Gerald A. Cohen (1941-2009)
5 août 2009
« Quelle est la contribution précise de cette phrase à l’argument ou à l’exposé que je suis en train de développer, et est-elle vraie ? »
Gerald A. Cohen, le père du marxisme analytique est décédé aujourd’hui.
Quelques hommages sur la blogosphère philosophique anglophone (via Norman Geras) :
- Obituary: G. A. Cohen (1941-2009) par Thom Brooks ;
- G.A. Cohen - a tribute par Matthew Kramer ;
- Dead Socialist: G. A. Cohen, 1941-2009 par Chris Brooke.
J’ai déjà évoqué brièvement Gerald Cohen sur ce carnet.
Commentaires
Je viens d’apprendre, avec beaucoup d’étonnement et de tristesse, le décès de Jerry Cohen.
Je l’avais rencontré à plusieurs reprises, à Oxford et à Paris, dans le cadre de mon doctorat portant sur son oeuvre. C’était un personnage assez éloigné des conventions et très exigeant intellectuellement. Lors de notre première rencontre à Oxford, All Souls College, je lui avais soumis au préalable une dizaine de questions (onze précisément). Avant même de discuter, il m’installa dans un bureau pendant 30 minutes avec les réponses à mes questions, en 32 points, dont une forte proportion étaient de type « la question n’est pas clairement formulée ».
Nous discutâmes ensuite pendant environ deux heures, au cours desquelles seules six des trente-deux questions furent abordées, tant son exigence de précision était importante.
J’ai écrit il y a peu de temps une note biographique dans le dictionnaire de théorie politique.
Merci pour ce témoignage Fabien. Savez-vous pour quels raisons aucun de ses ouvrages n’est traduit en français ?
Une traduction française est en cours, il n’en reste pas moins que c’est tardif. Plusieurs explications à cette curiosité, à commencer par la spécificité des travaux de Cohen. Il défend le marxisme (ou en tout cas une partie) avec les normes de la philosophie analytique. Il se retrouve ainsi coincé entre d’une part les philosophes analytiques, qui s’intéressent peu au marxisme, en raison de la dialectique qu’ils rejettent (pas tous mais globalement), et d’autre part les marxistes, en particulier sur le continent et donc en France, qui rejettent la philosophie analytique pour conservatrice (même si nombreux sont progressistes, elle a cette image, peut-être à cause de Karl Popper). Il est donc à la croisée de deux traditions difficilement conciliables.
C’est à mon avis une des principales explications.
Ci-après un témoignage touchant des funérailles de Jerry Cohen :
http://leiterreports.typepad.com/bl…