La société Amazon France condamnée pour la livraison gratuite des livres
14 décembre 2007
Je ne comprends pas qu’on ne puisse pas comprendre qu’il existe une différence entre se faire livrer à domicile une marchandise et se déplacer personnellement au point de vente pour récupérer ladite marchandise. Petit inventaire des réactions glanées sur le Web à l’annonce de la décision du TGI de Versaille de condamner la société Amazon France, suite à la plainte du Syndicat de la Librairie Française :
De l’achat d’un livre : une description
Acheter un livre dans une librairie physique est contraignant :
- je perds du temps dans les transports :
- je dois prendre ma voiture
- je pollue avec ma voiture
- je dois payer l’essence
- je dois supporter les bouchons
- je dois payer le parking (quand j’en trouve un)
- je perds du temps dans la librairie :
- je ne trouve pas ce que je veux dans les rayons
- je ne veux pas demander au libraire de le commander si le livre n’est pas disponible
- je dois faire la queue à la caisse (si j’ai la chance d’avoir trouvé le livre dans les rayons)
- je ne peux pas bénéficier de la remise de 5%
Parfois, ce n’est même pas possible :
- les horaires d’ouvertures ne coïncident pas avec mes horaires de travail
Sur la librairie en général et le libraire en particulier
La plainte du SLF est
- du corporatisme
- un répit pour les libraires
- un combat d’arrière garde
- une régression dictée par des réflexes archaïques réactionnaires
- un anachronisme au service d’une corporation qui refuse d’évoluer
- un dernier sursaut de vie des librairies physiques qui sont de plus en plus désertes
De toute façon, le SLF
- préfère invoquer la loi contre ses concurrents plutôt que mieux travailler
- n’ira pas loin avec ses 100 000 euros
- est d’une mauvaise foi affligeante en soutenant que la gratuité des frais de port est responsable des problèmes des libraires
- ferait mieux de chercher d’aider les personnes qui le souhaitent à s’installer comme libraire
En plus,
- il est illusoire de penser que le système actuel restera figé, même en faisant du lobbying
- il n’est pas normal de protéger un secteur moribond
- les librairies disparaîtront avec le livre électronique (et les éditeurs aussi)
- les libraires sont mortes et aucune loi n’y changera quoi que ce soit
- si cette industrie ne s’adapte pas aujourd’hui, en modifiant ses modes de production et de diffusion obsolètes (et bientôt archaïques) vers la dématérialisation, elle disparaîtra
- le refus de s’adapter freine la diffusion de la culture française
- Internet met les grandes majors des médias face à leur immobilismes et ses conséquences
- quand un secteur ou une activité ne sert plus à rien, comme les mineurs ou les maréchaux-ferrants, elle disparaît dans l’indifférence générale
- le livre est un support dépassé, archaïque et absolument pas écologique (tous ces arbres massacrés pour notre seul plaisir intellectuel)
Sur le conseil :
- le seul intérêt d’un libraire, c’est le conseil qu’il apporte
- je n’ai pas besoin d’être conseillé car je sais précisément ce que je cherche
- je n’ai que faire des services du libraire
- mon libraire est grognon
- les conseils d’un libraire ne pèsent rien face à la réalité de la puissance d’un réseau mondial maillé de millions de conseils de millions d’internautes ultra-spécialistes
Éventuellement,
- on peut vouloir protéger les libraires par sentimentalisme ou par militantisme
Parfois, on trouve des réactions de bon sens :
- pourquoi le syndicat de la librairie n’est-il pas le premier vendeur par correspondance de France ?
Et des solutions simples :
- les librairies doivent se préparer aux changement et commencer maintenant leur mutation par des fusions et des acquisitions
Voire des cris du cœur :
- que les livres pourrissent dans les rayons de la librairie et les libraires avec !
Sur l’aspect économique
- les frais de port renchérissent le coût du livre
- Pourquoi devrais-je payer mes livres plus cher?
- Comment se fait-il que le livre français soit si cher ?
- le prix du livre unique, c’est le prix payé par le consommateur. Donc il n’y a pas lieu de payer le transport.
- Maintenir les prix de vente de tous les biens culturels français, c’est aussi diminuer leur diffusion
- Je ne savais pas que le SLF avait pour objectif de contraindre l’offre pour éviter de trop vendre de livre
Sur Amazon
Amazon
- est plus accessible
- propose plus de choix
- propose un service rapide
- est un vecteur de diversité
- rend accessible un vaste choix de documents
- permet l’accès à la culture à de nombreuses personnes isolées
- est plus efficace pour chercher que dans un rayonnage de librairie physique
- avec un choix plus grand, fait plus pour la lecture que toutes les librairies réunies
D’ailleurs,
- je ne pourrai pas lire sans sans Amazon
Sur l’aspect juridique
La loi sur le prix unique du livre
- avait un sens quand il fallait défendre les petits libraires contre les grandes surfaces
- visait à préserver la diversité culturelle avant Internet
- n’a plus de sens à l’ère d’Internet
- a fait son temps et ne sert plus que le corporatisme des libraires
- comme toute loi qui contrôle les prix, est en défaveur des clients
- n’a jamais fait baisser le prix des livres, au contraire
- est une loi vieille de presque 30 ans !
- est une loi anti-pouvoir d’achat
Le jugement condamnant Amazon
- est une décision à contre-courant de l’évolution de la société
D’ailleurs,
- les règles, les lois, doivent évoluer avec les hommes et la société
Sur la France
Parmi ce concert, on n’échappe aux commentaires sur la France qui
- fait des lois à contre-courant des évolutions
- a peur du changement
- ne veut pas essayer de s’adapter et d’avancer
- oublie que le monde change
- oublie que la société bouge
- est la risée la communauté européenne et des autres pays industrialisés (grâce au SLF, aux cheminots, aux grévistes et à la dette publique)
Les coupables sont tout trouvés :
- c’est la faute au Gouvernement
- le Gouvernement protège les librairies (après les maisons de disques)
- le gouvernement protège ses amis de la vielle économie
- c’est la faute des bobos parisiens
- c’est une mesure anti-ploucs
Des mesures radicales doivent être appliquées :
- Notre Président doit mettre au pas les syndicats réactionnaires
La complainte qui revient le plus souvent :
- Hélas, mon pauvre pouvoir d’achat, mon pauvre pouvoir d’achat, mon cher ami, on m’a privé de toi !
Parfois, on bascule vers la théorie du complot :
- le site Web de la FNAC propose toujours d’expédier les livres gratuitement, sans être inquiété par la justice
- Denis Olivennes, le P.-D.G. de la FNAC, est l’ami de Notre Président Nicolas Sarkozy, la FNAC ne sera donc jamais inquiétée
Sur le comportement futur
- s’il faut payer le port… eh bien, on le paiera !
- Je lirai moins de livre
- je préfère payer les frais de port à Amazon plutôt que de payer de l’essence pour aller soutenir les livrairies
- je continuerai d’acheter chez Amazon même avec les frais de port, afin d’augmenter les profits d’Amazon
- j’achèterai plus de livre en une fois
- je boycotterai les articles vendus dans les librairies
- je suis du XXIe siècle
- Amazon doit quitter le territoire français
- Amazon doit investir dans le livre électronique pour mettre en difficulté les libraires
- les libraires n’ont qu’a ouvrir des sites Web, c’est ça la modernité
Commentaires
.....Si vous ne comprenez pas .." qu'on ne puisse pas comprendre qu'il existe une différence entre se faire livrer à domicile une marchandise et se déplacer personnellement au point de vente pour récupérer ladite marchandise " (Ah bon ?!!! ) ..... comment voulez vous comprendre que vous n'avez absolument pas compris que les clients d'Amazon ne comprennent pas pourquoi ils devraient comprendre les libraires ?!
Il ne s'agit pas d'être compréhensif avec les libraires, mais d'appliquer les règles du commerce de livres en France, puisque c'est de ça dont il s'agit ici, une banale histoire de circulations de marchandises, rien d'autre. Et c'est bien parce que la société Amazon est considérée comme une librairie qu'elle a été condamné pour concurrence déloyale.
En tant que client Amazon (oui, oui, je suis client chez eux - où croyez-vous que j'achète mes livres de philosophie analytique ?), il y a une chose que je ne comprends toujours pas : aussi bizarre que cela puisse paraître, Amazon n'offre pas les frais de transport pour les livres expédiés du continent nord-américain ou de l'Angleterre, alors qu'elle le propose systématiquement pour les livres expédiés de France. Quelque chose m'échappe. Quoi qu'il en soit, je croise les doigts pour que tous ces coûts de transport ne pèse pas trop dans les résultats trimestriels (oui, oui, je suis libéral).
... Il ne s'agit pas ici de philo , simplement de Realité , cependant , contrairement à ce que l'on pourrait penser, les clients d'Amazon defendent bien autre chose que la gratuité ....appliquer les règles du commerce du livre en France , dites vous ? ah oui et lesquelles ..celles qui decoulent du bon sens et qui ont été à l'origine de la loi Lang? ou celles qui sont interprétées abusivement ?
Amazon n'offre pas les frais de port pour les livres expediés des EU ? non, mais il les offre pour les même livres commandés sur Amazon.fr et qui viennent des EU .Vous n'avez pas remarqué ? Certes il majore un peu les prix pour compenser les frais de port entre les EU et la France , cependant ça reste plus interessant de les commander sur Amazon .fr ...depuis que les frais de port sont gratuits .