Chapitre II : le sauvetage

Meros V se trouvait dans la Bordure Extérieure. Planète recouverte de volcans en perpétuelle activité, elle n’en avait pas moins une atmosphère respirable. Les éclaireurs républicains qui l’avaient découverte, quelques deux cent ans auparavant, l’avaient cataloguée dans la catégorie des planètes inintéressantes. Bien qu’elle regorgea de minerais, l’investissement pour son exploitation aurait été hors de prix, et son éloignement des routes hyperspatiales n’arrangeait pas les choses.
C’était la planète idéale pour la Confrérie Sith qui s’y était installée cent cinquante ans auparavant, après que leur leader d’alors, Maal Eddun, ait pris soin d’en effacer toute trace dans les archives de la République. Elle était suffisamment isolée pour garantir la sécurité du groupe, et assez hostile pour y entraîner de futurs Sith.

L’un d’entre eux s’entraînait justement, et se nommait Kuun Hadgard. Il était Corellien de naissance, et avait été repéré dès son plus jeune âge pour son potentiel dans la Force par des membres de la Confrérie. Ils recrutaient de la même manière que les Jedi, en testant les taux de midi-chloriens de nouveau-nés, mais seulement dans la Bordure Extérieure, dans un perpétuel souci de discrétion, et à une échelle beaucoup plus réduite. Leur Ordre comptait tout le temps une trentaine de membres seulement : plus nombreux, les Jedi auraient pu les repérer. Ils l’étaient suffisamment pour développer divers talents variés.
Kuun Hadgard voulait affiner son contrôle sur son corps, aussi était-il descendu à l’intérieur d’un volcan à l’activité réduite. La température et les vapeurs toxiques qui émanaient du fond bouillonnant étaient mortelles pour les êtres de son espèce, mais il s’en moquait éperdument. Il était un Sith, et n’avait pour but que de dépasser ses limites. Par le biais de la Force, il était capable de dissiper la chaleur avant qu’elle ne le brûle, et pouvait manipuler les molécules des émanations gazeuses afin de les rendre inoffensives pour son organisme.
Il avait décidé de s’entraîner jusqu’à épuisement, mais quelque chose vint mettre à mal sa concentration. Il ressentit brièvement un trouble, un cri dans la Force, sans pouvoir l’identifier plus avant. L’événement était trop inhabituel pour qu’il l’ignore, aussi décida-t-il d’aller en parler sur le champ au maître de la Confrérie, Maal Gami.

Au fond de sa grotte, en pleine méditation, Maal Gami ressentit la même chose que Kuun, mais ses perceptions étaient plus affinées : il eut la vision d’un autre présent, où Tel’Ay Mi-Nag était grièvement blessé. Un sourire fugace apparut sur son visage parcheminée par les ans. Ça y est, pensa-t-il, voilà enfin l’événement déclencheur…
Vingt-cinq ans plus tôt, quand ses séides lui avaient apporté le bébé Skelor qui, d’après eux, possédait un potentiel de Force intéressant, il s’était figé sur place : ce petit aura un destin particulier, avait-il pensé sans en savoir plus. Mais cette réflexion revint souvent par la suite. En grandissant, le jeune Skelor devint l’un des meilleurs apprentis, mais sans être pour autant au-dessus du lot.
Maal Gami connaissait la valeur de la patience : il attendit, et confia souvent à Tel’Ay des missions confidentielles loin de Meros V. En revenant de la dernière, trois ans auparavant, après avoir fait son rapport à son maître, il avait exprimé son désir de quitter la Confrérie. Maal Gami était resté longtemps songeur : normalement, il aurait du exécuter Tel’Ay sur le champ, pour protéger la Confrérie, et son apprenti le savait. Si les Jedi venaient à en apprendre l’existence, ils mettraient tout en œuvre pour l’exterminer sans se poser de question, simplement parce que ses membres revendiquaient le statut de Sith et que celui-ci avait toujours été par le passé synonyme de déstabilisation pour la République, guerres et autres tueries innombrables. Dans de très rares cas, qui se comptaient sur les doigts d’une main, ces Sith rebelles avaient été autorisés à aller mener leur propre vie, mais au prix de leur mémoire et de leur capacité à maîtriser la Force, oblitérées par leurs pairs.
A la grande stupéfaction de Tel’Ay Mi-Nag, Maal Gami lui donna son accord, sous condition : son départ passerait auprès des autres pour une mission de longue durée, et il le tiendrait informé de tous ses déplacements. Bien entendu, Maal Gami insista lourdement sur le fait que Tel’Ay venait de contracter une dette immense envers l’Ordre, et qu’il faudrait la rembourser un jour, avec les intérêts.
Quand Tel’Ay s’enquit de ce qui lui valait un tel traitement de faveur, Maal Gami ne daigna pas répondre. Pour que leurs communications restent secrètes, elles devaient se faire uniquement via la Force. Tel’Ay se savait incapable de communiquer sur de telles distances, mais Maal Gami le rassura sur ce point : un simple pas mental dans sa direction suffirait, et lui ferait le reste du « chemin ».
C’est ainsi que Tel’Ay Mi-Nag avait pu quitter ses pairs et rejoindre la femelle Skelor qu’il avait rencontré lors de sa dernière mission pour l’Ordre. Elle répondait au doux nom de Dibidel et tous deux s’étaient pris d’une affection certaine l’un pour l’autre.

Maal Gami revint au présent. Il devait agir rapidement, conscient de la situation précaire de son ancien élève. Il déploya des trilles de Force aux alentours pour toucher tous ses adeptes, et sentit de l’agitation dans l’esprit de Kuun Hadgard.
Un nouveau sourire germa sur son visage aux traits sévères. Kuun avait le même âge que Tel’Ay, soit vingt-cinq ans standards, et quand il avait été amené devant Maal Gami pour la première fois, une semaine après l’arrivée du bébé Skelor, le maître Sith avait été pris des mêmes frissons que pour Tel’Ay. Le jeune Skelor ne sera qu’une partie de l’équation de l’avenir de la Confrérie, avait-il pensé, l’humain en représentera l’autre facette.
Il convoqua tous ses adeptes via la Force, tandis que Kuun entrait dans sa grotte. Le jeune Corellien s’inclina avec révérence.
– Mon maître, j’aimerais vous parler, fit-il d’une voix assurée.
– Je t’écoute, mon garçon, répondit Maal Gami d’une voix lente et rocailleuse.
– J’ai senti …une perturbation dans la Force, et je ne me l’explique pas.
– J’ai senti la même, mon garçon, mais moi je me l’explique. Tu as encore beaucoup à apprendre des arcanes de la Force.
– Oui, mon maître, fit-il d’un ton où perçait sa déception.
– Néanmoins, reprit-il, tes perceptions sont plus développées que celles des autres : nous sommes les seuls à avoir ressenti cette perturbation.
Kuun ne dit rien : cette réponse ne le satisfaisait pas. Il n’éprouvait nul orgueil à être meilleur que ses camarades, qu’il jugeaient si…ordinaires. Ce n’était pas à eux qu’il souhaitait être comparé mais à Maal Gami, dont il enviait la puissance.
Une fois ses adeptes arrivés, le maître Sith ordonna de préparer trois de leurs cinq vaisseaux. Leur « flotte » se composait d’un chasseur, de trois vaisseaux de transport légers et d’un petit cargo qui leur permettrait de quitter tous Meros V en cas de danger. Les vaisseaux choisis furent les transports légers, et cinq adeptes furent désignés pour cette mission, en plus de Kuun et Maal Gami lui-même.


***

Les Sith mirent trois jours à rallier Velinia III. Dès qu’ils entrèrent en orbite de la planète ocre, Maal Gami indiqua le cap à suivre, sans prendre la peine de consulter les senseurs. Cela irrita Kuun : le maître semblait parfaitement savoir où trouver Tel’Ay, alors que lui-même, bien qu’ils fussent proches amis, n’arrivait même pas à détecter sa présence.
Son irritation redoubla quand Maal Gami planta son regard dans le sien, un mince sourire aux lèvres. Un sourire qui voulait dire, comme d’habitude : et oui, je suis plus en phase avec la Force que toi, et même tes pensées ne me sont pas étrangères.

Ils se posèrent aux abords des restes du village colonial et descendirent des transporteurs, sombres silhouettes inquiétantes, drapés comme ils l’étaient dans leurs capes noirs, capuchons rabattus sur leurs visages afin de cacher leurs traits.
Les quelques Rodiens survivants n’en eurent cure : ils étaient trop heureux de voir arriver des secours pour s’inquiéter de l’allure de leurs sauveteurs.
– Kuun, avec moi. Que les autres s’occupent des Rodiens. Amenez-les sur l’un des vaisseaux, soignez-les et effacez leurs souvenirs : notre intervention doit rester secrète.

Kuun sur les talons, il se dirigea vers un amoncellement de débris, si haut qu’il atteignait presque le premier niveau du campement.
– Il est là, et il encore en vie, dit-il.
– Je le sens aussi, maître, répliqua Kuun pour ne pas être en reste. Je le dégage de là ?
– Si tu t’en sens capable, ne te gêne pas, répondit Maal Gami.
Kuun ne parvint pas à deviner si le ton employé par son maître était ironique ou pas. Il se plongea profondément dans la Force, visualisant tout ce qui l’entourait. Il devint son environnement, devint chaque pierre composant le cercueil de Tel’Ay Mi-Nag. Il vit dans quel ordre il devait enlever les pierres sans provoquer un nouvel éboulement qui pourrait être fatal à son ami, et se mit à la tâche, sourcils froncés, yeux fermés et le front barré d’une expression d’intense concentration.
Il était fermement déterminé à se débrouiller seul, car cela constituait à ses yeux un très bon exercice, d’autant qu’il excellait dans l’art de la télékinésie. Les pierres, mues par la force de son esprit, s’extirpèrent les unes après les autres et allèrent former petit à petit un nouveau tas un peu plus loin.
Il finit par perdre la notion du temps, ne sachant plus si il avait commencé quelques minutes auparavant ou quelques heures. Quand ses forces commencèrent à vaciller, il estima être venu à bout de plus de la moitié des gravats. Il serra les dents et continua, avant de finir par s’écrouler une demi-heure plus tard.

Maal Gami n’avait pas bougé pendant ce temps, impassible. Il était impressionné par son élève, et en ce domaine en tout cas, n’était pas certain d’être aussi efficace que lui. Evidemment, jamais il ne le lui avouerait. Et après tout, Kuun avait encore beaucoup d’efforts et de travail devant lui pour espérer égaler voire surpasser son maître dans tellement de domaines.
La matinée s’était enfuie depuis que Kuun avait commencé son action, et les autres Sith, après avoir endormis les Rodiens, étaient venus les rejoindre. Maal Gami fit signe à deux d’entre eux de le rejoindre. Quand il posa les mains sur eux, ils surent ce qui allait suivre : ils se connectèrent à la Force et ils sentirent leur puissance être aspirée vers leur maître.
Ce n’était pas la première fois qu’il se servait de cette technique : elle lui permettait de préserver ses propres forces. Avec le surcroît de puissance dont il se servait, il ne lui fallu qu’une heure pour terminer de dégager Tel’Ay. Quand il eut terminé, il relâcha son emprise sur ses élèves, qui s’écroulèrent, vidés de toute force. Maal Gami scruta pensivement Tel’Ay Mi-Nag.

Nonobstant ses blessures, il n’avait guère changé depuis la dernière fois qu’il l’avait vu. Longiligne mais musculeux, le corps et le visage recouverts d’écailles de couleur blanc mat, dépourvu de la moindre pilosité, y compris au-dessus de son front haut. Du sang verdâtre avait coulé et séché sur de nombreuses plaies superficielles, et deux blessures étaient bien plus sérieuses. La crête sourcilière qui courait au-dessus de ses yeux n’était plus symétrique. Fracture du crâne, qui remontait le long du front jusqu’au sommet du crâne, sentit Maal Gami. Son bras gauche, lui, n’était plus que plaie sanguinolente.
Certains y auraient vu un miracle. Pour le maître, ce n’était que l’expression de la Force : les événements qui allaient changer la Confrérie à tout jamais commençaient là. Il soupira, s’assit devant le corps de son ancien élève et posa la main sur sa poitrine.

Cela n’est guère brillant, se dit-il. Quelques heures de plus et il aurait été frapper aux Portes de la Mort. Il fit signe aux quatre acolytes qui restaient de le rejoindre, et leur enjoignit de former une chaîne humaine autour de lui. Là encore, il allait puiser dans leurs forces, pour les mêmes raisons qu’il avait pillé celles de Kuun. Mais également parce qu’il ne maîtrisait que très peu de techniques de guérison : les Sith avaient toujours privilégié les techniques donnant accès au pouvoir, avant de se rabattre sur celles liées à la dissimulation et à la manipulation, quand les Jedi s’étaient avérés déterminés à les éliminer.
Mais il se devait d’agir. Le bras de Tel’Ay pouvait attendre, mais pas sa tête. Maal Gami visualisa les blessures intra-crâniennes, sentit les milliards de molécules désorganisées fuser dans tous les sens, et entreprit de remettre chacune d’entre elles à sa place. Tâche titanesque dont il ne savait même pas s’il était capable de l’accomplir. Mais il avait vu un moyen de « réparer » et comptait bien le mettre en pratique.
Il « opéra » toute le reste de la journée, ses acolytes tombant d’épuisement les uns après les autres. Quand le dernier d’entre eux tomba, et alors qu’il se préparait à faire appel à ses propres forces, considérables, il sentit un nouvel esprit se joindre au sien et lui insuffler une puissance inespérée. Kuun qui, après avoir pris quelques heures de repos, était à nouveau à même de l’aider.
Conscient que cela ne suffirait pas, il y puisa tout de même sans vergogne, et continua seul jusqu’à l’aube suivante après que Kuun se fut à nouveau écroulé.

Quand le soleil se leva, Tel’Ay Mi-Nag ouvrit les yeux, au grand soulagement de Maal Gami, qui n’avait jamais été sûr de lui en utilisant la Force de cette manière, nouvelle pour lui.
– Maître…, fit Tel’Ay d’une voix hésitante, ses yeux entièrement noirs voilés par la fatigue.
– Le suis-je encore à tes yeux, traître ? rétorqua froidement Maal Gami.
– Je ne suis pas…un traître, mon maître. Vous m’aviez…autorisé à me retirer de la Confrérie.
– En effet, et peut-être cela était-il une erreur. Quels sont tes projets ?
– Retrouver ma femme et mon fils, maître.
– Je t’ai remis sur pied, alors que tu nous a renié, et tu voudrais partir dans une quête improbable à bord d’un de mes navires ? C’est bien cela ?
Tel’Ay réfléchit un long moment, après s’être concentré pour retrouver toute la lucidité de son esprit. Son avenir, sa vie en dépendaient.
– L’idée est là, maître. Mais si vous m’avez soigné, c’est que vous avez des plans me concernant. Et je serais bien ingrat si je n’y adhérais pas. Que voulez-vous que je fasse pour vous, après que j’aurais retrouvé ma famille ?
Maal Gami avait eu bien du temps pour réfléchir à cette question depuis trois ans que Tel’Ay avait quitté la Confrérie. Aussi la réponse ne se fit pas attendre :
– Je veux deux holocrons. Un Sith, un Jedi. Les plus anciens possibles. Les anciens Sith se sont fait consumer par le Côté Obscur, et le fondateur de notre Confrérie, Maal Taniet, a alors prononcé le plus grand de nos interdits : nous ne devons jamais nous laisser entièrement dominer par le Côté Obscur, nous devons toujours avoir le contrôle. Le Côté Obscur est à notre service, pas l’inverse. Mais en suivant cette voie, nous nous sommes coupés de certaines sources de pouvoir d’antan. Je veux les retrouver et voir si on peut les réutiliser en harmonie avec notre philosophie.
– Je comprends, maître. Maal Taniet a posé des limites, et de ce fait limité nos pouvoirs.
– Exactement, mon garçon. Les Jedi font la même chose de leur côté, c’est pourquoi certains pouvoirs leurs seront à jamais inconnus.
– Les anciens Sith ne s’imposaient pas ses limitations.
– Et c’est ce qui les a détruit ! tonna Maal Gami. Mais je reste persuadé que si nous redécouvrons d’anciens pouvoirs, nous saurons les adapter à notre philosophie.
– Je comprends, maître. Comptez sur moi, vous aurez votre holocron.
– Mes holocrons ! Je veux également un holocron Jedi, je te l’ai dit. Pour la même raison. Nous avons mésestimé l’utilisation de certains pouvoirs, et il est grand temps de combler nos lacunes. Je m’intéresse particulièrement aux techniques de guérison, que nous avons perdu, ainsi que celles liées aux distorsions des machines. La technologie est partout, omniprésente, et Maal Taniet, malgré tous ses mérites, ne s’y est pas intéressé. Cette faiblesse doit être corrigée.
– Mais pourquoi n’entreprenez-vous pas vous-même des recherches sur ces sujets, maître ? Je suis certain que vous arriveriez au même résultat en fin de compte ?
– Au bout de combien de temps, Tel’Ay ? demanda d’une voix radoucie Maal Gami. Au bout de combien de temps ? Même si j’étais capable de retrouver les pouvoirs que nous avons perdu, il faudrait des siècles de tâtonnements pour les remettre au point, hors ses essais et efforts ont déjà été accomplis par d’autres. Il n’est donc nul besoin de tout recommencer.
– Je comprends, maître, répondit Tel’Ay avant de se plonger dans un long mutisme.

En tant que Sith, Tel’Ay Mi-Nag était en parfait accord avec les conclusions de son maître. Mais était-il encore un Sith ? Quand il avait rencontré la Skelor Dibidel, lors de la dernière mission qu’il avait accompli pour Maal Gami, elle lui avait fait entrevoir un avenir avec elle. Dans cette voie, il aurait certes abandonné la quête du pouvoir, mais aurait obtenu une forme de bonheur beaucoup plus simple.
Maal Gami ne l’avait jamais su, mais lors de leur première rencontre, il s’était présenté à elle en tant que Sith. Cela ne l’avait pas dérangé à l’époque, bien qu’un tel aveu fut formellement interdit par la Confrérie : il avait de toute manière décidé que Dibidel mourrait à la fin de leur conversation. Mais de fil en aiguille, il s’était mis à éprouver des sentiments envers elle, avant de décider de lier son avenir au sien.
Il lui avait dit adieu quand il était retourné voir son maître, persuadé que celui-ci l’éliminerait quand il lui ferait part de son désir de quitter la Confrérie. Contre toute attente, il en était ressorti vivant et intact.
D’un autre côté, Dibidel l’avait vu œuvrer sur les forces du Côté Obscur, et connaissait quelques-uns des sinistres exploits qu’il était capable d’accomplir. Lors des échanges de leurs vœux nuptiaux, elle lui avait fait solennellement promettre de renoncer à ses pouvoirs. A ce prix et à ce prix seulement, ils auraient un avenir en commun. Il avait cédé.
Mais aujourd’hui, il avait rompu cette promesse. Une partie de son être en éprouvait de la honte, tandis qu’une autre, qui n’était pas ce qu’il y avait de plus sage en lui, lui susurrait que sans la Force, il serait mort à l’heure qu’il était…et que donc il n’aurait rien pu pour sa famille.
Elle comprendra que je n’avais pas le choix, tenta-t-il de se rassurer. Je la sauve, je me mets au service de mon maître encore pour quelques mois, et tout rentrera dans l’ordre.
– C’est entendu, mon maître. Vous aurez vos holocrons, je m’y engage.
– Bien. Je mets un transporteur à ta disposition, et tu ne seras pas seul dans ta quête : Kuun Hadgard t’accompagnera.
– Très bien, mon maître, répondit Tel’Ay en dissimulant un sourire.
Lui et Kuun ? S’il y avait bien un être au sein de la Confrérie qui pouvait se targuer d’être l’ami de Tel’Ay, c’était bien le Corellien. N’était la présence de leur maître, ils auraient été intenables pendant leurs années d’apprentissage sur Meros V. Et voilà que pour la première fois de leur vie, ils étaient autorisés à accomplir une mission ensemble ! Pour Tel’Ay, il ne faisait aucun doute que rien ne serait capable de leur résister : c’était comme si Dibidel et Ro’Lay étaient déjà retrouvés, et que les holocrons étaient en leur possession !