Ma marotte du moment :

Les théoriciens de la démocratie s’appuient, implicitement ou explicitement, sur des ontologies sociales, c’est-à-dire sur une conception de la relation constitutive entre individus et groupes sociaux. Cet article met en évidence l’ontologie sociale « individualiste » implicite dans les sondages d’opinion délibératifs de James Fishkin pour ensuite proposer une alternative : l’ontologie sociale « relationnelle ». L’article examine la façon dont ce second type d’ontologie sociale modifierait les principes et les mécanismes délibératifs, de même que les coûts en légitimité qu’impliquerait la mise en question de l’individualisme normatif. En particulier, le passage d’une ontologie sociale individualiste à une ontologie sociale relationnelle place au centre des théories de la démocratie des analyses controversées du pouvoir et de l’oppression. Je suggère que cette politisation est nécessaire pour que les approches délibératives soient adéquates tant au type d’êtres que nous sommes qu’aux rapports de force sociaux dans lesquels nous nous mouvons. Sans cette politisation, la démocratie délibérative ne pourrait pas davantage répondre aux exigences de la justice démocratique.

David Kahane, Délibération démocratique et ontologie sociale