prologue

La Galaxie est immense. En son sein, beaucoup de monde connaît l’existence de l’Ordre Jedi, qui s’est mis au service de la République, dans un rôle de défenseur et de protecteur. Mais au vu de la taille incommensurable de l’espace républicain, peu de gens peuvent se vanter d’avoir vu des Chevaliers Jedi, encore moins d’en avoir vu à l’œuvre. Et ils sont pourtant les utilisateurs les plus connus de l’énergie mystique qu’ils appellent la Force.
Bien sûr, l’Ordre Jedi n’est pas le seul à agir sur le fondement de la vie qu’est la Force. L’Ordre, il y a des millénaires déjà, a été déchiré par le Grand Schisme, qui a vu l’émergence d’une nouvelle sorte d’utilisateurs de la Force, qui se sont donnés le nom de Seigneurs Noirs des Sith. Alors que les Chevaliers sont désintéressés et au service du bien commun, aussi vague et subjective que puisse paraître cette notion, les Sith, eux, choisissent de se tourner vers eux même : à quoi bon tenter d’aider et de tirer vers le haut une République toujours prompte à tomber dans les travers de la corruption, de la trahison et de l’égoïsme ? Les premiers Sith justifièrent leur approche de la Force en arguant qu’ils étaient comme tout un chacun, à savoir des êtres voulant s’élever, qui par la force, qui par l’ambition et les intrigues. Bref, ils refusèrent d’être différents des êtres n’ayant pas conscience de la Force.
C’est ainsi qu’ils choisirent de mettre leurs pouvoirs à leur propre service. Mais ils rendirent vite compte que suivre le chemin du Côté Obscur, comme l’appelaient les Jedi, était semé d’embûches. La plus grave d’entre elles était qu’en embrassant la passion de la Force comme ils le faisaient, ils perdaient très souvent le contrôle d’eux-mêmes et de leurs actions, laissant leurs émotions s’exacerber à un tel point qu’elles finissaient par les diriger. Le Côté Obscur se basant sur des sentiments extrêmes et violentes, il est en effet très difficile à canaliser.
C’est ce manque de discernement qui scella leur perte, ce manque de recul vis-à-vis de leurs actions. Dark Bane comprit que les Sith allaient disparaître s’ils ne changeaient pas leur philosophie, mais il ne fut pas le seul Sith à en prendre conscience : d’autres seigneurs Sith subalternes, tel que Maal Taniet, arrivèrent à la même conclusion. Tout comme Bane, il choisit de créer un nouveau courant de pensées lié à la Force, et décida lui aussi de suivre une voie clandestine.
Bane n’avait qu’une obsession en tête : détruire l’Ordre Jedi, même si cela devait lui prendre toute sa vie, voire plus longtemps encore. Il apprit la patience, ce qui lui permit de canaliser le Côté Obscur : contrairement à beaucoup de ses pairs, il ne devint pas une marionnette, simple incarnation du désir irrépressible de faire souffrir autrui et de s’imposer par la violence. Il fut l’un des rares Sith à être réellement capable de plier le Côté Obscur à ses désirs, ce qui lui permit d’en apprendre bien des secrets.
Il fallut mille ans pour que son Ordre, qu’il décida composé de deux adeptes de la Force seulement, un Maître et son Apprenti, parvienne enfin à accomplir la tâche qu’il s’était fixé : la Guerre des Clones vit l’éradication de l’Ordre Jedi. Elle ne fut même créée que dans ce but.
Néanmoins, cet investissement, ces mille ans d’intrigues et d’apprentissage des potentialités offertes par le Côté Obscur de la Force, représentèrent à terme un échec cuisant, au vu des résultats obtenus : non seulement tous les Jedi ne furent pas éliminés, mais le nouveau règne des Sith sur la Galaxie, par le biais de l’empire, ne dura que vingt-cinq ans à peine.



Maal Taniet sut lui aussi domestiquer le Côté Obscur de la Force sans être dévoré par lui. Tout comme Bane, il estimait idiot de n’étudier qu’une partie de la Force : tout être portant la lumière et les ténèbres en lui, refuser d’exploiter les deux facettes revenait à diviser sa puissance par deux, et renoncer à exploiter son potentiel. Le dernier point commun entre Taniet et Bane fut que les courants de pensée qu’ils créèrent entrèrent dans la clandestinité : si d’autres Sith avaient survécu, comme Taniet le soupçonnait, ils risquaient de retomber dans leurs vieux travers et de se massacrer les uns les autres. Et d’un autre côté, les Jedi tueraient sans se poser de question toute personne révélant une affiliation aux réseaux Sith.
La différence fondamentale entre les deux seigneurs Sith fut le but de leurs mouvements respectifs. Le puissant Ordre Jedi était une entité politique importante, défenseur de la République et Dark Bane, se voulant l’égal des Jedi, ne pouvait viser moins que la mainmise sur la République. C’est à cette tâche titanesque qu’il s’attaqua.
Maal Taniet était bien moins ambitieux. Il se moquait éperdument de la politique et n’était pas animé par un quelconque désir de vengeance. Il souhaitait simplement perpétuer les traditions Sith, qu’il estimait aussi nobles que celles de ses ennemis séculaires, les Jedi. Plus pragmatique que ses pairs, il était parvenu à dépasser le stade de vouloir incarner à tout prix le Mal dans toute sa splendeur.
Les Jedi étaient obsédés par le Bien, les Sith par le Mal. Les Tanietiens seraient obsédés seulement par eux-mêmes. Ils mettraient leurs pouvoirs à leur propre service et chacun d’entre eux se forgerait son propre idéal, qu’il suivrait à sa convenance.
De par cette philosophie originale, les Tanietiens n’eurent pas accès à certains pouvoirs spécifiques aux Jedi, ni à d’autres réservés aux anciens Sith. En revanche, ils en développèrent de nouveaux, inconnus de ces deux grands pôles d’utilisateurs de la Force.
Six cent ans après la création du nouvel Ordre Sith par Dark Bane, et quatre cent ans avant la Guerre des Clones, un Tanietien fit le choix de révéler son existence à la Galaxie, porté par des circonstances qui le firent sortir de la réserve habituelle des membres de la Confrérie Sith Tanietienne.