Je ne comprends pas qu’on ne puisse pas comprendre qu’il existe une différence entre se faire livrer à domicile une marchandise et se déplacer personnellement au point de vente pour récupérer ladite marchandise. Petit inventaire des réactions glanées sur le Web à l’annonce de la décision du TGI de Versaille de condamner la société Amazon France, suite à la plainte du Syndicat de la Librairie Française :

De l’achat d’un livre : une description

Acheter un livre dans une librairie physique est contraignant :

  • je perds du temps dans les transports :
    • je dois prendre ma voiture
    • je pollue avec ma voiture
    • je dois payer l’essence
    • je dois supporter les bouchons
    • je dois payer le parking (quand j’en trouve un)
  • je perds du temps dans la librairie :
    • je ne trouve pas ce que je veux dans les rayons
    • je ne veux pas demander au libraire de le commander si le livre n’est pas disponible
    • je dois faire la queue à la caisse (si j’ai la chance d’avoir trouvé le livre dans les rayons)
    • je ne peux pas bénéficier de la remise de 5%

Parfois, ce n’est même pas possible :

  • les horaires d’ouvertures ne coïncident pas avec mes horaires de travail

Sur la librairie en général et le libraire en particulier

La plainte du SLF est

  • du corporatisme
  • un répit pour les libraires
  • un combat d’arrière garde
  • une régression dictée par des réflexes archaïques réactionnaires
  • un anachronisme au service d’une corporation qui refuse d’évoluer
  • un dernier sursaut de vie des librairies physiques qui sont de plus en plus désertes

De toute façon, le SLF

  • préfère invoquer la loi contre ses concurrents plutôt que mieux travailler
  • n’ira pas loin avec ses 100 000 euros
  • est d’une mauvaise foi affligeante en soutenant que la gratuité des frais de port est responsable des problèmes des libraires
  • ferait mieux de chercher d’aider les personnes qui le souhaitent à s’installer comme libraire

En plus,

  • il est illusoire de penser que le système actuel restera figé, même en faisant du lobbying
  • il n’est pas normal de protéger un secteur moribond
  • les librairies disparaîtront avec le livre électronique (et les éditeurs aussi)
  • les libraires sont mortes et aucune loi n’y changera quoi que ce soit
  • si cette industrie ne s’adapte pas aujourd’hui, en modifiant ses modes de production et de diffusion obsolètes (et bientôt archaïques) vers la dématérialisation, elle disparaîtra
  • le refus de s’adapter freine la diffusion de la culture française
  • Internet met les grandes majors des médias face à leur immobilismes et ses conséquences
  • quand un secteur ou une activité ne sert plus à rien, comme les mineurs ou les maréchaux-ferrants, elle disparaît dans l’indifférence générale
  • le livre est un support dépassé, archaïque et absolument pas écologique (tous ces arbres massacrés pour notre seul plaisir intellectuel)

Sur le conseil :

  • le seul intérêt d’un libraire, c’est le conseil qu’il apporte
  • je n’ai pas besoin d’être conseillé car je sais précisément ce que je cherche
  • je n’ai que faire des services du libraire
  • mon libraire est grognon
  • les conseils d’un libraire ne pèsent rien face à la réalité de la puissance d’un réseau mondial maillé de millions de conseils de millions d’internautes ultra-spécialistes

Éventuellement,

  • on peut vouloir protéger les libraires par sentimentalisme ou par militantisme

Parfois, on trouve des réactions de bon sens :

  • pourquoi le syndicat de la librairie n’est-il pas le premier vendeur par correspondance de France ?

Et des solutions simples :

  • les librairies doivent se préparer aux changement et commencer maintenant leur mutation par des fusions et des acquisitions

Voire des cris du cœur :

  • que les livres pourrissent dans les rayons de la librairie et les libraires avec !

Sur l’aspect économique

  • les frais de port renchérissent le coût du livre
  • Pourquoi devrais-je payer mes livres plus cher?
  • Comment se fait-il que le livre français soit si cher ?
  • le prix du livre unique, c’est le prix payé par le consommateur. Donc il n’y a pas lieu de payer le transport.
  • Maintenir les prix de vente de tous les biens culturels français, c’est aussi diminuer leur diffusion
  • Je ne savais pas que le SLF avait pour objectif de contraindre l’offre pour éviter de trop vendre de livre

Sur Amazon

Amazon

  • est plus accessible
  • propose plus de choix
  • propose un service rapide
  • est un vecteur de diversité
  • rend accessible un vaste choix de documents
  • permet l’accès à la culture à de nombreuses personnes isolées
  • est plus efficace pour chercher que dans un rayonnage de librairie physique
  • avec un choix plus grand, fait plus pour la lecture que toutes les librairies réunies

D’ailleurs,

  • je ne pourrai pas lire sans sans Amazon

Sur l’aspect juridique

La loi sur le prix unique du livre

  • avait un sens quand il fallait défendre les petits libraires contre les grandes surfaces
  • visait à préserver la diversité culturelle avant Internet
  • n’a plus de sens à l’ère d’Internet
  • a fait son temps et ne sert plus que le corporatisme des libraires
  • comme toute loi qui contrôle les prix, est en défaveur des clients
  • n’a jamais fait baisser le prix des livres, au contraire
  • est une loi vieille de presque 30 ans !
  • est une loi anti-pouvoir d’achat

Le jugement condamnant Amazon

  • est une décision à contre-courant de l’évolution de la société

D’ailleurs,

  • les règles, les lois, doivent évoluer avec les hommes et la société

Sur la France

Parmi ce concert, on n’échappe aux commentaires sur la France qui

  • fait des lois à contre-courant des évolutions
  • a peur du changement
  • ne veut pas essayer de s’adapter et d’avancer
  • oublie que le monde change
  • oublie que la société bouge
  • est la risée la communauté européenne et des autres pays industrialisés (grâce au SLF, aux cheminots, aux grévistes et à la dette publique)

Les coupables sont tout trouvés :

  • c’est la faute au Gouvernement
  • le Gouvernement protège les librairies (après les maisons de disques)
  • le gouvernement protège ses amis de la vielle économie
  • c’est la faute des bobos parisiens
  • c’est une mesure anti-ploucs

Des mesures radicales doivent être appliquées :

  • Notre Président doit mettre au pas les syndicats réactionnaires

La complainte qui revient le plus souvent :

  • Hélas, mon pauvre pouvoir d’achat, mon pauvre pouvoir d’achat, mon cher ami, on m’a privé de toi !

Parfois, on bascule vers la théorie du complot :

  • le site Web de la FNAC propose toujours d’expédier les livres gratuitement, sans être inquiété par la justice
  • Denis Olivennes, le P.-D.G. de la FNAC, est l’ami de Notre Président Nicolas Sarkozy, la FNAC ne sera donc jamais inquiétée

Sur le comportement futur

  • s’il faut payer le port… eh bien, on le paiera !
  • Je lirai moins de livre
  • je préfère payer les frais de port à Amazon plutôt que de payer de l’essence pour aller soutenir les livrairies
  • je continuerai d’acheter chez Amazon même avec les frais de port, afin d’augmenter les profits d’Amazon
  • j’achèterai plus de livre en une fois
  • je boycotterai les articles vendus dans les librairies
  • je suis du XXIe siècle
  • Amazon doit quitter le territoire français
  • Amazon doit investir dans le livre électronique pour mettre en difficulté les libraires
  • les libraires n’ont qu’a ouvrir des sites Web, c’est ça la modernité