Il suffit d'un souffle.

Et c’est la tempête.
Une larme, ou un mot.
Je vais repartir (dériver, errer, tituber), ça m’occupera. Je ne devrais pas relire Barthes, et ses fragments

Je suis pris dans un double discours, dont je ne peux sortir. D’un côté, je me dis : et si l’autre, par quelque disposition de sa propre structure, avait besoin de ma demande ? Ne serais-je pas justifié, alors, de m’abandonner à l’expression littérale, au dire lyrique de ma “passion” ? L’excès, la folie, ne sont-ils pas ma vérité, ma force ? (…)
Mais, d’un autre côté, je me dis : les signes de cette passion risquent d’étouffer l’autre. Ne faut-il pas alors, précisément parce que je l’aime, lui cacher combien je l’aime ? Je vois l’autre d’un double regard : tantôt je le vois comme objet, tantôt comme sujet ; j’hésite entre la tyrannie et l’oblation. Je me prends ainsi moi-même dans un chantage : si j’aime l’autre, je suis tenu de vouloir son bien ; mais je ne puis alors que me faire mal : piège : je suis condamné à être un saint ou un monstre : saint ne puis, monstre ne veux : donc, je tergiverse : je montre un peu ma passion.

Roland BARTHES, Fragments d’un discours amoureux, 1977.

Et même ça, c’est trop simple.