Le peu ne trahit pas le murmure - litanie


Le peu ne trahit pas
le murmure qui sommeille

qui tourbillonne
de place en place
de la chair à la chair

le peu ne trahit pas le murmure
qui sommeille

au pays retiré
la langue à treize mots
se répète inlassable
les formes
suffisamment sonores
- quarante fois le jour -

le peu ne trahit pas le murmure
qui tourbillonne

en pleine chair
l’entre-soi du vent
caresse
main imaginée d’un autre présent
la paroi de la peau
- innervée de temps -

le peu ne trahit pas le murmure
qui ne se tait

un chapelet de veines vives
dans le tout étranger
ici
qui respire inutile
continue de battre
- contre l’effacement -

le peu ne trahit pas le murmure
qui tremble
ne se meurt
se creuse et se contient aux lignes
s’épuise sans s’éteindre
à vêtir le nu

Et l’on pourrait
longtemps
murmurer ainsi
sans rien dire