Pierre Jacob vient de publier L'intentionnalité aux Éditions Odile Jacob, prolongement de son article Intentionality écrit pour la fabuleuse Encyclopédie philosophique de l'université de Stanford :

Qu'est-ce que penser ? Qu'est-ce que la pensée ? À quelles conditions un être est-il conscient ? Une douleur, une expérience olfactive, une perception visuelle, une intention, une croyance et un remords ont-ils une nature mentale commune ? Si oui, la science peut-elle la découvrir ?

Le concept de l'intentionnalité est un outil qui peut nous permettre de répondre à ces questions. On peut dire que toute la philosophie de l'esprit discute encore de ce passage de Brentano, publié en 1874 :

Tout phénomène psychique est caractérisée par ce que les scolastiques du Moyen Âge ont appelé l'inexistence intentionnelle (ou encore mentale) d'un objet, et ce que nous pourrions appeler, bien qu'avec des expressions quelque peu équivoques, la relation à un contenu, l'orientation vers un objet (par quoi il ne faut pas entendre une réalité) ou l'objectivité immanente. Tout phénomène psychique contient en lui-même quelque chose comme objet bien que chacun le contient à sa façon.

On connaît cette thèse en France sous la forme d'un slogan que l'on trouve dans n'importe quel manuel des classes Terminales, à la rubrique « La conscience » : toute conscience est conscience de quelque chose. Plus précisément, la thèse de Brentano peut se formuler de la façon suivante : tous les phénomènes mentaux possèdent l'intentionnalité. On voit tout de suite le double problème qui découle d'une telle thèse : la distinction entre l'acte et l'objet intentionnel et le fait que d'autres phénomènes puissent posséder eux aussi cette caractéristique. Le livre de Jacob est une approche non continentale de cette question. J'y reviendrai.