chapitre XIV

Comment se repérer dans un croiseur, quand cet univers ne vous ait pas familier du tout ? A bord du Metak Tenak, Tel’Ay s’était contenté de télécharger un plan du vaisseau sur un datapad, et avait pu se débrouiller avec sans trop de problèmes. En revanche, sur ce croiseur mené par un Sith, il put une fois de plus mesurer ses lacunes vis-à-vis de tout ce qui concernait la technologie en général. N’apprendrait-il donc jamais, malgré les mises en garde de son défunt Maître ?

L’adepte du Côté Obscur dont il sentait la présence brillait comme un phare au milieu du néant, mais se rapprocher de lui était une autre histoire. La Force ne lui indiquait que le chemin le plus court vers lui, or il devait se débattre avec un réseau de coursives labyrinthiques, qui l’éloignait parfois de son but.
Les consoles informatiques qui jalonnaient les couloirs ne lui furent d’aucune aide car il était incapable d’en extirper la moindre information utile, et les droïdes qu’il avait croisé jusque-là, tous inoffensifs, n’avaient pu répondre à ses questions, faute d’interfaces vocales. Si encore certains l’avaient attaqué, il aurait su qu’il était sur la bonne route, mais non, cela aurait été trop beau…

Son instinct restait désespérément muet, et le Gant de Vèntorqis, toujours enfilé sur sa main gauche, ne daignait pas lui envoyer la moindre impulsion d’aide. Ça n’allait pas être une partie de plaisir…


***

Pas moins de soixante navettes bourrées de droïdes furent lancées par Dark Glaro à l’assaut du Malashli. Sur la passerelle de son vaisseau-amiral, le Sith surveilla avec attention leur progression. Dix droïdes armés par navette, soit six cents au total, les images visuelles de Ver’Liu So-Ren et de Tel’Ay Mi-Nag téléchargées dans leur mémoire électronique.

Dark Glaro ne put s’empêcher d’esquisser un sourire satisfait quand il constata que seules quatorze navettes furent détruites avant de parvenir à leur but. Quatre cent soixante droïdes tueurs lui semblaient être un nombre amplement suffisant pour atteindre le double objectif fixé.

Les caméras intégrées aux globes oculaires des droïdes lui permirent de suivre leur progression à travers le Malashli, et force étant de constater que ce plan semblait être efficace. Les organiques composant l’équipage de Ver’Liu ne semblaient pas être à la hauteur des assaillants, et cédaient peu à peu du terrain sur tous les fronts. Parfait… la mort des ennemis de Dark Omberius n’étaient plus qu’une question de temps. Les droïdes se rapprochaient lentement mais sûrement de la passerelle de la corvette.


***

Anaria n’aimait pas laisser Tel’Ay hors de sa vue. Le Skelor était retors, et savait qu’il n’hésiterait pas à la laisser en plan sur-le-champ si cela devait servir ses intérêts. Mais elle n’avait pas le choix. Il lui avait sauvé la vie, et une dette d’honneur s’était instaurée entre eux. Elle devait veiller sur lui, même contre son gré… même contre leur gré à tous les deux.
Techniquement, Anaria n’était pas tenue au respect de cette loi de son peuple, car elle n’avait pas réussi le rite de passage wookiee à l’âge adulte. Mais après des années d’errance mentales, Tel’Ay était parvenu à réveiller quelque chose en elle, quelque chose de noble, quelque chose d’essentiel à la vie d’un Wookiee. Si elle ignorait de quoi elle avait souffert, elle savait que le Skelor l’en avait guéri, et qu’elle pouvait désormais revendiquer son héritage wookiee.
Ce qu’elle ferait d’ailleurs dans les plus brefs délais, avait-elle décidé suite à la rencontre pour le moins musclée avec les deux êtres de son espèce, qui l’avaient battu en plâtre. Du jour où elle avait échouée au rite de passage, son statut de lâche n’avait cessé de l’accompagner partout où elle était allée, et les Wookiees croisés depuis lors ne l’ignoraient pas.
Si leurs principes n’allaient pas jusqu’à leur faire éliminer les brebis galeuses de leur peuple, ils ne se privaient pas pour leur faire sentir leur honte, leur indignité. Comme cela avait été le cas sur le Carolusia. Heureusement que Tel’Ay l’avait écoutée et n’était pas intervenu. Il ne pouvait pas comprendre. Il ne pouvait pas comprendre que les Wookiees qu’ils avaient croisés étaient dans leur droit, et qu’elle ne pouvait se soustraire à la juste punition qu’ils lui avaient infligée.

Comme tout et toute Wookiee, Anaria connaissait parfaitement les règles de l’honneur qui régissait son peuple. Suite à sa « résurrection », opérée par Tel’Ay, elle avait décidé instinctivement de le suivre, et donc de s’attacher aux pas du Skelor. Mais les membres de son peuple ne l’avaient pas encore reconnu officiellement comme étant l’une de leurs, suivre Tel’Ay dans ses pérégrinations ne lui ayant pas encore permis de se rendre sur Kashyyyk pour revendiquer son statut de membre honorable de la société wookiee. Une lacune qu’elle comptait bien combler.

En attendant, elle prenait garde à ce que le Skelor ne lui fausse pas compagnie discrètement, et elle s’était demandée si ce n’était pas le cas quand elle l’avait espionné et vu prendre une navette.
Connaissant l’aversion de Tel’Ay pour les machines, elle s’était doutée que ce geste était loin d’être anodin, aussi l’avait-elle suivie discrètement et s’était-elle emparée à son tour d’une navette, bien décidée à ne pas le lâcher d’une semelle.

Elle crut plus d’une fois que le pilotage médiocre du Skelor allait avoir raison de sa vie, mais contre attente, il avait réussi à se poser, où plutôt à s’écraser, dans un hangar du croiseur-amiral ennemi. Même si un accident pouvait toujours survenir, Anaria n’avait eu pour sa part aucun mal à esquiver les tirs ennemis, mais le temps qu’elle trouvât la bonne fenêtre pour rallier à son tour le hangar, Tel’Ay s’était déjà esquivé, après avoir abandonné l’épave de sa navette. Restait désormais à le retrouver dans ce territoire ennemi.
Elle s’empara de l’arbalète-laser, arme traditionnelle de son peuple, qu’elle s’était récemment confectionnée, et s’engouffra à son tour dans les coursives du vaisseau…


***

Tel’Ay commençait à perdre patience. Le croiseur était immense, et s’il se rapprochait de son ennemi, sa progression était beaucoup trop lente à ses yeux. À ce rythme, il lui faudrait des jours pour le trouver… s’il daignait rester à bord !
Une sensation de mauvais augure l’étreignit. En réaction, il attrapa son comlink et composa la fréquence de son apprenti, Marton Karr. Celui-ci répondit aussitôt :
– Maître ? Vous tombez bien, je ne cesse de vous chercher, et vous ne répondiez pas à mes appels jusque-là !
– Ne t’occupe pas de moi, je suis à bord du principal croiseur ennemi.
– Mais que…
– Silence, te dis-je. Écoute-moi attentivement : je suis à la poursuite de l’un de mes ennemis, et je compte bien avoir sa peau. Si ce n’est pas le cas, tu iras vivre ta vie comme tu l’entends. quoi qu’il en soit, je sens un grand danger planer au-dessus de Ver’Liu, aussi je veux que tu te rendes sur la passerelle du Malashli pour le protéger. Je sais que tu peux à peine marcher, mais c’est important. Nous pourrions encore avoir besoin du roi des Skelors en vie…
– Bien reçu, Maître. J’y cours !
– Je n’ai pas fini. Ce n’est en aucun cas une mission-suicide. Si ça sent trop le roussi, tu l’abandonnes sans hésiter et tu te débrouilles pour rallier la planète Meros V le plus discrètement possible : c’est bien simple, nul ne doit savoir que tu te seras rendu là-bas. Est-ce clair ?
– Limpide, Maître.
– Bon, je t’envoie les coordonnées de la planète.
– Reçu, Maître.
- Parfait. Apprends-les par cœur et efface-les. Fais ce que tu peux pour Ver’Liu, tant que ça ne nuit pas à ta propre sécurité. On reste en contact.
– A vos ordres, Maître. Je ne vous décevrais pas.
– Il vaudrait mieux que tu meures plutôt que de me décevoir, Marton. Maître Hadgard, terminé.
Marton Karr sentit un élan de fierté l’envahir. Son séjour à l’hôpital de Velinia III venait de s’achever, c’était à peine s’il pouvait marcher sans être la proie de tremblements incontrôlables et se retrouver au bord de l’épuisement, mais peu lui importait : son Maître venait de lui confier sa première mission. Il n’échouerait pas !


***

Tel’Ay coupait à peine son communicateur que celui-ci se remit à biper. Le Skelor s’aperçut avec une grande surprise que la fréquence était celle dont il était convenu avec Tchoo-Nachril. Ce diable de Jedi whiphid était-il donc encore en vie ? Voilà qui promettait d’être intéressant.
– Oui ?
– Tel’Ay Mi-Nag ? fit une voix rocailleuse.
– A qui ai-je l’honneur ? demanda-t-il prudemment, ne reconnaissant pas les intonations du Whiphid.
– Ici le Maître Jedi Yoda. Par Tchoo-Nachril cette fréquence m’a été communiquée.
– Je vois. Que devient-il ?
– Retourné à la Force il est. Je l’ai senti.
– J’en suis désolé, répondit Tel’Ay, totalement indifférent à l’annonce de cette nouvelle.
– Au large de Velinia je viens d’arriver. La situation en mains je prends.
– Ce n’est pas nécessaire, Jedi. Avec l’arrivée des renforts républicains, tout me paraît être sous contrôle. Si vous voulez vous rendre utile, ralliez le Malashli et protégez Ver’Liu, je sens qu’il est en grand danger.
– Vous semblez avoir raison, répondit Yoda après quelques secondes. De votre côté, où êtes-vous ?
– Sur le vaisseau-amiral ennemi. J’ai un ennemi à abattre.
– Un phare de ténèbres je sens. Prendre garde vous devez.
– Fabuleux conseil, qui devrait m’être d’une grande utilité, railla le Skelor. Tel’Ay Mi-Nag, terminé.


***

Tel’Ay rangea son communicateur et poursuivit sa progression, sans plus d’idée qu’auparavant pour atteindre son but. Il ne comprenait pas les indications inscrites sur les panneaux à chaque embranchement, et son impatience grandissait d’autant.

Il fut soulagé de sentir une présence organique quelque part derrière sa position, et se posta en embuscade. Un esprit à manipuler, ou duquel il faudrait extirper des informations : voilà qui lui convenait parfaitement. Même s’il préféra noter dans un coin de sa tête qu’en plus du pilotage, il devenait urgent pour lui d’apprendre à se repérer dans des vaisseaux de taille importante.

Quand la silhouette qui lui parut gigantesque dépassa sa position, il se révéla en pestant :
– Anaria ? Qu’est-ce que tu fiches ici ?
– Je t’ai suivi. N’oublie pas que j’ai une dette de vie envers…
– Oui, bref, coupa Tel’Ay, mécontent et soulagé de la voir là. Tu as une idée d’où pourrait se trouver la passerelle, ou le centre de commandement de ce vaisseau ?
– Il suffit de suivre les indications des plaques à chaque embranchement.
– Tu arrives à les déchiffrer ?
– Bien sûr, c’est du zabrak. Tu ne le lis pas ?
– Non, grogna Tel’Ay. Allons-y, nous perdons du temps.


***

Marton Karr était déterminé à ne laisser passer aucun droïde. Ces derniers étaient d’une conception rudimentaire et ressemblaient à de simples cylindres emboîtés. Mais chacun de leurs avant-bras étaient pourvus de canons-laser qui, s’ils mettaient du temps à se recharger, n’en étaient pas moins mortels.

Depuis un quart d’heure qu’il était posté devant l’écoutille qui ouvrait sur le couloir menant à la passerelle, il repoussait inlassablement les droïdes, et s’aperçut au fil des minutes que l’exercice était assez facile.
Depuis qu’il réutilisait le Force, celle-ci affluait en lui d’une manière qu’il trouvait impressionnante. Il avait l’impression de ne jamais l’avoir ressentie à tel niveau. S’était-elle accumulée en lui pendant tout le temps où il ne l’avait pas utilisée, lui constituant du même coup des réserves ? Ou avait-il mûri et trouvé une nouvelle voie pour la contrôler ?
Peu lui importait. Tout ce qu’il voyait était l’efficacité avec laquelle il s’en servait, et les perspectives que cela lui ouvrait vis-à-vis de son futur entraînement par son Maître. Pour la première fois de sa vie, il se sentait en paix avec lui-même, et en adéquation avec la Force. Sensation grisante qui ne manquait pas de l’interloquer. Avait-il donc un potentiel bien plus prometteur que ce que les Maîtres du Temple avaient escompté ? Voilà qui le ravissait, tandis qu’il détruisait droïde sur droïde, au fur et à mesure de leur avancée vers sa position.

Mais sa chance finit par tourner, et il atteignit ses limites, quand pas moins de deux douzaines de droïdes firent leur apparition et l’arrosèrent d’un feu nourri. Il résista les dix premières secondes, avant de commencer à perdre pied. Il eut l’impression que les tirs s’intensifiaient, et que sa propre vitesse de réaction diminuait.

Il finit par se prendre un tir en pleine poitrine. Si sa connexion avec la Force l’empêcha d’être tué sur le coup, il fut cloué au sol, à bout de souffle. Il leva les yeux vers ses agresseurs, passa une main sur ses yeux pour chasser les larmes apparues à cause des résidus d’ozone des tirs, et regarda fixement sers futurs bourreaux : bien qu’il ne soit pas capables d’interpréter ses expressions faciales, il entendait bien mourir dignement.

Le droïde le plus avancé pointa son bras vers Marton, et tira.


***

Soulagement et énervement étaient les sensations qui habitaient Tel’Ay tandis qu’il suivait Anaria, qui le guidait sans faillir vers son ennemi. Soulagement de voir qu’il allait bientôt affronter l’adepte Sith d’une école concurrente, et énervement de n’être pas capable de se diriger lui-même , alors qu’il avait la Force avec lui. Il lui était arrivé de prétendre que la Force n’était qu’un outil, et il se rendait désormais compte qu’il s’en servait comme d’une béquille, contrairement aux enseignements de son Maître. Il lui restait tellement à apprendre…

Enfin, Anaria se posta devant une porte massive, tendue. Elle jeta un œil sur Tel’Ay et lui fit un signe de la tête. Ils étaient arrivés. Derrière l’impressionnante porte se cachait le Sith.

Une impulsion du Gant de Vèntorqis jaillit vers l’esprit du Skelor, et des couleurs surgirent dans son champ de vision… autant de circuits électriques circulant à travers la porte. Il n’hésita pas et alluma le sabrolaser de Séis. Il enfonça l’arme dans ce qui lui parut être un nœud de connexion, caché derrière le panneau de contrôle, et laissa le sabrolaser effectuer son travail de destruction, jusqu’à ce que la porte s’ouvrit lentement, comme à regret.

Quelques tirs jaillirent aussitôt vers leur position. Tel’Ay dévia les rayons mortels grâce à son sabre, et Anaria se fendit d’une riposte acharnée, et le silence ne fut pas long à revenir.
Ils entrèrent sur la passerelle.

Anaria surgit la première, arbalète-laser au poing, et se figea subitement, comme tétanisée. L’odeur qui émanait de l’être la ramena dix ans en arrière, sur Kashyyyk…


***

Naveromanaria était aussi excitée que son frère Lewamparachatchik. Les deux pré-adolescents wookiees étaient parvenus à déjouer la surveillance des gardes du spatioport de Kamarkiia et se délectaient, cachés derrière une pile de conteneurs entreposée sur une plate-forme, de surveiller les allées et venues des voyageurs galactiques. Un jour, ce serait à leur tour d’aller dans l’espace, ils s’en étaient faits la promesse. En attendant, les yeux brillants de convoitise, ils ne se lassaient pas d’essayer d’identifier les modèles des vaisseaux qui les entouraient, et les espèces exotiques auxquelles les pilotes appartenaient. Avec bien plus de réussite dans le premier cas que dans le deuxième.

Ils furent intrigués par un petit transport qui se posa non loin de là. Sa configuration leur était parfaitement étrangère, à moins que ce ne fut le crépuscule qui les entourait qui rendait l’identification difficile. Ils se rapprochèrent subrepticement et n’eurent aucun mal à se faufiler entre les conteneurs. L’aire d’atterrissage du transport était chichement éclairé, ce qui n’avait manifestement pas posé de problème au pilote.

Une silhouette encapuchonnée sortit d’une écoutille latérale. Les enfants ne purent l’identifier, et seules de fines tresses blondes tombaient sur la poitrine de l’être. Ils se cachèrent derrière la cage d’un immense Raworrak endormi, à à peine dix mètres de l’étranger.
Des pas se firent entendre, et un nouvel arrivant surgit, Wookiee cette fois-ci, une mallette à la main.
– Salutations, monseigneur, fit le natif de Kashyyyk.
– Bien, je constate que vous êtes ponctuel, Vegrafoluk. Vous avez ce que je vous ai demandé ?
– Oui, monseigneur. Des cristaux de rébuite, comme convenu.
– Parfait. Personne ne vous soupçonne ?
– Non, leur disparition ne sera pas remarquée avant longtemps, et les éventuels témoins ne sont plus là pour vendre la mèche, si vous voyez ce que je veux dire.
– Bien. Voici votre paiement, fit la mystérieuse silhouette et sortant un petit paquet de sous sa cape.
– Merci, monseigneur, c’est toujours un plaisir de faire des affaires avec vous.
– Je…

Un cri rauque s’éleva d’une cage non loin de là, suivi d’un jappement de Wookiee effrayé. L’étranger et Vegrafoluk se précipitèrent dans cette direction, et tombèrent nez à nez avec Naveromanaria et Lewamparachatchik. Effrayés, les deux jeunes se tinrent coi, penauds et conscients qu’ils allaient être punis par leurs parents pour avoir enfreint des règles de sécurité.
– Tiens, tiens, on dirait qu’on a des espions, ricana l’étranger.
– Je ne pense pas qu’ils aient compris quoi que ce soit, monseigneur, avança Vegrafoluk, peu désireux de voir se produire un incident sérieux, d’autant plus qu’il savait de quoi son interlocuteur était capable.
– Je ne prendrais pas ce risque, Vegrafoluk.

Vif comme l’éclair, l’étranger dégaina un sabrolaser à lame rouge et pourfendit de bas en haut Lewamparachatchik. Sa jeune sœur poussa un cri et prit ses jambes à son cou, en direction du bord de la plate-forme. Le sabrolaser jaillit dans les airs et toucha la jeune Wookiee à la tête, au moment où, instinctivement, elle sautait dans le vide.
La lame s’éteignit et l’arme revint se loger dans la main tendue de l’étranger.
– Problème résolu, annonça-t-il calmement. Si la chute ne la tue pas, les prédateurs de la surface s’en chargeront. Envoyez les restes de l’autre la rejoindre. Dès demain, plus aucune trace n’en subsistera.
Vegrafoluk déglutit nerveusement et approuva de la tête. Tandis qu’il s’acquittait de sa sinistre besogne, l’étranger regagna son vaisseau et lança les procédures de décollage.

La jeune Wookiee survécut. Son pied se prit dans un enchevêtrement de branches, quelques dizaines de mètres plus bas. Elle fut retrouvée le lendemain par une équipe de sécurité. La profonde blessure qu’elle avait à la tête ne guérit jamais, et ses capacités s’en retrouvèrent atrophiées. De ce jour, elle vécut dans une terreur quasi-permanente, qui lui valut le mépris puis le rejet de la part de ses pairs.

Elle ne réussit jamais à passer les épreuves qui feraient d’elle une adulte, membre honorable de la société wookiee, et fut contrainte à l’exil. jamais elle n’avait revu son bourreau. Jamais jusqu’à ce jour où, sur la passerelle du vaisseau-amiral de la flotte zabrak, elle sentit instinctivement que Dark Glaro, le Jaabimien blond à la barbe tressée et armé d’un sabrolaser à la lame pourpre, était l’étranger qui avait tué son frère et qui l’avait elle-même grièvement blessée. Agitée de tremblements, elle fit incapable de tenir plus longtemps son arbalète-laser, qui chuta au sol, et quand ses jambes flageolèrent, elle se retrouva à genoux, tétanisée.


***

Marton Karr n’était pas résigné, plutôt en paix avec lui-même. Certes, il allait mourir, mais il éprouvait une certaine satisfaction à l’idée d’avoir tenté d’exploiter son potentiel dans la Force.
Le droïde qui le tenait en joue fit feu, et les yeux de Marton furent saturées de plusieurs teintes de vert, couleur du rayon laser qui se jeta sur lui, celui d’un sabrolaser qui intercepta le tir, fermement empoigné par une créature non moins verte.
Éberlué, Marton Karr n’eut que le temps d’identifier Maître Yoda que celui-ci se lançait dans une série de bonds impressionnants, dans mortelle accomplie autour des droïdes zabraks. Il ne fallut que quelques secondes pour qu’ils ne soient transformés en restes fumants.
Yoda repoussa Marton, qui essayait de se relever.
– Blessé, tu es. Recouvrir tes forces tu dois, annonça simplement le Jedi, avant d’apposer quelques secondes sa main sur la poitrine de Marton.
L’apprenti sentit une douce chaleur l’envahir, et le bien-être qui l’enveloppa le déconnecta presque de la dangerosité de leur position.

Ce moment de paix ne dura pas. Ils entendirent le pas pesant de nouveaux droïdes, qui se rapprochaient d’eux. Le panneau d’intercom contigu à la porte anti-explosion qu’ils protégeaient bipa, et une voix inquiète s’éleva :
– Ici, Ver’Liu So-Ren. Je viens de suivre votre exploit via les caméras de surveillance. Je vais faire ouvrir la porte, vous pourrez ainsi vous mettre en sécurité et nous rejoindre sur la passerelle.
– Hors de question cela est, rétorqua Yoda. devant cette porte, vous défendre nous pourrons. Si nous la franchissons, piégés avec vous nous serons.
– Ne soyez pas ridicules. Vous ne leur résisterez pas éternellement. J’ouvre la porte.
Yoda ne répondit pas. Il alluma son sabre et en enfonça la lame jusqu’à la garde dans le panneau de contrôle. Le chuintement qui annonçait le déverrouillage de l’ouverture se tut brusquement.
– Mais qu’est-ce que vous faites ? s’inquiéta Ver’Liu.
– Je vous l’ai dit. Plus efficaces nous serons de ce côté de la porte.
– C’est intolérable, je…
Le Maître Jedi coupa la communication, et se tourna vers Marton.
– Rester derrière moi tu vas, ancien Padawan. Ils ne passeront pas.
Le jeune humain n’osa pas répondre, empli d’une crainte superstitieuse à la vue de cette créature aux yeux brillants, véritable légende vivante au sein de l’Ordre Jedi.

Les droïdes surgirent d’une coursive latérale, puis d’une autre, et encore d’une autre. Bientôt, la coursive principale fut elle aussi envahi par les êtres artificiels. Lueur de mauvais augure dans les yeux, fermement campé sur ses jambes, Yoda alluma son sabrolaser, prêt à riposter.
Les droïdes ouvrirent le feu. L’enfer se déchaîna.


***

Anaria s’écroula. Tel’Ay passa devant elle, indifférent à l’agitation mentale s’étant emparé de la Wookiee, et il marcha droit sur son ennemi, le sabrolaser de Séis activé à la main, sans se poser plus de question.
Glaro arbora un sourire satisfait tandis qu’ils échangèrent leurs premiers coups, très violents. Ni l’un ni l’autre ne voulut céder le moindre centimètre à son adversaire, et ils lâchèrent toute leur force dans leurs coups.
Tel’Ay balaya l’air horizontalement, mais Glaro opposa son sabre, avant de repousser violemment le Skelor et d’assener un formidable coup de butoir en direction de sa tête. Tel’Ay l’esquiva, fit un roulé-boulé et tenta de faucher les jambes de son adversaire. Celui-ci se fendit d’un salto arrière qui le mit hors de portée, avant de revenir à l’assaut, sourire ravi aux lèvres. Il était très excité par cette confrontation, et le rictus déformant la bouche de Tel’Ay indiquait le même sentiment.

Glaro continua à faire la démonstration de sa force physique. Il rendait presque vingt centimètres au Skelor et était puissamment bâti, aussi tint-il son sabrolaser à deux mains pour attaquer. Tel’Ay utilisa la même prise pour se défendre, et ne recula pas d’un pouce. Il avait beau être plus petit, son ossature trapue valait bien les muscles de Glaro.
Les deux adversaires rompirent le contact et se tournèrent lentement autour, à l’affut d’une faille qu’ils savaient ne pas trouver. Aussi Tel’Ay décida-t-il de passer à son tour à l’attaque. Il frappa d’estoc pour déséquilibrer Glaro, et tenta de sectionner la jambe de son adversaire. Celui-ci s’y attendait et fit un saut latéral pour y échapper, avant de se jeter à son tour sur le Skelor, épaule contre épaule. Le Skelor se retrouva au sol et Glaro tenta de le clouer au sol. Tel’Ay roula sur lui-même pour se mettre hors de portée, avant d’enchaîner quelques moulinets pour tenir Glaro à distance. Il y gagna la place pour se remettre sur pied, et marcha droit sur le Jaabimien.
S’en suivit un nouvel échange violent, pendant une minute, chacun mettant plus de force et de vitesse dans ses coups. Quand ils sentirent qu’ils atteignaient leurs limites, ils croisèrent une dernière fois le fer et leurs sabres vrombissants restèrent en contact. Les deux Sith exerçaient une énorme pression l’un sur l’autre, mais aucun ne pliait.
Tel’Ay rompit soudainement l’engagement, en tournant sur lui-même. Emporté par son élan, Glaro présenta son dos au Skelor, qui balaya l’air d’un revers. Le Jaabimien se laissa porter par son élan pour se mettre plus vite à l’abri, et ne perdit que quelques tresses dans cet assaut.

Le combat serait long… très long, pensa Tel’Ay. Mais il eut le sentiment que toute sa vie n’avait fait que le préparer à ce genre de combat mortel, contre un adversaire redoutable qui était visiblement son égal. Les deux adversaires recommencèrent à se jauger, en tournant l’un autour de l’autre.

Pendant ce temps, obnubilés par la lame ennemie, ils avaient complètement oublié la présence d’Anaria, qui se reprenait peu à peu. Elle parvint à repousser la terreur presque superstitieuse que lui inspirait Dark Glaro, et ses tremblements se calmèrent peu à peu. Quand elle se sentit prête, elle réfréna un cri de guerre pour ne pas attirer l’attention du Jaabimien, attrapa discrètement son arbalète-laser, et fit feu sur Dark Glaro, qui lui tournait le dos.

L’apprenti de Dark Omberius fut surpris par l’attaque, car toute son attention était focalisée sur Tel’Ay Mi-Nag, et il encaissa un tir direct dans le dos. Plongé dans la Force comme il l’était, le tir ne parvint pas à transpercer son corps, mais fut assez puissant pour lui infliger une vive douleur et carboniser ses chairs à fleur de peau. Au deuxième tir, il opposa son sabrolaser, qui renvoya le rayon laser droit sur la Wookiee.
Aussi surpris que lui mais prêt à réagir, Tel’Ay en profita pour l’attaquer, mais ne réussit pas à franchir sa garde. L’instant de déconcentration de Dark Glaro était passé.

Instinctivement, quand le tir revint vers elle, Anaria se protégea en levant son arbalète-laser à bout de bras. Celle-ci fut détruite sur le coup et Anaria se retrouva au sol, sonnée.

Le sourire de Tel’Ay s’accentua. L’épreuve de force pouvait recommencer entre eux, il était sûr de l’emporter, maintenant que son ennemi était blessé. Il lui suffisait d’attendre que les forces que Dark Glaro déclinent.


***

Marton, adossé contre la porte anti-explosions, ne voyait plus qu’une tâche floue à la place du sabrolaser du Maître Jedi. Celui-ci renvoyait tir sur tir vers leurs agresseurs, et chaque coup faisait mouche. En vain, car pour chaque assaillant qui tombait, trois le remplaçaient aussitôt. Les multiples détonations étaient assourdissantes, et des volutes d’ozone à l’odeur piquante envahirent peu à peu la coursive.
Yoda semblait doué d’une résistance infinie, et ne montrait pas le moindre signe de fatigue. Marton sentit une admiration sans borne pour le Maître l’envahir, avant de se morigéner d’éprouver un tel sentiment. Aussi impressionnants puissent-ils être, les Jedi n’avaient pas voulu qu’il devienne un des leurs.

Le déluge de feu se tut brusquement, et les droïdes des premières lignes s’alignèrent en une masse compacte, juste devant les débris des leurs qui jonchaient vingt mètres de coursive, parfois jusqu’à une hauteur d’un mètre. Pour autant que Yoda puisse en juger, les droïdes devaient être des centaines, ce qui ne l’inquiétait pas outre mesure. Il se savait en mesure de tenir des heures, des jours peut-être.
Sauf si les droïdes changeaient de stratégie, se rendit-il compte. Ce qu’ils étaient manifestement en train de faire…

Des raclements et des grincements sourds se firent entendre, comme si quelque chose de lourd se frayait lentement un passage parmi les rangs de droïdes. Ceux-ci reculèrent peu à peu, veillant soigneusement à rester groupés.
Rien qui vaille tout cela ne me dit
Les premières rangées de droïdes se laissèrent soudainement tomber à terre, révélant deux canons-laser portatifs courtauds qui ouvrirent le feu aussitôt.
Les deux boules d’énergie mortelle fusèrent vers les deux utilisateurs de la Force. Trop puissantes pour être détournées grâce à un sabrolaser.


***

Tout allait de mal en pis pour Dark Glaro. Poussant son avantage, Tel’Ay le poussait dans ses derniers retranchements, et il avait de plus en plus de mal à repousser les attaques du Skelor. Son sourire avait disparu depuis longtemps, au profit d’une déception certaine. A cause de l’intervention de la Wookiee, il ne saurait jamais s’il était capable de battre le Skelor en combat singulier.
Le temps jouait contre lui et il en avait parfaitement conscience. Heureusement, il lui restait un dernier atout, et de taille. Au terme d’une nouvelle série d’attaques de Tel’A, il rompit l’engagement et reprit un peu de champ. Comme précédemment, ils se tournèrent autour, mais Glaro était décidé à jouer son va-tout.
Il pressa un bouton sur le dessus de son gant, et la fiole contenant l’Égalitaire, cachée dans un minuscule compartiment contre son poignet, glissa jusque dans sa paume. Il recula d’un pas et lança la fiole sur Tel’Ay d’un geste vif.
Le Skelor n’eut pas d’autre réflexe que de couper l’objet avec son sabrolaser. La fiole explosa en des centaines de fragments de verre, et Tel’Ay en reçut le contenu sur le visage et la poitrine.
Son univers et ses perceptions basculèrent.

Il mit un genou à terre et parvint à s’empêcher de vomir. Sa tête lui tourna et son estomac se crispa. Un grand voile noir s’insinua devant ses yeux, et il sentit la Force être aspirée hors de son corps, comme s’il était un compartiment pressurisé brusquement exposé au vide spatial. Il tomba à plat ventre, agité de soubresauts, bave aux lèvres, et incapable de bouger. Son sabre lui échappa des mains et roula sur quelques centimètres avant de s’éteindre.

Dark Glaro s’avança en ricanant, sabre au poing, et prononça des paroles que Tel’Ay ne comprit pas. Une chape de plomb s’était étendue sur le Skelor. Il était désormais imperméable à la Force.


***

Ses siècles d’existence avaient donné à Yoda un instinct de survie à toute épreuve. Conjugués à ses pouvoirs de Jedi, entretenus jour après jour, inlassablement, il mit à profit la seconde qu’il avait devant lui avant que les tirs des canons-laser ne les déchiquettent pour assurer leur survie. Il se jeta sur Marton, lança un pouvoir archaïque sur l’ancien Padawan pour aspirer sa Force, et projeta un bouclier de Force autour d’eux.
Quand l’explosion les emporta tous deux et qu’il sentit son corps se déchirer, il sut que son dernier réflexe n’avait pas suffit pas à les sauver. Entrelacés, le Maître et l’ancien Padawan rebondirent violemment sur une paroi avant de s’écraser au sol.
Le corps perclus d’atroces douleurs, Yoda constata à travers le nuage de poussières que la porte anti-explosions avait assez bien résisté aux tirs : elle était à peine déformée… mais tout son encadrement avait disparu, à l’exception de deux gros câbles qui la maintenaient encore vaguement en place.
Le goût âcre du sang envahit sa bouche, et il serra les dents. Il ne restait plus que peu de temps… si peu de temps.

Il appela la Force, et crut que son crâne allait exploser. Des cliquetis se firent entendre du côté des droïdes. Ils n’allaient pas tarder à se remettre en mouvement, et ce serait pour eux un jeu d’enfant de les achever. Yoda fit léviter son sabrolaser vers la porte, indifférent aux vagues de souffrances qui menaçaient d’avoir raison de lui et, après avoir repoussé ses dernières limites pour soutenir mentalement le poids des centaines de kilos de la porte, il alluma son sabre à distance et coupa les câbles. Choisissant d’ignorer ses forces vitales, qu’il sentait décliner irrémédiablement, il se redressa sur un genou, poussa un farouche cri de guerre, comme un dernier défi, et lança les derniers vestiges de sa puissance sur la porte anti-explosions désormais privée de tout support.
Elle passa devant lui et Marton, prit de la vitesse et s’envola vers les droïdes, qui ouvrirent vainement le feu dessus. De nouvelles explosions retentirent dans la coursive tandis que la porte s’écrasait sur les canons-laser et les premiers rangs des droïdes.
Yoda s’écroula et sombra dans une inconscience qui l’envoyait tout droit à la mort. Il avait mobilisé ses pouvoirs jusqu’à leur dernière parcelle, et n’en disposait plus pour se plonger dans une transe de guérison.


***

Seul un contact direct avec l’Égalitaire pouvait avoir des conséquences sur des pouvoirs liés à la Force, aussi Dark Glaro s’avança-t-il sans crainte de Tel’Ay Mi-Nag. Le Skelor avait perdu. Privé de la Force, il n’était plus un danger. Dark Glaro se demanda un instant s’il n’allait pas laisser vivre son ex-ennemi, pour mieux lui faire sentir le poids de sa déchéance et de son humiliation, mais il y renonça vite.
Même sans la Force, Tel’Ay possédait une érudition certaine concernant le Côté Obscur, dangereuse pour les héritiers de Dark Bane. Il devait mourir. Jetant un regard de mépris à la forme recroquevillée au sol, Dark Glaro prit la garde de son sabrolaser à deux mains, le fit passer au-dessus de sa tête pour avoir plus d’élan, et vint le moment de l’abattre sur Tel’Ay Mi-Nag.

Le sabrolaser de Tel’Ay, qui s’était lentement tourné vers Glaro, s’alluma soudainement et transperça le pied du Sith. Le temps que Glaro s’en débarrasse, Tel’Ay avait bondi sur ses pieds et tendu la main vers son arme. Avec incrédulité, le Jaabimien vit le sabrolaser revenir dans la paume du Skelor.
– C’est impossible, cria Dark Glaro ! Tu devrais être privé de la Force !
Et de ce fait, il sentit que la Force, qui avait presque déserté Tel’Ay, se remettait à affluer en lui.
– Bien essayé. Très bien essayé, même, ça a faillit réussir. Mais tu as négligé un léger détail.
– Lequel ?
Pour toute réponse, Tel’Ay présenta son poing gauche à Glaro, ceint du Gant de Vèntorqis.
– Que… ?
– Le Gant de Vèntorqis est un antique artefact Sith. Ne me demande pas quels sont précisément ses capacités, je l’ignore. Mais je l’ai presque entendu crier quand mes pouvoirs ont commencé à disparaître, et j’ai senti qu’il les récupérait au fur et à mesure qu’ils s’en allaient, pour me les réinjecter.
– Je ne peux pas le croire, c’est impossible ! Les artefacts Sith sont méprisables, ce ne sont que des gadgets !
– En es-tu certain ?
– C’est ce que nos Maîtres ont toujours affirmé !
– Dans ce cas, j’ai une mauvaise nouvelle pour toi : tes Maîtres se sont trompés, et cela va coûter la vie à leurs successeurs.
– Nooooon, cria Glaro en revenant à l’assaut.

Tel’Ay ne s’était jamais senti autant en forme, aussi n’eut-il aucun mal à contrer Dark Glaro. Il vit rapidement une faille dans la technique de son adversaire, et une brusque rotation du poignet lui permit de trancher la main armée de Glaro. Un deuxième coup porté à la cuisse et le Jaabimien se retrouva à terre.
– J’ignore combien vous êtes au sein de ton Ordre Sith, mais j’ai juré de tous vous détruire pour venger mon Maître et mes condisciples, dit Tel’Ay. Une dernière parole avant de rejoindre le Chaos ?
Des larmes d’impuissance et de frustration montèrent aux yeux de Dark Glaro. Il se releva maladroitement et cracha :
– Mon Maître aura raison de toi, n’en doute pas ! Personne n’arrive à la cheville de Dark Omberius !
– Omberius ? Connais pas. Mais c’est gentil à toi de me fournir le nom de ma prochaine cible. Les autres sous-fifres de votre ordre attendront donc.
– Il n’y en a pas d’autres, imbécile ! Nous sommes les héritiers de Dark Bane, qui a survécu aux guerres de Ruusan, et il a édicté la Règle des Deux pour son Ordre Sith. Un Maître, un Apprenti. Un Sith pour détenir le pouvoir, et un autre pour le convoiter. Il synthétise sur sa personne six cents ans d’enseignements Sith !
– Je suis moi-même l’héritier de Maal Taniet, qui a conçu son propre Ordre à la même époque. Je n’ai rien à envier à ton Maître.
– Tu n’es qu’un enfant face à lui, Tel’Ay Mi-Nag, et tu l’apprendras à tes dépends !
– Nous verrons cela… ou plutôt, je verrai cela, conclut-il avant de décapiter Dark Glaro d’un geste élégant.


***

Skelor I

Alors qu’il marchait dans l’un des vastes corridors de son palais, Dark Omberius fut pris d’une nausée qui l’obligea à s’adosser au mur, le temps de reprendre son souffle et ses esprits.
Bouche entrouverte et légèrement tremblante, il sut que Dark Glaro, son Apprenti et successeur, venait de mourir.
Il pressa le pas et regagna ses quartiers, très agité et le sang battant à ses tempes. Glaro… voilà qui semblait impossible ! Comment un guerrier tel que lui avait-il pu mordre la poussière ? Nul doute que le Skelor maudit était derrière ce forfait.

Dark Omberius sentit le spectre de la mort resserrer son emprise autour de lui. À n’en pas douter, il serait le prochain. Ses deux élèves avaient rencontré leur destin face à Tel’Ay Mi-Nag. Voilà qui portait un coup terrible à Dark Omberius. Ses machinations étaient en train d’échouer lamentablement, il n’avait plus de successeur potentiel pour perpétuer le savoir de son Ordre, et lui-même serait bientôt en danger de mort, il en eut la certitude.

Il ne se souvint pas s’être senti autant au bord du gouffre de toute sa longue existence. Et il finit par en sourire. Il n’avait jamais été confronté à tel défi, et y survivre le rendrait plus puissant, sans nul doute.
Dark Seid n’avait été qu’un outil maladroit entre ses mains, et il soupçonnait Dark Glaro d’avoir atteint ses limites depuis longtemps. En fin de compte, leur mort était une bonne chose. L’Ordre Sith de Dark Bane ne pouvait se contenter de médiocrité. Dark Omberius allait devoir se mettre en quête d’un nouvel Apprenti. Cette fois-ci, il ne devrait pas avoir un potentiel intéressant, mais exceptionnel. Il disposait d’outils Sith capables de déceler les potentiels de Force. Il en équiperait les équipes de chasseurs de primes qu’il allait convoquer, et ils lui ramèneraient le candidat idéal. Qu’importaient les misérables existences de Glaro, Seid ou de lui-même, seul l’Ordre importait. Quoi qu’il se passe, il devait en ressortir plus fort.

Jugeant la situation d’un œil détaché, malgré la débâcle de ses troupes et la chute de Dark Glaro, Dark Omberius estima simplement que les événements étaient très intéressants. Il avait commis des erreurs, nul doute là-dessus. Il allait commencer par les consigner dans l’holocron de sa lignée Sith, débuté par Dark Bane, avant de méditer longuement sur leurs conséquences. Ensuite, il reprendrait le cours de ses machinations.

Peut-être avait-il été trop optimiste, en fin de compte. Peut-être que son Ordre n’était pas prêt pour reconquérir la galaxie ? S’il devait arriver à cette conclusion, il retournerait à la clandestinité et apprendrai de ses erreurs, comme lui et ses prédécesseurs avaient toujours fait jusque-là. Mais un jour viendrait où le Seigneur Noir des Sith pourrait se dévoiler au grand jour, prendre sa revanche sur l’Ordre Jedi… et sur les héritiers des rares écoles Sith encore existantes.