Y a-t-il des degrés de vérité ?
19 août 2007
C’est en effet un trait de la pensée contemporaine qu’un certain nombre de penseurs, souvent inspirés par Nietzsche, ont pris, vis-à-vis de la vérité en tant que valeur (la valeur de dire le vrai et de le rechercher) et en tant que propriété épistémique (la propriété qu’ont des discours de viser la vérité) une attitude foncièrement négative. Cela n’a rien de nouveau. Malebranche, au début du XVIIIe siècle, fustigeait le « bel esprit » qui ne cherchait qu’à briller et à plaire, au détriment du vrai, et les moralistes français, à commencer par La Bruyère, ont repris ce thème. Harry Frankfurt, dans On Bullshit, traduit (mal) en français sous le titre De l’art de dire des conneries, explique très bien que la foutaise (bullshit) est un trait du monde contemporain, d’autant plus visible que notre culture entière est fondée sur les médias, le paraître et le mensonge instaurés en système légitime de vie et d’action. Le producteur de foutaise, littéralement, se moque de savoir si ce qu’il dit est vrai ou faux : le principal pour lui est de produire des effets.Entretien de Pascal Engel, pour le dossier Y a-t-il des degrés de vérité ? de la revue Mag Philo.
Commentaires
Je propose ici un problème qui me semble appartenir à la fois à la logique et à l'ontologique :
Ce que VEUT dire est une question se posant par définition (si on veut seulement souscrire à la question) comme indépendamment de tous les contenus possibles du dire. Donc indépendamment de toute vérité qu'il pourrait énoncer.
On donnera alors nécessairement à la réponse à la question posée un contenu qui ne se confondra pas avec celui du dire en tant que tel, celui qu'il énonce. Il n'y touchera pas, mais il ne le transgressera pas non plus, ne saurait moins encore l'aliéner.
A la question posée on ne peut donc répondre, à mon sens, que par un point de VUE que l'on /traduira/ seulement par un dire. Par là on situera donc notre propre dire (la réponse à la question) comme un signe fait "au sujet du sens" (c'est-à-dire de la vérité).
Parménide, après avoir énoncé la vérité de l'être s'est mis ainsi à dire : "Ici je mets fin au discours digne de foi que je t'adresse et à la pensée qui cerne la vérité", et il entame alors la deuxième partie de son discours.
Il y a sans doute des degrés de vérité, il y en a (à mon avis) indubitablement deux "de part et d'autre" du dire.