« Puis, au fil du temps, après m’être familiarisé avec la littérature philosophique, il m’est apparu de plus en plus clairement qu’il était impossible de sortir de l’hégélianisme ; pour reprendre la formule de Marx, Hegel ne pouvait être considéré comme « un chien crevé »… Bon nombre des arguments éthiques que Kierkegaard avait dirigés contre Hegel me semblaient en quelque sorte « inhérents » à son système. Par la suite, l’enseignement du philosophe allemand Hans Georg Gadamer, ainsi que de l’herméneutique d’origine heideggerienne, a eu une influence décisive sur ma relation à Hegel : dire que l’expérience de la vérité est toujours une « interprétation », c’est-à-dire la lecture du fait à la lumière d’un horizon historique, cela signifie que l’on reconnaît la vérité de l’historicité hégélienne ; et cela même si l’on ne suit pas Hegel jusque dans sa doctrine du « savoir absolu ». En d’autres termes, Hegel a raison, sauf lorsqu’il théorise qu’il existe une ligne d’arrivée définitive du savoir. »

Entretien avec Gianni Vattimo