L'argument sorite est un argument dans lequel est utilisé un prédicat vague, comme être chauve ou être un tas. D'après Diogène Laërce (voir Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres de chaque secte), c'est Eubulide de Milet, disciple d'Euclide, qui trouva en dialectique plusieurs formes d’arguments : le menteur, le caché, l’Electre, le voilé, le sorite, le cornu, le chauve (le terme sorite vient du grec sôros, le tas).

Voici comment Galien présente ce type d'argument :

Dis-moi, penses-tu qu'un seul grain de blé fait un tas ? A quoi tu réponds : non. Je dis alors : et que dis-tu à propos de deux grains ? Car mon intention est de te poser des questions successives, et si tu n'admets pas que deux grains font un tas, je te poserai la question à propos de trois grains ; et je continuerai à t'interroger à propos de quatre grains, puis de cinq, de six, de sept, de huit ; et je suppose que tu diras qu'aucun de ces nombres ne fait un tas, et que de même neuf, dix, onze grains ne font pas un tas.
[…]
Il ne t'es pas possible de dire, à propos de l'un quelconque de ces nombres, qu'il constitue un tas. Je m'en vais t'en dire la cause. Si tu ne dis pas, à propos de l'un quelconque de ces nombres, par exemple pour cent grains, qu'il constitue maintenant un tas, mais si tu dis ensuite, une fois que l'on ajoute un grain, qu'un tas se trouve maintenant formé, il en résultera que cette quantité de grains devient un tas par l'addition d'un seul grain, et que si l'on enlève ce grain, le tas se trouve éliminé. Mais je ne connais rien de pire ni de plus absurde que l'idée selon laquelle l'existence et l'inexistence d'un tas sont déterminées par un seul grain de blé.

Galien, De l'expérience médicale.