Chapitre XXIV

Jarl’Ol In-Der était inquiet pour son avenir. Certes, il avait retourné les événements récents à son avantage, dans un élan d’opportunisme bien exploité, mais il n’en avait pas moins cruellement conscience de la précarité de sa position. Combien de temps faudrait-il avant que ses congénères, une fois l’euphorie de la libération passée, ne se retournent contre lui, qui avait soutenu l’ancien régime ?
Les conséquences de la mainmise sur la planète par Ovelar Nantelek étaient édifiantes : Skelor I était ruinée et il faudrait sans doute des décennies avant qu’elle ne s’en relève. Toutes les infrastructures demandaient à être reconstruites à partir de rien, l’économie était en berne, la pauvreté omniprésente. Son expérience d’homme politique lui soufflait qu’il serait en danger dès que le mécontentement recommencerait à se faire entendre de la part de la population exploitée et humiliée depuis trois décennies.
En tant que nouveau dirigeant de Skelor I, il devait redresser la barre, et vite, or il n’avait aucun moyen financier ni même de légitimité pour le faire. Il était en sursis. Il avait assuré sa survie, mais seulement à court terme.

La grand-place d’Ilyria-Na, qui faisait face au palais royal, était en permanence noire de monde. Les Skelors attendaient des réponses, ils voulaient savoir de quoi serait fait leur avenir. Le calme avant la tempête, craignait In-Der. Ce dernier avait désespérément besoin d’alliés. Il avait contacté la République mais l’équipe du nouveau Chancelier avait refusé de reconnaître son autorité et lui avait bien fait comprendre qu’elle se lavait les mains de la situation skelorienne. Secrètement, il s’était rabattu sur l’Hégémonie Zabrak. Mais l’instabilité politique semblait avoir aussi gagné les mondes zabraks, orphelins d’un dirigeant fort suite à la mort d’Ovelar Nantelek. Où qu’il se tourne, In-Der trouvait porte close.

De fil en aiguille et face à l’impatience grandissante des Skelors, il ne vit qu’une seule solution à l’impasse dans laquelle il se trouvait : il lui fallait conserver son beau rôle mais se mettre en retrait. Quoi qu’il arrive, il devait coûte que coûte garder son aura de libérateur et ne rien faire qui puisse se retourner contre lui. Pour cela, il devait se retirer de la vie politique, confier les rênes de la planète exsangue à une nouvelle équipe dirigeante qui elle, essuierait les plâtres et assumerait les conséquences d’une reconstruction qui risquait de prendre des décennies.
À discuter avec les uns et les autres, à rassurer les gens, un leitmotiv émergea vite : les Skelors avaient entendu parler de Ver’Liu So-Ren, l’héritier de la couronne, sorti de nulle part et qui depuis des mois se battait pour faire reconnaître les droits de son peuple. Plus les heures passaient, plus l’idée d’un retour du roi faisait son chemin dans l’esprit des Skelors. La conscience collective était ainsi faite que beaucoup oublièrent que les dernières décennies de royauté avaient été le théâtre de la corruption et d’une cassure entre les rois et leurs sujets. La royauté avait viré à la dictature. Aujourd’hui, tout cela semblait oublié : les Skelors voulaient retrouver la stabilité, leur conscience d’être un peuple uni sous la férule d’une dynastie plusieurs fois centenaire, sacrée, protégée par le Grand Sweer.

In-Der se rendit à l’évidence : seul Ver’Liu So-Ren, qui avait une légitimité naturelle à diriger les Skelors et qui, disait-on, était à la tête d’une fortune conséquente, était à même de reprendre en mains la destinée de son peuple.


Un roi béni par le Grand Sweer ne pleure pas. Et pourtant, Ver’Liu avait du mal à se contenir. Il n’était plus le bienvenu dans l’espace républicain. Il devait partir en exil. Face à l’ampleur de son échec, face à la honte de n’avoir pas pu aider son peuple, il s’était demandé s’il ne devait tout simplement pas mettre fin à sa misérable existence de raté.
Il avait rejeté cette idée avec rage. Il avait choisi sa voie, décidé d’assumer ses responsabilités envers les siens, coûte que coûte. Son propre sort n’entrait guère en ligne de compte. Le roi de Skelor était au service de son peuple, pas l’inverse. Ver’Liu avait payé le prix fort pour l’apprendre.

Alors qu’il était en route pour Velinia III, afin de mettre son peuple au fait des funestes nouvelles venues de Coruscant, Go’Kar, le chef de la sécurité suppléant Tel’Ay Mi-Nag, vint sonner à la porte de sa cabine. Fébrile, il entra et lança de tout à trac :
– Monseigneur, j’arrive de la passerelle. Nous avons été contactés par un certain In-Der, dirigeant par intérim de Skelor I. Il affirme qu’Ovelar Nantelek est mort et veut que vous veniez sur la planète pour reprendre le trône !
– Que… C’est impossible ! Tous nos efforts ont été vains et vous me dites que ce sont nos compatriotes, restés sur Skelor I qui ont finalement réussi là où nous avons échoué ?
– Oui, monseigneur, acquiesça précipitamment Go’Kar, fébrile.
– Et alors que la royauté a été indigne de son rang avant d’être chassée du pouvoir, notre peuple veut la restaurer ?
– Monseigneur, quels qu’aient été les actes des rois du passé, votre lignée a été sacrée par le Grand Sweer lui-même. Quoi qu’on en dise, vous êtes la seule autorité légitime de la planète. La monarchie a été renversée il y a trente ans suite à un complot zabrak, et les conséquences pour notre peuple ont été dramatiques. Aujourd’hui, il préfère oublier la responsabilité de la royauté dans le coup d’État pour mettre l’accent sur la manipulation des Zabraks. Il considère que c’est une erreur qui doit être oubliée et réparée ! C’est une chance inespérée pour vous !
Cette fois, Ver’Liu sentit les larmes monter à ses yeux, submergé par l’émotion. Il n’avait eu de cesse d’aider son peuple et voilà que celui-ci avait pris son destin en mains… et le voulait à sa tête. Même dans ses rêves les plus fous, il n’avait pas imaginé un tel retournement de situation.
Il se força à respirer profondément pour se calmer et dit :
– Passez-moi cet In-Der.


Dès son arrivée sur Iridonia, Tol Guela fut accueilli comme le nouveau dirigeant légitime de l’Hégémonie. Même s’il passait le plus clair de son temps au sénat galactique, tout un chacun n’ignorait pas qu’il était le bras droit de feu Ovelar Nantelek. Il s’empressa de rassurer immédiatement l’État-major et les gouvernants locaux, en assurant qu’il allait mener une politique conforme à celle de son prédécesseur.
Il reçut également une délégation de mercenaires, qui s’inquiétaient de leur avenir, entre le changement politique à la tête de l’Hégémonie et l’existence des droïdes de combat d’Ovelar Nantelek. Tol Guela prit soin de souligner que les mercenaires formaient le nerf de l’armée, les droïdes ne faisant office que de chair à canon. Cette explication suffit amplement aux soldats : être aussi grassement payé que sous la férule de Nantelek tout en étant amenés à moins risquer leur peau leur convenait on ne peut mieux.

Bien qu’affaiblie, la puissance militaire de l’Hégémonie restait conséquente, et Guela comptait bien s’en servir à son avantage. Les dernières nouvelles du Sénat et de la politique de Canawasi le ravissaient, mais apprendre que les Skelors étaient bien partis pour reprendre la main sur leur planète lui parut inacceptable. Il aurait dû anticiper le fait que les mercenaires ayant quitté Skelor I, ses habitants redeviendraient libres.
Guela avait beau être un Zabrak rompu à toutes les ficelles de la politique, il avait de sérieuses lacunes militaires. Il devrait bien s’entourer à ce niveau s’il voulait préserver la puissance de l’Hégémonie.

En gage de bonne foi envers les combattants de chair et de sang rangés à ses côtés, il se résolut à faire virer une somme confortable sur les comptes des compagnies de mercenaires. Il s’introduisit dans les ordinateurs gérant les finances de l’Hégémonie ; Ovelar Nantelek lui faisait assez confiance pour lui avoir donné les codes d’accès à ses richesses.
Le sang lui monta au visage d’un coup quand il s’avisa que le premier compte qu’il ouvrit était vide. Idem pour le second. Et le troisième. Ses mains tremblèrent, de plus en plus, au fur et à mesure qu’il se rendit compte que tous les comptes utilisés par l’Hégémonie avaient été consciencieusement vidés. Tous sans exception. L’Hégémonie était ruinée.
Ce n’est pas possible, ça ne peut pas arriver, se dit Guela en pianotant furieusement sur sa console. Il y a des comptes cachés, Nantelek était un vieux renard. Pourtant, il ne trouva rien.
Il appela sur-le-champ le ministre de l’économie, qui tomba des nues en apprenant la nouvelle et se mit à son tour à chercher les informations dans les ordinateurs gouvernementaux d’Iridonia. Son action fut aussi vaine que celle de son supérieur.

Sans fonds d’aucune sorte, L’Hégémonie se retrouvait dans l’impossibilité de continuer à exercer ses pressions. Pire encore, elle ne disposait visiblement même plus de quoi faire illusion en attendant de découvrir ce qui s’était passé. C’était la pire des catastrophes, et Tol Guela se vit déjà comme un homme mort. N’était-il venu sur Iridonia que pour assister à la chute de son peuple, à l’effondrement de l’empire créé par Ovelar Nantelek ?

Alors qu’il n’imaginait pas que pire chose puisse se produire, Guela fut tiré de sa panique par plusieurs consoles de communication, qui se mirent à triller à qui mieux mieux.
– Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il en en allumant une au hasard, s’attendant au pire.
– Monsieur le président, c’est une catastrophe : les vestiges de notre flotte viennent d’exploser !
– Quoi ? C’est une attaque ?
– Non, monsieur. La flotte était en orbite, en réparation ou attendant de nouveaux ordres. Soudain, sans signe annonciateur, elle a explosé !
Guela ne perdit pas de temps à répondre et coupa la communication, avant de prendre dans la foulée un nouvel interlocuteur.
– Quoi encore ?
– Monsieur le président, la nouvelle vient de tomber : le chantier naval de Skelor I vient d’être victime d’un sabotage. Il a été la proie d’explosions puissantes, il n’en reste que des ruines en orbite. C’est d’autant plus étrange qu’aucun vaisseau ennemi n’a été détecté avant la destruction.
Guela abattit son poing sur la console de communication. Hébété, il ignora les autres sonneries. C’est à peine s’il réagit quand il entendit un bruit sourd et que la pièce trembla brièvement. À vrai dire, il ne fut même pas étonné par l’événement, quel qu’il puisse être. À ses côtés, le ministre de l’économie se tint prudemment coi, jusqu’à ce qu’un assistant de Guela entre en courant.
– Monsieur le président, il s’est produit une catastrophe incroyable ! Tous les droïdes de combat ont cessé de fonctionner et certains ont même explosé, provoquant des dégâts monstrueux à travers l’Hégémonie.
– Nous n’avons donc plus aucun droïde en état de fonctionner ? demanda Guela, très calme.
– Non, monsieur !
– Et nos vaisseaux n’existent plus. Et l’Hégémonie est ruinée, poursuivit-il, impassible.
Sous les yeux éberlués du ministre et de l’assistant, il fut pris d’un irrépressible fou rire, qui dura d’interminables secondes avant de laisser place à une crise de larmes. L’assistant s’empressa d’aller verrouiller la porte du bureau, peu désireux que quiconque voit le maître de l’Hégémonie dans un tel état.

Tol Guela finit par se reprendre. Il douta de jamais comprendre ce qui venait de se passer mais refusa de baisser les bras. Il était le leader des siens, il se devait à son peuple. Il comprit également que la paix de l’esprit lui serait désormais à jamais refusée.


Ver’Liu So-Ren fut euphorique après sa communication avec Jarl’Ol In-Der. Le maître autoproclamé de Skelor I ne lui avait pas moins proposé que de restaurer la monarchie sur la planète. Une occasion inespérée pour Ver’Liu d’aider son peuple et de parvenir à ses fins.
Les nouvelles qui avaient suivi, à savoir la destruction mystérieuse de la flotte et des droïdes de l’Hégémonie, n’avaient fait que le conforter dans son état d’esprit. Tous les obstacles à sa prise de pouvoir se dissipaient comme par enchantement !
Le jeune Skelor n’avait qu’une peur : ouvrir les yeux sur une réalité toute autre, tellement il lui semblait vivre un rêve éveillé. Par contre, apprendre que le corps de Tel’Ay Mi-Nag avait été retrouvé près de celui d’Ovelar Nantelek le plongea dans une tristesse sincère : sans cet utilisateur de la Force, il serait mort plusieurs fois et ne serait jamais parvenu à son but. Aujourd’hui plus que jamais, il éprouvait de la gratitude envers lui… et il n’aurait jamais plus la possibilité de le récompenser.

Sur l’insistance de Ver’Liu, le croiseur qui le transportait fit une halte sur Velinia III. La menace que les Zabraks faisaient planer sur la galaxie s’était désormais éteinte, notamment suite aux dernières nouvelles qui indiquaient que l’Hégémonie Zabrak était en faillite. Tout continuait à sourire à Ver’Liu, qui n’y comprenait goutte mais entendait bien en profiter.
Son euphorie disparut brutalement, alors que son croiseur se positionnait en orbite de Velinia III. Amo’Kar, son fidèle conseiller, entra en contact avec lui et lui demanda de tout à trac :
– Alors, comment va Sionarel ?
– Comment ça, comment va Sionarel ? Ce serait plutôt à toi de me répondre vu qu’elle se trouve sur Velinia !
– Ne vous moquez pas de moi, sire, c’est inhumain ! Vous l’avez fait amener jusqu’à vous hier en affirmant que vous aviez trouvé un moyen de la sortir de son coma !
– Mais enfin de quoi parles-tu, Amo’Kar ?
– Je parle de l’assistant de Tel’Ay, l’humain Marton Karr. Il est venu hier en votre nom et a réclamé le corps de Sionarel pour la conduire jusqu’à vous afin qu’elle soit soignée.
– Je n’ai jamais donné un tel ordre à ce Karr !
– Alors ce serait Tel’Ay ?
– Tel’Ay est mort, la nouvelle a hélas été confirmée.
– Mais alors qu’est-ce ? Un enlèvement ? demanda Amo’Kar sur un ton fébrile à l’idée que sa fille soit en danger.
– Je n’en sais rien, Amo’Kar, mais je vais tout faire pour apprendre la vérité, je te l’assure !
Ver’Liu coupa la communication. Sionarel… la première Skelor qu’il ait rencontré en dehors de sa famille… L’émerveillement de voir une de ses congénères… la magie de l’instant… l’amour qui était né entre eux.
Cet enlèvement était-il une mesure de représailles de la part des Zabraks ? Mais comment auraient-ils pu circonvenir Marton Karr, l’assistant de Tel’Ay ? L’utilisateur de la Force avait toute la confiance de Ver’Liu, il avait assez donné de sa personne en vue de le garder en vie pour cela. Il ne pouvait exister aucune corrélation entre Tel’Ay et les Zabraks, c’était impossible !

Pourtant, une fois que Ver’Liu eut retrouvé Seperno et Amo’Kar à la surface et qu’ils eurent eu une conversation, il n’y eut plus de doute : Marton Karr avait emmené le corps de Sionarel avec lui, prétextant un ordre de Ver’Liu. Le but de l’ancien apprenti Jedi était mystérieux, mais Ver’Liu engagea immédiatement une équipe de chasseurs de primes pour enquêter sur l’événement.
S’il n’y avait pas eu la perspective de s’asseoir sur le trône et tous les préparatifs qui en découlaient, il aurait été effondré. Il aimait Sionarel de toute son âme, comme seuls les jeunes gens ont le pouvoir de le faire. Il l’avait imaginée reine à ses côtés.


Verinis était ravi. Grâce aux conseils prodigués par l’holocron de Dark Omberius, son défunt – il avait senti sa disparition dans la Force – maître, il avait gagné Muunilinst, l’un des sites bancaires les plus réputés de la galaxie. De là, avec les codes d’accès fournis par l’holocron, vider tous les comptes bancaires de l’Hégémonie des mondes zabraks avait été un jeu d’enfant. Une formidable commission versées aux intermédiaires avait été le gage de la réussite de l’opération, menée dans une discrétion imparable. Les banquiers muun avaient en outre prouvé à cette occasion leurs capacités exceptionnelles à brouiller les pistes dans les transferts de fonds. Personne ne pourrait remonter jusqu’à Verinis.
Le Duro était désormais à la tête d’une des fortunes les plus importantes de toute la galaxie. À charge pour lui de la faire fructifier pour en faire l’une des armes fatales des Sith dans leur conquête de la galaxie. Un jour, ils auraient leur revanche sur la République et sur l’Ordre Jedi.

L’holocron lui apprit également que tous les vaisseaux et droïdes de l’Hégémonie disposaient d’un système de sécurité connu seulement de Dark Omberius. De ce fait, le Seigneur Noir des Sith pouvait se débarrasser de ses troupes en un seul geste, par le biais d’une ligne de commande implantée dans le système informatique qui supervisait toute la technologie de guerre zabrak. L’ersatz d’Omberius lui expliqua que pouvoir détruire quelqu’un ou quelque chose était une manière infaillible d’asseoir sa supériorité dessus, et il lui avait enjoint de tout faire disparaître.
Verinis avait protesté, affirmant que la situation n’était pas si tragique que cela, que les Sith pouvaient encore l’emporter, mais Omberius avait été intraitable. Son maître-plan pour s’emparer de la galaxie avait été un échec, et toutes les preuves de ses agissements devaient être éradiquées. Verinis était le nouveau Seigneur Noir des Sith, il devait s’appuyer sur les échecs de ses prédécesseurs pour ourdir de nouveaux plans, quitte à ce qu’il n’en voit pas le résultat de son vivant. Seul comptait l’Ordre Sith, l’individu n’était rien en comparaison.
Le Duro allait devoir apprendre à penser à long terme. Repenser toutes les machinations ourdies par les Sith depuis six cents ans. Dans un seul but : que la République et l’Ordre Jedi tombent. Un jour.
En attendant, à titre personnel, il devait développer ses pouvoirs et puiser ses connaissances dans les holocrons. Et trouver lui-même un apprenti afin que les Sith survivent dans l’ombre. Dans l’ombre de l’ombre.


– Alors, Jedi Yoda, où en sommes-nous sur Skelor I ? demanda Maddeus Oran Lijeril au minuscule hologramme du non moins petit être vert.
– Bien des nouvelles je suis en mesure de confirmer, maître. Nantelek mort est, son cadavre j’ai vu de mes propres yeux.
– Et qu’en est-il du Sith Tel’Ay Mi-Nag ?
– Le même sort il a subi. Atrocement mutilé est son visage, au point qu’impossible il est à identifier formellement. Mais le doute n’est pas permis : jamais ce sombre utilisateur le Gant de Vèntorqis n’aurait laissé derrière lui. L’artefact j’ai récupéré, sur Coruscant je le ramènerai.
– Les Sith sont donc définitivement éradiqués, selon vous ?
– Aucun doute il ne subsiste à mes yeux, répondit Yoda.
– Parfait. Dans ce cas, profitez bien du spectacle offert par le couronnement.
– Merci, maître. Qu’avec vous la Force soit.

Yoda coupa la communication avec Coruscant et se rapprocha de la fenêtre. En contrebas, sur la grand-place d’Ilyria-Na, une foule compacte et en liesse acclamait le retour au pouvoir de la lignée du Grand Roi Dio’Roda.
Ver’Liu So-Ren, revêtu des atours somptueux des rois de Skelor, affichait un masque de sérénité et de dignité qui seyait particulièrement bien à un monarque. Le char en bois de volin dans lequel il se tenait debout remontait lentement un tapis blanc traversant la grand-place, en direction du palais royal. L’air altier, il répondait de temps à autre par un signe de la main aux cris enthousiastes de la foule en délire, fière de se ranger à nouveau derrière la bannière de son roi.