérieur. Il repéra une écoutille mais s’en désintéressa : se frayer un chemin avec son sabrolaser aurait été un jeu d’enfant, mais il ne portait pas de combinaison spatiale, et n’était même pas certain que le couloir, corridor ou simple conduit dans lequel il aurait débouché soit pressurisé et respirable. En revanche, il finit par trouver ce qu’il cherchait : une lueur bleuâtre apparut sous sa position, qui projetait des ombres inquiétantes sur de petites roches en perdition. L’entrée d’un hangar, qui permettait à des navires d’aller et venir.
Il réfléchit et décida rapidement de la marche à suivre. Il s’éloigna de l’astéroïde, sous le couvert de météores à la trajectoire erratique, et effectua une large boucle qui allait le ramener en face de l’ouverture. Il se faufila et se prépara à lancer des torpilles à protons, qu’il désarma au préalable : hors de question de dépressuriser la base ennemie et d’anéantir des vies. Tout ce qu’il lui fallait était un bel écran de fumée pour faire une entrée discrète. Il continua à rapprocher son chasseur, en prenant bien soin de rester caché, avant de surgir et de lancer trois torpilles à protons sur la baie, protégée par un champ d’énergie.
Tchoo-Nachril eut la satisfaction de voir ses torpilles traverser le champ sans coup férir. Il ne s’agissait donc pas d’un bouclier, comme il l’avait craint, mais d’un champ de rétention d’atmosphère. Des tirs sporadiques jaillirent de la baie, mais il survolait déjà l’ouverture et, déployant ses volets d’atterrissage, il se posa deux mètres au-dessus.

Tout allait se jouer sur sa prochaine action. Entrer en force dans le hangar en tirant à tout va pour se débarrasser de toutes les défenses lui paraissait hasardeux, car il en ignorait la puissance. Et son chasseur ferait une trop belle cible pour qu’une telle attaque soit efficace, pensait-il.
En revanche, les pirates ne s’attendraient sûrement pas à le voir arriver en personne, « à pied », de l’espace ! C’était pourtant ce qu’il allait faire. Il devrait pouvoir faire une entrée discrète, surtout si la fumée et l’incendie qu’avaient du provoquer ses torpilles duraient quelques minutes. Il se concentra intensément et se forgea un champ protecteur de Force. Sans combinaison spatiale, un Whiphid pouvait espérer survivre dans l’espace environ trente secondes, mais la Force devrait doubler ce chiffre…en théorie, car il n’avait jamais testé jusque-là cette technique dans de telles conditions.
Il retint sa respiration quand il déclencha l’ouverture du cockpit, et un froid glacial le darda de mille piqûres. Un mal de crâne l’assaillit sur-le-champ et il sentit son sang cogner contre ses tempes. Il s’extirpa du cockpit et bien qu’il eut envie de courir, il avança prudemment, à quatre pattes : ce n’était pas le moment de faire de mouvements brusques, propres à le décrocher de l’attraction gravifique de l’astéroïde.
Il eut du mal à rester concentré sur son objectif, « sous » ses pieds, alors que la voûte étoilée semblait prise de folie et tourner sur elle-même, « au-dessus » de sa tête. Il serra les dents et arriva au niveau du champ de rétention. Il se pencha et jeta un coup d’œil rapide dans le hangar, avant de se cacher derechef. Mais la vision fugace qu’il avait eu le rassura amplement, et il se laissa tomber à l’intérieur.
Traverser le champ de rétention le laissa groggy, et il s’affala lourdement au sol, une vingtaine de mètres plus bas. Des alarmes ululaient autour de lui, et une épaisse fumée âcre lui fit monter les larmes aux yeux. Il rampa vers une paroi, à demi aveugle, et s’y colla, le souffle court. Il entendit des voix s’interpeller, qui parlaient d’un bouclier de protection mis en place, et qui aurait du l’être depuis longtemps. Il vit vaguement, à travers l’épaisse fumée, des lances crachant de la mousse carbonique en direction des flammes qui léchaient le mur du fond du hangar.
Reprenant ses esprits, il chercha une grille de ventilation dans les hauteurs, et en trouva une à une dizaine de mètres de sa position. Il s’y rendit le plus vite qu’il put, en clopinant : il s’était réceptionné sur le genou lors de sa chute, et il sentit qu’il allait vite être handicapé par cette blessure. Dès qu’il fut sous la grille, il concentra la Force en lui et effectua le saut de cinq mètres qui lui permit d’arriver à sa hauteur. Il s’y cramponna et regarda à travers. Par bonheur, le conduit était assez grand pour qu’il puisse s’y faufiler. Il s’y était attendu : seules les installations récentes disposaient de conduits d’aération bien plus petits, et dont la maintenance était assurée par de petits droïds onéreux. Il avait compté sur le fait que les Archanges de Norkaï ne seraient pas à la pointe de la technologie et fut grandement rassuré de voir que son pari s’avérait gagnant.

Tchoo-Nachril ouvrit la grille, se faufila dans le conduit puis la referma par télékinésie, car il n’avait pas la place de se retourner. Il se demanda s’il n’allait pas prendre le risque de se reposer. Son séjour dans l’espace sans protection avait laissé des traces, il le sentait clairement, et son genou menaçait de le lâcher, surtout s’il lui fallait ramper dans le conduit. Il choisit de se plonger dans une transe curative pendant un cycle de sommeil, soit une heure et demi. Il semblait peu probable que les Archanges l’aient repéré : si tel avait été le cas, les réactions se seraient déjà faites sentir, et il l’aurait senti. De plus, il estimait peu probable qu’ils inspectent la ventilation, sans indice d’effraction. il ferma les yeux et, avant de plonger dans l’inconscience, se conditionna pour se réveiller en cas d’activité sonique impromptue.

Il eut le loisir de profiter pleinement de son cycle de sommeil, et se sentit beaucoup mieux en ouvrant les yeux. Tout paraissait calme, et quand il projeta ses sens, il sentit de la tension dans l’atmosphère, mais pas d’inquiétude vive. Bien : jusque-là, tout se déroulait comme il l’escomptait. Il adapta sa vision à l’obscurité du conduit et se mit à ramper vers une intersection en forme de T, qu’il voyait quelques mètres devant lui. Une douleur sourde allait et venait dans son genou, et ramper n’améliorait pas la situation, mais la douleur lui sembla plus gênante qu’handicapante. Et s’il existait des techniques de guérison afin d’anesthésier cette gêne, il n’y eut pas recours, car il devait savoir quel était son état exact et ses limites.
Tchoo-Nachril réajusta ses sens : il augmenta l’acuité de son audition et limita ses autres sens. Il filtra ensuite tous les bruits qui l’assaillaient, à la recherche d’une pulsation basse et régulière, qu’il finit par appréhender : le générateur principal de la base des Archanges de Norkaï. Il se focalisa sur cette cible, mit en perspective sa propre position, et laissa la Force agir : elle allait lui indiquer le chemin qui mènerait à son objectif. Il se remit à ramper.

Il lui fallut une bonne heure pour atteindre la salle du générateur. A travers la grille qui obturait le conduit et surplombait la salle, il put voir à quoi il s’exposait. La salle était basse de plafond, pas plus de trois mètres. Toute en longueur, elle comprenait le générateur et tous les systèmes vitaux de l’astéroïde modifié. Dans un souci d’économie de place, les pirates avaient fait de cette salle leur centre de commandement et leur salle des machines. Quatre êtres, tous humains, scrutaient attentivement des consoles en contrebas. Il ne lui restait plus qu’à passer à l’attaque. Comme la fatigue commençait sérieusement à se faire sentir, il se gorgea de Force : ce pis-aller ne restaurerait pas ses forces, mais elle aurait le mérite de masquer sa fatigue une heure ou deux. Bien plus de temps qu’il ne lui en fallait pour arriver à ses fins. Dès lors, il passa à l’action.

Il ouvrit discrètement la grille et la détacha silencieusement de ses gonds. Il l’empoigna, visa l’humain le plus éloigné et la lança sur lui, aidé par la Force. Dans le même temps, il sauta vers les trois qui restaient, assis les uns à côté des autres devant leurs écrans. Il se réceptionna en même temps que la grille percutait violemment l’un des hommes, qui s’écroula en grognant, accompagné dans sa chute par la grille qui s’écrasa bruyamment au sol.
Les trois autres tournèrent la tête vers le bruit et mirent une seconde supplémentaire à voir le Whiphid. Celui-ci ne leur laissa aucune chance de réagir. Il assomma celui de droite d’une manchette sur la jugulaire, et un coup de pied partit cueillir celui de gauche au niveau du menton. Le dernier eut tout juste de se retourner avant de mordre la poussière à son tour, le nez fracassé par un magistral coup de tête. Pour plonger « Nez Cassé » dans l’inconscience, Tchoo-Nachril n’utilisa pas la Force mais se contenta de l’étrangler d’une clé imparable. Quelques secondes, le corps de l’humain devint flasque entre ses mains puissantes, et le Jedi relâcha la pression : hors de question de tuer qui que ce soit.

Sans plus attendre, il verrouilla les ouvertures de cette salle avant de se mettre à fouiner dans les systèmes informatiques de la base. Il fit défiler le manifeste des départs et arrivées des vaisseaux, afin d’en trouver un qui serait récemment rentré, en provenance de Coruscant. Il ne fallut que cinq minutes pour trouver ce qu’il cherchait. Il téléchargea les informations glanées sur un bloc de données et trouva le nom du propriétaire du vaisseau, un certain Nassil Veraian. Il vit que quinze vaisseaux des Archanges de Norkaï, soit presque l’intégralité de leur « flotte », avaient quitté la base peu de temps auparavant, en direction de la Station Spatiale Itinérante Carolusia, ce qui lui indiquait où chercher l’assassin du sénateur Bothan.
Juste au cas où, il essaya de récolter d’autres informations sur les Archanges. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que ces fous, pensant sans doute leurs ordinateurs inaccessibles pour quelqu’un venant de l’extérieur, avaient consigné toutes leurs opérations et autres méfaits de ces derniers mois. Tout y était : les dates, le montant de leurs émoluments, les commanditaires quand ils les connaissaient, et le nom de leurs victimes. Il téléchargea également ces données, et pendant les vingt minutes que prit cette opération, il fit le tour des hommes inconscients, en mettant la Force à contribution pour prolonger leur évanouissement.
Dès que le transfert fut terminé, il copia le contenu du bloc de données sur une clé informatique, glissa les deux objets dans ses poches et bondit dans le conduit. Par télékinésie, il récupéra la grille, qu’il remit en place. Même si les camarades des hommes de garde entraient, il leur faudrait un peu de temps avant de comprendre par où Tchoo-Nachril était entré, et il leur serait impossible de réveiller les dormeurs. Et tout répit était bon à prendre pour le Jedi.

Comme il connaissait désormais le chemin pour revenir sur ses pas, il ne mit qu’une demi-heure à se retrouver devant la grille du hangar. Dix minutes auparavant, des alarmes stridentes avaient retentis, lui indiquant que les corps des hommes des gardes avaient été découverts. Mais il avait pu gagner sa position sans être inquiété.
Mais quand il regarda le hangar à travers la grille, il comprit que les choses risquaient d’être plus compliquées pour sortir qu’elles ne l’avaient été pour entrer. La fumée des explosions, qui l’avait masqué lors de son arrivée, avait disparu, et dix gardes armés et sur le qui-vive étaient disséminés dans le hangar.
Tchoo-Nachril faillit empoigner son sabrolaser, mais une idée lui vint, ce qui le remplit d’aise : ses maîtres avaient coutume de répéter que recourir à la force et au sabrolaser était un signe d’échec pour les Jedi, et le Whiphid partageait cette opinion. Il cherchait toujours les solutions les plus pacifiques à la résolution des missions qui lui étaient confiées, et s’il ne pouvait faire autrement, tentait de faire en sorte que les dommages collatéraux soient les moins minimes possibles.

Comme pour la salle de contrôle, il détacha discrètement la grille de ventilation, et la fit léviter vers le plafond haut. Espérant que nul ne la remarque, il l’envoya jusqu’au coin opposé à sa propre position, avant de relâcher son emprise. La grille tomba comme une pierre et se fracassa bruyamment au sol, faisant instantanément se retourner les gardes. Certains tirèrent, par réflexe. Tchoo-Nachril avisa un tas de décombres métalliques, sans doute formé des débris provoqués par ses torpilles. Il les fit bouger par le truchement de la Force, tandis qu’il sautait souplement de son perchoir.
L’attention des gardes détournée, il put se faufiler jusqu’au champ de rétention d’atmosphère. Tout en continuant d’agiter les débris, sur lesquels les gardes s’évertuaient à tirer, il s’entoura d’un champ de Force et fit le pas en avant qui l’envoya dans le froid mortel de l’espace.

Il fut tellement surpris par la sensation glaciale qui s’empara de lui qu’il faillit se déconcentrer. Il eut l’impression que la sensation en question était dix fois pire que celle qu’il avait enduré en venant, alors qu’il avait pensé au contraire que ça aurait été plus facile, vu qu’il avait déjà vécu cette expérience. Il escalada l’astéroïde le plus vite possible, mais assez prudemment pour ne pas être décroché, et soupira de soulagement en retrouvant son chasseur intact. Ce ne fut qu’une fois assis dans le cockpit, les systèmes de survie activés, qu’il se détendit enfin. L’impression de compression due à son bref séjour dans l’espace commença à se dissiper lentement, le laissant tout de même tremblant de tous ses membres. Quelques exercices de contrôle respiratoire vinrent à bout de la plupart de ses maux.
Il se sentait las, épuisé, mais puisa encore dans ses réserves : il avait encore besoin de la Force pour quitter le champ d’astéroïdes. dès que cela serait fait, et son rapport envoyé au Temple Jedi, il mettrait le cap sur le Carolusia.


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Rien que de voir la boule écarlate qu’était Meros V donna chaud à Tel’Ay, tandis que les souvenirs de la chaleur torride qui y régnait en permanence remontaient à sa mémoire. Il avait beau y avoir vécu la majeure partie de sa vie, et y avoir été élevé, il n’eut pourtant aucunement l’impression de faire un retour dans son foyer. Il resta contempler longtemps le globe de feu, tandis qu’Anaria enclenchait les procédures qui leur permettaient d’enter dans l’atmosphère. Tel’Ay lui indiqua le cap à suivre, et ils furent bientôt en vue du complexe de cavernes qui avait abrité et vu mourir la Confrérie de Maal Taniet, installée là depuis cent cinquante ans, sous l’égide de Maal Eddun.
L’aire d’atterrissage était criblée d’impacts de petits astéroïdes. Il était évident que le site était à l’abandon. Ils se posèrent et abaissèrent la rampe d’atterrissage. Il furent aussitôt enveloppés par une fournaise digne d’une chape de plomb. Anaria ne pipa mot, mais il fut vite évident pour Tel’Ay qu’elle souffrait énormément des températures infernales qui régnaient sur la planète. Les Wookiees n’étaient pas faits pour fréquenter des planètes chaudes, leurs fourrures épaisses les prédisposant plus à arpenter des mondes gelés. Mais elle se figea dans le silence et emboîta le pas de Tel’Ay.

Le Skelor ne tergiversa pas et se dirigea aussitôt vers les appartements de son maître. Il sentit toute la colère de la Force gronder dans son esprit, au fur à et mesure qu’il avançait, et ne porta nul regard sur les squelettes qui croisèrent dans les galeries souterraines.
Il s’arrêta un instant à l’entrée de la caverne personnelle de Maal Gami, opressé malgré lui. Ses genoux tremblèrent brièvement, puis il entra. Face à lui, en hauteur, était creusée une petite niche. Elle avait abritée le Gant de Vèntorqis, comme le lui avait avoué et montré son maître plusieurs années auparavant. En tant normal, cette niche était cachée par un champ holographique, mais la corrosion et le manque d’entretien avait détruit le « camouflage ». Ne restait qu’un trou, vide.
Mais ce qui attira surtout l’attention de Tel’Ay Mi-Nag fut le fauteuil de son maître. Le squelette de Maal Gami y était toujours, en position assise, et il semblait encore trôner fièrement sur son royaume fantomatique. Des larmes jaillirent spontanément des yeux du Skelor, qui tomba à genoux devant les restes de son maître, la tête inclinée, en signe de soumission.
– Je suis revenu, maître, dit-il d’une voix éraillée par l’émotion.
Un long silence s’installa, finalement troublé par une voix sépulcrale :
– Je vois cela, traître. Que viens-tu chercher en ses lieux ?
Redressant la tête, Tel’Ay vit une projection astrale de Maal Gami le toiser avec mépris et dédain. Le Skelor se sentit fier de voir que son maître avait surmonté le passage de la mort, ce dont il n’avait jamais douté en son for intérieur.
– Votre châtiment, maître. Par le passé, je me suis égaré de la voie des Sith, mais me revoilà aujourd’hui, prêt à mourir pour mes erreurs. Ordonnez et j’obéirais, maître. Je suis votre serviteur et le serais à jamais.
– Mourir ? Pauvre imbécile, est-ce que tu crois vraiment que je vais laisser mourir un être tel que toi ? Tu es le seul qui puisse perpétuer mes enseignements, bien que tu aies été loin des espoirs que j’avais placé en toi.
– Je ne m’excuserais pas, maître. J’ai fait ce que j’ai fait, et estime avoir appris de mes erreurs. Si vous me pensez indigne de paraître devant vous, je suis prêt à donner ma vie sur-le-champ.
– Cesse donc d’ânonner des idioties, jeune imbécile ! Que je le veuille ou non, tu es le dernier des Tanietiens, et je n’ai pas la puissance nécessaire pour me maintenir longtemps sur ce plan d’existence. tu es donc le dernier espoir de la Confrérie de renaître de ses cendres. Je vais te confier une mission, et sa réussite décidera ou non de la pérennité de l’Ordre de Maal Taniet.
– Je suis à vos ordres, mon maître, aujourd’hui et à jamais.
– Tais-toi donc, imbécile ! Tes platitudes m’horripilent. Tu sais d’où tu viens mais tu ne sais absolument pas où tu vas. Moi-même, je ne saurais le dire, même si je connais les chemins qui s’offrent à toi et vois clairement où chacun d’eux peut te conduire. Mais là n’est le problème ! Puisque tu reviens enfin à moi en signe de rédemption, voici les ordres que je t’ordonne de suivre : Séis, tu ne l’ignores pas, nous a tous trahi, encore plus que toi ! Il a été corrompu par un autre seigneur Sith, du nom de Dark Omberius. Ce Sith est l’héritier des enseignements de Dark Bane, qui a créé son Ordre caché il y a six cent ans, tout comme Maal Taniet a créé le sien. Aujourd’hui, Dark Omberius s’est proclamé maître de tous les Sith et a ordonné la destruction de tous ses rivaux. Je t’ordonne de reprendre le flambeau de notre confrérie, et de la faire revivre. Ta mission consiste à anéantir les Sith de l’école de Dark Bane, à savoir Dark Omberius et son apprenti. Séis n’était le seul de ses élèves, il en possède un autre, qui se donne le nom de Dark Glaro. Trouve-les tous les deux et élimine-les !
– Il en sera fait selon votre volonté, maître.
– Tu es désormais, par défaut, le maître de la Confrérie de Maal Taniet. Ton nom de maître sera désormais Maal Kuun, en hommage à ton camarade qui, contrairement à toi, est resté fidèle à mes enseignements jusqu’au bout, jusqu’à en mourir.
– Kuun…murmura Tel’Ay.
Kuun Hadgard avait été son ami, le frère qu’il n’avait jamais eu, et il avait fini par le tuer. Cette blessure qu’il avait cru refermée se rouvrit brutalement, et une honte impérieuse le submergea.
– Maintenant, va, Maal Kuun. Lance-toi sur les traces de Dark Omberius : il a déclenché des événements qui doivent le placer à la tête de la galaxie, après avoir mis à genoux la République. Je me moque éperdument que la République survive ou non, mais élimine Omberirus ! Tu as compris ?
– Il est d’ores et déjà mort, mon maître, rétorqua froidement Tel’Ay en se redressant fièrement.

Le spectre de Maal Gami disparut lentement, et Tel’Ay tourna les talons. Il vit Anaria derrière lui, les yeux dans le vague. Elle sortit de sa « transe » quand il la secoua rudement, et il comprit rapidement qu’elle n’avait rien perçu de l’échange qui venait d’avoir lieu. Voilà qui était parfait.

Ils regagnèrent le navire de Séis et, pendant qu’Anaria lançait les procédures de décollage, Tel’Ay repassa le message que Dark omberius avait envoyé à Séis. « J’ai une nouvelle mission pour vous, mon jeune apprenti. Vous allez vous rendre sur la Station Spatiale Itinérante Carolusia et abattre un jeune Skelor du nom de Ver’Liu So-Ren. Cet imbécile vient de se dévoiler comme étant l’héritier du trône des Skelors, et cela ne peut qu’interférer dans nos plans. Eliminez-le au plus vite ! »
Ainsi donc, Dark Omberius craignait que l’héritier du trône skelorien ne soit un obstacle pour lui ? Parfait ! Tel’Ay sut par où il devait commencer pour assouvir la vengeance de son maître : lui vivant, il n’arriverait rien à son frère de race, qui remonterait sur son trône ! Il rejoignit Anaria dans le poste de pilotage et lui ordonna de mettre le cap sur le Carolusia.