Du droit des animaux
30 janvier 2010
Utilitarisme un nouveau carnet à propos de philosophie morale :
« Qu’est-ce qu’un droit ? À quoi sert-il d’avoir un droit ?
Tant que nos amis écologistes n’auront pas répondu à ces questions simples, ils pourront continuer à débiter leurs fadaises sur les droits des écureuils, des lapins, des limaces, des pommes de pin ou que sais-je encore.
Rappelons donc à toute fin utile qu’un droit est une liberté accordée par une société disposant d’institutions politiques plus ou moins formelles à tout membre de cette société à condition que l’exercice dudit droit ne nuise pas à un autre membre de ladite société. Le but du droit est la commodité commune car il appert que l’on vit plus commodément en commun, dans la société, que seul dans la nature.
De même c’est par un abus de langage que l’on parle de « droit des animaux » car il s’agit en fait de droits accordés aux seuls hommes de vivre dans un environnement agréable et récréatif et dont le caractère plaisant est intimement lié à la variété des paysages, de la flore et de la faune qu’on y rencontre. Pour être volontairement provocateur, je dirai simplement que les soi-disant « droits des animaux et des plantes » ne sont en fait que le droit du randonneur à effectuer une belle randonnée « dans une nature préservée». »
Cela peut-il s’appliquer aux générations futures ?
En contrepoint et parce que jamais signalé encore ici, les Cahiers antispécistes sont disponibles en ligne.
« Une autre notion fondamentale de cette tradition se trouve au coeur de l’attaque de Tom Regan contre l’anthropocentrisme : le concept de droits. À la différence de Singer, qui approfondit une perspective déjà présente dans l’utilitarisme, Regan doit défier le cadre même au sein duquel il travaille, étant donné que la théorie des droits a été depuis sa naissance même marquée par l‘« humanisme ».
Ce défi s’articule en deux phases. Dans la première, qui pourrait être définie comme phase « hypothétique », Regan soutient que si tous les humains ont des droits, alors certains animaux aussi ont des droits. La seconde, qu’on pourrait qualifier de version « catégorique », pose le fondement des droits humains et animaux (des droits animaux, au sens large). Au centre de ces deux phases se trouve l’idée de l’incohérence d’une position qui attribue des droits moraux (interprétés, dans le sillage de Feinberg, comme prétentions valides à quelque chose et à l’encontre de quelqu’un) à tous les humains sans les attribuer aussi à certains animaux.
Cette incohérence se cristallise en particulier autour d’une situation-test : celle de ceux que l’on appelle « humains marginaux », c’est-à-dire de ceux qui, en raison par exemple de lésions cérébrales graves, ne possèdent pas les caractéristiques paradigmatiques de notre espèce. Dans la première phase, soulignant que pour éviter l’incohérence la moralité courante recourt à l’arbitraire basé sur la préférence d’espèce, Regan demande, sur la base du principe formel de justice, que soient attribués des droits moraux aussi à certains animaux. L’argument des cas marginaux se rencontre aussi chez d’autres auteurs (nous l’avons déjà vu chez Singer) : mais dans l’approche de Regan, il assume un rôle clef, un rôle si important qu’il détermine la transition à la seconde phase. »
Commentaires
Salut,
je tombe un peu par hasard sur votre blog à la suite de recoupement breton/écologie… et comme nous sommes voisins (j’habite Lorient une partie de la semaine)
Ce petit post me renvoie à une réflexion que je me faisais récemment. A mesure que l’Homme se déconnecte de son territoire, il est curieux d’observer l’antropomorphisme à l’égard du monde animal fait par l’Homme (syndrome peluche). Résultat: les hommes devraient cesser d’être des hommes (prédateurs) et brouter quand on donne des farines animales aux bêtes!
Selon moi, si l’Homme respecte son territoire, il respecte le vivant. Non pas par égard pour les animaux, mais ne serait-ce que par égard pour lui-même. Car nous vivons dans un système et chaque atteinte à l’environnement remet en cause non pas la planète, mais l’humanité.
Pauvreté d’esprit de l’humanité urbaine! Incapables d’imaginer tuer une vache pour se nourrir. La vache a pourtant été domestiquée depuis des millénaires.
Ken+
Gael.
Mais enfin, un droit est une restriction explicite, pas une ouverture !! Certes, à l’inverse, dans les pays totalitaires, un droit est une ouverture, et c’est la liste des libertés qui est alors établie. Le droit des animaux, c’est l’ensemble des restrictions données par des représentants d’une communauté naturelle. Or, les plus forts que nous sommes ne leur octroient que peu de droits explicites, par exemple parfois celui de ne pas être maltraités (par nous, pas par d’autres prédateurs). Leurs droits sont les nôtres. Et par le fait c’est-à-dire par notre poids dans l’économie de la nature, nous leurs imposons beaucoup de contraintes implicites.