Être homme est impossible.

Restons debout
condamnés à ce sol insatisfait.
Le monde malgré la terre.

Avec le temps et contre lui,
nos pertes, fuites,
lames taillant la chair.

Tout aimer, oui.

Dans le vide, dans le vent,
contre tout nombre,
seulement pour tenter de sortir.
Sans espoir mais non pour rien.

Notre essentielle chimère,
cette folie sans chemin
l’emporte, et il n’y a qu’elle,
pour qui s’effondre.

Et tout s’effondre.

Tout aimer :
Nos corps pesants
la faute et l’innocence,
l’enfance coupable,
l’ordre absurde des choses.

Chaque heure doit brûler pour toutes les autres,
et vivre c’est alors,
s’enflammer,
devenir feu soi-même.
Un brasier enragé
et sans patience
capable d’éteindre la pluie.

Nous devons tout aimer, oui.
Encore,
fléchissant, faillissant,
dans la douleur,
dans la peur.

Nous devons tout aimer,
le mal de cet amour même.

Commentaires

1. Le vendredi 19 juin 2009, 18:52 par tom

"Dans une grande âme, tout est grand. L'on demande s'il faut aimer. Cela ne se doit pas demander, on le doit sentir; l'on ne délibère point là dessus, l'on y est porté, et l'on a le plaisir de se tromper quand on consulte."

"L'attachement à une même pensée fatigue et ruine l'esprit de l'homme. C'est pourquoi, pour la solidité et la durée du plaisir de l'amour, il faut quelquefois ne pas savoir que l'on aime."

Louis-Henri de Loménie, Discours sur les passions de l'amour. (longtemps attribué à Pascal ;-))