Frédéric Simon-Le Hyaric - Mot-clé - Star WarsBlog d'écriture2024-02-01T13:12:23+00:00urn:md5:be38b9786592f63d34bce779b1d678b7DotclearInterview de Palpatineurn:md5:84cbeb3e32085decc9392545faa0f5f22012-03-09T08:30:00+01:002013-07-08T15:21:00+02:00SrédéricNouvellesfan-fictionnouvelleStar WarsSWUécriture<p>Voici ma deuxième contribution au numéro 9 de la Tribune Impériale, une interview de l’empereur Palpatine pour célébrer ses vingt ans de règne.</p> <h2>Entretien exclusif avec Sa Majesté Impériale Palpatine 1er</h2>
<p>TI : Votre Altesse, les mots me manquent pour vous dire à quel point je suis ému et fier que vous ayez pris de votre temps si précieux afin de bien vouloir un entretien.</p>
<p>Sa Majesté : Je vous en prie, mon ami. Beaucoup de nos concitoyens sont épris des idéaux de l’Empire, et la Tribune Impériale a prouvé avec les années que grâce à son impartialité et son indépendance, l’information pouvait être traitée d’une manière aussi digne qu’objective. À ce titre, je vous remercie de votre travail d’autant plus exemplaire qu’il s’oppose aux propagandistes de tout poil. Grâce à la Tribune Impériale, nos concitoyens bénéficient de l’information la plus pointue.</p>
<p>TI : C’est trop d’honneur, Votre Altesse. Puisque nous parlons de médias, Votre Altesse, je me permets de mettre les pieds dans le plat. Au cours de vos vingt ans de règne, le monde des médias a beaucoup changé. Un certain nombre de journaux ont mis la clé sous la porte et vos opposants parlent de musellement de l’information par les plus hautes autorités de l’État.</p>
<p>Sa Majesté : Il faut y voir une conséquence de la guerre menée par notre glorieuse armée contre les infâmes Séparistes. Lors de cette période troublée, vous vous souviendrez que les médias racontaient tout et son contraire, dans une anarchie impressionnante. Certains journaux, une fois la paix revenue, ont choisi de continuer dans une voie éditoriale dédiée aux contre-vérités et aux mensonges flagrants. Dès lors, comment s’étonner que le lectorat se soit détourné de ces menteurs patentés ? Affirmer que l’Empire ait quoi que ce soit à voir avec ces fermetures est absolument scandaleux. Ces médias plus que douteux ont creusé eux-mêmes leur propre tombe, dès lors qu’ils ont étalé au grand jour leur duplicité et leur déformation de la vérité. Les lecteurs ne s’y sont pas trompés et leur ont à juste titre tourné le dos, ce qui me permet d’ailleurs de souligner leur intelligence. Toute tentative de manipuler l’opinion est vouée à l’échec, ces pseudos-médias en sont la preuve.</p>
<p>TI : Donc, en aucun cas il n’y a eu de pressions officielles sur des médias, ni chantages ni menaces, comme certains se sont plus à l’affirmer ?</p>
<p>Sa Majesté : Voilà un exemple typique de contre-vérité ! Et nous savons tous deux d’où sont venues ces rumeurs d’interventionnisme étatique. À chaque fois qu’un mensonge a été relayé par les médias contre un officiel de l’Empire, une plainte pour diffamation a été systématiquement déposée. Bien entendu, l’Empire est pour la liberté de presse, mais il est bien évident que celle-ci se doit de diffuser des informations avérées et vérifiées. À chaque fois qu’elle a oublié ce principe, elle en a subi les conséquences. Et je vous rappelle qu’à chaque fois, les cours de justice ont donné tort à ces médias peu scrupuleux.</p>
<p>TI : Je pense que cette mise au point méritait d’être faite. Mais changeons de sujet et venons-en à vous, Votre Altesse. Nous fêtons dans une paire de jours le vingtième anniversaire de la Proclamation de l’Empire, et donc le vingtième anniversaire de votre règne. Une chose m’a toujours sidéré : vous n’avez pas changé en vingt ans ! Que dis-je, en quarante ans et même plus ! Comment fait-on pour être un homme politique aussi intègre, qui n’a jamais dévié du cap, des idéaux qu’il s’est forgés ? Comment avez-vous réussi à éviter l’usure du pouvoir, à ne pas sombrer dans des dérives autocratiques ? C’est remarquable !</p>
<p>Sa Majesté : Je vous avouerais que je n’y ai jamais réellement songé. Toute ma carrière politique n’a visé qu’à un seul objectif : être au service du plus grand nombre, améliorer le sort de mes concitoyens. C’est l’idée-force qui me guide et me fait avancer. Si j’étais religieux, ce serait ma doctrine, mon commandement premier. Tout le reste est accessoire et franchement – je me dis parfois « malheureusement » –, l’homme Palpatine ne peut pas vivre. Vivre, c’est avoir des besoins et chercher à les satisfaire, parfois par tous les moyens. Or il est nécessaire, quand on occupe des fonctions importantes, à plus forte raison la mienne, de ne pas laisser sa propre personnalité, ses propres pulsions prendre le dessus sur l’homme politique. Et quand je parle d’Homme Politique, je pense à un terme qui devrait s’écrire avec des majuscules. L’Homme Politique administre les biens publics, par et pour le peuple : il se doit d’être une incarnation de l’État. Il ne peut avoir d’états d’âme.</p>
<p>TI : Vous avez dit que « malheureusement », l’homme Palpatine ne peut pas vivre. Qu’entendez-vous précisément par là ?</p>
<p>Sa Majesté : Si j’agissais simplement en tant qu’homme, un certain nombre de décisions politiques prises par l’Empereur Palpatine n’auraient jamais vu le jour ! Diriger l’Empire me fait sentir le poids de ma solitude, de mes responsabilités écrasantes, à tel point qu’il n’y a de place pour rien d’autre ! Ne me demandez pas quel est le dernier holofilm que j’ai vu, ni quel livre j’ai feuilleté récemment. Car je n’ai le temps pour aucune activité autre que la gestion de l’Empire. C’est pourquoi je trouve parfois malheureux que l’homme Palpatine n’ait pas le temps de vivre. Mais s’il s’y risquait, ce serait au détriment des responsabilités de l’Empereur Palpatine, ce qui serait d’un égoïsme inconcevable !</p>
<p>TI : Vous êtes dans la position d’un homme qui se doit à chaque seconde à son devoir. Il faut une volonté, que dis-je, une force mentale incroyable pour rester fermement campé sur cette ligne de conduite. Comment faites-vous ?</p>
<p>Sa Majesté : C’est paradoxalement assez simple. Je porte le poids et le destin de la galaxie entre mes mains aussi, lorsque le doute m’assaille, lorsque je me demande si je fais fausse route, il me suffit de me souvenir que j’œuvre pour le présent et l’avenir de mes centaines de milliards de sujets. Et je puis vous assurer que dès que cette pensée me vient, toute velléité de faiblesse s’évanouit en moi.</p>
<p>TI : Une dernière question personnelle vous concernant, Votre Altesse. Vous me pardonnerez si elle vous semble déplacée mais, comme vous le savez, la Tribune Impériale n’a pas pour habitude de manier la langue de bois. Vous ne vous êtes jamais marié ni n’avez eu d’enfant, bien qu’il y ait eu un certain nombre de rumeurs à ce sujet. Sans parler de bruits de couloir faisant état de l’existence d’un harem au sein du Palais Impérial…</p>
<p>Sa Majesté : Ces rumeurs sont parvenues à mes oreilles. Elles sont d’ailleurs si ridicules que je ne cherche même pas à lutter contre ! Je ne m’abaisserai pas à rechercher qui colporte de tels phantasmes ! Il n’y a ni enfant, ni maîtresse, et encore moins de harem ! Et vous savez pourquoi ?</p>
<p>TI : Non, mais je suis tout ouïe, Votre Altesse.</p>
<p>Sa Majesté : Parce que je suis marié, et que ma femme est la plus exigeante qui soit. Je ne vis que pour elle, que pour lui apporter le bonheur. Mais malgré tous mes efforts, je me demande si j’y arriverai un jour.</p>
<p>TI : On l’aura compris, Votre Altesse, vous êtes marié à l’Empire ! Et à ce sujet, j’ose vous poser une nouvelle question potentiellement dérangeante : que se passera-t-il à votre mort ? Votre succession est-elle déjà réglée ? Si oui, je présume qu’elle est gardée secrète pour d’évidentes questions de sécurité galactique.</p>
<p>Sa Majesté : J’espère servir encore longtemps mes concitoyens, même si j’atteins aujourd’hui un certain âge. Ceci dit, oui, j’ai dû me pencher sur la question de ma succession, afin de garantir la pérennité de notre Empire. Et je suis heureux de vous annoncer que mes dispositions sont prises concernant ce sujet sensible. Quand le moment de ma disparition sera venu, l’Empire ne s’écroulera pas, mon successeur se révélera. Ceci étant dit, vous avez raison sur un point : son identité ne sera connue qu’à ce moment, pour assurer sa sécurité actuelle.</p>
<p>TI : Je trouve cette nouvelle très rassurante, Votre Altesse ! Merci de nous l’avoir fait partager ! Cet homme sera-t-il un autre vous-même, si j’ose dire, ou quelqu’un de totalement différent ?</p>
<p>Sa Majesté : On peut dire que ce sera un autre moi-même, animé des mêmes nobles intentions. Oui, vous aurez l’occasion de découvrir que nous avons beaucoup de points communs.</p>
<p>TI : Nous avons abordé les thèmes de votre personnalité, et parlé du futur. J’aimerais désormais que nous nous penchions sur le passé. Lors des événements dramatiques qui ont conduit à votre accession au trône, les Jedi ont dévoilé leur vrai visage, un visage tyrannique. On connaît la suite, leur chute et leur disparition. On a même pu constater depuis que toutes les références aux Jedi disparaissent progressivement des archives, comme s’il y avait volonté manifeste d’effacer jusqu’à leur souvenir. Qu’en est-il exactement ?</p>
<p>Sa Majesté : Je ne suis guère à l’aise avec ce sujet. Comme tout un chacun, je croyais fermement à la bonté des Jedi, à leur volonté d’œuvrer pour le bien commun. Hélas, comme je me trompais… Leur trahison m’a broyé le cœur. Ce jour-là, la galaxie s’est retrouvée au bord du gouffre, a été prête à basculer dans l’horreur. Je porterai à jamais les stigmates de cette infamie ; jamais je ne pourrais oublier ce qu’ils ont fait ! Alors oui, je vous l’avoue, j’ai ordonné personnellement que toute trace des Jedi soit effacée des archives. Non pas à cause de ce qu’ils m’ont fait subir – mon cas personnel n’a pas à entrer en compte –, mais à cause de ce qu’ils ont fait subir à la galaxie entière ! Après leur tentative pour prendre le pouvoir, une question primordiale m’a hantée : depuis quand fomentaient-ils leur conspiration ? Était-il possible que pendant tant de siècles, ces soi-disants protecteurs de l’Ancienne République nous ait menti, qu’ils aient perverti la vérité à leur sujet ? En regardant le passé avec cette nouvelle perspective, on a pu se rendre compte que plusieurs fois par le passé, ils avaient pris le contrôle de la République. Mais heureusement pour la démocratie, ils n’ont jamais pu le garder. Donc oui, j’ai ordonné personnellement leur éradication, car à la lumière d’enquêtes très approfondies, il s’est avéré que le pouvoir était leur unique moteur. Faire disparaître tout ce qui les concerne, c’est éradiquer une menace mortelle pour tous les habitants de la galaxie. Oui, pas seulement les citoyens de l’Empire, mais <em>tous les habitants de la galaxie</em>.</p>
<p>TI : Je vous prie de me pardonner si j’ai pu raviver des souvenirs douloureux, Votre Altesse.</p>
<p>Sa Majesté : Je vous en prie. Nos petites personnes ne sont rien face à la vérité, qui doit triompher quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte.</p>
<p>TI : J’aimerais aborder un autre sujet avec vous, Votre Altesse. C’est le sujet phare de votre règne, une préoccupation de tous les instants qui a même démarré avant la création de l’Empire. Je parle bien entendu de la sécurité. Des personnes malintentionnées affirment que c’est vous-même qui, en tant que Chancelier de l’Ancienne République, avez laissé l’anarchie et la guerre civile se propager dans la galaxie, et que lorsque la situation est devenue ingérable, vous en avez profité pour prendre le pouvoir et créer l’Empire Galactique. Que pensez-vous de ces accusations ?</p>
<p>Sa Majesté : Encore une fois, nous avons là affaire à une contre-vérité élémentaire ! Vous le savez, j’avais la passion de la République, je croyais fermement en elle. Qu’elle serait éternelle… Je mesure aujourd’hui à quel point j’étais naïf à ce moment. Je voulais tellement croire en la République que je me suis voilé la face. Je me suis menti à moi-même, en la voyant toujours plus belle qu’elle ne l’était. Je n’avais pas mesuré à quel point la corruption avait gangrené tout le système.</p>
<p>TI : Quand vous avez été élu Chancelier, vous aviez affirmé vouloir lutter contre cette corruption et contre l’appareil bureaucratique qui menaçait de paralyser la République. Or vous avez échoué : pire, c’est sous votre magistrature qu’a eu lieu la guerre civile avec la Confédération des Systèmes Indépendants.</p>
<p>Sa Majesté : La vérité, vous la connaissez. Mais vous avez raison, il est bon de la rappeler puisque certains continuent de répandre leur fiel. Je respectais profondément la République. Je me suis battu pendant des décennies, en tant que Sénateur puis Chancelier, pour moraliser la vie politique. Si je reconnais avoir commis une erreur de taille, c’est de m’être battu selon les préceptes immémoriaux du Sénat : avec dignité et honneur. Jamais je n’ai donné un coup bas, jamais je n’ai trahi quiconque, jamais je n’ai comploté pour faire avancer ma propre situation. Mais pendant que par mon exemple je tentais de ramener les brebis égarées au bercail, les comploteurs ourdissaient leurs méfaits dans l’ombre. Les gens doivent savoir ceci : la corruption était si généralisée qu’il était impossible de la découvrir ! Tous se couvraient les uns les autres ! C’est la raison pour laquelle la République et moi-même n’avons pas pu anticiper la guerre civile. Les gens de bien – dont j’estime faire partie – ont été manipulés et trahis !</p>
<p>TI : Merci pour ces précisions, Votre Altesse. Donc, à votre corps défendant, voilà la République au bord de l’extinction, avec une guerre civile qui commence. Qu’est-ce qui a alors changé en vous ?</p>
<p>Sa Majesté : Beaucoup de choses, je dois l’avouer. Les masques étaient tombés, et j’ai alors pris réellement conscience que la paix et la démocratie ne tenaient plus qu’à un fil. Alors qu’auparavant j’avais la naïveté de penser que mon exemplarité serait suivie <em>spontanément</em>, j’ai ensuite été contraint de radicaliser ma position. Les nobles valeurs ancestrales de la République devaient être suivies à tout prix. Nous devions repousser par tous les moyens la barbarie qui nous menaçait de tous côtés. C’est la raison pour laquelle la Grande Armée de la République a été créée. Je frémis à l’idée de penser que si elle n’était pas apparue, nous serions aujourd’hui tous tombés sous le joug de la pire des tyrannies !</p>
<p>TI : Tous les historiens s’accordent à dire que c’est à ce moment que les fondements de ce qui allait devenir quelques années plus tard l’Ordre Nouveau ont été posés : la paix et la sécurité.</p>
<p>Sa Majesté : En effet. Nous sommes entrés en guerre contre notre gré mais nous n’avons pas eu le choix, forcés par des renégats égoïstes, prêts à sacrifier une galaxie à leurs ambitions démesurées et aidés par les Jedi dévoyés. Si nous voulions que les nobles traditions héritées de nos ancêtres survivent, si nous voulions faire de la galaxie un monde meilleur, nous n’avions pas le choix : nous devions être inflexibles, impitoyables envers les ennemis de la liberté. Et nous l’avons été ! Le conflit a été douloureux, sale. Des millions de gens bien y ont laissé la vie. Mais c’est grâce à leur sacrifice héroïque que nous sommes encore debout aujourd’hui ! Grâce à toutes les forces de nos armées passées et présentes que nous connaissons un nouvel âge d’or, une période de paix et de prospérité qui durent depuis vingt ans déjà !</p>
<p>TI : Je… Euh… Excusez-moi, Votre Altesse, c’est l’émotion. Vous voir ainsi galvanisé quand vous racontez les dures épreuves que vous avez subies me donne envie d’être meilleur, de me surpasser.</p>
<p>Sa Majesté : C’est tout à votre honneur, mon ami.</p>
<p>TI : Votre Majesté, il me reste un dernier sujet à aborder avec vous. Même si j’ai déjà trop abusé de votre temps précieux, je ne peux pas, en tant que journaliste d’investigation dévoué à la vérité sous toutes ses formes, ne pas parler de l’Alliance Rebelle autoproclamée, dont l’importance grandit au fil des années.</p>
<p>Sa Majesté : Cette insignifiante rébellion ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Et son importance, comme vous dites, n’est qu’anecdotique.</p>
<p>TI : Elle a pourtant revendiqué beaucoup d’exactions, crimes et autres sabotages ces dernières années, à un rythme qui semble aller crescendo.</p>
<p>Sa Majesté : Balivernes ! Propagande ! De tout temps il y a eu des gens incapables de vivre dans la Paix et l’Harmonie. Lorsque l’Empire a été proclamé, que la paix et la sécurité y ont fait tache d’huile, certains ne l’ont jamais accepté. De misérables groupuscules usant de violence aveugle contre les citoyens de l’Empire ! Pour des raisons de sécurité, je ne peux vous en dire plus, mais sachez que l’Empire veille : en vingt ans, ce sont des dizaines de milliers de ces gangs maléfiques qui ont été éradiqués.</p>
<p>TI : Veuillez pardonner l’impertinence de ma question, Votre Altesse, mais comment se fait-il que ces groupes ont pu se développer alors que les effectifs que l’armée impériale n’ont fait qu’augmenter au cours des années ?</p>
<p>Sa Majesté : Il n’y a là aucune impertinence, mon ami, mais une vraie question de fonds dont je vous félicite. Les Séparatistes, bien que leurs buts aient été ignobles, avaient au moins un courage : celui de se battre à visage découvert. Or les groupuscules dont nous parlons et qui pullulent comme des vermines se battent dans l’ombre, comme les lâches terroristes qu’ils sont. Nos armées ont dû s’adapter à ce nouveau type de menace, ce qu’elles ont fait avec la détermination, le courage et le savoir-faire qu’on leur connaît. Vous avez peur car vous entendez parler de dizaines de groupes séditieux : sachez que parallèlement, ce sont des centaines d’entre eux qui sont démantelés sans pitié.</p>
<p>TI : L’Alliance Rebelle est donc surestimée ?</p>
<p>Sa Majesté : Clairement. D’une part, les Renseignements de l’Armée ont établi que l’immense majorité des attentats revendiqués par cette rébellion est le fait de groupuscules qui n’ont rien à voir avec elle. Ils usurpent son image pour se donner de l’importance. Je ne reconnais qu’une seule qualité à la rébellion : savoir manier la propagande avec brio. C’est seulement pour cette raison que plus d’un citoyen de la galaxie pense que ce misérable insecte est en fait un rancor.</p>
<p>TI : Me voilà pleinement rassuré, Votre Altesse. Il ne me reste plus qu’à vous remercier de votre bonté pour avoir bien voulu m’accorder cette interview. Et je prie pour être encore là dans vingt ans pour vous demander vos impressions pour vos quarante ans de règne !</p>
<p>Sa Majesté : Qui sait, mon ami, qui sait…</p>Interview de Staive Pedstenurn:md5:ca3fa5eaabfb8d704bda0dad492264942012-03-08T09:38:00+01:002013-07-08T15:21:16+02:00SrédéricNouvellesfan-fictionhumournouvelleOrganaStar WarsSWUécriture<p>Sur certains forums sur lesquels je traîne, il arrive qu’il y ait des projets collectifs en cours. Voilà quelques mois, il m’a été proposé de participer au numéro 9 de la Tribune Impériale, la TI pour les intimes. Ce webzine n’est pas encore sorti sur le site, mais si j’attends que ça se fasse avant de poster, y’en a encore pour de longs mois d’attente (oui, ils sont aussi rapides que moi).<br />
Kesako ? La TI est le journal officiel de l’Empire made in Star Wars, une initiative des collègues du <a href="http://www.starwars-universe.com/forum/" title="forum SWU">forum SWU</a>. Il s’agit de louer l’Empire de Palpatine, journalistiquement parlant, par le biais d’articles et d’interviews. Bref, un pur exercice de propagande insidieuse sur les bords. En l’occurence, j’ai écrit deux nouvelles pour la TI, sous forme d’interviews, dont voici la première.</p>
<p>Ce Staive Pedsten sort tout droit de l’Univers Étendu de SW, où il est mentionné deux fois, si ma mémoire est bonne. Il est sorti avec la jeune Leia Organa, avant que celle-ci ne devienne officiellement une Rebelle.</p> <h2>Entretien exclusif avec Staive Pedsten !</h2>
<p>Le célèbre joueur de grav-ball Staive Pedsten a bien voulu nous accorder une interview exclusive, juste avant sa participation à l’émission <em>Aidons Les Victimes de Guerre</em>. Rencontre avec un citoyen éminent de l’Empire, entre les mains de qui tout semble se transformer en or.</p>
<p>TI : Staive, merci de prendre le temps de nous recevoir, alors que nous savons que vous êtes un homme très occupé et que vos apparitions médiatiques sont rares.</p>
<p>Staive : Je vous en prie. En tant que citoyen de l’Empire, c’est la moindre des choses d’accorder son temps à un organe de presse aussi respectable que la Tribune Impériale.</p>
<p>TI : Merci à vous, mon cher. On le sait, votre début de saison a été éblouissant. C’est bien simple, on a le sentiment que vous marchez sur l’eau. Vous êtes très affûté, techniquement et physiquement. Un commentaire ?</p>
<p>Staive : Vos compliments me vont droit au cœur. Il est vrai que les tests physiques comparatifs effectués au début de la saison avec mes collègues et adversaires plaident en ma faveur : il est rare que je n’ai pas été en tête sur ces dizaines de tests. Je suis au top de ma forme et j’espère bien le rester le plus longtemps possible.</p>
<p>TI : On a le sentiment que vous menez une vie exemplaire, bien loin des turpitudes du show-bizness dans lesquelles bien des stars se complaisent. Est-ce difficile pour vous d’être en permanence si proche de la perfection ?</p>
<p>Staive : Vous êtes trop aimable. Vous savez, je ne suis qu’un homme, même si mes qualités physiques sont bien au-dessus de la moyenne. Mais là n’est pas le plus important. Comme vous le soulignez, une star telle que moi se doit d’être un exemple pour notre belle jeunesse. Nous sommes tous des fils et des filles de l’Empire, et en tant que tels nous devons placer l’exemplarité au centre de nos vies.</p>
<p>TI : Il se dit que pendant votre préparation d’avant-saison, vous avez participé à un stage avec une compagnie de Stormtroopers ?</p>
<p>Staive : En effet. Vous savez, on me considère comme une star, mais je ne suis rien à côté de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui composent notre Grande Armée. Ils font preuve d’un charisme et d’une dévotion hors du commun. J’ai beaucoup d’admiration pour ces héros : sans eux, sans leur vaillance et leur bravoure, nous savons tous deux que la galaxie serait plongé dans un chaos sanglant. Ils nous protègent de tous ces ignobles terroristes qui n’ont pour but que d’instaurer l’anarchie.</p>
<p>TI : Vous avez largement les capacités requises pour intégrer l’armée. Pensez-vous vous reconvertir en Stormtrooper à la fin de votre carrière ?</p>
<p>Staive : Ce serait un grand honneur pour moi, mais il est prématuré d’en parler. Vous savez, j’ai participé à ce stage afin de rappeler à tous les citoyens à quel point nos soldats font un métier aussi merveilleux que difficile. Ils sont soumis à une pression incroyable, mais force est de reconnaître qu’ils ne renoncent jamais. Bien entendu, par le biais de ma fondation, une généreuse contribution est venue garnir le Fonds de Solidarité des Victimes de Guerre. Nous ne devons pas oublier que la guerre fait des blessés, des mutilés, des morts, et que nous avons le devoir moral d’aider et de soutenir les familles de ces héros… y compris financièrement.</p>
<p>TI : Est-ce à dire que les organismes officiels qui veillent sur les familles des soldats manquent d’efficacité ?</p>
<p>Staive : Ce serait une hérésie d’affirmer une telle chose, presque une trahison ! Non, les services de l’État font un travail formidable, bien sûr ! Mais je pense simplement qu’on n’en fera jamais assez pour nos défenseurs. Il me semble inconcevable de penser que quiconque ait de l’argent n’en reverse pas pour servir la patrie ! En tout cas, c’est mon point de vue.</p>
<p>TI : Merci pour cette clarification, mon cher Staive. Mais revenons-en au grav-ball. Votre équipe truste la tête du championnat depuis la première journée, et on voit mal – sauf cataclysme qu’on ne vous souhaite évidemment pas ! – comment elle pourrait en être délogée. Vous êtes le grand artisan de cette réussite, et certains n’hésitent pas à vous comparer au plus grand joueur de grav-ball de tous les temps, Deme Tryshyn. Son record de points lors d’un match, établi durant l’Ancienne République, tient toujours… en tout cas pour le moment. Mais si quelqu’un devait le battre, plus d’un expert affirme que vous seriez le candidat idéal pour. Qu’en pensez-vous ?</p>
<p>Staive : Vous savez, le grav-ball est un sport collectif. Certes, on me dit souvent que je laisserai une empreinte dans l’histoire de ce sport, mais c’est oublier qu’aussi bon et doué que je puisse être, je ne serais rien sans mes partenaires et le staff technique. Et je ne vous parle pas même pas des supporters, qui sont les plus formidables dont on puisse rêver. Quant au record de Tryshyn, je vous mentirais en vous disant que je n’ai pas cet objectif dans un coin de la tête. Mais pour le battre, il va falloir que je continue à être… impérial !</p>
<p>TI : Ah ! Ah ! Très joli, Staive ! J’ai une autre question, malheureusement moins consensuelle, mais la Tribune Impériale, en tant qu’organe de presse, a un devoir de parler également des sujets qui fâchent. Que pensez-vous de la controverse qui agite tous les milieux, y compris celui du grav-ball, concernant une soi-disant mise à l’écart des non-humains ?</p>
<p>Staive : J’ai été sidéré par des choses que j’ai pu voir ou lire. Entendre autant de non-humains se plaindre d’un pseudo-racisme de la part de l’Empire est peu fort ! L’Empire protège la galaxie entière ! Que croient ces gens ? Que dans le feu de l’action, les troupes de l’Empire prennent le temps de regarder l’espèce à laquelle appartiennent les individus pour lesquels ils luttent ? Voilà une idée ridicule ! Je pense qu’on ne peut objectivement tirer que deux conclusions que cette fausse controverse. D’une part, que les réactionnaires rebelles ont malheureusement fait du très bon travail en embrigadant tant d’honnêtes mais naïfs citoyens de l’Empire. Et d’autre part, j’ai envie de dire à ces mécontents que l’Empire est et a toujours été une méritocratie. Si certains non-humains estiment qu’ils ne sont pas assez considérés, qu’ils sont mis de côté, peut-être devraient-ils commencer par se regarder dans un miroir et se poser la vraie question : ont-ils fait tout ce qu’il fallait pour être de bons citoyens de l’Empire ? Dans la vie, pour avancer dans le bon sens, il faut faire des sacrifices et savoir faire don de soi ! Ceux qui ne sont pas prêts à faire ces efforts n’avanceront à rien, c’est évident ! Incriminer les instances officielles pour ses propres échecs est aberrant !</p>
<p>TI : Je pense que ces précisions méritaient d’être dites, surtout venant de la part d’une personne aussi charismatique et écoutée que vous ! Ces critiques arrivent également dans le monde du grav-ball où, d’après les chiffres, il y a de moins en moins de non-humains à signer des contrats de professionnels.</p>
<p>Staive : Je pense qu’il ne faut pas faire l’amalgame, que ces deux sujets n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Sans démagogie aucune, on sait – et il y a plusieurs études officielles qui le prouvent – que l’être humain est l’un des plus équilibrés qui soit, au niveau du ratio puissance-vitesse-agilité-coordination. Si nous autres humains avons plus d’atouts, d’aptitudes pour le grav-ball que bien des non-humains, il est tout à fait logique que nous soyons plus recherchés qu’eux par les différentes équipes professionnelles.</p>
<p>TI : Et que répondriez-vous à ceux qui soulignent que sous l’Ancienne République, les humains étaient largement en minorité au sein des confédérations de grav-ball ?</p>
<p>Staive : C’est exactement ce que je vous disais tout à l’heure à propos de la remise en question, mais inversé. Les humains étaient moins présents, moins bons, mais tout leur système d’entraînement et de formation a été remis à plat depuis la fin de la guerre des clones. Aujourd’hui, quelques vingt ans plus tard, on voit le résultat ! Et ce que nous avons accompli, il est évident que d’autres le peuvent également. Plutôt que d’investir leur énergie dans une grogne sans fin, ils feraient mieux de l’employer dans l’entraînement et le dépassement de soi.</p>
<p>TI : Avant de vous libérer, une dernière question, plus personnelle. Il se murmure qu’il se passerait quelque chose entre vous et la fille de Bail Organa, qui vient d’entrer au Sénat. Un mariage princier serait-il en vue ?</p>
<p>Staive : Rien ne vous échappe ! Une chose est certaine, il est parfois difficile d’avoir une vie privée quand on est une personnalité aussi connue que moi. Mais bon, c’est le revers de la médaille. Disons que Leia est très belle, et que son caractère parfois tranché n’est pas pour me déplaire. Vous le savez, je suis en toute modestie assez bien fait de ma personne, aussi serai-je fier d’avoir une telle femme à mes côtés. Quant à envisager un mariage… il est bien trop tôt pour en parler ! En tout cas, je n’ai aucun doute sur le fait que si nous devions avoir des enfants, ils seraient dignes de leurs parents et deviendraient des citoyens aussi actifs qu’enthousiastes de notre grand Empire !</p>
<p>TI : Il me reste à vous remercier pour votre disponibilité, mon cher Staive. Je ne vous souhaite pas de connaître la réussite dans tous les domaines, puisque c’est déjà le cas ! Mais je vous souhaite qu’elle dure le plus longtemps possible.</p>
<p>Staive : Merci à vous. Je profite de l’occasion pour saluer mes nombreux fans. Je vous aime, mes amis !</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, épilogueurn:md5:b85212fe026f3f26c1e9ba44304616372012-03-04T09:58:00+01:002013-07-08T15:21:55+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromansithStar Warstel ayécriture<p>Avec cette note, les aventures de Tel’Ay s’achèvent… provisoirement !</p> <h2>Épilogue</h2>
<p>Jarl’Ol In-Der était assez fier de lui. Trois semaines auparavant, il avait accueilli en grande pompe Ver’Liu So-Ren et lui avait offert le trône sur un plateau. Il était considéré comme un héros par ses compatriotes et avait tout fait pour minimiser sa participation au gouvernement précédent. Il avait poussé le bouchon jusqu’à faire croire que secrètement, il travaillait en fait au bien-être des Skelors et s’opposait en douce à toutes les décisions iniques prises par l’occupant zabrak.<br />
Il y avait même des moments où il arrivait presque à se convaincre que ses mensonges étaient vérité. Par contre, il trouvait le nouveau souverain de son peuple assez ingrat : le nombre de fois où il avait été reçu en audience depuis le retour du roi se comptait sur les doigts d’une main. Mais cela ne durerait pas : il comptait bien sur sa nouvelle popularité pour s’imposer durablement à un poste de prestige. Peut-être même deviendrait-il le représentant de Skelor I au Sénat de la République ? Car depuis sa prise de pouvoir, Ver’Liu avait décidé que Skelor I rejoindrait la République, malgré l’hostilité à peine masquée du Chancelier Saratama Canawasi.</p>
<p>In-Der se sentait injustement mis à l’écart, mais il ne doutait pas une seconde de pouvoir rebondir suite à cette période creuse. Quand la sonnerie de la porte de ses appartements privés au palais retentit de bon matin, il fut soulagé. Sûrement des nouvelles du souverain, qu’il inondait de messages afin de ne pas être oublié.<br />
Il fut conforté dans ce sentiment en trouvant Go’Kar et deux de ses gardes à la porte.<br />
– Pouvons-nous entrer, monsieur le ministre ? demanda le chef de la sécurité du palais. J’ai des nouvelles à vous communiquer.<br />
– Mais bien sûr, je vous en prie, répondit In-Der, affable. Je vous écoute.<br />
Go’Kar porta la main à son communicateur et dit :<br />
– Corridors ouest et nord, au rapport.<br />
– <em>Personne</em>, répondit une voix.<br />
– <em>Le corridor est dégagé, monsieur</em>, fit une deuxième voix.<br />
Sur un signe de Go’Kar, ses séides s’emparèrent de l’ancien vice-premier ministre.<br />
– Mais que faites-vous ? s’inquiéta In-Der, incrédule.<br />
– Monsieur le ministre, vous êtes un drogué, dit Go’Kar.<br />
– Vous perdez la tête, ma parole !<br />
– Pas le moins du monde, répondit le chef de la sécurité en portant à la vue d’In-Der la seringue hypodermique qu’il avait caché derrière son dos jusque-là. Ceci est une dose très concentrée de bâton de la mort, autant dire fatale. Je vais vous l’injecter, vous allez mourir, et l’enquête qui s’ensuivra démontrera à tous que vous n’en étiez pas à votre coup d’essai en la matière. Tous les témoins qui confirmeront votre addiction sont déjà prêts.<br />
– Mais que… ? C’est un complot !<br />
– En effet, monsieur le ministre. Notre roi connaît la vérité qui se cache derrière votre masque de héros. Pendant toutes les années de domination zabrak, vous n’avez eu de cesse de survivre, vous n’avez jamais aidé aucun autochtone. Au contraire, vous n’avez jamais rechigné à envoyer nos compatriotes à la mort.<br />
– Vous vous trompez, je…<br />
– Silence, vermine ! J’ai moi-même mené l’enquête sur vos agissements, je sais qui vous êtes réellement. Laissez-moi vous dire comment les choses vont se passer : suite à votre shoot, vous allez perdre la tête et tomber dans le grand escalier qui mène au hall. Les 732 marches que vous allez dévaler tête la première devraient avoir raison de votre misérable existence. Comme par enchantement, un dossier tout récemment fourni aux médias de la planète va être révélé au grand public, rappelant votre action contre les Skelors en tant que vice-premier ministre. Vous allez perdre la vie <em>et</em> le crédit que vous avez volé ces dernières semaines.<br />
– Vous ne pouvez pas faire ça ! Je veux parler au roi !<br />
Go’Kar sourit.<br />
– Il a lui-même mis sur pied ce… plan de communication.<br />
– C’est impossible, il est… il est un gentil garçon, au fond. Il ne pense qu’au bien de son peuple, jamais il ne cautionnerait un tel acte !<br />
– Ver’Liu So-Ren est le roi de Skelor I, l’incarnation de Sweer, le Grand Reptilien. Et aujourd’hui, il règle ses comptes, conclut Go’Kar avec une grimace de satisfaction.<br />
In-Der tenta vainement d’échapper à la poigne de fer des deux gardes. Quand il voulut crier, Go’Kar le bâillonna d’une main, tout en lui injectant directement dans la carotide le contenu de la seringue. Puis il reprit son communicateur.<br />
– Corridors ouest et nord, au rapport.<br />
– <em>Tout est clair, monsieur</em>.<br />
– <em>Rien à signaler, commandant</em>.<br />
Sur un signe de Go’Kar, les deux gardes emportèrent de corps d’In-Der, affaissé par la drogue. Tous quatre gagnèrent rapidement le haut du grand escalier.<br />
– Jetez-moi cette vermine dans l’escalier.<br />
Tel fut le bref éloge funèbre de Jarl’Ol In-Der.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Tol Guela n’osait pas bouger. Il était recroquevillé en position fœtale, à même le sol de son bureau. Depuis cinq minutes ? Le double ? Impossible à dire. Depuis que les mercenaires, furieux de n’avoir pas été payés, avaient débarqué dans son bureau pour le passer à tabac, il s’était protégé du mieux qu’il avait pu, en espérant survivre à la correction.<br />
Quand la pluie de coups avait enfin cessé, il s’était attaché à ne pas crier, dans un effort dérisoire de ne plus attirer l’attention sur lui. Les gémissements qu’il n’avait pas été capable de contenir n’avait heureusement attiré personne.<br />
Au bout d’une interminable attente, il n’y tint plus et jeta un œil autour de lui. Il était seul, au milieu de son bureau dévasté par ses bourreaux. Nul doute à ses yeux que les mercenaires avaient mis à sac tout le complexe gouvernemental d’Iridonia avant de partir.</p>
<p>Cette fois, c’était vraiment la fin. L’Hégémonie n’était même plus à genoux, elle n’existait plus. Ruinée, liquidée. Il eut une pensée amère pour le peuple skelorien, qui venait tout juste de quitter sa condition de misérable peuple en exil pour intégrer la République. Tous les dons qu’avait reçus Ver’Liu So-Ren avait permis au jeune souverain de lancer tout un programme d’investissements sur sa planète. Cet apport initial semblait à présent fructifier. Tout le contraire de l’Hégémonie des mondes zabraks, qui était en train de s’effondrer sur elle-même. Les Zabraks étaient bien partis pour remplacer les Skelors en tant que sous-peuple misérable.</p>
<p>Le corps de Tol Guela n’était plus qu’une vaste plaie. Il tenta vainement de se relever et s’aperçut que sa jambe gauche était tordue dans un angle anormal. Rien que de la regarder lui valut une nouvelle vague de souffrances. Comment était-il possible d’avoir aussi mal sans en mourir ?<br />
Un mouvement fugace attira son regard. Ven’Mar Ar-Din, ancien président de la république de Skelor I, se tenait dans l’encadrement de la porte du bureau de Tol Guela, l’air paniqué.<br />
Tol Guela ne dit rien. Parler était au-dessus de ses forces.<br />
Ar-Din fut poussé dans le dos et s’affala à son tour sur le sol. Un mercenaire entra derrière lui. Enfermé lui aussi dans un mutisme de mauvais aloi, il sortit d’une de ses poches un holoprojecteur miniature et l’activa. La silhouette minuscule de Ver’Liu So-Ren apparut, et l’hologramme du roi de Skelor I prit la parole :<br />
– Ven’Mar Ar-Din, pour vous être enrichi sur le dos des Skelors pendant des années et avoir contribué à laisser notre peuple dans la pauvreté la plus extrême, je vous condamne à mort. Tol Guela, pour avoir osé penser prendre la suite d’Ovelar Nantelek, vous êtes à mes yeux l’ennemi public numéro un. Vous aussi êtes condamné à mort. Bourreau, fais ton office.<br />
Le mercenaire sortit un blaster de taille respectable du holster passé à sa ceinture et, ignorant les supplications d’Ar-Din, lui colla un rayon laser dans le front. Tol Guela resta silencieux. Il ne supplierait pas, ce n’était tout simplement pas dans son caractère. Il se sentit même serein. Il avait mené sa vie comme il l’entendait, s’appuyant sur ses valeurs. Il ne regrettait rien.<br />
Sa dernière vision fut un flash sortant du blaster désormais dirigé sur lui.</p>
<p>– Mission accompli, chef, annonça le mercenaire à l’hologramme.<br />
– J’ai vu ça, Gerfried. Je donne l’ordre de faire virer la somme convenue sur le compte que vous avez choisi.<br />
– C’est un plaisir de faire affaire avec vous, votre altesse, fit le mercenaire avant de couper la communication.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Ver’Liu So-Ren éteignit la console de communication et se tourna vers Gok-Ar et Amo’Kar.<br />
– Mes ennemis sont maintenant morts, annonça froidement Ver’Liu.<br />
Ses deux vis-à-vis ne répondirent pas. Gok’Ar était le chef de la sécurité de Ver’Liu, il vénérait son roi et suivait aveuglément ses ordres. Tel était à ses yeux son devoir. Amo’Kar, le plus proche conseiller de Ver’Liu, avait lui plus de bouteille et n’avait pas peur d’aborder les sujets qui fâchaient :<br />
– Sire, votre vengeance est accomplie et je ne remets pas en doute la justice qui se cache derrière. Mais qu’en est-il de ma fille Sionarel ? Vos espions ont-ils pu retrouver sa trace ?<br />
– Non, répondit Ver’Liu en repoussant les émotions qui jaillirent en lui à l’évocation du sort de sa bien-aimée. Nul ne sait ce qui est passé par la tête de ce maudit Marton Karr quand il est venu l’enlever. Impossible de trouver la moindre piste menant à eux.<br />
– Qu’allez-vous faire, sire ? insista Amo’Kar.<br />
– Les recherches continuent, et elles continueront tant que nous n’aurons pas de réponse.<br />
Amo’Kar acquiesça du chef. Comme Ver’Liu avait changé avec les derniers événements ! Oublié le jeune adulte idéaliste qui venait juste de quitter l’adolescence. Le conseiller faisait désormais face à un souverain implacable, ce qui ne manquait pas de l’inquiéter. Ver’Liu semblait décider à ne reculer devant rien dans certains domaines.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Tel’Ay Mi-Nag était content de lui. Il avait pris possession des ruines de Meros V, celles-là même qui avaient abrité la Confrérie de Maal Taniet pendant des décennies. À charge pour lui de rebâtir la Confrérie, ce qui était en bonne voie. La confrérie avait compté des dizaines de membres au firmament de sa puissance. Aujourd’hui, ne restait plus Tel’Ay, Marton Karr… et Sionarel.<br />
Peu après l’explosion de la bombe qui avait visé Ver’Liu sur Velinia III, Tel’Ay s’était retrouvé face à la petite amie de son roi, inconsciente. Il s’était déjà rendu compte auparavant qu’elle était sensible à la Force, et s’était maintes fois posé la question de savoir si elle pourrait lui être utile en tant que tel. En la voyant à sa merci, il avait hésité avant de prendre une mesure draconienne : la placer en stase, que tout le monde assimilerait à un coma, en attendant de se l’approprier.<br />
Avant de partir affronter Dark Omberius, il avait donné pour instruction à Marton Karr d’enlever Sionarel, mission dont s’était parfaitement acquitté son apprenti. Tel’Ay ne doutait pas de réussir à manipuler suffisamment Sionarel pour qu’elle finisse à terme par adhérer aux croyances de la confrérie. Il envisageait même de lui faire un enfant : vu que tous deux étaient Skelors et possédaient une affinité avec la Force, les lois de l’hérédité donnaient de bonnes chances à un éventuel enfant issu d’une telle union d’être pourvu de la Force.<br />
Le quatrième membre de la nouvelle confrérie était Anaria, la seule qui ne soit pas sensible à la Force. Mais outre les liens certains qui unissaient la Wookiee à Tel’Ay, à force d’aventures en commun, le Skelor l’appréciait pour le point de vue qu’elle apportait, aux antipodes d’utilisateurs de la Force concentrés sur leur tâche. Ne restait qu’une chose à savoir. Quel était donc le rôle de la Confrérie de Maal Taniet ?</p>
<p>Tel’Ay s’était rendu compte au cours de ses récentes pérégrinations qu’il ne savait rien des buts et objectifs de la confrérie à laquelle il appartenait depuis sa plus tendre enfance. Maintenant qu’il avait accompli la mission que lui avait confié son défunt maître, à savoir éradiquer les Sith concurrents issus de la mouvance initiée par Dark Bane, il comptait bien en avoir le cœur net.</p>
<p>Il s’isola de ses compagnons et demanda à haute voix :
– Maître ?<br />
La silhouette fantomatique de Maal Gami apparut.<br />
– Je suis satisfait de tes actions, Tel’Ay. Tu as détruit notre ennemi Sith et tu as posé les fondements de la résurrection de notre Ordre.<br />
– Merci, mon maître. Puis-je enfin vous poser une question qui me taraude depuis quelque temps ?<br />
– Fais donc, apprenti.<br />
– Quelle est la finalité de la Confrérie de Maal Taniet ? Nous nous présentons comme étant des Sith, mais nous conservons notre libre arbitre. Nous ne nous laissons jamais submerger par le Côté Obscur, nous le maîtrisons et en faisons notre outil, malléable entre nos mains, contrairement aux anciens Sith, qui se sont entre-déchirés jusqu’à leur destruction, à l’exception de quelques-uns qui ont su évoluer. Les Jedi, quant à eux, sont des intégristes de la Lumière. Quelle est notre place là-dedans ?<br />
L’apparition spectrale laissa percer un mince sourire.<br />
– Je sais que le Jedi Yoda t’a parlé d’Even Peltuis, un ancien Jedi censé avoir créé la Confrérie. Tout cela est vrai. Notre Ordre est issu de la mouvance des Clairs-Obscurs, ces utilisateurs de la Force qui ne sont ni Sith ni Jedi.<br />
– Mais concrètement, qu’est-ce que cela veut dire, maître ?<br />
– Nous ne sommes ni Sith ni Jedi. Even Peltuis, quand il a créé notre Confrérie sous le nom de Maal Taniet, a voulu en faire un centre du savoir lié à la Force, indépendamment des structures existantes.<br />
– Alors que sommes-nous, maître ?<br />
– Nous sommes les gardiens du savoir ! Notre mission, telle que définie par Maal Taniet, est de collecter le plus possible de pouvoirs liés à la Force, qu’ils soient de mouvance Sith ou de mouvance Jedi. Nous sommes les gardiens de l’équilibre entre le Côté Lumineux et le Côté Obscur.<br />
– Je ne comprends pas, maître. Sommes-nous des Sith ou des Jedi ?<br />
– Ni l’un ni l’autre. Nous restons neutres. Les pouvoirs que nous nous approprions sont soigneusement conservés dans nos archives. Les conflits entre les diverses écoles de la Force sont si violents qu’ils nécessitent un intermédiaire, afin que leurs enseignements respectifs ne se perdent pas. Nous sommes les serviteurs de la Force, pas l’inverse !<br />
Tel’Ay digéra l’information, tranquillement. Voilà qui semblait si logique après coup ! Nul complot pour faire passer la galaxie sous une quelconque influence, bonne ou mauvaise. Les Tanietiens n’existaient que pour que les savoirs des différentes mouvances ne se perdent pas.<br />
Voilà qui ouvrait des perspectives plus qu’intéressantes à ses yeux…</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XXIVurn:md5:5ccd7c0337906e505e73ff22a36968692012-03-02T22:13:00+01:002013-07-08T15:22:33+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromansithStar Warstel ayécriture<p>Et voici l’ultime chapitre de ce roman, qui sera suivi d’un épilogue dès demain…</p> <h2>Chapitre XXIV</h2>
<p>Jarl’Ol In-Der était inquiet pour son avenir. Certes, il avait retourné les événements récents à son avantage, dans un élan d’opportunisme bien exploité, mais il n’en avait pas moins cruellement conscience de la précarité de sa position. Combien de temps faudrait-il avant que ses congénères, une fois l’euphorie de la libération passée, ne se retournent contre lui, qui avait soutenu l’ancien régime ?<br />
Les conséquences de la mainmise sur la planète par Ovelar Nantelek étaient édifiantes : Skelor I était ruinée et il faudrait sans doute des décennies avant qu’elle ne s’en relève. Toutes les infrastructures demandaient à être reconstruites à partir de rien, l’économie était en berne, la pauvreté omniprésente. Son expérience d’homme politique lui soufflait qu’il serait en danger dès que le mécontentement recommencerait à se faire entendre de la part de la population exploitée et humiliée depuis trois décennies.<br />
En tant que nouveau dirigeant de Skelor I, il devait redresser la barre, et vite, or il n’avait aucun moyen financier ni même de légitimité pour le faire. Il était en sursis. Il avait assuré sa survie, mais seulement à court terme.</p>
<p>La grand-place d’Ilyria-Na, qui faisait face au palais royal, était en permanence noire de monde. Les Skelors attendaient des réponses, ils voulaient savoir de quoi serait fait leur avenir. Le calme avant la tempête, craignait In-Der. Ce dernier avait désespérément besoin d’alliés. Il avait contacté la République mais l’équipe du nouveau Chancelier avait refusé de reconnaître son autorité et lui avait bien fait comprendre qu’elle se lavait les mains de la situation skelorienne. Secrètement, il s’était rabattu sur l’Hégémonie Zabrak. Mais l’instabilité politique semblait avoir aussi gagné les mondes zabraks, orphelins d’un dirigeant fort suite à la mort d’Ovelar Nantelek. Où qu’il se tourne, In-Der trouvait porte close.</p>
<p>De fil en aiguille et face à l’impatience grandissante des Skelors, il ne vit qu’une seule solution à l’impasse dans laquelle il se trouvait : il lui fallait conserver son beau rôle mais se mettre en retrait. Quoi qu’il arrive, il devait coûte que coûte garder son aura de libérateur et ne rien faire qui puisse se retourner contre lui. Pour cela, il devait se retirer de la vie politique, confier les rênes de la planète exsangue à une nouvelle équipe dirigeante qui elle, essuierait les plâtres et assumerait les conséquences d’une reconstruction qui risquait de prendre des décennies.<br />
À discuter avec les uns et les autres, à rassurer les gens, un leitmotiv émergea vite : les Skelors avaient entendu parler de Ver’Liu So-Ren, l’héritier de la couronne, sorti de nulle part et qui depuis des mois se battait pour faire reconnaître les droits de son peuple. Plus les heures passaient, plus l’idée d’un retour du roi faisait son chemin dans l’esprit des Skelors. La conscience collective était ainsi faite que beaucoup oublièrent que les dernières décennies de royauté avaient été le théâtre de la corruption et d’une cassure entre les rois et leurs sujets. La royauté avait viré à la dictature. Aujourd’hui, tout cela semblait oublié : les Skelors voulaient retrouver la stabilité, leur conscience d’être un peuple uni sous la férule d’une dynastie plusieurs fois centenaire, sacrée, protégée par le Grand Sweer.</p>
<p>In-Der se rendit à l’évidence : seul Ver’Liu So-Ren, qui avait une légitimité naturelle à diriger les Skelors et qui, disait-on, était à la tête d’une fortune conséquente, était à même de reprendre en mains la destinée de son peuple.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Un roi béni par le Grand Sweer ne pleure pas. Et pourtant, Ver’Liu avait du mal à se contenir. Il n’était plus le bienvenu dans l’espace républicain. Il devait partir en exil. Face à l’ampleur de son échec, face à la honte de n’avoir pas pu aider son peuple, il s’était demandé s’il ne devait tout simplement pas mettre fin à sa misérable existence de raté.<br />
Il avait rejeté cette idée avec rage. Il avait choisi sa voie, décidé d’assumer ses responsabilités envers les siens, coûte que coûte. Son propre sort n’entrait guère en ligne de compte. Le roi de Skelor était au service de son peuple, pas l’inverse. Ver’Liu avait payé le prix fort pour l’apprendre.</p>
<p>Alors qu’il était en route pour Velinia III, afin de mettre son peuple au fait des funestes nouvelles venues de Coruscant, Go’Kar, le chef de la sécurité suppléant Tel’Ay Mi-Nag, vint sonner à la porte de sa cabine. Fébrile, il entra et lança de tout à trac :<br />
– Monseigneur, j’arrive de la passerelle. Nous avons été contactés par un certain In-Der, dirigeant par intérim de Skelor I. Il affirme qu’Ovelar Nantelek est mort et veut que vous veniez sur la planète pour reprendre le trône !<br />
– Que… C’est impossible ! Tous nos efforts ont été vains et vous me dites que ce sont nos compatriotes, restés sur Skelor I qui ont finalement réussi là où nous avons échoué ?<br />
– Oui, monseigneur, acquiesça précipitamment Go’Kar, fébrile.<br />
– Et alors que la royauté a été indigne de son rang avant d’être chassée du pouvoir, notre peuple veut la restaurer ?<br />
– Monseigneur, quels qu’aient été les actes des rois du passé, votre lignée a été sacrée par le Grand Sweer lui-même. Quoi qu’on en dise, vous êtes la seule autorité légitime de la planète. La monarchie a été renversée il y a trente ans suite à un complot zabrak, et les conséquences pour notre peuple ont été dramatiques. Aujourd’hui, il préfère oublier la responsabilité de la royauté dans le coup d’État pour mettre l’accent sur la manipulation des Zabraks. Il considère que c’est une erreur qui doit être oubliée et réparée ! C’est une chance inespérée pour vous !<br />
Cette fois, Ver’Liu sentit les larmes monter à ses yeux, submergé par l’émotion. Il n’avait eu de cesse d’aider son peuple et voilà que celui-ci avait pris son destin en mains… et le voulait à sa tête. Même dans ses rêves les plus fous, il n’avait pas imaginé un tel retournement de situation.<br />
Il se força à respirer profondément pour se calmer et dit :<br />
– Passez-moi cet In-Der.<br /></p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Dès son arrivée sur Iridonia, Tol Guela fut accueilli comme le nouveau dirigeant légitime de l’Hégémonie. Même s’il passait le plus clair de son temps au sénat galactique, tout un chacun n’ignorait pas qu’il était le bras droit de feu Ovelar Nantelek. Il s’empressa de rassurer immédiatement l’État-major et les gouvernants locaux, en assurant qu’il allait mener une politique conforme à celle de son prédécesseur.<br />
Il reçut également une délégation de mercenaires, qui s’inquiétaient de leur avenir, entre le changement politique à la tête de l’Hégémonie et l’existence des droïdes de combat d’Ovelar Nantelek. Tol Guela prit soin de souligner que les mercenaires formaient le nerf de l’armée, les droïdes ne faisant office que de chair à canon. Cette explication suffit amplement aux soldats : être aussi grassement payé que sous la férule de Nantelek tout en étant amenés à moins risquer leur peau leur convenait on ne peut mieux.</p>
<p>Bien qu’affaiblie, la puissance militaire de l’Hégémonie restait conséquente, et Guela comptait bien s’en servir à son avantage. Les dernières nouvelles du Sénat et de la politique de Canawasi le ravissaient, mais apprendre que les Skelors étaient bien partis pour reprendre la main sur leur planète lui parut inacceptable. Il aurait dû anticiper le fait que les mercenaires ayant quitté Skelor I, ses habitants redeviendraient libres.<br />
Guela avait beau être un Zabrak rompu à toutes les ficelles de la politique, il avait de sérieuses lacunes militaires. Il devrait bien s’entourer à ce niveau s’il voulait préserver la puissance de l’Hégémonie.</p>
<p>En gage de bonne foi envers les combattants de chair et de sang rangés à ses côtés, il se résolut à faire virer une somme confortable sur les comptes des compagnies de mercenaires. Il s’introduisit dans les ordinateurs gérant les finances de l’Hégémonie ; Ovelar Nantelek lui faisait assez confiance pour lui avoir donné les codes d’accès à ses richesses.<br />
Le sang lui monta au visage d’un coup quand il s’avisa que le premier compte qu’il ouvrit était vide. Idem pour le second. Et le troisième. Ses mains tremblèrent, de plus en plus, au fur et à mesure qu’il se rendit compte que tous les comptes utilisés par l’Hégémonie avaient été consciencieusement vidés. Tous sans exception. L’Hégémonie était ruinée.<br />
<em>Ce n’est pas possible, ça ne peut pas arriver</em>, se dit Guela en pianotant furieusement sur sa console. <em>Il y a des comptes cachés, Nantelek était un vieux renard</em>. Pourtant, il ne trouva rien.<br />
Il appela sur-le-champ le ministre de l’économie, qui tomba des nues en apprenant la nouvelle et se mit à son tour à chercher les informations dans les ordinateurs gouvernementaux d’Iridonia. Son action fut aussi vaine que celle de son supérieur.</p>
<p>Sans fonds d’aucune sorte, L’Hégémonie se retrouvait dans l’impossibilité de continuer à exercer ses pressions. Pire encore, elle ne disposait visiblement même plus de quoi faire illusion en attendant de découvrir ce qui s’était passé. C’était la pire des catastrophes, et Tol Guela se vit déjà comme un homme mort. N’était-il venu sur Iridonia que pour assister à la chute de son peuple, à l’effondrement de l’empire créé par Ovelar Nantelek ?</p>
<p>Alors qu’il n’imaginait pas que pire chose puisse se produire, Guela fut tiré de sa panique par plusieurs consoles de communication, qui se mirent à triller à qui mieux mieux.<br />
– Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il en en allumant une au hasard, s’attendant au pire.<br />
– Monsieur le président, c’est une catastrophe : les vestiges de notre flotte viennent d’exploser !<br />
– Quoi ? C’est une attaque ?<br />
– Non, monsieur. La flotte était en orbite, en réparation ou attendant de nouveaux ordres. Soudain, sans signe annonciateur, elle a explosé !<br />
Guela ne perdit pas de temps à répondre et coupa la communication, avant de prendre dans la foulée un nouvel interlocuteur.<br />
– Quoi encore ?<br />
– Monsieur le président, la nouvelle vient de tomber : le chantier naval de Skelor I vient d’être victime d’un sabotage. Il a été la proie d’explosions puissantes, il n’en reste que des ruines en orbite. C’est d’autant plus étrange qu’aucun vaisseau ennemi n’a été détecté avant la destruction.<br />
Guela abattit son poing sur la console de communication. Hébété, il ignora les autres sonneries. C’est à peine s’il réagit quand il entendit un bruit sourd et que la pièce trembla brièvement. À vrai dire, il ne fut même pas étonné par l’événement, quel qu’il puisse être. À ses côtés, le ministre de l’économie se tint prudemment coi, jusqu’à ce qu’un assistant de Guela entre en courant.<br />
– Monsieur le président, il s’est produit une catastrophe incroyable ! Tous les droïdes de combat ont cessé de fonctionner et certains ont même explosé, provoquant des dégâts monstrueux à travers l’Hégémonie.<br />
– Nous n’avons donc plus aucun droïde en état de fonctionner ? demanda Guela, très calme.<br />
– Non, monsieur !<br />
– Et nos vaisseaux n’existent plus. Et l’Hégémonie est ruinée, poursuivit-il, impassible.<br />
Sous les yeux éberlués du ministre et de l’assistant, il fut pris d’un irrépressible fou rire, qui dura d’interminables secondes avant de laisser place à une crise de larmes. L’assistant s’empressa d’aller verrouiller la porte du bureau, peu désireux que quiconque voit le maître de l’Hégémonie dans un tel état.</p>
<p>Tol Guela finit par se reprendre. Il douta de jamais comprendre ce qui venait de se passer mais refusa de baisser les bras. Il était le leader des siens, il se devait à son peuple. Il comprit également que la paix de l’esprit lui serait désormais à jamais refusée.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Ver’Liu So-Ren fut euphorique après sa communication avec Jarl’Ol In-Der. Le maître autoproclamé de Skelor I ne lui avait pas moins proposé que de restaurer la monarchie sur la planète. Une occasion inespérée pour Ver’Liu d’aider son peuple et de parvenir à ses fins.<br />
Les nouvelles qui avaient suivi, à savoir la destruction mystérieuse de la flotte et des droïdes de l’Hégémonie, n’avaient fait que le conforter dans son état d’esprit. Tous les obstacles à sa prise de pouvoir se dissipaient comme par enchantement !<br />
Le jeune Skelor n’avait qu’une peur : ouvrir les yeux sur une réalité toute autre, tellement il lui semblait vivre un rêve éveillé. Par contre, apprendre que le corps de Tel’Ay Mi-Nag avait été retrouvé près de celui d’Ovelar Nantelek le plongea dans une tristesse sincère : sans cet utilisateur de la Force, il serait mort plusieurs fois et ne serait jamais parvenu à son but. Aujourd’hui plus que jamais, il éprouvait de la gratitude envers lui… et il n’aurait jamais plus la possibilité de le récompenser.</p>
<p>Sur l’insistance de Ver’Liu, le croiseur qui le transportait fit une halte sur Velinia III. La menace que les Zabraks faisaient planer sur la galaxie s’était désormais éteinte, notamment suite aux dernières nouvelles qui indiquaient que l’Hégémonie Zabrak était en faillite. Tout continuait à sourire à Ver’Liu, qui n’y comprenait goutte mais entendait bien en profiter.<br />
Son euphorie disparut brutalement, alors que son croiseur se positionnait en orbite de Velinia III. Amo’Kar, son fidèle conseiller, entra en contact avec lui et lui demanda de tout à trac :<br />
– Alors, comment va Sionarel ?<br />
– Comment ça, comment va Sionarel ? Ce serait plutôt à toi de me répondre vu qu’elle se trouve sur Velinia !<br />
– Ne vous moquez pas de moi, sire, c’est inhumain ! Vous l’avez fait amener jusqu’à vous hier en affirmant que vous aviez trouvé un moyen de la sortir de son coma !<br />
– Mais enfin de quoi parles-tu, Amo’Kar ?<br />
– Je parle de l’assistant de Tel’Ay, l’humain Marton Karr. Il est venu hier en votre nom et a réclamé le corps de Sionarel pour la conduire jusqu’à vous afin qu’elle soit soignée.<br />
– Je n’ai jamais donné un tel ordre à ce Karr !<br />
– Alors ce serait Tel’Ay ?<br />
– Tel’Ay est mort, la nouvelle a hélas été confirmée.<br />
– Mais alors qu’est-ce ? Un enlèvement ? demanda Amo’Kar sur un ton fébrile à l’idée que sa fille soit en danger.<br />
– Je n’en sais rien, Amo’Kar, mais je vais tout faire pour apprendre la vérité, je te l’assure !<br />
Ver’Liu coupa la communication. Sionarel… la première Skelor qu’il ait rencontré en dehors de sa famille… L’émerveillement de voir une de ses congénères… la magie de l’instant… l’amour qui était né entre eux.<br />
Cet enlèvement était-il une mesure de représailles de la part des Zabraks ? Mais comment auraient-ils pu circonvenir Marton Karr, l’assistant de Tel’Ay ? L’utilisateur de la Force avait toute la confiance de Ver’Liu, il avait assez donné de sa personne en vue de le garder en vie pour cela. Il ne pouvait exister aucune corrélation entre Tel’Ay et les Zabraks, c’était impossible !</p>
<p>Pourtant, une fois que Ver’Liu eut retrouvé Seperno et Amo’Kar à la surface et qu’ils eurent eu une conversation, il n’y eut plus de doute : Marton Karr avait emmené le corps de Sionarel avec lui, prétextant un ordre de Ver’Liu. Le but de l’ancien apprenti Jedi était mystérieux, mais Ver’Liu engagea immédiatement une équipe de chasseurs de primes pour enquêter sur l’événement.<br />
S’il n’y avait pas eu la perspective de s’asseoir sur le trône et tous les préparatifs qui en découlaient, il aurait été effondré. Il aimait Sionarel de toute son âme, comme seuls les jeunes gens ont le pouvoir de le faire. Il l’avait imaginée reine à ses côtés.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Verinis était ravi. Grâce aux conseils prodigués par l’holocron de Dark Omberius, son défunt – il avait senti sa disparition dans la Force – maître, il avait gagné Muunilinst, l’un des sites bancaires les plus réputés de la galaxie. De là, avec les codes d’accès fournis par l’holocron, vider tous les comptes bancaires de l’Hégémonie des mondes zabraks avait été un jeu d’enfant. Une formidable commission versées aux intermédiaires avait été le gage de la réussite de l’opération, menée dans une discrétion imparable. Les banquiers muun avaient en outre prouvé à cette occasion leurs capacités exceptionnelles à brouiller les pistes dans les transferts de fonds. Personne ne pourrait remonter jusqu’à Verinis.<br />
Le Duro était désormais à la tête d’une des fortunes les plus importantes de toute la galaxie. À charge pour lui de la faire fructifier pour en faire l’une des armes fatales des Sith dans leur conquête de la galaxie. Un jour, ils auraient leur revanche sur la République et sur l’Ordre Jedi.</p>
<p>L’holocron lui apprit également que tous les vaisseaux et droïdes de l’Hégémonie disposaient d’un système de sécurité connu seulement de Dark Omberius. De ce fait, le Seigneur Noir des Sith pouvait se débarrasser de ses troupes en un seul geste, par le biais d’une ligne de commande implantée dans le système informatique qui supervisait toute la technologie de guerre zabrak. L’ersatz d’Omberius lui expliqua que pouvoir détruire quelqu’un ou quelque chose était une manière infaillible d’asseoir sa supériorité dessus, et il lui avait enjoint de tout faire disparaître.<br />
Verinis avait protesté, affirmant que la situation n’était pas si tragique que cela, que les Sith pouvaient encore l’emporter, mais Omberius avait été intraitable. Son maître-plan pour s’emparer de la galaxie avait été un échec, et toutes les preuves de ses agissements devaient être éradiquées. Verinis était le nouveau Seigneur Noir des Sith, il devait s’appuyer sur les échecs de ses prédécesseurs pour ourdir de nouveaux plans, quitte à ce qu’il n’en voit pas le résultat de son vivant. Seul comptait l’Ordre Sith, l’individu n’était rien en comparaison.<br />
Le Duro allait devoir apprendre à penser à long terme. Repenser toutes les machinations ourdies par les Sith depuis six cents ans. Dans un seul but : que la République et l’Ordre Jedi tombent. Un jour.<br />
En attendant, à titre personnel, il devait développer ses pouvoirs et puiser ses connaissances dans les holocrons. Et trouver lui-même un apprenti afin que les Sith survivent dans l’ombre. Dans l’ombre de l’ombre.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>– Alors, Jedi Yoda, où en sommes-nous sur Skelor I ? demanda Maddeus Oran Lijeril au minuscule hologramme du non moins petit être vert.<br />
– Bien des nouvelles je suis en mesure de confirmer, maître. Nantelek mort est, son cadavre j’ai vu de mes propres yeux.<br />
– Et qu’en est-il du Sith Tel’Ay Mi-Nag ?<br />
– Le même sort il a subi. Atrocement mutilé est son visage, au point qu’impossible il est à identifier formellement. Mais le doute n’est pas permis : jamais ce sombre utilisateur le Gant de Vèntorqis n’aurait laissé derrière lui. L’artefact j’ai récupéré, sur Coruscant je le ramènerai.<br />
– Les Sith sont donc définitivement éradiqués, selon vous ?<br />
– Aucun doute il ne subsiste à mes yeux, répondit Yoda.<br />
– Parfait. Dans ce cas, profitez bien du spectacle offert par le couronnement.<br />
– Merci, maître. Qu’avec vous la Force soit.</p>
<p>Yoda coupa la communication avec Coruscant et se rapprocha de la fenêtre. En contrebas, sur la grand-place d’Ilyria-Na, une foule compacte et en liesse acclamait le retour au pouvoir de la lignée du Grand Roi Dio’Roda.<br />
Ver’Liu So-Ren, revêtu des atours somptueux des rois de Skelor, affichait un masque de sérénité et de dignité qui seyait particulièrement bien à un monarque. Le char en bois de volin dans lequel il se tenait debout remontait lentement un tapis blanc traversant la grand-place, en direction du palais royal. L’air altier, il répondait de temps à autre par un signe de la main aux cris enthousiastes de la foule en délire, fière de se ranger à nouveau derrière la bannière de son roi.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XXIIIurn:md5:b56f23166ed7fb898eb8a4c8d14267122012-03-01T08:24:00+01:002013-07-08T15:23:06+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Avant-dernier chapitre… Tout va de mal en pis pour Ver’Liu, tandis que Tel’Ay, victorieux de son rival Sith, peut commencer à envisager l’avenir…</p> <h2>Chapitre XXIII</h2>
<p>Dès que la grande porte à double battant se ferma devant elle, la coupant de Tel’Ay et laissant ce dernier seul face à son ennemi, Anaria hurla sa fureur et se jeta de toutes ses forces sur l’obstacle. Celui-ci ne bougea pas d’un poil. L’épaule de la Wookiee ne résisterait pas longtemps à de tels coups de butoir.</p>
<p>Elle fit demi-tour au pas de course pour délester de leurs armes les cadavres que Tel’Ay avait laissé derrière lui. Ils n’avaient pas d’armes plus puissantes que des fusils blaster. Plusieurs allers-retours plus tard, elle possédait un joli nombre d’armes de poing, dont elle fit à tas à une dizaine de mètres de l’infranchissable porte. Elle mit un genou à terre et empoigna la première arme venue.<br />
Elle tira salve sur salve, jusqu’à ce que le blaster chauffe de manière alarmante. Elle le jeta derrière elle et prit la suivante pour recommencer son manège. Rongée par la frustration, elle s’inquiétait pour Tel’Ay. S’il mourait alors qu’elle avait contracté une dette de vie envers lui, elle serait à nouveau déshonorée, à jamais cette fois-ci.<br />
Le maudit panneau de bois était réellement très résistant : une simple tache de brûlé marquait le fruit des tirs d’Anaria. Elle serra les dents et continua à appuyer sur la gâchette, ignorant la fumée et l’ozone qui allaient de pair avec les lasers sortant de la gueule des armes, et qui lui piquaient les yeux.</p>
<p>Elle avait épuisé quatre blasters avant de se morigéner : elle avait oublié qu’elle avait deux mains ! Elle continua son œuvre de destruction, une arme dans chaque main.<br />
D’interminables minutes plus tard, pour la première fois, un de ses tirs n’explosa pas à la surface de la porte mais la traversa. Dès lors, elle redoubla d’efforts et ne fut pas longue à voir un trou se former. Elle n’eut de cesse de l’agrandir consciencieusement et, quand elle estima pouvoir passer, elle s’arma de deux nouvelles armes avant de se jeter par l’ouverture.</p>
<p>Elle se figea face à la scène : Tel’Ay gisait face contre terre, tout comme un Zabrak d’un certain âge non loin de là. La tête de ce dernier était détachée de ses épaules.<br />
Elle se précipita sur le Skelor et le retourna avec des précautions étonnantes pour une créature aussi forte. Sa respiration n’était qu’un mince souffle. Anaria gémit. Il ne pouvait pas mourir, pas maintenant qu’elle l’avait rejoint. Elle ne devait pas le permettre, son honneur était en jeu. Et c’était le Sith lui-même qui lui avait donné les moyens de le restaurer. Elle ne l’abandonnerait pas.<br />
Anaria vit avec stupéfaction que Tel’Ay n’avait aucune blessure visible. N’était-il donc qu’épuisé ? Elle n’osait le rêver, d’autant que son instinct lui soufflait qu’au contraire, la vie s’échappait peu à peu de lui. Mais comment soigner l’insoignable ?<br />
Elle s’avisa de ce qu’elle estima être une anomalie et reposa délicatement le Skelor au sol. Elle fouilla la vaste pièce du regard et elle trouva l’objet de sa recherche : le Gant de Vèntorqis. Pourquoi Tel’Ay ne le portait pas, elle l’ignorait, mais elle savait en revanche qu’il s’agissait d’un puissant artefact Sith. Peut-être pouvait-il sauver son maître ?<br />
Anaria n’hésita pas longtemps avant de s’emparer du Gant et de l’enfiler sur la main gauche du Skelor. Puis elle posa la tête de Tel’Ay sur ses genoux, avant de lui chanter une comptine d’une voix apaisante. Elle-même se sentait dans un état de légère euphorie, teintée d’une douce sérénité.</p>
<p>Ro’Lay… Dibidel… Pourquoi Tel’Ay s’attachait-il aux souvenirs de ses défunts fils et femme dans les moments les plus importants de son existence, quand il était sur le fil de rasoir ? C’était comme s’il se battait en leur nom, alors même qu’il les avait tués de ses propres mains. Il y avait une faille béante dans sa logique. Ces événements tragiques le poursuivraient à jamais, ne le laisseraient jamais tranquilles. Il l’acceptait, pourtant. Tous les actes qu’il avait commis dans sa vie modelait son être, faisaient de lui ce qu’il était.<br />
Il avait été l’apprenti fidèle de Maal Gami depuis son plus jeune âge, avant de quitter la Confrérie pour mener sa propre vie, en réponse à son désir de fonder une famille. Il avait connu l’amour de Dibidel, et son existence en avait été bouleversée. Il était devenu un être ordinaire, un colon, et avait été jusqu’à se couper volontairement de la Force, sans le moindre regret. Il avait tutoyé le bonheur, mais comme souvent dans ces cas-là, ne s’en était rendu compte que trop tard. Il avait renoué avec son passé de Sith, avec ses pouvoirs, avec sa Confrérie, afin de sauver sa femme et son fils emmenés par des mercenaires togoriens, en vue d’en faire des esclaves au service d’Arbella la Hutt. Lors de cette mission de sauvetage, qu’il avait mené aux côtés de son ancien condisciple et meilleur ami, Kuun Hadgard, l’humain rieur, il avait fini par craquer et avait complètement basculé dans le Côté Obscur de la Force. Il en avait perdu le contrôle, s’était laissé dominer par lui, tournant non seulement le dos aux enseignements de son maître, mais également aux piliers de sa vie : il avait tué Dibidel et Ro’Lay. Puis Kuun.<br />
Sa rencontre avec Anaria avait tout changé, un an plus tard, alors qu’il s’enfonçait chaque jour un peu plus dans la déchéance et l’hébétude, véritable fantôme avant l’heure, l’esprit vidé de tout. Plus encore qu’avoir croisé la route de la Wookiee, les retrouvailles avec son défunt maître lui avait redonné non pas le goût de vivre, mais un but, un objectif.</p>
<p>Tel’Ay ouvrit les yeux et grogna. Il se sentait si las. Mais il se força à s’asseoir, au bord de la nausée. Il sentait posés sur son dos les yeux réprobateurs de son invisible maître, qui le toisait avec mépris. Tel’Ay tremblait de tous ses membres mais peu importait. Il devait se lever. Il devait aller de l’avant. Il avait une mission à accomplir. Tout n’était pas joué ni terminé. Il lui fallait encore respecter la promesse faite à son maître : faire renaître de ses cendres la Confrérie de Maal Taniet.<br />
Tel’Ay avisa avec surprise le Gant de Vèntorqis passé à son poing. Plus étonnant encore, Anaria était assise à ses côtés, mais le regard vide, comme si elle dormait les yeux ouverts. Elle n’avait pas conscience de sa présence. Il sentit un mince courant de Force. Se concentrer dessus lui apprit que le flux de midi-chloriens venait d’Anaria et traversait le Gant de Vèntorqis pour se répandre dans son propre corps.<br />
– Tu es décidément un drôle de compagnon, dit Tel’Ay au Gant. Te voilà vampire à mon service, désormais, après avoir voulu faire de moi ta chose ? Tu cherches à te faire pardonner ?<br />
La robustesse des Wookiees n’était plus à démontrer, aussi Tel’Ay n’interrompit-il pas tout de suite le transfert d’énergie vitale en provenance de son amie : il avait besoin de recouvrer des forces. Il surveilla tout de même de près le processus. Hors de question de mettre en danger la vie d’Anaria. Il reprendrait le contrôle du Gant dès qu’il sentirait que la Wookiee déclinerait. Ce qui ne tarda pas à se produire.</p>
<p>D’une impulsion mentale, Tel’Ay fit cesser l’action du Gant. Anaria sursauta, comme réveillée en sursaut.<br />
– Tel’Ay, tu es conscient !<br />
– Oui, sourit le Skelor. Merci pour tout, au fait. Je n’aurais pas pu accomplir quoi que ce soit sans toi.<br />
– Hum, tu n’es pas dans ton état normal si tu profères de telles paroles. Tu es sûr que tu te sens bien ?<br />
– Mieux que jamais. La route qui mène à la rédemption envers mon maître et ma Confrérie est longue, mais elle est aujourd’hui dégagée, avec la mort de Dark Omberius. Viens, nous avons encore beaucoup de travail. Il faut préparer l’avenir, désormais.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>L’annonce des résultats du scrutin pour élire le nouveau Chancelier de la République fut un grand soulagement pour Maddeus Oran Lijeril. Sous les applaudissements des sénateurs, l’Iktotchi Saratama Canawasi devint l’homme politique le plus puissant de la galaxie.<br />
Il fut énormément sollicité dans les premières heures de son avènement. Ses équipes étaient prêtes à prendre les rênes, commença alors une période de transition au cours de laquelle le gouvernement précédent partagea ses dossiers en cours.<br />
Quand Canawasi fit venir Ver’Liu So-Ren pour un entretien confidentiel et privé, celui-ci sentit une boule se former dans son estomac. Le nouveau Chancelier avait été très clair dans ses intentions concernant les Skelors.<br />
– Votre excellence, fit Ver’Liu en s’inclinant légèrement quand il fut dans le bureau de Canawasi. Celui-ci se contenta de hocher la tête et de désigner le fauteuil vide qui faisait face au sien.<br />
– Bon, je n’irais pas par quatre chemins avec vous, So-Ren. La planète Skelor I appartient à l’Hégémonie des mondes zabraks. Ses habitants aussi, par extension. Comme je l’ai dit pendant ma campagne, il faut que les Skelors cessent d’être apatrides. Il est clair que c’est une situation politique confuse, vectrice d’insécurité et d’instabilité. Il faut y mettre un terme ! Le choix des Skelors est donc très simple : regagner l’Hégémonie, de gré ou de force. Ou demander, individuellement, leur naturalisation au sein de la République.<br />
Ver’Liu pâlit. C’était la fin de tous les espoirs qu’il avait suscité pour son peuple.<br />
– Chancelier, vous ne pouvez pas faire ça ! Les Skelors qui ont fui Skelor I suite au coup d’État d’il y a trente ans seraient en danger de mort s’ils y retournaient !<br />
– Ce n’est pas mon problème, répliqua sèchement Canawasi. Sans vous et vos revendications, rien de tout cela ne serait arrivé ! Vous n’êtes qu’un fauteur de troubles ! Tout ce qui est arrivé est de votre faute ! Combien de vies ont été perdu à cause de votre ambition ?<br />
– Je n’ai pensé qu’au bien de mon peuple, je me suis battu pour lui rendre sa dignité !<br />
– Et bien vous n’auriez pas dû, car tout ce que vous avez réussi à faire est de le condamner !<br />
Ver’Liu bouillonnait intérieurement. Les choses auraient été tellement plus simples si ce maudit Iktotchi avait soutenu sa position. Devait-il retomber dans la voie de la violence, comme il l’avait déjà fait dans un passé récent ? Mais sans appui politique majeur, il ne serait rien d’autre qu’un pirate ; son peuple serait stigmatisé, il subirait les conséquences des actes inconsidérés de son souverain. Cela, Ver’Liu ne pouvait pas l’accepter. Son peuple passait avant lui et il en serait toujours ainsi.<br />
Devait-il emmener les siens en exil, loin de la République et de l’Hégémonie ? Cette solution avait ses avantages mais également ses inconvénients : le peuple skelorien serait isolé du reste de la galaxie, sans doute pour très longtemps. De plus, il serait particulièrement vulnérable.<br />
Ver’Liu s’était senti investi de la mission de mener son peuple, d’être à son service. Accepter le choix offert par le Chancelier Canawasi serait un terrible constat d’échec, dont le jeune souverain en exil porterait le poids sur ses épaules. Désireux de sauver son peuple, il n’aurait en fin de compte que précipiter sa chute.<br />
Le choix était impossible.<br />
– Encore une chose, So-Ren.<br />
– Oui, Chancelier ?<br />
– Pour des raisons politiques évidentes, il est hors de question que vous soyez naturalisé républicain. Je vous donne vingt-quatre heures pour quitter Coruscant et l’espace républicain. Sinon, je n’hésiterai pas à vous livrer aux autorités de l’Hégémonie et ferai confisquer tous vos biens. Est-ce clair ?<br />
– Très clair, articula Ver’Liu, sonné par de telles nouvelles.<br />
– Dans ce cas, je ne vous retiens pas, vous avez vos bagages à préparer, si je ne m’abuse.<br />
C’est un Ver’Liu So-Ren totalement anéanti qui sortit des quartiers du Chancelier.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Dans les couloirs en ébullition du palais royal, Tel’Ay et Anaria croisèrent beaucoup de Skelors en proie à la panique. Sans prévenir, les mercenaires s’étaient abattus sur la population, se livrant à des scènes de vol et de pillage avant de quitter la planète à bord de leurs vaisseaux.</p>
<p>Sur la grand-place du palais royal régnait un chaos indescriptible : la colère le disputait à la peur, des Skelors se battaient entre eux, parfois sans même savoir pourquoi. Tel’Ay et Anaria se coulèrent à travers la foule, encapuchonnés sous de larges manteaux empruntés à la garde-robe d’Omberius. Le Côté Obscur était à l’œuvre et faisait sentir son insidieuse emprise sur les habitants désemparés. Tel’Ay s’en délectait et y puisait de nouvelles forces.<br />
D’ici peu de temps, des pillards plus courageux que la moyenne – ou simplement ivres de fureur primitive – s’en prendraient au palais et à ses richesses. Ils finiraient par tomber sur le corps d’Ovelar Nantelek, alias Dark Omberius. Ils trouveraient également un autre corps. Celui d’un Skelor vêtu d’une combinaison noire, au visage inidentifiable, mutilé comme il l’était par un coup de sabrolaser. À son poing gauche, ils verraient le Gant de Vèntorqis.<br />
Ce n’est pas sans regret que Tel’Ay s’était séparé de l’artefact, symbole de la Confrérie de Maal Taniet, et artefact dont il avait à peine commencé à prendre la mesure. Néanmoins, Tel’Ay avait estimé ce sacrifice indispensable pour le but qu’il s’était fixé : disparaître aux yeux de la galaxie, et surtout à ceux des Jedi. S’il voulait vivre en paix et restaurer le pouvoir de sa Confrérie, il devait impérativement être considéré comme mort.</p>
<p>Que les habitants de sa planète s’entre-tuent l’indifférait au plus haut point, de même que le sort de Ver’Liu. Tous n‘avaient été que des pions pour lui. Maintenant qu’ils ne lui servaient plus à rien, il se désintéressait totalement de leur sort.<br />
Fort de ses pouvoirs acquis récemment sur les machines, Tel’Ay n’eut aucun mal à déverrouiller un landspeeder pour s’en emparer. Dès qu’Anaria et lui seraient revenus à leur vaisseau, le Skelor prendrait contact avec son apprenti, Marton Karr. Il avait une mission pour lui…</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Les ministres du gouvernement fantoche de Skelor I étaient conscients que leur vie ne tenait qu’à un fil. Le président de la république skelorienne, Ven’Mar Ar-Din, s’était enfui avec des mercenaires zabraks, les abandonnant à leur sort. Même les mercenaires d’Ovelar Nantelek, qui les protégeaient en temps normal, étaient partis. Livrés à eux-mêmes, ils risquaient la mort s’ils sortaient du palais. La population semblait être la proie d’envies révolutionnaires.<br />
Comme si cela ne suffisait pas, ils avaient découvert le corps d’Ovelar Nantelek. Le maître de l’Hégémonie Zabrak mort, l’avenir n’en devenait que plus incertain. Qui les protégerait, désormais ?</p>
<p>Ce fut le vice-premier ministre, Jarl’Ol In-Der, qui prit les choses en main. Il rassembla le plus possible d’employés skeloriens du palais et les convainquit de s’armer face aux insurgés. Ceux-ci n’hésiteraient pas à les tuer, rien que parce qu’ils avaient été au service des dirigeants de la planète. Une fois que les serviteurs du palais furent acquis à sa cause, il leur fit miroiter la promesse de carrières intéressantes et d’énormes primes numéraires comme immobilières pour prendre fait et cause pour lui.</p>
<p>À la tête de la vingtaine de Skelors qu’il avait réussi à rassembler, il gagna la salle du trône.<br />
– Attendez-vous à une drôle de surprise, annonça-t-il à ses hommes.<br />
Ils le suivirent dans la salle du trône et virent les deux cadavres : celui du Skelor défiguré, et celui d’Ovelar Nantelek décapité.<br />
Faisant fi de sa révulsion à la vue des corps, Jarl’Ol In-Der agrippa par les cheveux la tête de Nantelek et la montra ostensiblement à tous.<br />
– Ovelar Nantelek est mort ! Nous sommes libres ! Nous avons tué Nantelek ! Nous avons tué Nantelek !<br />
Cette dernière phrase fut bientôt reprise en chœur par ses suiveurs, contaminés par sa ferveur et l’accent de triomphe dont il enrobait ses paroles.<br />
Ils sortirent de la salle derrière In-Der en chantant leur joie d’être débarrassés du tyran zabrak. Quand ils sortirent du palais en exhibant leur funeste trophée, ils étaient presque convaincus d’avoir tué eux-mêmes Nantelek. Ils étaient les libérateurs des Skelors. Les combats cessèrent sur la grand-place, et tous les Skelors présents vinrent se ranger derrière In-Der. Il était désormais à la tête de la révolution.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XXIIurn:md5:9534ea5c2d64402ef5cf7d09f41320e52012-02-22T17:05:00+01:002013-07-08T15:27:06+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Suite et fin du duel entre Tel’Ay et Dark Omberius…</p> <h2>chapitre 22</h2>
<p>D’une pichenette mentale, Dark Omberius fit se refermer la lourde porte, étouffant le cri d’Anaria, restée derrière.<br />
– C’est maintenant que tout se termine, Skelor.<br />
– Oui, il est grand temps… Zabrak, fit Tel’Ay en se mettant en garde.<br />
Dark Omberius était habité par l’incertitude la plus totale. Il avait déjà vécu cette scène en rêve. Et dans celui-ci, le Skelor l’abattait à l’aide d’un sabrolaser rouge parcouru d’éclairs bleus. Omberius ne comprenait pas : en matière de maîtrise de la Force, il ne se connaissait pas d’égal. Comment ce méprisable Skelor, dernier survivant d’une secte Sith concurrente à la sienne, pouvait-il s’avérer assez puissant pour le vaincre ? Quoi qu’il en fut, Omberius était prêt.<br />
– Pourquoi, Zabrak ? Pourquoi as-tu éprouvé le besoin de détruire la Confrérie de Maal Taniet ? demanda Tel’Ay.<br />
C’était une chose que le Skelor n’avait jamais comprise. Il ne pouvait croire qu’il s’agisse d’une simple histoire de concurrence entre courants Sith divergents. Peut-être y avait-il une histoire plus personnelle entre Maal Gami et Dark Omberius, comme il le soupçonnait ?<br />
À la grande surprise de Tel’Ay, Omberius sourit froidement et répondit :<br />
– Chacune des lignées Sith auxquelles nous appartenons poursuit ses propres buts et accroît sa puissance génération après génération. Nous nous appuyons sur ce que nos maîtres ont bâti pour parachever leur œuvre. La secte dont je suis issu et qui remonte à Dark Bane a pour but d’asservir la galaxie et de détruire l’Ordre Jedi.<br />
– Tu es plutôt mal parti, ricana Tel’Ay. Tes machinations politiques et militaires, ainsi que ta mainmise sur l’Hégémonie Zabrak sont un échec total. Quant à détruire l’Ordre Jedi… tu crois vraiment qu’une secte Sith composée de trois utilisateurs de la Force en soit capable ? Tu es encore plus fou que je ne le pensais !<br />
– Mes plans sont certes tombés à l’eau, mais ils représentent un très bon échec. Il y aura beaucoup d’enseignement à en tirer pour mes successeurs. Les analyses qui en découleront rendront mon Ordre plus fort, plus puissant. Je me trompais en pensant le moment venu de passer à l’attaque, je sais aujourd’hui que je n’étais pas prêt. Mais mon Ordre va retourner à la clandestinité pour ourdir ses plans, patiemment. Il se pourrait bien qu’il faille à nouveau des siècles avant que nous ne soyons capables d’arriver à nos fins, mais ce moment viendra, sois-en sûr.<br />
– Je crains que tu ne t’avances beaucoup en estimant pouvoir transmettre ton savoir. Tu vas mourir aujourd’hui même.<br />
– Nous verrons cela, Skelor, nous verrons cela…<br />
– Je ne comprends toujours pas ce que vient faire là-dedans la confrérie de Maal Taniet. Nous ne sommes pas des Jedi et nous ne nous intéressons pas à la conquête de la galaxie. Pourquoi avoir essayé de nous détruire ?<br />
– Officiellement, les Sith n’existent plus depuis les batailles de Ruusan. Mais la vérité est que plusieurs courants s’appuyant sur le Côté Obscur de la Force ont survécu. Mon Ordre revendique la suprématie sur tous les Sith. À nos yeux, ils sont tous engagés sur une mauvaise voie, ce sont des déviants. Nous existons donc également pour être les <em>seuls</em> Sith. Les anéantir prouvera que nous sommes les meilleurs, que la voie que nous suivons est la bonne.<br />
– Alors c’est une simple question de suprématie, de prestige ? Je n’aurais jamais pensé que des Sith puissent poursuivre un but aussi trivial. En fin de compte, tu n’es pas si différent des Sith d’antan, qui s’entre-tuaient pour arriver au pouvoir. Ton Ordre n’a rien appris des erreurs du passé, en fin de compte.<br />
– Que tu crois, jeune imbécile. Je connais la raison d’être de la confrérie de Maal Taniet, je sais quels buts elle poursuit. Mettre la main sur son héritage – sur <em>ton</em> héritage – me rendra beaucoup plus puissant que je ne le suis déjà.<br />
Tel’Ay se composa un masque d’impassibilité pour masquer son trouble. Les aveux d’Omberius le renvoyèrent à des réflexions qu’il s’était faites récemment concernant la confrérie de Maal Taniet. Son maître lui avait toujours dit que la confrérie avait pour unique but de survivre et de perpétuer les traditions et les pouvoirs Sith. Aujourd’hui, Tel’Ay savait que c’était un mensonge, qu’il y avait autre chose derrière la façade.<br />
Il était triplement vexé. Il n’avait jamais deviné jusqu’à un passé tout récent que la confrérie avait un but caché. Maal Gami n’avait jamais daigné partager cette information capitale avec Tel’Ay, même après sa mort, et alors que le Skelor était l’ultime survivant de la confrérie. Enfin, Dark Omberius, autoproclamé Seigneur des Sith et de ce fait ennemi mortel de Tel’Ay, en savait plus que lui sur sa propre confrérie.</p>
<p>Tel’Ay n’avait plus de question. Il réserverait les suivantes à son défunt maître, Maal Gami. Omberius en avait lui aussi fini avec les explications. Il ôta son manteau, révélant une combinaison noire, et prit en main le sabrolaser accroché à sa ceinture. Comme ceux de feus ses apprentis, la lame énergétique issue d’un cristal synthétique était rouge sang.<br />
– Serais-tu un lâche, Skelor ? demanda Omberius.<br />
– Que veux-tu dire, Zabrak ?<br />
– Nous nous apprêtons à nous mesurer l’un contre l’autre, maître contre maître, enseignement contre enseignement, et tu comptes le faire avec un artefact Sith au poing ? Aurais-tu peur de ne pas être à la hauteur, à tel point qu’il te faille un colifichet pour accroître tes pouvoirs ?<br />
Tel’Ay ricana.<br />
– Je ne participe pas à une compétition sportive, je veux juste te tuer et tous les moyens sont bons pour cela. Si le Gant de Vèntorqis me donne un avantage sur toi, je compte bien en profiter. Si tu espères que je vais faire preuve de fair-play, tu as frappé à la mauvaise porte. Où était le tien quand tu as corrompu Séis pour qu’il anéantisse ma confrérie ?<br />
Omberius se le tint pour dit et se mit en garde.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Le Grand Maître de l’Ordre Jedi, Maddeus Oran Lijeril, n’avait qu’une hâte : que la date limite pour le dépôt des candidatures au poste de chancelier de la République soit enfin atteinte.<br />
Jour après jour, il mesurait à quel point les Jedi n’étaient pas taillés pour diriger la République. Si l’Ordre était en quelque sorte la bonne conscience de la vénérable institution, il n’avait pas vocation à prendre des décisions politiques, discuter de lois et composer avec des centaines de sénateurs pour faire avancer la machine bureaucratique. Les Jedi n’étaient pas formés pour cela et ne le seraient jamais.<br />
En conséquence, seules les affaires courantes étaient expédiées. Lijeril priait pour que la crise avec l’Hégémonie Zabrak ne prenne pas un nouveau tournant décisif, car les Jedi risquaient de ne pas être capables d’y apporter une solution politique globale.<br />
S’ils prenaient une décision hâtive dans un sens ou un autre, la multitude de juristes qui s’assuraient de la légalité des mesures et de la possibilité de leur mise en pratique sur le terrain risquait de leur tomber dessus et de décréter l’incompatibilité des décisions avec les lois de la République. En ces temps troublés, Lijeril devait par-dessus tout éviter cette catastrophe potentielle. Les Jedi étaient les garants de la paix au sein de la République, le public leur faisait confiance. Ils ne pouvaient pas se permettre de prêter flanc à la critique, et encore moins d’ajouter à l’instabilité politique.</p>
<p>Les partisans de Marcus Valorum, après sa défaite récente, étaient décrédibilisés. Le camp du défunt Jiger Orsorul était encore plus dévasté suite à la révélation de ses malversations et à son suicide. Quelques candidats s’étaient mis en avant, mais aucun ne suscitait un enthousiasme débordant. Ce qui était le cas de tous les politiques depuis les événements récents.<br />
À cause de la chute d’Orsorul, bien des politiciens sans scrupules et traînant un certain nombre de casseroles se tinrent en retrait pour ne pas subir le même type de révélation que l’éphémère chancelier bothan. Parmi eux, il y en eut tout de même deux ou trois grisés par la perspective d’accéder au plus haut poste de la République. Mais Maddeus Oran Lijeril refusait de laisser les erreurs récentes se reproduire. Il envoya des Jedi enquêter sur le passé de tous les candidats. Il fut ainsi « fortement déconseillé » à certains de briguer la chancellerie, leurs malversations étant susceptibles de remonter à la surface à tout moment.<br />
Lijeril désespérait parfois de trouver des candidats charismatiques et intègres. Il mesura lors de ces événements à quel point la politique républicaine s’était laissée glisser sur la pente savonneuse de la corruption.</p>
<p>Aux élections précédentes, Orsorul l’avait emporté. Il était désormais mort. Sur les six autres candidats qui avaient obtenu des voix, trois avaient fait campagne avec des idées proches des siennes : Edthcom Binges, Macaron Rygogre et Saratama Canawasi. Les deux premiers cités s’étant avérés avoir trop de cadavres dans leurs placards, ce fut l’Iktotchi Canawasi qui devint le porte-drapeau des tenants de l’arrêt de l’expansion de la République. Il insista sur le fait que la République devait mieux intégrer les mondes qui la composaient, surtout les plus récents, en créant un socle de culture commune. Empiler monde sur monde n’était pas une option viable à ses yeux.<br />
Face à lui, Offucius Vermoont Plavae se distingua dans le camp de l’ancien chancelier Valorum. Après ses errements et sa défaite, ce dernier avait décidé de prendre sa retraite politique, malgré son désir sincère de servir la République. Plavae, Coruscantais comme lui, avait repris son credo d’agrandissement de la République. Il insista énormément sur le fait que l’union faisait la force, que des planètes isolées avaient besoin de la République pour se développer. Sa politique se voulait humaniste, éclairante pour tous les peuples de la galaxie.</p>
<p>Canawasi et Plavae s’affrontèrent surtout sur la crise de l’Hégémonie Zabrak et le sort du peuple Skelor. S’ils étaient tous deux d’accord sur le fait que les conflits devaient cesser, ils ne s’accordaient en revanche pas sur les conséquences politiques. Canawasi refusait de forcer l’Hégémonie à réintégrer la République, il développa la notion de voisinage bienveillant entre les deux entités. Pour Plavae, le retour de l’Hégémonie et de ses alliés au sein de la République était inéluctable, mais devait passer par de longues tractations afin que chacun y trouve son compte. La négociation devait primer.<br />
Pour Canawasi, les Skelors faisaient partie de l’Hégémonie et ne pouvaient de ce fait revendiquer un statut de citoyens de la République. Il entendit les placer devant un choix très simple : regagner l’Hégémonie ou demander leur naturalisation républicaine, individuellement. Les dossiers seraient traités au cas par cas.<br />
Plavae estima que la grande majorité des Skelors vivant sur des mondes républicains, il serait de bon ton de leur octroyer les mêmes droits que les autres citoyens. Ils seraient apatrides mais reconnus. Par contre, il ne poussa pas à ce que Skelor I rejoigne de gré ou de force la République : si un tel événement devait arriver, ce devait être un choix politique local. Il prit ainsi publiquement position pour Ver’Liu So-Ren, qu’il présenta comme le porte-parole légitime de son peuple… du moins pour ses membres en exil. Il refusa de soutenir le jeune souverain sur sa volonté de restaurer la royauté sur Skelor I.</p>
<p>Une fois ces deux candidatures crédibles avalisées en coulisses par le Conseil Jedi et publiquement par le Sénat, la campagne put enfin démarrer. Lijeril la voulut la plus courte possible et décida que le vote aurait lieu deux semaines plus tard. Plus il tarderait, plus l’instabilité perdurerait.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Dark Omberius attaqua le premier. Il se jeta si vite sur Tel’Ay que celui-ci ne vit qu’une tache floue. Le Skelor crut le combat déjà fini quand la lame pourpre d’Omberius jaillit vers sa poitrine. En un éclair, Tel’Ay eut conscience de son impuissance à égaler une telle vitesse… et à parer le coup. Pourtant, son sabrolaser parvint à contenir la charge de son ennemi. Comme s’il avait bougé de son propre chef.<br />
Un masque rageur déforma les traits d’Omberius, et le Seigneur des Sith repartit de plus belle à l’assaut, multipliant les attaques à une vitesse stupéfiante. Tel’Ay croyait devenir fou : il n’était pas de taille à lutter et ne le serait sans doute jamais. Il aurait dû mourir depuis le début et pourtant, sa lame repoussait inlassablement le sabre adverse. Tel’Ay n’avait aucune prise sur les événements : il n’était qu’un jouet pour le Gant de Vèntorqis. Car c’était de lui que venaient les impulsions capables de contrer le maître Sith.<br />
Le dégoût envahit Tel’Ay : le credo des Tanietiens était de toujours garder le contrôle sur le Côté Obscur de la Force, or voilà qu’il était rabaissé au rang de simple instrument par un artefact antique. En restant sous la coupe du Gant, il trahissait l’idéal de ses maîtres. En ne le faisant pas, il mourrait à coup sûr. Dark Omberius allait bien trop vite. Il était beaucoup trop fort.</p>
<p>C’est pourtant du fond de ce dilemme insoluble que Tel’Ay prit conscience d’une chose étonnante. <em>Il ne sentait pas Dark Omberius dans la Force</em>, ce qui était impossible. Le Gant de Vèntorqis était-il si puissant qu’il privait le Skelor de ses propres ressources pour les faire siennes ? Voilà qui était intolérable, décréta Tel’Ay. Il s’ouvrit pleinement à la Force et asséna un coup de boutoir télékinétique à Omberius. Le seigneur des Sith ne put l’esquiver et fut repoussé de plusieurs mètres. Il parvint tout de même à se réceptionner sur ses deux pieds, déjà prêt à contre-attaquer. Les gestes suivants du Skelor le clouèrent sur place.</p>
<p>Tel’Ay éteignit son sabrolaser et l’accrocha à sa ceinture. Il enleva ensuite le Gant de Vèntorqis de son poing gauche et le jeta au loin derrière lui. Que lui importait de vaincre Omberius si la victoire n’était même pas de son propre fait ? Que le Gant lui apporte un supplément de puissance ne lui posait aucun problème. Mais qu’il se substitue à ses propres compétences pour gagner, non. Jamais. Cette victoire serait la sienne, pas celle d’un artefact. Tel’Ay afficha un sourire carnassier à l’attention de Dark Omberius pour accentuer le malaise que celui-ci ne devait pas manquer de ressentir.<br />
Puis il déploya toute sa puissance mentale dans les courants de la Force. Pourquoi est-ce qu’il ne ressentait pas le pouvoir d’Omberius ? Il était pourtant évident qu’il se servait de la Force. Évident qu’il avait accès à une source de pouvoir qui le rendait bien plus puissant que Tel’Ay. Le Skelor devait la découvrir et la faire sienne. Et tandis qu’il cherchait, il fit signe à Omberius de revenir l’attaquer. Le déstabiliser. Gagner du temps. La fin surviendrait dans quelques secondes à peine si Omberius chargeait. Sauf si Tel’Ay découvrait le secret du pouvoir d’Omberius. S’il parvenait à s’en servir. S’il s’avérait capable d’en tirer parti.<br />
Trop de <em>si</em>. Ce dont Tel’Ay se moquait éperdument. S’il réussissait, il serait digne d’être Maal Kuun, le dernier maître de la confrérie de Maal Taniet. Ou plutôt le premier des nouveaux. Et s’il échouait, s’il mourait, il aurait peut-être la chance de rejoindre sa défunte famille au sein de la Force. Quoi qu’il se passât désormais, il n’avait aucune crainte face à l’avenir.</p>
<p>La haine, la colère et la détermination étaient des alliés précieux pour Dark Omberius. Ces sentiments aiguisaient ses affinités avec la Force. Dans cette équation, dans cet équilibre, il n’y avait pas de place pour la peur. Alors pourquoi la ressentait-il ?<br />
Jamais Mi-Nag n’aurait dû survivre à ses attaques. C’était impossible. Ce Skelor n’était qu’un faible, Omberius l’avait tout de suite su quand il l’avait eu face à lui. Son assaut aurait dû être mortel, et même le Skelor avait parut surpris d’être capable d’y résister. Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que le Skelor avait rejeté son artefact Sith ? Pourquoi avoir éteint son sabrolaser ? Pourquoi provoquait-il Omberius afin que celui-ci reprenne le combat ?<br />
Se pouvait-il qu’il ne le craigne pas ? Se pouvait-il, aussi impossible que cela semblait être, que Mi-Nag ait lui aussi accès, à l’instar d’Omberius, à un pan caché de la Force ? À moins qu’il ne fut devenu fou ?<br />
Se jeter sur son adversaire pourrait valoir la mort à Omberius et il n’en avait que trop conscience. Normalement, il avait assuré la pérennité de son Ordre en mettant à l’abri ses artefacts comme son apprenti. Ce qui ne l’empêchait pas de vouloir survivre. De vouloir gagner. Pour l’honneur. Pour la gloire.<br />
Il se débarrassa de ses doutes et laissa l’excitation du combat couler dans ses veines. Il chargea.</p>
<p>Tel’Ay n’y arriverait pas. Il le comprit vite. Le maître Sith qui lui faisait face était surentraîné, utiliser la Force tout en se cachant en elle était une seconde nature pour lui, aussi aisée que de respirer. Tel’Ay ne découvrirait pas cette manière d’utiliser la Force, et ne pourrait donc pas la retourner contre son ennemi. Le Zabrak maîtrisait parfaitement le Côté Obscur, il ne faisait qu’un avec lui. Vouloir l’égaler voire le surpasser sur son propre terrain était une chimère, une folie. Si Tel’Ay devait vaincre, ce serait avec ses propres pouvoirs, sa propre manière d’utiliser le Côté Obscur.</p>
<p>Sa concentration aiguisée comme jamais, il sut qu’Omberius allait l’attaquer à peine une seconde avant qu’il ne le fasse. Le temps sembla suspendre son cours. Omberius avait déjà bondi sur lui, lame en avant. Pour la première fois, Tel’Ay sentit une faille dans le mental d’Omberius. De la haine, de l’excitation. Trop fortes pour être contenues. La faille était là. Le sabrolaser d’Omberius n’était plus qu’à un mètre de Tel’Ay. Il regarda l’instrument de mort, à la fois fasciné et déconnecté. Les vagues de haine et d’excitation apparaissaient et disparaissaient au gré du manque de contrôle qu’Omberius exerçaient sur elles. Tel’Ay remonta leur piste. Cinquantaine centimètres. Tel’Ay toucha pour la première fois l’esprit d’Omberius. Trente centimètres. Omberius s’en rendit compte et voulut fermer son esprit. Vingt centimètres. Mais ce faisant, le seigneur des Sith fut incapable d’endiguer un éclair de peur. Dix centimètres. Tel’Ay <em>s’agrippa</em> fermement à l’esprit d’Omberius. Y déversa toute sa puissance en une attaque mentale dévastatrice. Le Sith fut repoussé en arrière, comme balayé par une gifle géante, et le temps reprit son cours.</p>
<p>Tel’Ay le tenait et refusait de le lâcher. Le Côté Obscur coulait à flots dans ses veines, il s’empara de la peur d’Omberius et lui fit exploser. Il se drapa dans l’effroyable douleur qui déchirait le crâne du Zabrak et l’alimenta de son propre pouvoir.</p>
<p>Dark Omberius tomba lourdement sur le sol et hurla. Il tenta d’ériger des barrières pour protéger son esprit mais Tel’Ay les détruisit tour à tour avant qu’elles ne soient efficaces, tout en continuant à amplifier toutes les émotions qui sourdaient d’Omberius. Celui-ci résista comme il le put, repoussant de plus en plus maladroitement les attaques mentales. Il sentit le spectre de la folie le menacer et recroquevilla son âme sur elle-même, le plus profondément possible. En espérant trouver un endroit en lui où le Skelor ne pourrait pas l’atteindre.</p>
<p>Il n’en trouva pas.</p>
<p>Tel’Ay continua à faire exploser l’essence même de Dark Omberius, morceau après morceau. De coup de butoir en coup de butoir, les défenses d’Omberius tombaient les unes après les autres. Tel’Ay était partout. La présence d’Omberius disparaissait, petit à petit.<br />
Le Skelor se matérialisa dans une impasse encerclée de murs si hauts qu’il n’en voyait pas le sommet. Recroquevillé face à lui, appuyé contre le mur, un jeune Zabrak d’une dizaine d’années le regardait avec horreur, les yeux emplis de larmes.<br />
– Je te hais ! lança-t-il.<br />
Tel’Ay sourit froidement. Attaque après attaque, il n’avait non pas affaibli ou blessé son ennemi, mais détruit des pans entiers de son cerveau. Au fil des siècles, les Tanietiens avaient développé certains pouvoirs du Côté Obscur, dont ceux liés aux manipulations mentales. Les simples suggestions ou illusions utilisées par les Sith d’antan étaient devenues chez les Tanietiens des attaques mentales capables de déchiqueter des esprits. Rares étaient les Tanietiens qui avaient maîtrisé ce pouvoir au fil des siècles. Et encore plus rares étaient ceux qui avaient survécu à son utilisation.<br />
Tel’Ay Mi-Nag plongea son regard dans les yeux du jeune Zabrak. Voilà donc ce qui restait du fier Dark Omberius, le maître Sith qui avait tenté de s’emparer de la galaxie et qui avait décrété l’extinction de ses pairs. Il lui parut pitoyable, tandis que lui se sentait fort. Si fort. Invincible.<br />
Pourtant… Pourtant il sentait ses propres forces le fuir. Il n’était plus qu’un ballon de baudruche percé qui se vidait de son air. Il avait réussi à contrôler ce pouvoir, ce dont il était très fier. Mais il n’avait aucune prise sur les conséquences qui en découleraient, sur son corps comme sur son esprit.<br />
Il reporta son attention sur le Zabrak, sur l’impasse, ultime siège de l’esprit du seigneur Sith, et déploya le reste de sa force pour faire exploser l’endroit.</p>
<p>Le corps d’Ovelar Nantelek cessa de bouger. Ses yeux grands ouverts ne contempleraient plus rien désormais. La mort avait figé sur son visage l’expression d’une perplexité certaine.<br />
Tel’Ay sentit ses jambes se dérober sous lui et il chut lourdement avec le sentiment que tous les os de son corps avaient été brisés. Il mobilisa les ultimes forces de son corps défaillant pour ramper vers Omberius. Lentement. Si lentement. La douleur était atroce. Il aurait à peine été étonné de voir des morceaux entiers de son corps s’en détacher tellement il avait mal. Il continua pourtant à ramper en serrant les dents. Jusqu’à sentir le goût du sang dans sa bouche.<br />
Il parvint enfin aux côtés d’Omberius, le souffle court. Il s’évanouit une seconde mais se réveilla quand sa tête percuta le sol. Les yeux brouillés, il tâtonna et trouva ce qu’il cherchait : le sabrolaser de son ennemi. Soulever l’arme lui demanda un effort incommensurable. Il l’alluma sur-le-champ, plaça la lame au-dessus de la gorge d’Omberius et laissa retomber son bras gourd. Même sans force, le coup fut suffisant pour décapiter le seigneur noir des Sith.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Ven’Mar Ar-Din quitta le palais royal de Skelor I en toute discrétion, par une porte dérobée. Les quatre mercenaires zabraks qui l’escortaient dissimulaient leurs visages et leurs armes derrière de larges manteaux à capuches, tout comme lui.<br />
Même s’il avançait d’un pas serein, il était intérieurement au bord de la panique. Ovelar Nantelek, maître de l’Hégémonie Zabrak, était mort ! Or sans le soutien de l’être le plus puissant du secteur, comment Ar-Din, président de Skelor I, pouvait-il continuer à diriger ?<br />
La démocratie skelorienne était une vaste farce destinée à l’extérieur : c’était Nantelek qui choisissait un notable local pour occuper le poste, qui n’était qu’une façade creuse. C’était les troupes du Zabrak qui maintenaient fermement l’ordre sur la planète. Maintenant qu’il était mort, Ar-Din se demandait comment lui-même allait bien pouvoir survivre au chaos qui n’allait pas manquer de s’ensuivre. Il n’avait pas les moyens d’entretenir une milice planétaire sous ses ordres. Tous les fonds permettant le fonctionnement du gouvernement fantoche qu’il dirigeait provenaient des mondes zabraks. Skelor I était un monde sinistré, exsangue.<br />
Ar-Din n’avait aucun pouvoir sur les mercenaires, et il avait dû négocier ferme avec le chef de son « escorte » pour être mis à l’abri. Et encore… c’était plus la perspective de recevoir des instructions de la part d’un de leurs véritables employeurs qui avait convaincu les mercenaires d’emmener Ar-Din à l’astroport pour y prendre contact avec Tol Guela, le sénateur zabrak et bras droit politique d’Ovelar Nantelek.</p>
<p>Une fois arrivé à destination, il fallut une demi-heure à Ar-Din pour réussir à entrer en communication avec Guela. Il put enfin laisser sa panique s’épancher.<br />
– Sénateur Guela, c’est la catastrophe ici. Nantelek est mort, vous m’entendez ? Il est mort ! Envoyez-moi des troupes le plus vite possible pour sécuriser la planète avant qu’une révolution se mette en marche !<br />
– Mort ? répéta Tol Guela, abasourdi. Comment est-ce possible ? Vous en êtes sûr ?<br />
– À moins qu’il ne puisse survivre à une décapitation par sabrolaser, oui, j’en suis sûr ! Vous devez m’aider !<br />
Tol Guela resta longtemps silencieux, avant que le chef des mercenaires n’intervienne :<br />
– Sénateur, que devons-nous faire, mes hommes et moi ?<br />
Si Ar-Din tiqua de ne pas être inclus dans la question, il préféra ne pas le relever. Sa survie dépendait sans doute de la réponse qu’allait donner Guela.<br />
– Rentrez sur Iridonia. De nouvelles instructions vous y attendront.<br />
– Et le Skelor ? demanda le Zabrak en désignant Ar-Din.<br />
– Emmenez-le avec vous, il pourrait nous servir.</p>
<p>Tol Guela coupa la communication, la main tremblante. Ovelar Nantelek était mort. Un tel événement semblait si… impossible !<br />
Tol Guela était un homme politique aguerri. Il avait depuis longtemps pensé aux conséquences si cela arrivait. Et aucune n’était réjouissante. Nantelek était au pouvoir depuis très longtemps et, hormis Tol Guela lui-même, il n’avait aucun conseiller proche. Seulement des pions interchangeables.<br />
Restait à savoir ce que l’ambassadeur allait faire. La puissance d’un seul être pouvait être terrifiante, et Nantelek avait été de ceux-là. Mais l’enlever de l’équation revenait à voir le château de cartes s’écrouler. Tol Guela avait tenté une fois, des années auparavant, de demander à Nantelek s’il avait pris des dispositions pour l’Hégémonie Zabrak s’il venait à disparaître. Son supérieur l’avait alors gratifié d’un regard… Même aujourd’hui, en y repensant, Tol Guela sentit des frissons le parcourir. Dès qu’il avait posé la question, il avait senti un grand froid l’envahir et s’était demandé s’il ne subissait pas une attaque cardiaque. Une peur sans nom l’avait envahi d’un coup, comme si un seau d’eau glacée avait été versé sur sa tête. Cette sensation n’avait pas duré longtemps, mais les yeux hypnotiques et la froideur presque reptilienne de Nantelek avaient dissuadé Guela d’obtenir une réponse… à jamais.<br />
Et maintenant ? Devait-il rentrer sur Iridonia et revendiquer le pouvoir ? La perspective aurait été alléchante nonobstant la grave crise galactique actuelle. Le sénateur était depuis tant d’années cantonné au rôle de second qu’il se demanda s’il serait capable d’être le numéro un.<br />
Mais que faire d’autre ? Rester sagement au sénat, drapé dans sa dignité d’édile républicain, en se contentant de continuer à être le porte-parole du dirigeant de l’Hégémonie Zabrak ? Il faudrait des semaines voire des mois avant qu’un leader capable émerge sur les ruines de l’empire créé par Nantelek. Pire, l’Hégémonie s’effondrerait peut-être sur elle-même entre-temps. Si Guela ne voyait aucun inconvénient à être le second d’un être important, le devenir pour un petit dirigeant sans envergure sonnerait la fin de son influence au Sénat.<br />
Il finit par prendre sa décision : le mieux était encore qu’il prenne lui-même en main le destin de son peuple. Il ouvrit une communication vers son assistant et lui ordonna de faire préparer son yacht pour un retour sur Iridonia.<br />
Il sentit un frisson d’exultation le parcourir : il allait assumer l’héritage politique d’Ovelar Nantelek !</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XXIurn:md5:e3b1e02d9d905275096bc8cdaccce3062012-02-20T08:44:00+01:002013-07-08T15:45:12+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>L’heure de l’ultime confrontation entre Dark Omberius et Tel’Ay Mi-Nag va bientôt sonner. Le Skelor investit le palais, à la recherche de son ennemi. De son côté, Omberius fait ses adieux à son apprenti avant de l’envoyer au loin, en sécurité…</p> <h2>Chapitre XXI</h2>
<p>– Bien le bonjour, messieurs, fit Tel’Ay en s’inclinant profondément devant les deux immenses Togoriens qui encadraient la non moins grande porte du palais du gouvernement.<br />
Les félinoïdes, engoncés dans leurs uniformes noirs arborant le logo à dominante verte de l’Hégémonie Zabrak, froncèrent les sourcils et gratifièrent le Skelor d’une expression de pur mépris.<br />
– Qu’est-ce que tu veux ? dit l’un d’eux.<br />
– Je suis un voyageur venu de loin, et je me demandais s’il était possible de visiter le palais ?<br />
L’un des Togoriens rit grassement mais l’autre feula :<br />
– Dégage ou je te réduis en cendres !<br />
Tel’Ay arbora un sourire de carnassier.<br />
– À vrai dire, je n’attendais pas une autre répartie de la part d’imbéciles sous-développés de votre genre.<br />
Il s’ouvrit pleinement à la Force, attrapa son sabrolaser et l’alluma. Un moulinet plus tard, les cadavres fumants des Togoriens gisaient vers le perron. Le tout n’avait duré que le temps d’un battement de cil.</p>
<p>Tel’Ay franchit le palier, l’arme à la main. Sur sa gauche, dans une guérite en transparacier à dix mètres de là, un soldat zabrak sursauta en le repérant. Dès qu’il fit mine de se pencher sur sa console, Tel’Ay invoqua la Force : le Zabrak fut projeté en avant par une gifle invisible, qui l’envoya percuter la vitre blindée dans un bruit sourd. Il s’affala lourdement.<br />
Une porte adjacente s’ouvrit et trois gardes en sortirent tranquillement. Tel’Ay se jeta sur eux avant qu’ils n’aient le temps d’évaluer la situation et joua gaillardement du sabrolaser. Des bruits de course se firent entendre derrière la porte et Tel’Ay soupçonna que cette partie du palais était tout bonnement le corps de garde. Il s’y engouffra, décidé à tuer tous ceux qu’il y croiserait.</p>
<p>Un tourbillon de mort s’abattit dans l’aile du palais : Tel’Ay était insaisissable et bougeait trop vite pour être suivi des yeux. Les couloirs étaient relativement larges, mais pas suffisamment pour constituer un avantage pour les ennemis du Skelor. Les gardes rencontrés se gênaient les uns les autres et n’osaient souvent pas tirer dans ces espaces confinés de peur de blesser leurs congénères. Quand enfin ils se rendaient compte que personne n’était capable d’arrêter l’envahisseur, ils se mettaient à tirer dans le tas. Cela importait peu pour Tel’Ay : il renvoyait les tirs ou se faisait un bouclier du corps de ses victimes, sans cesser d’avancer.<br />
De temps à autre, un tir de blaster fusait de derrière lui, et un garde ennemi tombait à chaque fois. Le Skelor n’avait pas besoin de tourner la tête pour savoir qu’il s’agissait d’Anaria, occupée à lui faciliter quelque peu la tâche et à protéger ses arrières.</p>
<p>Totalement immergé dans la Force comme il l’était, Tel’Ay se sentait presque déconnecté de son corps. C’était comme s’il le commandait à distance, se contentant de donner des instructions. Bondir, esquiver, tailler dans le vif, avancer. Comme si le film des événements était déjà écrit et qu’il se bornait à le suivre. En filigrane, il sentait la présence de Dark Omberius qui brillait dans la Force, tel un soleil à son zénith dans un ciel exempt de tout nuage. Et son instinct le guidait sur le chemin qui menait à son ennemi.<br />
Il se posa brièvement la question de savoir si Omberius l’avait lui aussi repéré et la réponse lui parut aussitôt évidente. Omberius ne pouvait ignorer que Tel’Ay était là. La confrontation des deux maîtres du Côté Obscur était inéluctable, et le Skelor sut qu’elle aurait lieu dans très peu de temps.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p><em>Le temps est venu</em>, pensa Omberius. Il ne put s’empêcher d’éprouver une légère déception en songeant que deux maîtres Sith allaient bientôt s’affronter à mort : ce genre de pratiques était monnaie courante avant les batailles de Ruusan, et cause de la quasi-extinction des Sith. C’était un retour en arrière, une régression.
Il y avait là une faille intéressante à souligner : la Règle des Deux palliait aux affrontements entre Sith, sauf dans le cadre de la transmission du titre de Seigneur Sith. Sauf que Dark Bane et ses successeurs, à travers les siècles, avaient tout fait pour éradiquer leurs pairs survivants, afin de demeurer les seuls vrais Sith.<br />
Ce faisant, on pouvait dire qu’ils retombaient dans les travers d’antan, affaiblissant le Côté Obscur de la Force en éliminant systématiquement les autres mouvances Sith. Il existait néanmoins une différence essentielle : Bane avait prouvé que son école, son enseignement étaient les plus importants. Ses ennemis Sith et ceux qui allaient suivre au fil des siècles ne valaient pas mieux que des enfants imparfaitement formés. Extrêmement rares avaient été ceux qui représentaient une réelle menace.<br />
Omberius se demanda si son Ordre avait déjà affronté un maître aussi puissant que Mi-Nag. À ses yeux, la réponse était négative. Pour la première fois en six cent ans d’existence, son Ordre était en danger d’extinction. La faute au Skelor, mais aussi la sienne propre. Omberius avait été présomptueux de croire qu’il était prêt à mettre la galaxie à genoux, prêt à éradiquer les Jedi. Les centaines d’années de machination n’avaient pas suffit. L’Ordre Sith devait retourner dans l’ombre pour recommencer à ourdir ses plans.<br />
Pour se racheter à ses propres yeux, Omberius décida que ses agissements avaient été un galop d’essai pour la conquête du pouvoir. Un échec, certes, mais riche d’enseignements. Ses successeurs devraient en tirer les leçons.</p>
<p>Il fit venir un officier droïd et donna des ordres pour faire évacuer en urgence tous les supports, documents et autres artefacts Sith qu’il entreposait dans son palais. Rien ne devait tomber aux mains de l’ennemi. Heureusement, la plus grande partie de ses richesses, de son héritage étaient cachés dans un endroit connu de lui seul.
Ne restait plus qu’un détail à régler, et pas des moindres : faire ses adieux à son apprenti, qui risquait de se retrouver seul et d’avoir sur les épaules le poids de la renaissance des Sith. Car de l’affrontement qui se profilait avec le Skelor Sith, Omberius n’était pas sûr de sortir vivant. Son ego passant après ses devoirs, il devait prendre toutes ses précautions afin que sa lignée ne s’arrête pas avec lui.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Détruire les droïds et les mercenaires qui se dressaient sur son chemin était d’une facilité déconcertante pour Tel’Ay. Bien qu’il puisât allègrement dans la Force, sa puissance ne déclinait pas : le Gant de Vèntorqis émettait comme une résonance dans la Force et semblait restaurer sa puissance au fur et à mesure qu’il l’utilisait. C’était dangereusement grisant et Tel’Ay avait fort affaire pour garder le contrôle des pouvoirs qui l’envahissaient. À côté de cela, exterminer les gardes ne lui demandait aucun effort : il s’en remettait à son instinct, suffisant pour lui dire quand esquiver les tirs, bondir au milieu d’un groupe de soldats pour les mettre en pièces. Rien ne pouvait l’arrêter.</p>
<p>Tel’Ay mit en fuite les survivants de la dernière équipe ayant tenté de l’attaquer. Il sauta par-dessus les cadavres fumants et courut après les gardes. Quand ils franchirent un coude du couloir, Tel’Ay s’arrêta brusquement, averti par la Force qu’un danger sérieux menaçait.<br />
Un coup d’œil jeté par-dessus son épaule lui montra Anaria qui déboulait, toujours occupée à veiller sur ses arrières. Il lui signe de tenir sa position et ferma les yeux. La Force afflua en lui et il devint partie intégrante de cette partie du palais, capable de visualiser sa position, ainsi que celle de ses ennemis les plus proches.<br />
Le coude du couloir menait sur un corridor autrement plus large, qui lui-même conduisait à une porte gigantesque. Deux battants de deux mètres de large sur cinq de haut. Le danger se trouvait devant cette porte : un canon-laser portatif pointé sur le couloir. Si Tel’Ay avait fait deux pas de plus, il n’était pas certain qu’il aurait eu suffisamment de réflexes pour esquiver la puissance d’un tel tir. Mais connaître le danger changeait la donne.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Dark Omberius se tenait debout, immobile, la partie supérieure du visage cachée par le capuchon de sa cape rabattu sur ses yeux. Il émanait de lui une sérénité et une puissance qui donnaient presque des frissons au Duro Verinis. Il se sentait si inférieur à son maître. Les leçons distillées par l’holocron de Dark Bane avaient ouvert en grand les portes de la connaissance menant à la maîtrise du Côté Obscur de la Force. Verinis ne serait plus jamais le même : il avait pris conscience de son potentiel et des perspectives vertigineuses qu’il pouvait lui offrir.</p>
<p>Avant qu’il ne soit amené à Dark Omberius, sa vie avait été pitoyable. Il était différent de ses congénères, depuis le plus loin qu’il puisse se souvenir. Cette différence avait fait de lui un paria, car il utilisait de manière instinctive la Force, sans jamais avoir appris à la canaliser et à la ployer à ses désirs. D’une nature apeurée, il avait été molesté plus d’une fois dans sa jeunesse par de jeunes caïds. Jusqu’à ce que l’un d’eux s’écroule un jour mort à ses pieds, une main sur le cœur. Au plus fort des coups qu’il prenait, il avait justement prié pour que le cœur de son persécuteur lâche.<br />
En deux autres occasions par la suite, des pensées vengeresses avaient conduit au même résultat. Mais il ne maîtrisait pas ce pouvoir mortel. Si ça a avait été le cas, ce ne sont pas trois cadavres qu’il aurait laissé derrière lui mais des dizaines. À quoi bon avoir un don si on ne savait pas l’exploiter ? À rien, surtout quand les essais tâtonnants ne donnaient rien pour le contrôler.<br />
Un jour, sur Duro, Verinis s’était réveillé avec le sentiment d’un danger latent planant au-dessus de sa tête. Cette sensation l’avait accompagnée toute la journée, jusqu’à ce que l’immeuble dans lequel il résidait subisse une explosion due à une conduite de gaz défectueuse. Vingt-sept personnes étaient mortes ce jour-là. Un être fut retrouvé indemne parmi les décombres : Verinis.<br />
Comme tout un chacun, il arrivait à Verinis d’être de mauvaise humeur, voire franchement imbuvable. Il avait remarqué en plusieurs occasions que dans cet état d’esprit, il semblait diffuser une sorte de malaise autour de lui, comme si ceux qui l’entouraient lisaient son humeur et semblaient désireux de s’en détourner le plus vite possible.</p>
<p>Il n’avait été qu’un gamin, dont le potentiel aurait pu ne jamais être décelé ni exploité. Et voilà qu’aujourd’hui, il se retrouvait apprenti Sith du seigneur Dark Omberius, héritier d’une longue lignée de maîtres dont la vie était dédiée au Côté Obscur de la Force. Il était fier. Et inquiet. Et rassuré.</p>
<p>Fier que Dark Omberius l’ait considéré assez puissant pour devenir potentiellement son successeur. Même s’il avait la lucidité de se rendre compte qu’il n’était sans doute qu’un choix par défaut.</p>
<p>Inquiet de voir les droïds de son maître empaqueter les possessions précieuses d’Omberius, son héritage de Sith, <em>leur</em> héritage. Comme si la fin était imminente, qu’une catastrophe se préparait.</p>
<p>Rassuré de voir Omberius si serein, tellement en phase avec la Force qui tourbillonnait autour de lui. Verinis était comme un primitif face à l’incarnation de sa déité : empli de crainte et de fierté.</p>
<p>Les lèvres d’Omberius bougèrent.
– Verinis.<br />
– Oui, mon maître ? s’empressa de répondre le Duro en mettant un genou à terre, comme le lui avait appris l’holocron de Dark Bane, très à cheval sur la discipline.<br />
– Comme tu peux le voir, notre trésor Sith est en train d’être évacué. Son joyau va l’être en même temps.<br />
– Le joyau de notre trésor, maître ? demanda Verinis, sans comprendre.<br />
– Oui. Toi.<br />
Verinis ne put masquer sa consternation, provoquant la fureur de son maître.<br />
– Ôte immédiatement cet air stupide de ton visage. Tu es un seigneur Sith !<br />
– Oui, maître, fit Verinis, confus.<br />
– Et relève la tête, tu es mon apprenti ! De grands changements risquent de se profiler à l’horizon.<br />
– Sont-ils liés à cette grande puissance dans la Force que je détecte non loin d’ici et qui semble se rapprocher ?<br />
– En effet, mon apprenti. Écoute-moi attentivement car nous n’avons pas beaucoup de temps. Le but des Sith est de prendre le contrôle de la galaxie, de faire tomber la République et d’éradiquer les Jedi, nos ennemis mortels. Voilà ce qui est important, voilà vers quoi tes efforts doivent tendre. C’est la ligne de conduite que j’ai suivi toute ma vie, en m’appuyant sur l’enseignement et les expériences de mes maîtres. J’ai complètement échoué dans ma tâche.<br />
– Maître ?<br />
– Tu ne dois pas commettre les mêmes erreurs que moi, mon apprenti. Tu vas retourner à la clandestinité la plus totale. J’ai commis une erreur en dévoilant notre existence. Je pensais que nous étions prêts à prendre notre revanche. Je me trompais.<br />
– Me… cacher ? Mais que deviennent nos plans de conquête de la galaxie ?<br />
– Depuis Dark Bane, nous avons passé des centaines d’années dans l’ombre de l’ombre, à ourdir nos plans. Patiemment. J’ai été présomptueux en pensant que le moment était venu de sortir de l’ombre. Nous n’étions pas prêts.<br />
– Où avez-vous échoué, maître ?<br />
– En plus de notre philosophie, tu devras apprendre à développer tes pouvoirs, Verinis. Un seigneur Sith a la puissance d’un maître du Côté Obscur. C’est un pouvoir qui s’acquiert avec le temps et l’entraînement, et je ne doute pas que tu l’obtiennes quand le moment sera venu. Mais cela ne saurait suffire : je suis bien plus puissant que toi et j’ai mis en branle des machinations alambiquées dont les graines ont été plantées par mes prédécesseurs depuis des centaines d’années. Pourtant, ça n’a pas suffit.<br />
– Que faut-il de plus pour réussir ?<br />
– Méfie-toi de l’orgueil, Verinis. Le mien pourrait être la cause de ma chute. Plutôt que de continuer à mettre en place les plans de notre ordre, je me suis détourné de notre mission. J’ai décrété que nous étions les seuls vrais Sith, et que les quelques écoles qui existent encore et se réclament de cette obédience devaient disparaître. Ainsi, j’ai cru avoir éradiqué l’an dernier la Confrérie Sith de Maal Taniet, mais je me trompais : la puissance dans la Force que tu ressens est celle de leur dernier maître, Tel’Ay Mi-Nag. Il sait que je suis son ennemi, et lui comme moi avons conscience que l’un d’entre nous sera mort avant la fin de cette journée.<br />
– Vous ne pouvez pas mourir, maître !<br />
- Cesse de dire des inepties, mon jeune apprenti. Le moment est venu de nous dire adieu. Tu vas suivre les droîds : ils ont ordre de t’emmener sur Korriban, qui est un bastion de notre pouvoir. De là, si je ne reviens pas, tu prendras le relais en tant que seigneur noir de la Sith. À travers toi, mes rêves et ceux de mes maîtres vivront.<br />
Verinis sentit la peur l’envahir : sur le seuil de la porte qui menait à des connaissances infinies, voilà que son maître risquait de lui faire défaut.<br />
– Que la Force soit ta servante, Verinis.<br />
Omberius sembla hésiter, avant d’extirper un holocron d’une poche de sa cape.<br />
– Ceci est mon holocron personnel. Il contient toutes mes réflexions sur la Force, la guerre, tout ce que j’ai édifié dans ma vie. Il te sera très utile pour ne pas reproduire les mêmes erreurs que moi. Si je reviens sur Korriban, je le récupérerai. Sinon, il deviendra ta propriété. Va, maintenant. L’ombre de la mort s’étend sur ces lieux.<br />
– Maître, je ne sais pas quoi dire. Je…<br />
– Va, j’ai dit !<br />
– Oui, maître, répondit précipitamment Verinis, en espérant que les larmes qui lui perlaient aux paupières ne se voyaient pas.<br />
Il se fendit d’un profond salut et tourna les talons.</p>
<p>Ce point capital réglé, Dark Omberius reporta son attention sur la grande porte en bois, hermétiquement fermée. Au-delà de cette porte s’étendait la salle du trône, avec ses larges colonnes de pierres. L’endroit parfait pour une embuscade et de ce fait, des dizaines de gardes s’y trouvaient, la main sur la gâchette. Même si Omberius doutait forcément que ce fut suffisant pour arrêter son ennemi skelor. Au bout de la salle du trône, une porte jumelle à la première : Omberius sentait la présence de Mi-Nag s’en rapprocher.<br />
Omberius ferma les yeux et inspira profondément. Il laissa son esprit dériver dans les courants de la Force, grappillant de-ci de-là quelques parcelles de pouvoir. S’il ignorait être capable ou non d’abattre Tel’Ay Mi-Nag, il comptait bien l’affronter avec toute sa force.<br />
Drapé dans la colère, la frustration et la haine, Omberius laissa ces sentiments tourbillonner en lui et gagner peu à peu en importance. Il arbora un sourire carnassier.
<em>Viens, chien de Skelor, viens</em> !<em> Je suis Dark Omberius, je ne te crains pas</em> !</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Gründer Valarian, mercenaire de son état, était adossé à l’un des piliers de la salle du trône. Il essuya sa main moite sur son pantalon et se maudit d’avoir oublié ses gants. Puis il remet le doigt sur la gâchette de son fusil-blaster.<br />
Il vit autour de lui les autres mercenaires. Comme lui, chacun d’eux était protégé par un pilier. Il scruta la grande porte à double battant qui lui faisait face. Quand Ovelar Nantelek, le maître de l’Hégémonie Zabrak, l’avait franchie quelques minutes plus tôt, il avait ordonné aux mercenaires de tenir leur position et d’annihiler toute force ennemie qui pénétrerai dans la salle du trône.<br />
À la question du chef de Valarian portant sur les effectifs de l’assaillant, Nantelek avait provoqué la stupéfaction des mercenaires en leur apprenant que les envahisseurs étaient au nombre de deux. En bons professionnels, aucun des guerriers n’avait moufté. Les informations distillées par Nantelek avaient expliqué beaucoup de choses : en plus d’une Wookiee, l’autre assaillant, Skelor de naissance, était un maître de la Force.<br />
Gründer avait suffisamment bourlingué pour être au fait de la puissance qu’était capables de déployer les Jedi et leur mystérieuse Force. Et Nantelek avait assuré que le Skelor en question était plus dangereux qu’un Jedi, qu’il usait de ses pouvoirs pour tuer sans pitié.<br />
Les mercenaires ne le sous-estimeraient pas, c’était certain.</p>
<p>Gründer passa une main sur son front ruisselant de sueur. Dans l’urgence, il n’avait pas eu le temps d’appliquer sur sa peau la crème spéciale qui l’empêchait de transpirer. Il n’était pas dans les meilleures conditions pour combattre et cela le contrariait.<br />
Il quitta la porte des yeux et regarda l’autre porte, jumelle de la première, et par laquelle l’ennemi était censé arrivé. Les Jedi étaient puissants. Mais la compagnie de mercenaires aussi. Gründer savait que ses compagnons postés de l’autre côté avaient pour eux le nombre, ainsi qu’un canon-blaster portatif. Il ne voyait pas comment quiconque, même un maître de la Force, pourrait bien passer ce barrage mortel.<br />
Son cœur battit plus fort quand les premiers tirs se firent entendre, au-delà de la porte. Une déflagration bien plus importante que les autres lui indiquèrent que le canon-blaster venait d’entrer en action. Un coup. Deux. Trois. Une explosion se fit entendre, suivie d’un effroyable bruit de tôles qui s’entrechoquaient.<br />
Gründer Valarian ne parvenait pas à détacher son attention de la porte. S’il l’avait pu, il aurait remarqué que tous ses congénères faisaient de même, fascinés et extrapolant sur les événements invisibles à leurs yeux.</p>
<p>La porte tressauta dans ses gonds, comme attaquée par un bélier géant. Le bruit du choc déchira l’air. Les mercenaires s’agrippèrent à leurs armes. Un deuxième choc, tout aussi puissant, peut-être plus. Cette fois, des fissures apparurent au niveau des gonds, et un léger nuage de poussière s’éleva.<br />
Quelques mercenaires, dont Gründer, mirent un genou à terre, prêt à tirer. Il déglutit : quel bélier gigantesque pouvait ainsi ébranler la porte ?<br />
Au troisième choc, la porte commença à céder. Des panneaux de bois s’en détachèrent et tombèrent au sol. S’en suivit un moment de silence qui ne fit qu’ajouter à la nervosité des mercenaires. Puis l’apocalypse se déchaîna.<br />
La porte explosa sur le dernier coup de boutoir, plus formidable encore que les autres, et Gründer vit avec stupéfaction le canon-blaster portatif traverser la porte. <em>Il volait</em> ! Lancé à pleine vitesse, il pulvérisa sur son passage plusieurs piliers de la salle du trône – avec les mercenaires réfugiés derrière – et alla s’écraser contre le mur en vis-à-vis.<br />
Gründer tira, et l’air fut aussitôt saturé d’un nuage d’ozone et de fumée. Tous les mercenaires faisaient feu, conscients que s’ils ne touchaient pas leur cible dès le début, ils seraient éliminés les uns après les autres. Ils n’auraient qu’une seule chance de l’emporter.</p>
<p>Gründer comprit vite que lui et les siens ne feraient pas le poids. Le Skelor esquivait ou renvoyait tous les tirs avec une facilité déconcertante. Comme cela lui était aussi facile que de respirer. Une crainte superstitieuse envahit Gründer Valarian, qui envisagea pour la première fois de sa carrière d’adopter la stratégie de survie la plus méprisable qu’il connaissait et exécrait : se rendre. Cette idée avait à peine jailli dans son esprit qu’il se méprisa et éprouva une bouffée de haine et de rage envers ce Skelor, qui osait lui faire connaître une telle humiliation.<br />
Il lâcha son fusil-blaster et s’empara de ses deux blasters de poing. Abandonnant la protection du pilier, il arrosa le Skelor d’un tir nourri. Bien qu’imprécis, le nombre de tirs pouvait finir par toucher sa cible. Et mieux valait mourir debout que de se rendre tel un faible.</p>
<ul>
<li><br />
<ul>
<li></li>
</ul></li>
</ul>
<p>Plongé dans la Force comme il l’était, Tel’Ay ressentait tout un maelström de pensées émanant des mercenaires. Il se nourrissait de leur peur, d’autant plus facilement qu’elle augmentait au fur et à mesure qu’il avançait, lentement mais sûrement. Le temps de se cacher était révolu. Tel’Ay sentait distinctement la présence dans la Force de Dark Omberius, derrière la porte qui lui faisait face. Ne restait qu’à éliminer les mercenaires, qui semblaient décidés à se battre jusqu’à la mort. <br />
<em>Tant pis pour eux. Ils ne sont rien.</em><br />
Tel’Ay avait ouvert son esprit en grand pour mieux anticiper les gestes de ses ennemis. Cette stratégie faillit causer sa perte quand l’un des mercenaires surgit de derrière son pilier, un blaster dans chaque main. L’homme tira salve sur salve, et l’esprit de Tel’Ay reçut la haine qui émanait de l’être de plein fouet, comme une gifle mentale. Sa concentration en fut affectée quelques dixièmes de secondes.<br />
Pendant ce très court instant, le temps parut ralentir autour de Tel’Ay. Pas comme d’habitude, où seuls ses adversaires semblaient se mouvoir lentement tandis que lui conservait sa vitesse normale. Mais un moment où lui-même bougeait lentement, son esprit étant toujours capable d’anticiper les événements mais son corps non.
Il vit distinctement le double tir qui allait venir à bout de ses défenses. Il porta la lame pourpre du sabrolaser de Dark Glaro en opposition au premier tir. Il sut que le timing serait bon et de fait, il parvint à détourner le tir. Mais celui qui suivait arrivait trop rapidement. Dès le départ, Tel’Ay avait su qu’il n’aurait pas le temps de le parer. D’un mouvement de poignet qu’il espérait suffisant, il plaça la garde du sabrolaser sur la trajectoire du tir et la lâcha.<br />
Sa main ne s’était éloignée que de cinq centimètres à peine quand le sabrolaser fut touché. Dans un effort désespéré, Tel’Ay concentra la Force autour de sa main pour la protéger d’un bouclier, et autour du sabrolaser pour renforcer sa résistance.<br />
Une onde de puissance émanant du Gant de Vèntorqis enveloppa la main du Skelor et le sabrolaser qui commençait à se disjoindre. Parmi les morceaux, Tel’Ay distingua le cristal synthétique du sabrolaser, de couleur rouge. Le cristal fut entaillé par le tir et se fissura.<br />
Tel’Ay sentit pourtant l’emprise du Gant de Vèntorqis se faire sentir. Les morceaux du sabrolaser se rapprochèrent à nouveau les uns des autres et ils ne firent bientôt plus qu’un. De l’artefact Sith, des vagues d’énergie continuèrent à jaillir pour maintenir l’intégrité du sabrolaser, avec plus ou moins de réussite : la lame pourpre était désormais zébrée d’éclairs bleuâtres, signe indubitable de surcharge. Contre toute attente, il semblait pourtant fonctionnel, comme Tel’Ay s’en assura dans les secondes qui suivirent.<br />
Il abandonna son attaque de front et se réfugia à son tour derrière un pilier. Indifférent aux tirs de blaster qui s’abattaient sur sa protection de pierre finement ciselée, il scruta avec attention le sabrolaser. Il n’aima pas la conclusion de sa rapide analyse : selon lui, si le Gant de Vèntorqis relâchait son emprise sur l’arme, le sabrolaser exploserait, tout bonnement. En attendant, estimant qu’il pouvait encore servir, il le lança à travers la salle du trône. Ayant conscience de la position de tous ses ennemis, ce fut un jeu d’enfant pour lui de faire filer le sabrolaser sur chacun des mercenaires, tour à tour. Des mercenaires étaient certes efficaces contre des menaces qu’ils pouvaient comprendre, appréhender. Mais face à l’imprévisibilité d’un sabrolaser dirigé par télékinésie, ils étaient aussi démunis que des enfants. Pas un ne survécut.</p>
<p>Quand Gründer Valarian vit le sabrolaser rouge zébré de minuscules flammèches bleues se jeter sur lui, il perdit toute sa volonté combative. Il se colla à son pilier en priant les dieux auxquels il ne croyait pas. Pas un ne l’écouta. Le sabrolaser trancha le pilier et la tête du mercenaire avec la plus grande facilité.</p>
<p>Tel’Ay récupéra le sabrolaser et s’avança vers la porte de bois. Il ignora les grognements d’Anaria. les entendit-il, d’ailleurs ? Rien n’était moins sûr. La présence de Dark Omberius, toute proche, brûlait son âme. Son destin se trouvait derrière la porte.<br />
Tel’Ay entendit le bruit des verrous de la porte. Celle-ci ne tarda pas à s’ouvrir sous l’impulsion mentale de Dark Omberius. Le seigneur autoproclamé des Sith faisait face à son ennemi. Nulle peur ou contrariété en lui, juste de la détermination.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XXurn:md5:9988894cbb59115c9a63fd4ade8d13ac2012-02-19T11:12:00+01:002013-07-08T15:45:27+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Tandis que la République n’a jamais été aussi affaiblie suite aux agissements de Dark Omberius, Tel’Ay et Anaria continuent leur infiltration sur Skelor I…</p> <h2>Chapitre 20</h2>
<p>Tel’Ay se plongea dans une profonde méditation tandis qu’Anaria, après avoir fait décoller leur navette, mit le cap dans la direction indiquée par l’ancien Jedi Skelor. Le Sith devait reprendre des forces, rapidement : créer et contrôler la tempête de Force lui avait sapé beaucoup d’énergie. Savoir que l’épreuve qu’il venait d’affronter risquait de n’avoir été qu’une pacotille à côté de l’affrontement à venir contre Dark Omberius n’était pas pour le rassurer.<br />
Quoi qu’il en soit et quoi qu’il arrive, les dés étaient désormais jetés : tout allait bientôt finir, d’une manière ou d’une autre.</p>
<p>Le Gant de Vèntorqis semblait fonctionner à plein : les perceptions de Tel’Ay n’avaient jamais été aussi développées. Il sentait la navette comme s’il elle n’était qu’une extension de son corps. Ses nouveaux pouvoirs, presque emphatiques vis-à-vis des machines, semblaient s’affermir. En d’autres circonstances, le Skelor s’en serait réjoui, d’autant plus qu’acquérir ce type de capacités avait fait partie des ordres qu’il avait reçu de son défunt maître. Mais pour l’heure, il s’en désintéressait presque, obnubilé par un seul but : vaincre Dark Omberius. Aussi intéressants soient-ils, ses nouveaux pouvoirs ne seraient d’aucune utilité pour cet objectif. Pour l’heure, l’essentiel était de restaurer ses forces. Le plus grand défi de sa vie l’attendait.</p>
<p>Anaria pilotait la navette au ras du sol afin d’éviter autant que faire se puisse qu’ils soient détectés par des radars. Elle était très tendue, car piloter si vite et si près du sol exigeait d’elle une concentration importante, mais aussi parce qu’elle percevait que quelque chose avait changé chez son compagnon. Bien qu’elle ne sachât pas quoi, son instinct lui soufflait que cela ne présageait rien de bon. D’une manière ou d’une autre, elle était en train de le perdre.</p>
<p>Les senseurs de la navette finirent par repérer des signes de technologie et de vies assez concentrés pour en conclure qu’ils représentaient probablement la nouvelle capitale de Skelor I. Anaria abandonna aussitôt son approche directe et choisit de suivre le lit d’une rivière, qui semblait lui aussi se diriger vers leur objectif en serpentant paresseusement à travers les mornes plaines traversées de volutes de brouillard.</p>
<p>Tel’Ay, immergé dans la Force, avait parfaitement conscience de toutes ces données, mais il restait impassible, les yeux mi-clos, en apparence indifférent à son environnement. Nerveuse, Anaria coulait de temps en temps des regards de biais vers lui, en quête de nouvelles instructions. S’ils pouvaient détecter la présence de la ville, il était fort probable que l’inverse fut également vrai. Continuer à s’approcher était plus dangereux à chaque seconde qui passait. Soit ils prenaient le risque de se faire intercepter, soit ils continuaient à pied, où ils seraient probablement plus discrets. Cette dernière option semblait être le plus raisonnable aux yeux de la Wookiee puisqu’ils n’étaient pas pressés par le temps.<br />
Elle se décida à grogner son analyse de la situation à son compagnon, qui n’y répondit qu’au bout d’un long moment, après avoir jeté un coup d’œil à la console des senseurs. Une part de Tel’Ay s’étonnait d’être capable d’interpréter sans le moindre effort les données chiffrées et diagrammes de détection : quelques semaines plus tôt, ils lui étaient encore parfaitement indéchiffrables.<br />
– Nous sommes à cinquante kilomètres, je pense que cela suffira. Atterrissons et faisons le reste du chemin à pied.<br />
Anaria acquiesça et se mit en quête d’un site d’atterrissage approprié. Elle dévia le cap pour se rapprocher d’une zone marécageuse en marge de la rivière.<br /> D’immenses saules dont les branches formaient une fontaine de feuilles vertes bordaient les rives insalubres. Atterrir sous leur protection leur assurerait un camouflage parfait, mais elle dut s’y reprendre à trois fois avant de trouver un endroit convenable : le tapis d’herbes spongieuses était traître, masquant un cloaque marécageux qui ne demandait qu’à les engloutir. Elle posa enfin la navette sur une gangue de terre suffisamment solide pour en supporter le poids.</p>
<p><br />***</p>
<p>Jiger’Orsorul, le nouveau chancelier de la République, prit rapidement la mesure de son rôle. Fier Bothan porté par les réseaux d’alliances de son peuple, il avait surfé avec opportunisme sur les vagues de la crise qui agitait la République pour se retrouver au poste dont il rêvait depuis le jour où il avait décidé de se lancer dans la politique, activité élevée au rang d’art par son espèce. Et ce jour datait de sa prime enfance…<br />
Au cours de sa carrière, il n’avait reculé devant rien : formé par les meilleurs, il avait mêlé habilement la subtilité de l’homme politique chevronné et les méthodes sans pitié pour écarter ses rivaux.</p>
<p>Fidèle aux principes qui avaient vus son élection, il ne fut pas long à décréter une pause dans l’expansion de la République, qui selon lui devait renforcer sa position et donner à ses membres le temps de pleinement s’intégrer dans le giron républicain.<br />
Il réaffirma que nul monde ne saurait être incorporé contre son gré au sein de la République et, en preuve de bonne foi, annonça qu’il était prêt à reconnaître officiellement l’existence de l’Hégémonie Zabrak. De ce fait, il acceptait que Skelor I en fasse partie.<br />
Il campa fermement sur une position dure vis-à-vis des Skelors : leur planète d’origine appartenant à l’Hégémonie, ils ne pouvaient se prévaloir du statut de citoyens républicains, sauf à en faire la demande individuellement.<br />
Cette nouvelle anéantit Ver’Liu So-Ren, resté sur Coruscant le temps des élections. Officiellement citoyen de l’Hégémonie, il ne pouvait s’y rendre sans être exécuté pour sédition, comme il l’apprit vite par le biais de Tol Guela, ambassadeur de l’Hégémonie. De surcroît, un proche politique de Jiger’Orsorul lui fit comprendre qu’il n’était plus le bienvenue sur Coruscant. Sa présence risquait de mettre le chancelier élu en porte-à-faux vis-à-vis de la politique qu’il venait d’annoncer. Il lui fut même susurré que sa sécurité personnelle risquait de ne pas pouvoir être assuré. En guise de maigre consolation, son interlocuteur lui assura que s’il ne faisait pas de vagues, il se pouvait qu’avant la fin de son mandat, le chancelier Jiger’Orsorul « fasse un geste » pour lui et sa situation délicate.<br />
Ver’Liu mesura l’extrême précarité de sa nouvelle situation quand il lui fut « conseillé » de ne pas chercher à s’installer sur un monde républicain : les plus hautes autorités seraient alors obligées de prendre des mesures contre lui, « pour le bien commun et la paix galactique ».</p>
<p>Pire, un ultimatum lui fut lancé : il avait quinze jours pour rejoindre Velinia III et quitter la planète avec son peuple, au risque de subir des représailles.<br />
C’est dans un état second, proche de la prostration, qu’il embarqua sur son vaisseau pour quitter les lieux. Il avait voulu sauver son peuple et n’avait réussi qu’à le tuer une seconde fois, achevant le travail commencé par les Zabraks une génération plus tôt.</p>
<p><br />***</p>
<p>Sans un mot, Tel’Ay ouvrit l’écoutille et sortit. Anaria grogna sa colère d’être ignorée aussi ostensiblement. Malgré l’absence totale de réaction du Skelor, elle le suivit en bougonnant, une arme pesante dans les bras. Comme elle n’avait pas eu le temps de se fabriquer une nouvelle arbalète-laser, elle avait mis la main sur l’un des fusils-blaster contenus dans la petite armurerie du bord.</p>
<p>Tel’Ay se fondait sans un bruit entre les silhouettes torturées des arbres rachitiques qui n’émergeaient qu’à grand-peine des nappes de brouillard. Anaria avait fort à faire pour le suivre, irritée par l’humidité omniprésente qui rendait poisseuse sa fourrure. À chaque fois qu’elle mettait le pied sur une langue herbeuse et qu’elle s’y enfonçait jusqu’à mi-mollet, elle devait utiliser une bonne partie de sa force pour s’en extirper, avec un bruit de succion faisant presque penser que le marécage ne la laissait partir qu’à regret. Sans parler de la température glaciale qui s’emparait alors de ses pieds et remontait dans ses jambes. Elle frissonna : elle détestait cet environnement, qui semblait décidé à ne pas relâcher ses proies facilement. Alors qu’elle se demandait ce qui pourrait bien leur arriver de pire, elle entendit un grognement, plus sourd que celui qu’aurait pu produire le plus massif des Wookiees.</p>
<p>Elle rejoignit Tel’Ay, qui s’était arrêté un peu plus loin, aux aguets et main prête à empoigner son sabrolaser. Ils avancèrent prudemment, entourés des silhouettes lugubres des arbres noirs, et des rochers aussi gros que des landspeeders devinrent à leur tour visibles. Des dizaines de paires d’yeux jaunes et brillants apparut sur chacun des rochers, transperçant la brume, et un concert de grondements étouffés se leva. Les yeux se tournèrent vers eux.</p>
<p>Reptiliennes, longues de trois bons mètres et montées sur une dizaine de courtes pattes massives, les créatures brunes bougèrent lentement vers eux. Instinctivement, Anaria sut qu’elles attendaient le moindre geste brusque pour leur bondir dessus. Elle n’était pas sûre que son fusil-blaster soit assez puissant pour percer leur épaisse carapace brune parcourue de protéburances.<br />
Tel’Ay se tourna vers elle, et elle fut stupéfaite de voir un large sourire illuminer ses traits, tel un enfant plongé dans un univers magique.<br />
– Ce sont des Krogomos, aussi connus sous le nom de Dragons de Skelor. Jamais je n’aurai pensé en voir un jour.<br />
– Heu, tu as l’air… émerveillé, Tel’Ay. Est-ce bien le moment ? demanda Anaria, inquiète de voir les créatures converger vers eux.<br />
– Les Kromogos sont presque une légende ici. Les vieux contes locaux en sont truffés, ils représentent les messagers ou l’émanation du Grand Sweer, le dieu des Skelors. Ce sont des protecteurs et des alliés des Skelors.<br />
– Ah ? Et… ils le savent ?<br />
– On va vite le savoir, répondit Tel’Ay d’un ton léger.<br />
Le Sith se tourna vers les Kromogos, paumes en avant et sourire aux lèvres. Anaria sentit la tonalité des grondements changer, comme si elle passait de menaçante à quelque chose comme ronronnante. Tel’Ay avança vers l’un des dragons, confiant, et passa sa main sur l’énorme crâne pour le caresser. Le Kromogo parut apprécier ce contact et ferma les yeux de contentement.<br />
– Tu vois, fit Tel’Ay. Je crois que nous avons trouvé des montures !<br />
Mais quand Anaria fit à son tour mine de s’approcher d’un Kromogo, celui-ci émit une plainte hostile. Tel’Ay la prit par la taille et recommença son opération de séduction auprès des créatures. Il fallut un long moment avant qu’elles acceptent la Wookiee.<br />
– Il vaudra mieux que nous montions ensemble un Kromogo. Cela devrait suffire pour assurer ta sécurité.<br />
– Devrait ?<br />
Le sourire par lequel Tel’Ay répondit fut aussi moqueur que carnassier.</p>
<p><br />***</p>
<p>Ovelar Nantelek parcourait joyeusement le fichier informatique qu’il avait sous les yeux. Parfait ! C’était tout bonnement parfait !<br />
Jamais à cours d’un plan de rechange, il s’apprêtait à plonger la République dans une instabilité qu’il espérait la plus longue possible. Ses forces militaires se reconstituaient lentement mais sûrement. Il lui faudrait encore du temps avant d’être certain de pouvoir défendre les mondes de son Hégémonie Zabrak, et plus encore pour agrandir son empire naissant, mais tout était en bonne voie.<br />
Il avait repris contact avec les mondes qui avaient lâché la République pour le rejoindre avant de faire machine arrière sous les pressions de tous bords. Il avait assuré à leurs ambassadeurs que le moment était presque venu où ils pourraient à nouveau annoncer leur intention de faire sécession pour venir grossir ses rangs, et sans que personne ne puisse rien redire à la légitimité de leurs revendications.</p>
<p>C’est le document volumineux ouvert sur son écran qui allait lui en donner l’opportunité. Ses propres réseaux d’information valaient bien ceux des Bothans – qu’il avait d’ailleurs infiltrés depuis des années. Grâce à eux, il collectait des preuves de corruption contre tous les hommes politiques influents de la République. Conscient que l’exercice du pouvoir allait souvent de pair avec un manque de scrupules certain, il n’avait pas eu grand mal à monter des dossiers compromettants. Certes, certains sénateurs étaient farouchement intègres, mais des fausses preuves voire de simples rumeurs de corruption pouvaient tout aussi bien faire de terribles ravages dans leurs rangs.</p>
<p>Dans le cas de Jiger’Orsorul, Bothan jusqu’au bout des griffes, le contenu du dossier était véridique de bout en bout : pots-de-vin, menaces, extorsions de fonds, promesses non tenues, trois maîtresses et plusieurs enfants illégitimes alors que sa femme appartenait à l’un des clans les plus puissants de Bothawui, trucages de scrutins électoraux, disparition de rivaux, etc. Nantelek était presque impressionné par le personnage, qui ne semblait avoir négligé aucune action pour le faire pendre. Toute la panoplie de l’homme politique corrompu y passait, y compris certaines méthodes que Nantelek lui-même apprit pour l’occasion.<br />
À la tête d’une fortune considérable en tant qu’Ovelar Nantelek et surtout maître du Côté Obscur de la Force en tant que Dark Omberius, ses pouvoirs et ses apprentis lui avaient permis de mettre la main sur toutes les preuves dont il avait besoin pour montrer à la galaxie à quel point Jiger’Orsorul était indigne d’occuper les plus hautes fonctions de la République.</p>
<p>Nantelek ouvrit un canal crypté et protégé pour Coruscant. L’ambassadeur Tol Guela répondit sur-le-champ.<br />
– Monseigneur, je suis à vos ordres.<br />
– Je l’espère bien. Avez-vous reçu le dossier sur qui vous savez ?<br />
– Oui, monseigneur. Je propose de l’envoyer à tous les médias importants de Coruscant : museler un holojournal serait possible pour <em>lui</em>, mais <em>il</em> ne pourra rien si tous annoncent la même chose.<br />
– Procédez, mon cher, procédez. Une jolie surprise vous attendra la prochaine fois que vous vous connecterez à vos comptes bancaires.<br />
– C’est un plaisir de vous servir, monseigneur.</p>
<p>Quand Nantelek eut coupé la communication, Tol Guela soupira de soulagement. Peu de gens pouvaient altérer sa sérénité, mais Ovelar Nantelek avait ce pouvoir. Guela était un politicien assez chevronné pour savoir que le président de l’Hégémonie Zabrak possédait à coup sûr un dossier très complet sur ses propres activités illégales ou immorales – et elles existaient. Sa seule option était donc de le servir aveuglément.</p>
<p><br />***</p>
<p>Le Kromogo avalait les kilomètres à une vitesse impressionnante, et ses deux passagers avaient fort à faire pour rester cramponnés. Heureusement, les replis dorsaux presque annelés du Kromogo et les protubérances qui les parcouraient, permettaient à Tel’Ay et Anaria d’avoir prise, bien qu’ils n’auraient pas craché sur des selles. Tel’Ay était parfaitement à l’aise, jouissant des conditions locales parfaitement adaptées à son espèce, alors qu’Anaria était plus malheureuse que jamais, avec l’impression de respirer de l’eau en permanence.<br />
Ils quittèrent leur monture dès que les faubourgs de la ville furent visibles. Gueule tournée vers le ciel, le Kromogo émit une plainte ressemblant à un adieu avant de faire demi-tour et se fondre dans la brume.<br />
Tel’Ay et Anaria se faufilèrent discrètement entre les baraquements de bois qui bordaient la rue, qui n’était rien d’autre qu’un cloaque boueux. Ils évitèrent avec soin les rares silhouettes qui se découpaient de temps à autre.<br />
– Il nous faut un landspeeder. On arrivera plus vite et ça évitera que des gens se posent des questions sur toi. Les Wookiees ne doivent pas être légion sur Skelor I, chuchota Tel’Ay.<br />
– Reste à savoir s’il en existe, répliqua Anaria avec raison.<br />
En effet, les seuls bruits qui parvenaient jusqu’à eux étaient comme étouffés, quelques éclats de voix et… des grincements, qu’ils identifièrent finalement comme provenant des essieux fatigués d’une charrette – remplie de ce qui ressemblait à du foin. L’attelage était tiré par un runderk. Le pachyderme progressait paresseusement et son conducteur Skelor, emmitouflé dans un manteau brun épais et coiffé d’un feutre à larges bords, paraissait recroquevillé sur lui-même.<br />
- Reste ici, je vais l’interroger, fit Tel’Ay.<br />
Il fit le tour de deux bâtisses miteuses pour se retrouver devant l’attelage, comme s’il arrivait par hasard à sa rencontre. Il leva la main pour héler le conducteur.<br /> Celui-ci, morne, tira sur les rênes et les grincements irritants se turent.<br />
– Bonjour, l’ami, dit Tel’Ay. Je suis un voyageur venu de loin, et j’avoue être un peu perdu. Comment s’appelle cet endroit ?<br />
L’autre leva des yeux ternes et répondit d’une voix monocorde :<br />
– Calibda. Nous sommes dans les faubourgs de Calibda.<br />
– La capitale de Skelor I ?<br />
– Il paraît, rétorqua l’autochtone d’un ton rogue.<br />
– Le palais de Nantelek s’y trouve ?<br />
– Tu es de ces amis ?<br />
– Pas vraiment, non.<br />
– Oui, le palais du Zabrak s’y trouve, finit par lâcher le Skelor.<br />
– Tu peux m’y conduire ?<br />
– Il est hors de question que j’approche de cet endroit maudit où vivent nos oppresseurs !<br />
– Écoute-moi, l’ami, chuchota Tel’Ay, il est très important que je puisse me rendre à cet endroit…<br />
Il écarta les pans de sa cape noire et montra ostensiblement le sabrolaser qui pendait à sa ceinture.<br />
– … si tu vois ce que je veux dire, termina-t-il avec un sourire complice et en espérant que son interlocuteur le prendrait pour un Jedi en mission secrète.<br />
L’autre resta coi mais Tel’Ay put sentir une vive excitation jaillir en lui. Il fallut un certain temps pour qu’il parvienne à maîtriser ses émotions, acquiescer de la tête et répondre simplement :<br />
– Grimpe.<br />
– Attends un instant, je ne suis pas seul. Anaria, ramène ta grande carcasse !<br />
L’autochtone sursauta en voyant la haute silhouette de la Wookiee surgir du brouillard et venir sur eux au pas de course. Une expression émerveillée envahit ses traits quand elle s’arrêta à un mètre de l’attelage.<br />
– C’est… c’est une Wookiee, n’est-ce pas ?<br />
– En effet, répondit Tel’Ay, affable.<br />
– Et… vous l’avez apprivoisée ?<br />
Anaria grogna à cette répartie et l’autochtone rentra la tête dans les épaules, apeuré.<br />
– N’aie crainte, fit Tel’Ay en s’asseyant à ses côtés. Elle a ses humeurs mais n’est pas méchante. Grimpe, Anaria, la paille fera une excellente cachette pour toi.
– C’est du foin, répliqua l’autre.<br />
– Si tu le dis.</p>
<p><br />***</p>
<p>Après une nouvelle dure journée de travail, aussi jouissive que les précédentes quand on occupait un poste tel que le sien, Jiger’Orsorul put enfin prendre le temps de se détendre une fois le dernier conseiller expédié. Il en était à se demander comment il allait pouvoir faire entrer discrètement dans ses quartiers privés les deux esclaves zeltronnes dont il avait fait l’acquisition récemment, quand sa console de communication émit un trille. Sa fourrure se hérissa quand il constata que le canal utilisé était celui qu’il réservait à ce qu’il appelait ses « sources », à savoir ses informateurs officieux.<br />
– Oui ?<br />
– C’est Kreng, de <em>Holonews</em>. Je sors d’une réunion exceptionnelle avec la rédaction. On vient de nous faire parvenir un dossier extrêmement compromettant sur vous et mes supérieurs veulent en faire la une à la prochaine édition.<br />
– Quoi ? Il n’est pas question que cela…<br />
Un nouveau trille retentit, d’une source similaire, puis un autre, puis encore un autre…<br />
Jiger’Orsorul se contenta de regarder le nom des expéditeurs : ses contacts de <em>Coruscant-Minute</em>, de <em>Mararai-Hebdo</em>, du <em>Républicain</em>, et d’une bonne dizaine d’autres titres-phares de l’espace républicain.<br />
– Chancelier, vous êtes là ? Chancelier ? insista Kreng.<br />
Orsorul coupa la communication, et éteignit d’une main tremblante la console d’une voix tremblante.</p>
<p><br />***</p>
<p>En chemin, le paysan – Lit’Nor – gratifia Tel’Ay du récit de toutes les exactions commises par l’occupant zabrak contre le peuple skelor. Bien que le Sith s’en moquât éperdument, il afficha un masque de compassion de bon aloi et hochait la tête pour approuver les propos de son nouvel ami quand il le fallait.<br />
Toute son attention était surtout focalisée sur son environnement. Il avait déjà remarqué que les vêtements de Lit’Nor étaient usés jusqu’à la corde, mais il vit que tous les autres Skelors qu’ils croisaient et qui avançaient tête basse lui ressemblaient beaucoup sur ce point-là. Il savait que les Skelors qui avaient pu partir en exil étaient pauvres dans leur grande majorité, mais force était de constater que ceux qui n’avaient pas fuis n’étaient pas mieux lotis. Pendant la demi-heure que dura leur lent cheminement à travers les rues quasiment désertes, il ne vit en tout et pour tout que deux landspeeders, aux vitres teintées. À chaque fois, Lit’Nor cracha au sol après leur passage en murmurant « traîtres ». La seule autre manière de se déplacer semblait être des charrettes semblables à celle de Lit’Nor.</p>
<p>Peu à peu, les rues boueuses et les bâtiments montés de bric et de broc qui les bordaient laissèrent place à des avenues pavées et des bâtiments préfabriquées, ces derniers cédant ensuite à la place à des immeubles de plus en plus imposants fabriqués dans des blocs massifs de pierre blanche, sûrement du calcaire.
Ils finirent par déboucher sur une place assez vaste pour permettre l’atterrissage d’un croiseur. Le sol était recouvert de fines mosaïques chatoyantes, mais le brouillard persistant ne permettait pas d’en apprécier les frises.</p>
<p>L’objectif de Tel’Ay se dévoila dans toute sa splendeur. Lit’Nor n’eut pas besoin de lui indiquer quel édifice était celui d’Ovelar Nantelek. L’édifice écrasait de sa taille le reste de la place. Une volée de marches hautes montait jusqu’à un niveau orné de colonnes impressionnantes, au milieu desquelles se découpait une double porte haute de trois mètres, dont chacun des pans était ouvert.<br />
Des mercenaires faisaient le pied de grue devant, surtout zabraks et togoriens. Ils avaient beau n’être qu’une dizaine, nul doute qu’il y en aurait d’autres derrière. Tel’Ay avait pris soin de se déconnecter de la Force dès qu’il s’était installé aux côtés de Lit’Nor, désireux de ne pas attirer l’attention d’Omberius. Il lui faudrait tenir sans se dévoiler le plus longtemps possible.<br />
Arrivés au milieu de la place gigantesque, Tel’Ay posa sa main sur l’épaule de Lit’Nor et lui dit :<br />
– Merci, mon ami. Je descends là. Je vais aller directement sur eux et monopoliser leur attention. Pendant ce temps, fais le tour de la place avec ta charrette. Je les occuperai jusqu’à ce que tu arrives, et Anaria pourra m‘aider à faire le ménage.<br />
– C’est ça ton plan ? demanda la Wookiee cachée sous le foin. Rentrer dans le tas ? Ce n’est pas un peu trop simpliste ?<br />
– C’est simpliste, mais on bénéficiera de l’effet de surprise. D’ici à ce qu’ils comprennent ce qui leur arrive, on aura le temps d’arriver jusqu’à Omberius.<br />
– Ça, c’est ce que tu espères. Pour ma part, je pense que ton optimisme frise de trop près l’inconscience.<br />
– Si je me plante, je te promets de te faire mes plus plates excuses, répondit Tel’Ay en sautant de l’attelage.<br />
Il échangea un signe de tête avec Lit’Nor avant de marcher résolument vers le palais.</p>
<p><br />***</p>
<p>Les révélations de la presse sur Jiger’Orsorul plongèrent le Sénat en ébullition. Le scandale était immense et le coup porté à la République très grave. Pendant de longues heures, les sénateurs exigèrent du chancelier qu’il vienne s’expliquer devant eux. Les rumeurs allaient bon train : Orsorul s’était enfui en catimini vers Bothawui, il était victime d’une campagne calomnieuse – bien que les preuves apportées ne laissassent pas place aux doutes. Selon d’autres encore, il avait été mis aux arrêts sur ordre du Conseil Jedi, seul organisme habilité à prendre le pouvoir en cas de vacance de la chancellerie, en attendant l’organisation de nouvelles élections. Le chaos était à son comble.</p>
<p>Les trois maîtres Jedi, capuches rabattues, arpentaient lentement les couloirs du Sénat. Les nombreux gardes qui les encadraient avaient fort à faire pour leur permettre d’avancer au milieu des sénateurs, assistants et journalistes qui voulaient savoir ce qui se passait.<br />
Ils ne dirent pas un mot et parvinrent enfin à rejoindre les quartiers privés de Jiger’Orsorul, devant lesquels le chef de la sécurité du Sénat, extrêmement agité, ne cessait de faire les cent pas. Les voir arriver fut pour lui un immense soulagement. Il les fit entrer, les suivit et verrouilla derrière lui.<br />
Les maîtres dévoilèrent leurs visages : étaient présents le Nikto Maddeus Oran Lijeril, Grand Maître de l’Ordre, et deux autres membres du Conseil Jedi, la Besalisk Mecti Laminer et le Caamasien Tempeï-Liy.</p>
<p>Le chef de la sécurité les mena jusqu’au bureau de Jiger’Orsorul. Le chancelier était assis bien droit dans son fauteuil cossu, la tête maintenue par le dossier rembourré qui la dominait. Ses yeux grands ouverts ne regardaient rien, un filet de bave coulait aux commissures de ses lèvres bordées d’un fin duvet de fourrure. Le manche d’une dague saillait de sa poitrine, enfoncée à l’endroit où se trouvait son cœur.<br />
– Je… je pense qu’il s’est donné la mort, maîtres, hasarda le chef de la sécurité.<br />
Lijeril se tourna vers ses compagnons après une longue réflexion :<br />
– Il nous faut annoncer son décès… et que le Conseil Jedi prend la tête de la République. Faites venir nos meilleurs diplomates, nous devons organiser au plus vite de nouvelles élections.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XIXurn:md5:d80aeaac596af339ad6d33ebc6a77dd42012-02-17T13:19:00+01:002013-07-08T15:46:03+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>L’heure est venue de l’élection à la Chancellerie de la République. Et tandis que Dark Omberius choisit son apprenti parmi les candidats retenus, Tel’Ay et Anaria débarquent sur Skelor I…</p> <h2>Chapitre 19</h2>
<p>Maddeus Oran Lijeril eut une semaine très chargée. Prenant lui-même en main les négociations devant des sous-commissions du Sénat, réunies en grand secret, il tenta par tous les moyens de rapprocher les positions de Marcus Valorum et de Jiger’Orsorul.<br />
En privé, le Chancelier en exercice admettait qu’il était allé trop loin avec son affirmation que Skelor I devait intégrer la République, mais il refusait d’en démordre : les élections auraient lieu à la fin de la semaine, et il ne pouvait pas se permettre de passer pour une girouette si peu de temps avant.</p>
<p>Le Bothan Jiger’Orsorul, devenu chef de l’opposition depuis sa récente intervention face à Ver’Liu, affinait en catastrophe son programme électoral, servi par une équipe de conseillers bothans rodé aux facettes de la politique. Avant la bourde de Valorum, l’opposition était totalement désorganisée. Désormais, le Bothan en était le fer de lance, et il n’avait eu de cesse de mener ses propres négociations avec tous les ennemis politiques de Valorum, afin d’avoir le plus d‘alliés à ses côtés.<br />
Peu lui importaient les accord secrets qu’il ne cessait de conclure, même irréalistes ou mensongers, du moment qu’il soit élu.<br />
En ces temps d’expansion de la République vers la Bordure Médiane, Jiger’Orsorul préconisait avant tout que la République se replie sur elle-même. Affirmant que les colonisations et autres ralliements à l’entité majeure de la galaxie se multipliaient trop rapidement, il voulait qu’une pause soit observée, le temps d’intégrer pleinement les nouveaux membres, en les dotant d’un socle commun de culture républicaine. Selon lui, l’unité de la République en dépendait : ses valeurs devaient être diffusées et assimilées au sein des mondes qui la composaient.</p>
<p>Lijeril dut vite se rendre à l’évidence : tout accord, tout lissage de positions entre les deux candidats serait impossible avant les élections, trop proches. Il ne lui restait plus qu’à suivre avec attention les événements. D’autant qu’en ces temps chaotiques, les propositions de Jiger’Orsorul de stabiliser la situation rencontraient bien des avis favorables.</p>
<p><br />***</p>
<p>Tel’Ay passa les quelques jours de voyage en hyperespace pour renforcer son contrôle de la Force et méditer. Le Gant de Vèntorqis l’aida à renforcer sa connexion et à se gorger de Force. Il se sentait comme une batterie qu’il faut recharger.<br />
Sa blessure à la cuisse n’était plus qu’un mauvais souvenir, dont les stigmates s’effaçaient rapidement sous l’action du ballet enfiévré des midi-chloriens qui parcouraient le corps du Skelor.<br />
Il était au sommet de sa forme. Prêt à affronter son destin, prêt à affronter le plus grand ennemi qu’il ait jamais eu.</p>
<p>Leur sortie d’hyperespace était prévue vingt minutes plus tard. Anaria était déjà tendue sur les commandes, prête à réagir au quart de tour au moindre signe de problème. À ses côtés, Tel’Ay était serein comme jamais. Tous deux savaient qu’ils auraient droit à un comité d’accueil hostile, et que rien ne risquait d’être simple.</p>
<p>Une alarme retentit, quatre minutes avant la fin du compte à rebours, et leur navette fut arrachée de l’hyperespace. Un croiseur de bataille, semblable à ceux qui avaient attaqué Velinia III, occupait une large partie du cockpit. Placé sur le vecteur hyperspatial qui menait à Skelor I, visible en contrebas, sa mission était visiblement d’intercepter toute tentative d’approche.<br />
Mission pleinement réussie car avant qu’Anaria ait pu reprendre en mains les commandes de la navette, un rayon tracteur les prit dans son filet invisible. Lentement, leur vaisseau se dirigea vers le croiseur, dont une soute s’ouvrit pour les accueillir.</p>
<p>Anaria s’acharna sur les commandes, inversant la poussée et détournant la moindre parcelle d’énergie vers les moteurs. Elle poussa un hurlement de rage quand ses efforts s’avérèrent vains.<br />
– D’après la base de données de la navette, nous disposons d’un canon-blaster et de deux torpilles à protons. Est-il possible de détruire le rayon tracteur ? demanda calmement Tel’Ay.<br />
– Ne dis pas de bêtise ! Ils disposent de boucliers pour parer à tout tir énergétique !<br />
– Et une torpille ?<br />
– Même chose. Ils détecteront son arrivée et la détruiront. Dans le meilleur des cas, ses systèmes de guidage se désactiveraient en rencontrant leur bouclier, et elle errerait ensuite, inoffensive, jusqu’à ce qu’ils la récupèrent. Nous sommes piégés !<br />
Les rouages de son cerveau fonctionnant à plein puissance, et fort des connaissances techniques qu’il s’était forcé à ingurgiter récemment, Tel’Ay reprit :<br />
– Si nous lançons une torpille désactivée, aucune source énergétique ne serait détectée, n’est-ce pas ? Et la torpille n’apparaîtrait pas sur leurs senseurs car sa masse est trop petite, je me trompe ?<br />
– Cela ne nous avancera à rien. Sans système de guidage, jamais la torpille n’atteindra sa cible.<br />
– J’en ai un à toute épreuve, et cela s’appelle la Force. Je peux guider la torpille à distance. Est-il possible de la reconfigurer rapidement pour qu’elle soit inerte énergétiquement, mais qu’elle explose au moindre contact ?<br />
– Oui, grogna Anaria. Avec des connaissances dont je ne dispose pas…je peux la désactiver d’ici, mais je suis incapable de la reprogrammer.<br />
– On s’en contentera. Désactive nos deux torpilles et lance-les, je me charge du reste.<br />
Bien que dubitative, elle obéit.</p>
<p>Dans l’état de concentration avancé dans lequel il baignait, Tel’Ay ne ressentait plus ses anciennes réticences envers tout ce qui touchait à la technologie. Au contraire, il eut l’impression de faire partie d’un vaste ensemble, d’être le vaisseau lui-même… en quelque sorte. C’est comme s’il pouvait s’infiltrer à travers chaque composant, comme s’il pouvait suivre chaque parcelle d’énergie qui parcourt les câbles.<br />
Il était fasciné mais se reprit vite. Le temps n’était pas à la dispersion. Il s’empara mentalement des deux torpilles qui dérivaient mollement vers le croiseur, prises dans le rayon tracteur, et leur donna une impulsion mentale pour en augmenter la vitesse.<br />
Ce faisant, son esprit ne fit plus qu’un avec les circuits des deux engins de mort. Des connaissances qu’il ne possédait pas commencèrent à affluer en lui. Il sut comment les torpilles auraient pu être reconfigurées pour exploser par contact. Le savoir ne lui servit à rien, car son instinct lui souffla qu’une telle opération devait se faire physiquement, avec des outils, et demandait beaucoup de temps.<br />
Par contre, une chose lui sauta aux yeux : le point précis des torpilles qu’il devait stimuler mentalement pour que l’énergie y circule à nouveau. Il esquissa un sourire.<br />
– Prépare-toi à virer de bord direction Skelor I, dit-il, yeux mi-clos.<br />
Les torpilles franchirent le bouclier du croiseur, toujours sans être détectées. Tel’Ay dirigea l’un d’elles vers l’origine de l’invisible rayon tracteur que, à sa grande surprise, il <em>parvenait à voir</em>. Il envoya l’autre vers l’ouverture béante de la soute.</p>
<p>Il réactiva la torpille qui allait percuter le projecteur de rayon tracteur deux secondes avant le contact. Ce faisant, une alarme retentit dans son cerveau : l’autre torpille venait d’être identifiée par un détecteur de mouvements. Il la réactiva à son tour et la gifla mentalement pour qu’elle s’écrase le plus vite possible dans la soute.
Les artilleurs du croiseur furent trop lents à verrouiller leur cible, et une double explosion retentit lorsque les deux torpilles touchèrent leur cible.</p>
<p>La pression qui retenait la navette disparut soudainement, et Anaria lança toute la puissance dans les moteurs. La navette bondit comme si elle avait tous les diables de l’univers aux trousses.<br />
La Wookiee s’attendait à ce qu’une seconde à l’autre, un nouveau rayon tracteur les reprenne dans son giron. Un coup d’œil jeté à son compagnon lui apprit que celui-ci était toujours d’une sérénité à toute épreuve, comme si la dangerosité de la situation ne le concernait pas. Il n’y eut aucune réaction ennemie avant qu’ils réussissent à entrer dans l’atmosphère.<br />
– Voilà les coordonnées de la capitale, Billolougue, fit Tel’Ay en les affichant sur les moniteurs de contrôle d’Anaria.<br />
Celle-ci grogna, incertaine. Le Skelor semblait si déshumanisé qu’elle ne le reconnaissait plus.</p>
<p><br />***</p>
<p>Ovelar Nantelek poussa un soupir las dès que les ambassadeurs des mondes de Xenosh, Falarin et Gueldor eurent quitté la salle des négociations. Il enchaînait presque sans discontinuer réunion sur réunion, rencontrait tout représentant de monde susceptible de rejoindre son mouvement. Tout se passait bien, globalement. Sur ses vingt et un nouveaux alliés potentiels, la grande majorité avait vite été séduite par les perspectives offertes par le ralliement.<br />
Nantelek possédait des dossiers extrêmement fouillés sur chacun de ses interlocuteurs, et en jouait parfaitement, en maître de la manipulation qu’il était. Comme beaucoup de personnages importants, ils n’avaient pour but dans la vie que d’accroître leur pouvoir, leurs possessions, leur prestige. À la tête d’une fortune impressionnante, Nantelek distribuait des pots-de-vin saupoudrés de promesses, et ces méthodes suffisaient le plus souvent.<br />
Il y avait néanmoins quelques réticences. S’il avait eu plus de temps devant lui, le Zabrak aurait posé les germes de l’instabilité sur les mondes en question, et aurait fait en sorte, insidieusement, que leurs ambassadeurs n’aient pas d’autre choix que de le rejoindre. Chantage, menaces, fausses accusations de corruption, soutien d’un adversaire politique sur la scène locale, tout était bon pour servir ses buts.<br />
Il faisait en outre jouer tous ses contacts d’importance afin qu’ils appuient au Sénat l’idée que la République devait cesser, au moins un temps, de grandir d’une manière anarchique. Plus de tels propos seraient diffusés, plus la position de Jiger’Orsorul serait renforcée, et celle de Valorum battrait de l’aile, parallèlement.</p>
<p>Le Seigneur Noir des Sith ne restait pas inactif non plus sur le plan militaire. Il dépensait million sur million pour recruter les groupes de mercenaires les plus connus de la galaxie. Les vestiges de sa propre flotte orbitaient autour de Skelor I, et la nouvelle flotte en cours de constitution se rassemblait autour d’une étoile binaire isolée. Quoi que l’avenir réservât, Omberius avait un nouvel atout dans sa manche.</p>
<p><br />***</p>
<p>L’élection d’un Chancelier était toujours un événement majeur au sein de la République. En période calme, c’était l’occasion pour les sénateurs d’étaler leur pouvoir et de se montrer. Ils devaient paraître sereins et puissants, face aux dizaines de caméras-droïdes qui ne cessaient de virevolter dans les couloirs somptueusement décorés, les journalistes leur couraient également après, avides de réaliser une interview marquante. Évidemment, ils se réunissaient aussi discrètement avec les conseillers d’autres sénateurs, pour des tractations de dernière minute et des ajustements de position.<br />
Pour l’événement, les sénateurs se mettaient également au goût du jour en matières de luxe, de coiffures et de mode. Les créateurs se battaient presque pour que les sénateurs arborent les tenues qu’ils avaient mis des mois à concevoir. Leur fortune et leur prépondérance dans ces milieux à la sélection impitoyable en dépendaient. Celui ou celle qui se serait chargé de l’apparence du futur Chancelier serait assuré de se retrouver en haut de l’affiche pendant des mois.<br />
En cette occasion essentielle de la vie politique, les sénateurs étaient plus que jamais convaincus d’être les hommes qui comptaient le plus dans la galaxie.</p>
<p>Qui plus est, ces élections-là revêtaient une importance toute particulière, du fait des dissensions et tensions qui secouaient la noble assemblée. D’autant qu’avec les prises de position maladroites de Marcus Valorum, la semaine précédente, l’écart entre lui et son adversaire le plus en vue, le sénateur bothan Jiger’Orsorul, avait fondu comme neige au soleil.<br />
Si les deux candidats arboraient une confiance de bon aloi, ils étaient loin de la ressentir, pleinement conscients que les heures à venir seraient essentielles pour leurs avenirs respectifs.</p>
<p>Le Sénat comptait quatre cents trente-sept représentants. Quand l’assesseur, qui était sénateur le plus âgé de l’assemblée, prit place dans la plate-forme réservée au chancelier, il déclara la session ouverte, et un panneau holographique apparut, trois mètres au-dessus de sa tête.<br />
Marcus Valorum, pour la première fois depuis quatre ans, avait repris sa place dans la plate-forme sénatoriale réservée au sénateur de Coruscant, en attendant le résultat des votes de ses pairs.</p>
<p>Chaque plate-forme était équipée d’un boîtier numéraire électronique. Quand les sénateurs rentraient le numéro attribué au candidat qu’ils soutenaient, le panneau d’affichage virtuel au centre du Sénat s’actualisait. Pour l’heure, il n’affichait que deux données : le nombre de sénateurs qui avaient voté, et le nombre de ceux dont on attendait la décision.<br />
Un globe lumineux surplombait également chaque plate-forme et en éclairait les occupants. Dès que le vote était accompli, la lumière s’éteignait. Au fur et à mesure que la cérémonie d’investiture se déroulerait, les lumières se feraient de plus en plus marginales. Les derniers à choisir seraient au centre de l’attention.
Traditionnellement, la grande majorité des votes se faisaient dès la première minute. Les sénateurs montraient ainsi que leur choix était fait depuis longtemps, qu’ils avaient opté pour un camp de manière pleine et entière.<br />
Parmi ceux qui traînaient le plus, on trouvait souvent les sénateurs qui votaient à contrecœur car peu convaincus par les candidats en lice. Dans la mesure où voter était obligatoire, tergiverser était pour eux une façon de montrer la distance qu’ils prenaient avec les futures politiques qui seraient appliquées.<br />
Les derniers à voter étaient les candidats eux-mêmes, rivalisant de dignité pour l’occasion.</p>
<p>Il ne se déroula que dix minutes entre le moment où l’assesseur déclara le scrutin ouvert, et celui où le dernier à voter, Jiger’Orsorul, valida son choix dix secondes après Marcus Valorum.</p>
<p>Dès que le nombre de sénateurs fut passé à zéro sur la panneau d’affichage virtuel, celui-ci se brouilla, en attendant la proclamation officielle des résultats. Le vainqueur devrait avoir un minimum de deux cents dix-neuf voix, car il devait être élu à la majorité absolue. Même s’il y avait sept listes en lice, seules celles de Valorum et de Jiger’Orsorul concentreraient l’écrasante majorité des votes, tout le monde en avait conscience.</p>
<p>Une sonnerie discrète se fit entendre du panneau d’affichage, signe que les résultats allaient apparaître d’un instant à l’autre. Valorum déglutit nerveusement avant de relever fièrement la tête, et Jiger’Orsorul se figea, raide comme un piquet.</p>
<p>Les lumières dansantes du panneau se transformèrent en lettres, et la République découvrit les résultats :</p>
<p><em>Jiger’Orsorul : 221 voix.</em><br />
<em>Marcus Valorum : 203 voix.</em><br />
<em>Edthcom Binges : 5 voix.</em><br />
<em>Saratama Canawasi : 4 voix.</em><br />
<em>Offucius Vermoont Plavae : 2 voix.</em><br />
<em>Sehou Rygogre :1 voix.</em><br />
<em>Mecaron Sonllia : 1 voix.</em></p>
<p>Valorum blêmit, sonné debout, tandis que Jiger’Orsorul, sous les cris enthousiastes ou de dépit, esquissa un sourire carnassier.</p>
<p><br />***</p>
<p>Tel’Ay et Anaria volèrent en rase-mottes droit sur Billolougue, sans déplorer aucun incident ni rencontre fâcheuse. Quand ils arrivèrent en vue des hautes crêtes qui ceignaient la capitale, ils se posèrent à l’abri d’un contrefort rocheux.<br />
- Il y a quelque chose qui ne va pas, dirent-ils en même temps.<br />
Ils se regardèrent et Tel’Ay fit signe à sa compagne de s’expliquer.<br />
– Nos senseurs sont plutôt grossiers et obsolètes, mais ils devraient détecter une profusion de signes vitaux et de traces de technologie.<br />
– La Force ne m’en indique pas non plus, ou si peu, acquiesça Tel’Ay. Nous ne sommes pas au bon endroit. Je doute fort que Dark Omberius soit là.<br />
– Que faisons-nous, Tel’Ay ?<br />
– On y va quand même. Je détecte des traces de vie, bien qu’éparses. Tâchons d’en apprendre plus.</p>
<p>Dès qu’ils mirent le pied dehors, la température, froide et gorgée d’humidité, les prit à la gorge. Anaria grogna, et Tel’Ay sourit. Les conditions étaient parfaites pour lui, qui détestait la chaleur. Même les odeurs de flore en putréfaction lui parurent presque familières. Anaria serrait contre elle l’arbalète-laser qu’elle s’était confectionnée pendant le voyage. Avant de réussir son <em>hrrtayyk</em>, elle s’était toujours senti indigne d’une telle arme, symbole de courage et de dignité pour les siens.
Leurs pieds s’enfoncèrent jusqu’aux chevilles dans un épais tapis d’herbe gorgée d’eau, qui tapissait les lieux jusqu’au pied de la crête, qui semblait sortir du sol tel des crocs menaçants.<br />
Tel’Ay grimpa aussi rapidement qu’une chèvre des montagnes conariennes. Arrivé au sommet, Anaria sur les talons, il jeta un coup d’œil discret vers ce qui avait été le lieu le plus important de la planète, avant que la famille fusse condamnée à l’exil par l’invasion zabrak.<br />
Anaria grogna de dépit, car il n’y avait pas grand-chose à voir : une épaisse couche de brouillard recouvrait le fond de la vallée, dérivant paresseusement. Quelques arbres noirs, aux branches torturées, émergeaient de-ci de-là, ainsi que des vestiges de bâtiments imposants.<br />
– Pas très engageant, comme endroit, fit la Wookiee. En plus, qui sait ce que cache cette brume ?<br />
– Moi.<br />
Il n’en dit pas plus et entreprit de descendre vers les ruines de la capitale. Tel’Ay portait le Gant de Vèntorqis, mais le sabrolaser de Dark Glaro était attaché à sa ceinture. Le moment n’était pas encore venu de s’en servir.<br />
Il sentait le malaise sourd qui étreignait Anaria à ses côtés, comme si elle percevait la mort et la douleur qui recouvraient les lieux d’une chape de plomb encore plus épaisse que le brouillard. Pour sa part, il était à son aise. Au contraire, ces émotions négatives et ces relents de souffrance renforçaient ses liens avec le Côté Obscur de la Force.<br />
Qui plus est, même s’il avait conscience de l’existence de la brume, il voyait à travers comme si elle n’était pas là. Elle était l’œuvre du Côté Obscur, aucun doute là-dessus. Tel’Ay identifia plusieurs formes de vie, qui se croyaient au-delà de ses perceptions mais ne s’en déplaçaient pas moins discrètement. Des hommes armés, qui les avaient sans nul doute repérés et convergeaient vers eux.<br />
Il repéra également l’être qui était à l’origine de la brume. Il fut déçu de constater qu’il ne s’agissait pas de Dark Omberius, et surpris de sentir qu’il avait affaire à un Skelor, qui tentait de distordre son environnement. Un pouvoir intéressant, qui semblait être le fruit d’un esprit non moins distordu. Mais qui n’avait aucune prise sur Tel’Ay. Le Côté Obscur de la Force était son environnement naturel, son allié depuis toujours.</p>
<p>Tel’Ay fit signe à Anaria de s’abriter à ses côtés, derrière un muret. S’il pouvait voir les mercenaires grâce à la Force, il était sûr que eux s’appuyaient sur des scanners pour les repérer. Inutile de former une cible bien visible pour faciliter une attaque. La différence notable, et essentielle, était que Tel’Ay n’avait pas à se préoccuper de lignes de mire pour passer à l’assaut.<br />
Il se plongea profondément dans la Force. Il entra en contact mental avec l’autre utilisateur de la Force et lui fit sentir toute la puissance de son esprit. L’autre, déjà déséquilibré par nature et prenant peur face à cette incursion inattendue, recula et relâcha son emprise sur la brume.<br />
Tel’Ay étendit son champ de perception, cherchant à dénombrer ses adversaires. Il cessa quand il en eut compté trente, et décida de s’occuper d’abord de ceux-là. Il y avait sûrement d’autres, plus éloignés, mais le temps qu’ils se rapprochent, le Skelor se serait déjà débarrassé d’un certain nombre d’ennemis.</p>
<p>Il en vit trois, aussi précisément que s’il s’était tenu face à eux. Ils s’abritaient derrière un mur de pierre effrité, dont le pan le plus élevé les dominait d’une dizaine de mètres. Il se focalisa sur les failles qui couraient dans le mur et exerça une pression sur la plus grande d’entre elles. Le mur ne résista pas longtemps à sa poussée de Force et s’abattit sur les trois hommes, qui furent ensevelis avant d’avoir pu réagir. Tous les autres cessèrent leur progression en entendant l’éboulement, aux aguets.<br />
<em>Aussi impuissants que des enfants</em>, sourit intérieurement Tel’Ay. Toujours par télékinésie, il s’empara d’une pierre de belle taille et la fit léviter paresseusement, jusqu’à la positionner au-dessus d’un Togorien armé. Tel’Ay relâcha son emprise brusquement et le mercenaire fut écrasé par le poids de la pierre.<br />
Quelques tirs de blaster retentirent. Les soldats d’Omberius commençaient à céder à la nervosité.<br />
Les choses étaient très faciles, surtout avec le soutien du Gant de Vèntorqis. Tel’Ay avisa deux mercenaires, distants d’une dizaine de mètres l’un de l’autre. Se nourrissant de leur peur, il créa l’illusion d’un spectre entre eux. Ils le virent en même temps et l’arrosèrent de tirs… s’abattant mutuellement.</p>
<p>Tel’Ay décida alors de changer de tactique. À ce rythme, il faudrait des heures pour venir à bout des mercenaires un à un, sans compter que des renforts pouvaient arriver entre-temps. L’heure n’était plus à la subtilité. Il recommanda à Anaria de se trouver une cachette dans les ruines, bien abritée, et de s’y tenir terrée jusqu’à ce qu’il vienne la chercher. Elle protesta pour la forme mais n’insista pas après avoir croisé son regard. La promesse de mort qui dansait dans les yeux du Skelor l’en dissuada.</p>
<p>Dès qu’il la sentit en sécurité, Tel’Ay fit voleter une brise et l’alimenta du pouvoir destructeur du Côté Obscur. Il se drapa d’un tourbillon de débris, graviers et poussière, et renforça sa création de vagues de Force, progressivement. Des pierres plus grosses qu’un crâne s’ajoutèrent au ballet et se mirent à tourbillonner autour de lui, de plus en plus vite, avant que d’autres encore plus imposantes ne se joignent à la sarabande infernale. Le Tanietien sortit alors de sa cachette et marcha droit vers ses ennemis.<br />
Le sifflement rageur de la mini-tornade qu’il avait déclenché le rendait sourd, et le maëlstrom furieux l’empêchait de rien distinguer. Une toute petite part de son esprit restait focalisée sur la localisation des mercenaires, sur lesquels il marcha l’un après l’autre. La plus grande partie de son esprit s’acharnait à alimenter le cyclone de Force et à le stabiliser.<br />
Il sut qu’il touchait aux limites de son pouvoir, et que cette technique héritée de la Sith était plus propre aux anciens Sith dominés et consumés par le Côté Obscur qu’aux Tanietiens comme lui. La sensation de pouvoir illimité était si grisante que Tel’Ay faillit s’y perdre. Il dut se faire violence pour garder son contrôle et ne pas laisser le phénomène échapper à son emprise.<br />
Il avançait lentement dans les méandres des ruines de Billolougue, à la recherche de ses cibles. Dès qu’il en repérait une, il marchait droit dessus. Le mercenaire n’avait alors que deux choix : rester, tirer en vain et se faire happer par la tempête ; ou fuir, option qui n’était pas facilitée par l’environnement.<br />
Tel’Ay finit par trouver le plus intéressant de ses ennemis à ses yeux, le Skelor utilisateur de la Force. Il canalisa alors sa puissance pour faire décroître le pouvoir destructeur de la tempête, lentement. Jouer avec de telles forces destructrices pouvaient avoir des conséquences mortelles, et ce n’était pas le genre de pouvoir qu’on coupait d’un coup, comme si on appuyait sur un interrupteur. Au contraire, relâcher son emprise brusquement équivalait à laisser la tempête de Force acquérir sa propre force… quitte à ce qu’elle se retourne contre son créateur. Car quand une tempête de Force échappait au contrôle de celui qui l’avait invoqué, nul ne pouvait la reprendre la main.<br />
Quand Tel’Ay laissa mourir le tourbillon de poussière qui l’entourait, un début de migraine l’assaillit, et son corps était agité d’un léger tremblement. Ses épaules s’affaissèrent quand une grande fatigue s’abattit sur lui.<br />
Ce n’était pas le moment de fléchir. Il releva la tête. Autour de lui, dans un rayon de plusieurs dizaines de mètres, les débris n’avaient jamais été aussi nombreux, et bien des corps les jonchaient, souvent gisants comme des marionnettes désarticulés, les os fracassés par les tourbillons de mort de la tempêtes.<br />
En lisière de cette zone, un vieux Skelor, à la peau parcheminée et blanchâtre, vêtu de haillons, était encore agrippé à un muret et regardait Tel’Ay avec des yeux éperdus de terreur.<br />
Tel’Ay lui sourit froidement et marcha résolument vers lui.</p>
<p><br />***</p>
<p>Ovelar Nantelek, au terme d’une journée qui avait été aussi éprouvante que celles de la semaine écoulée, n’aspirait qu’à aller se coucher pour bénéficier d’un sommeil salvateur. Mais il fit un détour par l’aile de son palais qui était interdite à tout autre que lui, celle où se trouvait son sanctuaire, ses nouveaux apprentis et l’holocron de sa lignée de Seigneur Sith.</p>
<p>Mettant à profit ses dons de dissimulation et d’illusionniste, il se faufila dans l’ombre de l’ombre pour observer discrètement Alector Hebras, l’humain manchot, et le Duro Verinis. L’humain s’entraînait au combat, et effectuait pirouette sur pirouette, un long bâton à la main. Le Duro serrait un rat dans sa main et semblait se délecter de sa peur. Parfait. Cela mit du baume au cœur de voir les deux jeunes gens si assidus.<br />
Omberius fit disparaître l’holocron de Bane et l’attira jusqu’à lui. Il sortit ensuite de la pièce avec. Il devait parler seul à seul avec son maître.</p>
<p>– Seigneur Bane ?<br />
– Oui, seigneur Omberius ? répondit l’apparition spectrale.<br />
– Comment se déroule l’entraînement des apprentis ?<br />
– Très bien. Ils sont doués autant qu’ambitieux. Ils iront loin, sauf si leur ambition les tue avant.<br />
– Alors nous tâcherons de la brider, afin d’éviter tout problème ultérieur.<br />
– Je crains qu’il ne soit trop tard, répondit laconiquement Bane en jetant un coup d’œil derrière Omberius.<br />
Celui-ci comprit et se retourna aussitôt, sabrolaser allumé à la main.<br />
Alector Hebras lui faisait face, avec un sourire de prédateur, et alluma à son tour le double sabrolaser qu’il tenait à la main.<br />
– Verinis ! appela Omberius.<br />
Le Duro mit plus d’une dizaine de secondes à surgir, la lèvre fendue et la main frottant sa nuque. Pendant ce temps, les deux adversaires se tournèrent autour, l’humain cherchant la faille dans la défense du maître zabrak.<br />
– Je suis désolé, maître, bredouilla Verinis, il m’a eu par surprise.<br />
– Je me moque de tes excuses, imbécile. Sache que je fais de toi mon seul et unique apprenti. Si tout se passe bien, tu me succéderas le moment venu. Mais il va te falloir apprendre à te tenir tout le temps sur tes gardes, car la moindre erreur peut te coûter la vie, tu as bien compris ?<br />
– Oui, mon maître. Puis-je avoir l’honneur d’affronter Alector en votre nom ?<br />
– Non. Cette petite souillure humaine va apprendre ce qu’il en coûte de s’attaquer à un véritable Seigneur Sith.<br />
– J’ai beaucoup appris en quelques jours, vieillard, rétorqua Alector, et je vais te le prouver en te tuant !<br />
Omberius éclata de rire, fit un pas en arrière et désactiva son sabrolaser, avant de le cacher dans sa manche.<br />
– Pauvre imbécile, il faudra t’entraîner activement au moins vingt ans avant d’être de taille à m’affronter !<br />
Alector bondit sur Omberius en guise de réponse, en faisant virevolter le double sabrolaser avec maestria. Omberius ne recula pas d’un pouce, mais esquiva à une vitesse stupéfiante, au fur et à mesure qu’Alector tentait de le toucher, qui d’estoc, qui de taille. En vain.</p>
<p>De la sueur recouvrit le front d’Alector, en même temps qu’une lueur de peur apparaissait dans ses yeux. Omberius s’en délecta et fit un nouveau pas en arrière, avant de se redresser et de croiser les bras sur sa poitrine. Alector n’hésita pas et se rua, effectuant un mouvement tournant avec le sabrolaser pour décapiter Omberius.<br />
La lame s’arrêta brusquement à dix centimètres du cou d’Omberius, comme stoppée par un mur invisible. Alector se rendit compte avec effroi qu’il ne pouvait plus bouger.<br />
– Vois-tu, Verinis, fit Omberius calmement, comme s’il n’avait jamais été en danger, il est toujours bon pour un Sith d’avoir de l’ambition. Sans elle, nous serions atrophiés. Mais elle ne doit se concentrer sur nos mesquines petites personnes. Elle doit être au service d’une cause qui nous dépasse, qui nous englobe, et que nous servons. Tu dois apprendre à mettre ton ambition au service de l’Ordre des Seigneurs Noirs de la Sith.<br />
– Oui, maître, déglutit Verinis, les yeux fixés sur Alector, qui tentait toujours de bouger.<br />
– Notre Ordre doit s’élever, il doit grandir. Nous devons lui apporter de la puissance, tout comme lui-même doit renforcer la nôtre. En toute honnêteté, tu ne seras pas de taille à m’affronter avant de longues années, retiens bien ceci. Mais sache que tout ce que tu vas apprendre à mes côtés, jour après jour, te servira et te rendra bien plus puissant que tout ce que tu as jamais imaginé.<br />
– Oui, maître.<br />
– Contemple ce que le pouvoir de la Force est capable d’accomplir ! ajouta-t-il en se tournant à nouveau vers Alector, toujours englué dans une toile d’araignée invisible.<br />
Les doigts de l’humain cessèrent de se crisper sur le manche du sabrolaser, qui s’éteignit et vint et se loger dans la main tendue de Dark Omberius.<br />
Alector vit sa propre main s’élever juste devant son visage, et son auriculaire partir en arrière, millimètre après millimètre. Il hurla quand son doigt craqua.<br />
– Sais-tu qu’il y a environ deux cents quatorze os dans un corps humain, Veritis ? demanda Dark Omberius, espiègle.<br />
– Je l’ignorais, maître, répondit le Duro, blême.<br />
– Sans parler des autres points qui peuvent être stimulés, déformés, torturés et annihilés : yeux, langue, tympans, peau, dents, ongles, et j’en passe. Sois très attentif, Veritis. Ce soir, je vais te donner une leçon d’anatomie que tu n’es pas prêt d’oublier.</p>
<p><br />***</p>
<p>– Toi pas faire de mal à je, je a sauvé toi ! s’écria le vieux Skelor d’une voix tremblante.<br />
– Bin voyons, marmonna Tel’Ay avant de le toiser, mains sur les hanches. Tu es quoi, au juste ?<br />
– Je gardien de Billolougue.<br />
– Et tu gardes quoi ? Deux trois ruines, tout en faisant joujou avec du brouillard ?<br />
– Intrus parfois venir ici. Je tue eux, avec <em>ses</em> hommes.<br />
– <em>Ses</em> hommes ? Ceux de qui ?<br />
– Un comme toi. Du Côté Obscur.<br />
– Il a un nom ?<br />
– Dark… Omberius, répondit l’autre d’une toute petite voix.<br />
– Parfait ! Conduis-moi à lui !<br />
– Que…non, je pas pouvoir. Très très loin, et lui ordonne à je rester ici.<br />
– Ce temps-là est révolu, vieux débris. Je suis venu pour tuer Omberius.<br />
Le vieux Skelor ricana et secoua la tête.<br />
– Il très puissant.<br />
– C’est ce qu’on verra. Allons-y ! Les mercenaires sont sûrement venus avec des véhicules, où sont-ils ?<br />
– Non, je pas venir avec toi. Je peur de lui, lui tuer je.<br />
– Tu viens aussi, où c’est moi qui te tue !<br />
– Je sais ça. Je toujours su ça depuis des années, depuis je voir toi.<br />
– De quoi parles-tu ?<br />
– Je perdu Lumière, erré dans obscurité. Ennemis contre je, de tous côtés. Blasphèmes et folie chez je. Irrité Maal Gami je.<br />
– Maal… tu connaissais Maal Gami ? demanda Tel’Ay, incrédule à l’idée que cette pitoyable créature ait en effet eu des contacts avec son défunt maître, et surtout soit encore vivante pour en parler.<br />
Le vieux Skelor eut un sourire narquois :<br />
– Acheté son pardon je. Apporté un nouvel adepte pour lui. Bébé puissant dans la Force. Mais quand je prends bébé dans bras, je sais que fois suivante je voir lui, je mort. Mais je trop peur Maal Gami. Donne à lui bébé. Ça sauvé je. Jusqu’à aujourd’hui…<br />
Tel’Ay resta pétrifié par de telles nouvelles, au fur et à mesure qu’il les interpréta. Il n’avait jamais connu d’autre vie que celle qu’il avait vécu aux côtés de ses condisciples sur Meros V, et ne savait rien de ses origines. Pourtant, il avait eu une famille, comme tout le monde. Une mère l’avait porté, et il avait eu un père. Quoi de plus logique que ce soit un Jedi Skelor - le vieillard ne venait-il pas de dire qu’il avait perdu la Lumière ? – qui ait repéré le premier son potentiel ?<br />
Tel’Ay était si abasourdi qu’il relâcha sa vigilance. Des dizaines de questions se bousculaient dans son esprit fiévreux, et il mit une seconde de trop à réagir quand le vieux Skelor sortit un sabrolaser de ses haillons tout en se jetant sur lui.<br />
Un tir de blaster faucha l’ancien Jedi en plein saut, et la force de l’impact envoya son corps s’écraser contre un mur derrière.<br />
Sabrolaser à la main, Tel’Ay se retourna vivement, prêt à tout, et découvrit Anaria, le canon de son arbalète-laser encore fumant. Une fois la tempête calmée, elle s’était mise à la recherche de Tel’Ay.<br />
Reportant son attention sur le vieux Skelor, il s’avisa qu’il était en train de mourir, la cage thoracique carbonisée par le tir.<br />
– Je savais… quand revoir toi, je mourir…<br />
– Dans quelle direction se trouve Dark Omberius ? Tu peux me le dire, maintenant. Tu vas mourir, tu n’as plus rien à craindre de lui.<br />
– Je peur obscurité. Je mérité elle.<br />
– Écoute-moi attentivement : je veux tuer Dark Omberius. Pour cela, j’ai besoin de ton aide. Indique-moi la direction dans laquelle il se trouve. De cette manière, tu contribueras à combattre l’obscurité. Quoi qu’il t’arrive dans l’au-delà, cette rédemption, cette aide que tu m’auras apporté compteront et effaceront une partie de tes crimes.<br />
Le Skelor ne répondit rien, mais finit par lever le bras, en pointant une direction du doigt.<br />
– A la bonne heure, fit Tel’Ay, avant de tourner les talons. Allons-y, Anaria.<br />
– Tu veux l’abandonner ? s’étonna-t-elle, désapprobatrice.<br />
– Il ne m’est plus d’aucune utilité, rétorqua le Sith.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XVIIIurn:md5:bb783e3d81b3abc66dece826a1a8df5f2012-02-16T08:38:00+01:002013-07-08T15:46:20+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Pendant qu’Omberius a à choisir un nouvel apprenti, l’heure du départ a sonné pour Tel’Ay. Tandis qu’au Sénat, le chaos menace…</p> <h2>Chapitre XVIII</h2>
<p>Quand la frégate affrétée par les Ho’Din de Moltok se posa sur Skelor I, Dark Omberius avait eu le temps de reprendre une attitude digne de son statut et de son rang. Le message que les Ho’Din lui avaient fait parvenir indiquait qu’ils amenaient quatre être sensibles à la Force avec eux, au potentiel variant, selon eux, de faible à intéressant.</p>
<p>Mais seul Dark Omberius pourrait se faire une idée définitive, car le potentiel ne pouvait pas être réellement mesuré, selon lui. Il pensait que, encouragé par les bons stimuli, tout potentiel pouvait être démultiplié. Et dans son cas de Seigneur Noir des Sith désireux de se trouver un apprenti, le potentiel n’était pas seul à entrer en ligne de compte : la mentalité, l’état d’esprit étaient encore plus essentiels.</p>
<p>Les Ho’Din saluèrent solennellement le maître de l’Hégémonie Zabrak, et ils firent s’aligner leur quatre prisonniers.<br />
Dark Omberius les passa en revue, lentement, s’arrêtant devant chacun pour le sonder. Le premier était un Zabrak, comme lui. Il suintait l’arrogance et l’orgueil. Un bon point pour lui. Le second était un petit humain à la peau sombre, nanti de traits séduisants et d’une fine moustache. Son œil torve cachait des pensées alambiquées, son esprit était d’ores et déjà penché sur un sujet primordial à ses yeux : tuer tout le monde et s’en sortir vivant. Dark Omberius retint un sourire. Ce jeunot lui plaisait déjà. Le troisième était placide, semblant se demander ce qu’il faisait là. Duro longiligne, il jetait des yeux étonnés sur son nouvel environnement. Omberius sentit tout de même que, bien caché sous la surface, quelque chose de violent ne demandait qu’à sortir à la moindre occasion. L’agneau pouvait se transformer en rancor. Intéressant. Le quatrième était Ho’Din. Le capitaine de la frégate de Moltok lui apprit avec fierté qu’il s’agissait de son jeune cousin, et que même si son potentiel était moindre par rapport aux autres, sa loyauté envers Ovelar Nantelek n’était plus à démontrer. Il serait fier de servir son maître avec honneur.<br />
Omberius avait un autre avis sur la question : potentiel trop faible, il le sentait, et envie de bien faire, d’être bien vu. Ce Ho’Din ne réfléchissait pas par lui-même, et avait été embarqué de force… sans protester. Personnalité trop peu affirmée par être d’une quelconque utilité au Seigneur des Sith. Un geste discret de sa part à ses gardes, et ceux-ci taillèrent en place, à coups de blaster précis, le Ho’Din, qui mourut avec une expression stupide d’incompréhension sur le visage.<br />
Le chef des Ho’Din se crispa et blêmit, mais ne proféra pas un mot. Omberius ne fut pas long à les remercier et à leur souhaiter un bon retour sur Moltok, avant de tourner les talons. Ses hommes emmenèrent les prisonniers à sa suite.</p>
<p>Il les mena à sa résidence gouvernementale, qui lorgnait plus vers le château qu’autre chose, et enfila les couloirs sombres qui menaient aux sous-sols. Arrivé devant une porte à double battant gardé par des deux mercenaires trandoshéens à l’air patibulaire, il renvoya tous ses hommes et fit entrer les trois postulants à sa suite.
La porte se referma derrière eux.</p>
<p>– Écoutez-moi attentivement, fit Dark Omberius. Vous possédez un potentiel de Force intéressant, aussi l’un d’entre vous, et un seul, va recevoir de ma part l’enseignement qui fera de lui un Seigneur Sith. Les deux autres peuvent avoir leur utilité, s’ils s’en montrent dignes, et seront donc des exécuteurs de ma volonté et de celle de mon apprenti.<br />
Le petit humain ricana et rétorqua :<br />
– Les Sith ont disparu il y a des centaines d’années, vous devriez arrêter les bâtons de la mort, grand-père !<br />
Exactement trois secondes plus tard, l’humain était à genoux, les larmes aux yeux, la main droite sur son moignon de biceps gauche. Le reste de son bras gisait au sol, et Dark Omberius le toisait froidement, sabrolaser à lame écarlate à la main.<br />
– Je n’aime pas être interrompu quand je parle, les enfants, mettez-vous bien ça dans le crâne. Je peux faire de vous des êtres très puissants, mais je peux aussi vous écraser tels des insectes insignifiants. Est-ce clair ?<br />
Ils hochèrent la tête et déglutirent nerveusement en guise de réponse. Même l’humain tentait de juguler sa douleur atroce en gardant un semblant de dignité. Content de voir qu’il avait toute leur attention, et qu’une lueur de frayeur brillait désormais dans les yeux de l’effronté humain, Omberius reprit :<br />
– Testons votre résistance et vos affinités avec la Force.</p>
<p>Des raclements sourds se firent entendre, comme si quelque chose de très lourd se déplaçait lentement, et les invités d’Omberius virent avec stupeur trois trônes massifs sortir de l’ombre de la vaste pièce, en lévitant.<br />
Omberius se délecta de leur peur, qui atteignit son paroxysme quand les trônes eurent pris place à cinquante centimètres au-dessus de chacun des apprentis potentiels.<br />
– Voyons lequel d’entre vous arrivera à retenir son trône le plus longtemps possible.<br />
Il relâcha son emprise sur les centaines de kilos de pierre, et connut une certaine satisfaction en constatant que les trois parvenaient à retenir leur fardeau. Plus ou moins.</p>
<p>L’humain, amoindri physiquement par sa grave blessure, avait le plus de mal à résister : le trône descendait peu à peu vers lui, centimètre après centimètre. Son visage, couvert de sueur, grimaçait une souffrance contenue. Quand il sentit le trône effleurer le dessus de sa tête, il se mit à genoux et redoubla d’efforts. Omberius trouva cela intéressant : l’humain était déjà à sa limite, mais il parvenait à tenir grâce à la force de sa volonté. Une qualité qui pourrait servir à un Seigneur Sith. Il reporta son attention vers les deux autres.</p>
<p>Le Zabrak avait laissé tomber son masque d’orgueil et de suffisance. Omberius se retint de sourire : souvent ne se cachait que du vide derrière une telle façade, et son instinct lui souffla que le jeune impudent correspondait à cette définition. Il s’en désintéressa rapidement.</p>
<p>Le Duro, quant à lui, semblait prêt de mourir. Il était déjà à genoux, courbé en deux, et le poids du trône se faisait déjà sentir sur son dos. Dans une tentative pitoyable qui arracha une grimace de mépris à Dark Omberius, il essayait de repousser le trône avec ses mains. Cet imbécile n’avait manifestement rien compris, et le Seigneur des Sith sentit la Force s’effilocher autour de lui, remplacée par de la panique prête à jaillir.</p>
<p>Le Zabrak si fier fut le premier à lâcher prise. Le trône l’écrasa et ses os furent broyés en craquant horriblement. Le siège de pierre massif roula sur le côté en se brisant.</p>
<p>L’humain et le Duro fléchirent un peu plus, déconcentrés par la compréhension instantanée du sort de leur camarade et adversaire.<br />
L’humain tenait, bon gré mal gré, mais le trône s’abaissait régulièrement. Il se coucha sur le dos et, les yeux plantés sur la menace mortelle qui planait au-dessus de lui, parvint à la repousser d’une cinquantaine de centimètres, avant qu’elle ne se remette à descendre, lentement, si lentement…<br />
Omberius se tourna vers le Duro, au bord de la rupture. Ce n’était plus qu’une question de secondes. Quand un vent de panique s’empara du Duro, Omberius sut que celui-là aussi avait perdu et allait mourir. C’est alors que cette panique se transforma en Force pure et brute, qui vint percuter le trône de plein fouet. L’ouvrage de pierre jaillit littéralement, comme jeté par un arc géant, heurta le haut plafond, qu’il défonça au passage, avant de retomber en une pluie de débris.<br />
Le Duro ne chercha pas à esquiver cette averse mortelle : ces dernières forces l’avaient quitté. Il réagit à peine quand les débris tombèrent autour de lui sans l’atteindre. Omberius avait aimé ce qu’il avait vu, cette explosion soudaine de puissance, aussi avait-il décidé de l’épargner.<br />
L’humain résistait toujours, lui aussi, et Omberius eut la certitude qu’il pourrait encore tenir sa position pendant une demi-heure au moins.<br />
<em>Parfait. Chacun d’eux a un vrai potentiel, et s’appuyant sur des qualités différentes, qui plus est. Voilà qui devrait être utile.</em><br />
D’une chiquenaude mentale, il écarta le trône au-dessus de l’humain et le posa délicatement au sol.<br />
– Nous continuons, fit-il en tournant les talons. Suivez-moi.</p>
<p>La pièce dans laquelle ils entrèrent était circulaire, large d’une vingtaine de mètres. L’humain et le Duro écarquillèrent les yeux de surprise en voyant des vitrines tout le long des murs, et dont le contenu les mit sourdement mal à l’aise. Dans une atmosphère pesante, ils sentaient des relents de pouvoir antique. Des mannequins portaient des armures d’antan, chargées de pouvoir. Des holocrons, de taille et de grosseur variées, inspirait le respect, et la crainte que leur savoir maléfique ne s’en échappe. Diverses armes blanches, dont certaines rouillées et ébréchées, étaient toujours habitées par… par quoi, au juste ? Ni l’humain ni le Duro n’auraient pu le dire, mais ils préférèrent rester à bonne distance. Des grimoires, suspendus dans des champs de stase afin de les préserver, semblaient prêts à tomber en poussière. Et sur un pan de mur, ils virent une série de sabrolasers. Des dizaines et des dizaines de sabrolasers !<br />
La lueur de convoitise dans leurs yeux n’échappa pas à Dark Omberius, qui leur dit :<br />
– Si vous portez la main sur un seul des objets de cette pièce sans en avoir la permission, je vous réduis aussitôt en poussières, est-ce bien clair ?<br />
Ils acquiescèrent précipitamment, et il leur sourit froidement. Par télékinésie, il ouvrit l’une des vitrines. Un holocron en sortit et vint se loger dans sa main tendue. il l’activa d’une pichenette mentale et l’image tridimensionnelle d’un humain, à la musculature impressionnante et au crâne rasé, apparaît, l’air sombre.<br />
– Salut à toi, Seigneur Bane.<br />
– Seigneur Omberius… Comment avancent tes machinations pour renverser la République ?<br />
– Elles prennent une tournure imprévue, mais tout est loin d’être joué. J’aimerais que tu commences à former ces deux-là pendant que je lance ma contre-attaque.<br />
– Les former ? Tu as déjà deux apprentis, ce me semble, contrairement à ce que tous mes enseignements préconisent.<br />
– Ils sont tous deux morts. Un ennemi redoutable se dresse sur ma route, et je dois concentrer tous mes efforts sur lui. Si tu ne veux pas voir la fin de l’Ordre que tu as créé, il faut que tu les formes.<br />
Bane le contempla longuement, l’air peu amène, tandis que l’humain et le Duro se tenaient respectueusement coi. Il se tourna enfin vers les deux autres et dit :<br />
– Quels sont vos noms, fils de vermine ?<br />
– Alector Hebras, fit l’humain.<br />
– Verinis, dit le Duro.<br />
– Le moment venu, vous porterez d’autres noms, si vous vous en montrez dignes.</p>
<p>Omberius fit léviter un tabouret jusqu’à lui, et y posa l’holocron. Il quitta ensuite la pièce, satisfait : Bane avait toujours été un excellent pédagogue, et il ne rechignait jamais à donner son avis, s’assurant toujours que ses successeurs suivent la voie qu’il avait institué pour leur Ordre.<br />
Lui et Omberius n’avaient eu qu’un seul désaccord au cours de leur longue collaboration : le fait que le Seigneur des Sith actuel ait voulu former Séis, l’ancien Tanietien, alors qu’il possédait déjà un apprenti en la personne de Dark Glaro. Si Bane avait participé activement à la formation de Glaro, il avait refusé catégoriquement d’être mis en présence de Séis. Former un deuxième apprenti lui semblait dangereux, et il n’avait pas manqué de le souligner.<br />
Omberius avait eu beau lui souligner qu’il ferait en sorte que chacun des deux ignore l’existence de l’autre, Bane n’avait pas été convaincu et n’avait pas fait machine arrière.<br />
Aujourd’hui, face à l’urgence de la situation, Bane semblait moins tenir à ses principes. Mais Omberius le connaissait assez par être presque certain que la prochaine fois qu’il viendrait s’enquérir des progrès de ses apprentis, l’un d’eux serait mort.<br />
Qu’importait. L’essentiel était d’avoir un héritier digne de ce nom, qui saurait se débrouiller même en cas de décès prématuré d’Omberius.</p>
<p><br />***</p>
<p>De retour sur Velinia, Tel’Ay était d’une humeur massacrante. Fini de rire, désormais. Il allait mettre la main sur un vaisseau de transport, voire un chasseur, et mettrait le cap sur Skelor I, seul.<br />
Concernant Anaria, il avait fait sa part : elle était désormais une Wookiee à part entière, et il refusait de l’exposer aux dangers de la mission qu’il s’était fixé, quand bien même la sensation qu’elle faisait partie de son avenir l’habitait toujours. Il allait affronter son ennemi mortel, Dark Omberius, et venger la Confrérie Sith de Maal Taniet.<br />
Dans ses quartiers, il s’empara de l’écrin contenant le Gant de Vèntorqis, et du sabrolaser de Dark Glaro. Il n’était pas là depuis cinq minutes que la sonnerie à l’entrée de ses appartements retentit.<br />
– Entrez, grogna-t-il.<br />
Marton Karr franchit le seuil, tout sourire.<br />
– Maître ! J’ai appris votre retour, et que tout s’est bien passé !<br />
– Qu’en a-t-il été de ton côté ? On m’a dit que Ver’Liu avait quitté la colonie ?<br />
– Oui, maître. Il a décidé d’aller plaider en personne sa cause au Sénat Galactique.<br />
– Ridicule, bougonna Tel’Ay. Mais bon, si ça l’amuse…<br />
– Qu’allons-nous faire, maître ?<br />
– Écoute-moi attentivement. Nos routes vont diverger ici, momentanément seulement, je l’espère. Je pars pour Skelor I, où je compte détruire mon ennemi, celui qui a fait assassiner tous les membres de mon… de <em>notre</em> Ordre, la Confrérie Sith de Maal Taniet.<br />
– La place d’un apprenti est aux côtés de son maître ! Je veux vous accompagner !<br />
– C’est hors de question, Marton. Avant de te rencontrer, j’étais le dernier des Tanietiens. Aujourd’hui, notre nombre a doublé, mais si nous y allons tous les deux et que nous mourons là-bas, la Confrérie de mon maître disparaîtra à jamais. Et cela, je ne peux pas l’accepter. si je meurs, tu seras le dernier à pouvoir perpétuer les enseignements de Maal Taniet.<br />
– Mais comment ferai-je, maître ? Nous avons passé très peu de temps ensemble, et vous ne m’avez pas appris grand-chose… sauf votre respect.
Tel’Ay sourit de cette rebuffade, avant de reprendre, très sérieux :<br />
– Notre Confrérie vivait sur Meros V. Je veux que tu prennes un vaisseau et que tu te rendes là-bas, en toute discrétion. Personne ne doit te suivre, tu m’entends, personne ! Une fois sur place, mon défunt maître prendra ton apprentissage en mains.<br />
– <em>Défunt</em> ? Mais alors comment peut-il…<br />
– Tu sais si peu de choses sur la Force, mon garçon. Si elle est avec nous, je t’enseignerai tout ce qu’il y a à savoir dessus… à toi et à mes autres futurs apprentis.<br />
– Et nous deviendrons une force qui compte, répondit Marton avec un sourire jubilatoire.<br />
– Non, rétorqua sèchement Tel’Ay. La Confrérie de Maal Taniet n’a pour but que de pérenniser une partie de l’enseignement des anciens Sith. Nos traditions sont aussi nobles que celles des Jedi, même si ils nous considèrent comme des ennemis mortels, et que nos pratiques sont interdites sur le territoire de la République.<br />
– C’est injuste !<br />
– Peut-être, mais c’est ainsi. Depuis six cents ans que notre Confrérie existe, elle se perpétue… rien de plus.</p>
<p>Un silence pesant s’installa entre eux, et Tel’Ay réfléchit à ses propres paroles. Ce qu’il venait de dire était-il vrai ? Il eut soudainement du mal à croire que la Confrérie de Maal Taniet n’ait pas d’autre but que de survivre. Il avait accompli bien des missions, aux côtés de Kuun Hadgard ou seul : assassinats, chantages, rencontres, livraisons. Il se rendit soudainement compte que <em>si</em>, la Confrérie poursuivait un but. Il eut honte de voir qu’il ne le connaissait pas, et que Maal Gami n’avait pas daigné lui en faire part. Méritait-il donc si peu de confiance ?<br />
La réponse était indubitablement oui, lui qui avait abandonné la Confrérie pour aller vivre sa vie loin de la Force, dans les bras de Dibidel. Les questions se bousculèrent dans sa tête : qu’était donc la véritable raison d’être de son Ordre ? Pourquoi ne s’était-il pas posé la question avant ? Connaître la vérité n’allait-il pas remettre en cause tout ce qu’il savait, tout ce qu’il était ?<br />
Il chassa toutes ces interrogations de son esprit et se concentra sur Marton, qui attendait la suite.<br />
– Et bien, qu’est-ce que tu attends ? Ma bénédiction et un bisou d’adieu ?<br />
– Euh, non, maître, répondit Marton, aussi penaud que déçu.<br />
– Que la Force soit ta servante, Marton. Mon cœur me souffle que nous nous reverrons bientôt.<br />
Galvanisé par cette parole, un sourire vint illuminer les traits de Marton, qui dit :<br />
– Que la Force soit avec vous, maître ! À jamais !</p>
<p>Tel’Ay ne s’attarda pas dans ses quartiers. Avant de quitter à nouveau la colonie, il fit un crochet jusqu’à l’hôpital local. Là, il trouva le médecin qui s’occupait de Sionarel, la jeune amie de Ver’Liu, et il s’enquit de sa santé.<br />
– Il n’y a aucun changement, messire. Elle est toujours plongée dans un coma qui défie toute logique. J’ai essayé quelques traitements sans danger mais je n’ose aller plus loin.<br />
– Je crois que vous faites bien. Si elle mourait à cause d’une erreur de votre part, Ver’Liu serait pour le moins mécontent.<br />
Il prit congé, vaguement inquiet pour la jeune fille. Elle était dans le coma depuis plusieurs semaines et, nourrie par intraveineuse, elle n’avait plus que la peau sur les os. Il espéra que quand elle se réveillerait, ou plutôt <em>si</em> elle se réveillait, elle n’aurait pas trop de difficultés à recouvrer l’intégralité de ses capacités physiques.</p>
<p>Il marcha ensuite droit sur l’astroport, et prit contact avec son directeur sur le chemin, grâce à son comlink.<br />
– Ici Tel’Ay Mi-Nag. J’ai besoin d’un transport de petite taille pour une mission discrète et urgente.<br />
– Aucun problème, messire. Je m’en occupe immédiatement.<br />
Et l’autre coupa la communication.<br />
Aucune question ? Pas le moindre signe d’étonnement ? Voilà qui était étrange, pour ne pas dire suspect. Tel’Ay entra dans l’astroport avec circonspection, sur ses gardes. Le directeur, un Rodien, vint l’accueillir, seul.<br />
– J’ai justement ce qu’il vous faut, messire. Suivez-moi, fit-il avec une courbette.<br />
Les pensées du directeur étaient claires comme de l’eau de roche : il avait l’impression de jouer un bon tour à Tel’Ay, et était fier de lui. Mais le tout sans la moindre once de méchanceté. Tel’Ay allait être content du directeur, voilà ce qui transparaissait de son esprit.<br />
Tel’Ay craignait le pire. Le directeur le mena jusqu’à une petite navette triangulaire, dont la taille était à peine le double de celle d’un chasseur.<br />
– Et voilà, fit le directeur, rayonnant et une lueur espiègle dans les yeux, quand ils furent arrivés devant l’écoutille.<br />
Tel’Ay y passa la tête, sourcils froncés, et une odeur qui lui était familière vint lui chatouiller les narines.<br />
– Merci, directeur, grogna-t-il. Excusez-moi, mais je suis assez pressé.<br />
– Oui, bien sûr, je comprends, messire. Bon voyage ! répondit-il avec une nouvelle courbette, avant de lui faire au revoir de la main.<br />
– Je fais comment pour me débarrasser de toi ? demanda le Skelor en pénétrant dans le cockpit étroit. Il faut que je fende ton crâne épais et obtus de Wookiee ?<br />
– Je crois que tu n’as pas d’autre solution, dit Anaria joyeusement.<br />
Tel’Ay s’assit au poste de copilote. Il s’aperçut qu’il était content qu’elle fût là. Mais refusa d’abandonner son masque revêche avant un bon moment.</p>
<p><br />***</p>
<p>Quand Ver’Liu So-Ren entra dans la vaste coupole qui abritait les débats du Snat Galactique, il focalisa toute l’attention sur lui. Les sénateurs le dévorèrent des yeux : ils avaient enfin sous les yeux l’homme qui était à l’origine de la crise grave que la République traversait. Plus d’un le regarda d’un œil amène.<br />
L’être reptilien et trapu fit son entrée à bord de la capsule du chancelier Valorum. Ses yeux intégralement noirs étaient plissés sous sa crête sourcillière. Sur son front, les taches de naissance noires, caractéristiques de son héritage royal, tranchaient sur la couleur laiteuse de son épiderme.<br />
Il semblait serein, bien qu’il bouillonnât intérieurement. Prendre la décision de venir jusqu’ici n’avait pas été facile, loin de là. Quand il était déprimé, il se sentait dans la peau d’un mendiant. Quand son moral remontait, il se prenait pour l’incarnation de son peuple, qui demandait réparation pour les torts qu’il avait subi.<br />
Il allait devoir jouer serré.</p>
<p>Il avait décidé de venir pour tenter un quitte ou double, et savait qu’il sortirait de cet endroit brisé à jamais, sans avenir… ou avec toute la République derrière lui.<br /> L’enjeu l’avait emporté sur ses réticences : il avait une chance inespéré de faire avancer sa cause plus vite que jamais auparavant, et ne comptait pas la laisser passer.
S’il échouait, il entrerait en clandestinité et fomenterait son propre coup d’État…</p>
<p>Marcus Valorum, en passe de remporter haut la main les prochaines élections à la Chancellerie de la République, prit la parole :<br />
– Mes chers amis, je suis fier de vous présenter Ver’Liu So-Ren, héritier du trône de Skelor. Bien que son monde ne fasse pas partie de la République, lui-même a un aura important pour son peuple, et je propose que nous écoutions ce qu’il a à nous dire.<br />
Personne ne s’y opposa, et Ver’Liu, légèrement nerveux, s’avança à son tour dans un silence sépulcral. Valorum lui serra théâtralement la main, ce qui ne fut pas pour le rassurer. Il avait l’impression de se prêter à une mauvaise comédie. C’est pourtant d’une voix ferme qu’il prononça son discours, mûrement répété.<br />
– Sénateurs de la République, j’aimerais avant toute chose remercier le Chancelier Marcus Valorum de me donner l’occasion de m’exprimer à cette tribune. Et bien sûr, de soutenir la cause que je représente. J’aimerais aussi remercier à titre posthume votre défunt collègue, le sénateur de Duro, Aar Gamonn – que le Grand Sweer préserve son âme –, qui fut le premier à prendre officiellement fait et cause pour les miens au sein du Sénat. Aujourd’hui, vous n’ignorez rien de la situation désespérée des Skelors, aussi ne reviendrais-je pas dessus.<br />
– Que nous importe le sort des Skelors, vu qu’ils ne font pas partie de la République, s’interposa le sénateur Bothan, Jiger’Orsorul. Les efforts de cette noble institution devraient être intégralement tournés vers les peuples qui composent la République Galactique.<br />
– Veuillez pardonner mon insolence à venir, auguste sénateur, répondit Ver’Liu sans se démonter, mais les Skelors qui ont quitté Skelor I pour l’exil, il y a trente ans, ont été accueillis partout dans des mondes républicains. Et ce pour une seule raison : ils formaient une main-d’œuvre assez désespérée et assez pauvre pour accepter n’importe quel poste à des conditions indignes. Légalement, les Skelors ne font peut-être pas partie de la République, mais dans les faits, tous se sont intégrés sur des mondes qui en font partie, que vous le vouliez ou non. C’est un fait. Mais pour autant, personne ne s’est jamais donné la peine de définir le statut des ressortissants Skelors au sein de la République.<br />
– Ce ne sont rien de plus que des travailleurs en situation irrégulière, dans ce cas, rétorqua le Bothan, agressif. Je propose de mettre au vote une loi qui exclue les Skelors de toute activité économique sur les mondes républicains.<br />
Un brouhaha s’éleva parmi les sénateurs, plutôt contre la proposition de Jiger’Orsorul, nota Ver’Liu avec intérêt et espoir.<br />
– Il existe une autre alternative, et vous le savez aussi bien que moi. Il s’agit, à l’inverse, de reconnaître aux Skelors le statut de peuple faisant partie de la République, et c’est ce que je suis venu vous demander aujourd’hui, humblement, en n’ayant rien d’autre à l’esprit que la prospérité et la reconnaissance de mon peuple. La planète d’origine de mon peuple ne fait pas partie de la République, aussi cette dernière n’a-t-elle légalement aucun droit d’y intervenir, ce que je respecte, mais je pense que les Skelors qui vivent dans la République devraient pouvoir y être reconnus officiellement.<br />
– Je vous vois venir de loin, sous vos apparences mielleuses, reprit le Bothan. Un tel acte ne serait qu’un premier pas : tout ce que voulez, en fait, c’est que la République vous soutienne pour que vous puissiez remonter sur votre trône ! Sachez ceci, jeune impudent : la République n’a pas vocation à prendre parti dans des querelles au-delà de ses frontières. Une attitude autre serait totalement irresponsable, voire dictatoriale ! Il est hors de question que nous soutenions un anarchiste qui veut renverser un pouvoir légitime !<br />
Ver’Liu, qui s’apprêtait à répondre vertement, se retint. Et nota tristement que son argument le plus percutant, consistant à s’engager à faire rentrer Skelor I dans la République si celle-ci l’aidait à remonter sur le trône, était désormais mort-né.<br />
Marcus Valorum, sentant que ver’Liu avait perdu la main, intervint à ce moment-là :<br />
– Merci d’avoir contribué à clarifier les choses en exposant votre point de vue, sénateur Jiger’Orsorul. En ces temps chaotiques, il est essentiel que chacun d’entre nous connaisse les tenants et aboutissements des problèmes compliqués qui sont portés à notre connaissance, et à ce titre, vous êtes d’une exemplarité sans faille, mon cher.
J’aimerais vous faire remarquer à tous, néanmoins, à quel point le raisonnement de Ver’Liu So-Ren est d’une logique sans faille. Les ressortissants de son peuple vivant dans la République et contribuant à son développement, il est tout à fait anormal qu’ils n’y disposent pas des mêmes droits que les citoyens <em>officiels</em>. Si je suis réélu au poste de Chancelier, je m’engage solennellement à doter les Skelors du statut de <em>citoyens républicains</em>.<br />
Les chuchotements reprirent dans les rangs et quelques applaudissements dispersés se firent entendre.<br />
– Il est bien évident, continua Valorum, que si une telle motion est votée, se posera alors la question d’un endroit où les Skelors pourraient vivre ensemble, car chaque peuple a pour droit fondamental de pouvoir se réunir en tant que tel. Et dans ce cas précis, la solution la plus logique est toute trouvée : la planète d’origine des Skelors, Skelor I, reviendra dans le giron de la République, une fois que le statut de <em>républicains</em> aura été adopté pour son peuple.<br />
Ces paroles provoquèrent une explosion de colère au sein du Sénat. Marcus Valorum venait rien moins que décréter que Skelor I serait républicaine, de gré ou de force.<br />
– Dictature, dictature ! s’écrièrent plusieurs sénateurs, Jiger’Orsorul en tête.<br />
La séance dut être ajournée.</p>
<p>Le Nikto Maddeus Oran Lijeril, Grand Maître de l’Ordre Jedi, poussa un soupir en éteignant l’écran qui retransmettait en direct la séance de débats du sénat Galactique. Marcus avait encore voulu trop bien faire, et avait dépassé les bornes. Il avait beau être animé des meilleures intentions de l’univers, et être un de ses amis proches, il ne le suivrait pas sur ce terrain. Les Jedi étaient les garants de l’unité de la République, et ils ne se rangeraient pas du côté d’un candidat à la Chancellerie qui prônait le rattachement – par la force s’il le fallait, car que Valorum ne l’eut pas dit, il l’avait clairement sous-entendu – d’un monde neutre qui ne demandait qu’à vivre de son côté, en voisin.<br />
Les prochaines journées allaient être longues pour les diplomates Jedi…</p>La révélation à deux balles du jour...urn:md5:a90cd2551dbf0b0d149c2fc35d1336842012-02-15T15:48:00+01:002013-07-08T15:46:36+02:00SrédéricActualitésdelimanoresfan-fictionfantasyromanStar Warstel ayécriture<p>Tout à l’heure en voiture, j’ai eu un flash…</p> <p>Ce que certains reprochent à la fan-fic, c’est que c’est pas original, c’est moisi, ça ne vaut pas des écrits plus personnels et donc plus originaux. Personnellement je m’en fous, j’aime ça donc j’en écris, que ce soit en Star Wars ou en Star Trek. Et pour ceux qui pensent que la fan-fic c’est pas sérieux, c’est pas de la vraie écriture, bah tant pis pour eux.</p>
<p>Par contre, il y a évidemment une chose qui est dommage avec la fan-fic, c’est que ce ne sera jamais publiable par édition. Juste sur le Net, pour le plaisir de partager une histoire se déroulant dans un univers familier pour beaucoup de monde. Ou alors il faut être contacté par Lucasbook, qui commande des livres pour l’UE à des auteurs. Un, Lucasbook ne prend aucun manuscrit spontané (sinon, ils n’ont pas fini, et la qualité ne sera de toute manière pas forcément au rendez-vous). Deux, ce sont eux qui contactent des auteurs et pas l’inverse. Trois, leurs auteurs sont anglophones. Quatre, les auteurs en question ont déjà un CV derrière eux. Bref, toutes les raisons qui font que jamais je n’écrirai officiellement du Star Wars.<br />
Parce que ce qui est rigolo avec l’UE officiel de Star Wars, c’est que c’est de la fan-fic par principe, mais reconnue officiellement, celle-là. Et si des auteurs pros en font, c’est que ça ne doit pas être si moisi que ça.</p>
<p>Bref, je m’égare. Le pourquoi du comment de cette note, c’est donc la révélation du jour, plutôt conne quand on y réfléchit deux secondes. En matière de fan-fics Star Wars, j’ai un certain nombre d’écrits derrière moi, notamment ceux sur Tel’Ay, auxquels je réfléchis un peu ces temps-ci. J’ai toujours eu pour projet de pondre un troisième opus sur cette saga, et d’en faire une BD (du moins sur l’opus 1). Et deux autres de mes nouvelles font allusion aux personnages que j’ai créés pour l’occasion.
Ça commence donc à devenir conséquent, une sorte de “mon Star Wars à moi” dans le vrai Star Wars. Comme c’est un univers et un perso que j’aime beaucoup, je me disais il y a quelques mois qu’une fois le troisième opus écrit, il pourrait être sympa d’écrire un préquel qui parlerait du passé de Tel’Ay, à savoir sa dernière mission pour la Confrérie de Maal Taniet avant de quitter l’Ordre et de fonder une famille avec Dibidel (et donc leur rencontre, leur amour naissant, etc).</p>
<p>Et de fil en aiguille, voilà t-y pas que ce matin, après avoir relu l’excellent trilogie sur Dark Bane, j’en viens à réfléchir un peu sur Maal Taniet, le créateur de la Confrérie, vu que dans mon background, il crée son Ordre lors des événements de “Dark Bane : La voie de la destruction”. Et forcément, des idées sympas me viennent sur le perso, et une intrigue, ou du moins des bribes de scènes, commencent à émerger.<br />
Ce qui est d’ailleurs, petite digression, une chance pour moi (d’avoir des idées et des concepts d’histoire) assez facilement, mais également une malédiction (quand j’ai une nouvelle idée, j’ai tendance à me lancer dedans tout de suite, au détriment des projets précédents, qui du coup sont laissés de côté… un certain temps qui peut se mesurer en années dans les pires des cas).<br />
Depuis quelques temps, j’essaie d’être plus raisonnable, de ne pas me lancer dans de nouvelles créations, mais comme il est dur de ne pas céder à la tentation !
Ainsi pour cette nouvelle histoire sur Maal Taniet. L’idée me séduit mais ce n’est pas le moment, loin de là vu le retard accumulé pour le reste.</p>
<p>Et une autre réflexion est venue s’ajouter à celle-là : comme souligné plus haut, la fan-fic ne peut pas être publiée, or comme j’envisage la publication de mes écrits, la fan-fic, bien que très plaisante à mon goût, ne devrait pas être une priorité pour moi. Avec en conclusion cette pensée : “C’est dommage, c’est le seul domaine dans lequel j’ai terminé un roman (<em>Tel’Ay 2</em>, en cours de publication sur ce blog).</p>
<p>D’où une nouvelle réflexion, fruit de la conjonction de diverses choses :<br />
- Et si j’adaptais Tel’Ay dans un univers plus perso, à savoir en supprimant toutes les références à Star Wars et en en inventant qui soient propres à un univers que je créérais pour l’occasion ?<br />
- Même je n’ai jamais lu ce livre, Christophe Lambert confiait sur son site avoir écrit un roman (probablement SF mais je n’ai pas cherché plus) inspiré de Star Wars.<br />
- Une adaptation BD de Star Wars est sortie l’an dernier, mais qui déroule dans un registre fantasy (<em>Naguère les étoiles</em>, je crois).</p>
<p>Conclusion : et si je réécrivais Tel’Ay, opus 1 et 2, dans un registre fantasy ? D’autant qu’en poussant un peu plus la réflexion, je verrais bien une telle adaptation se dérouler sur Delimanores, mon univers perso, dans lequel la magie (Force locale, donc) est très codifiée, même si je n’ai jamais réussi à pondre un ou des sytèmes magiques qui me plaisent. Voilà qui pourrait me permettre de faire d’une pierre deux coups : avoir un roman original à proposer à un éditeur, et enrichir mon univers perso en y développant des pans jusque-là inexplorés.</p>
<p>Wait & See, je vais laisser ce concept se nourrir de lui-même…</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XVIIurn:md5:84af126ea3b60f7e966d4dbe3d7bee3e2012-02-12T10:47:00+01:002013-07-08T15:47:30+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Dark Omberius est aux abois, et Tel’Ay en fâcheuse posture…</p> <h2>Chapitre XVII</h2>
<p>Ovelar Nantelek était au milieu d’un brouillard épais. Partout où ses yeux se tournaient, le néant le narguait. La température glaciale qui régnait semblait décidée à mettre ses os à nu, aussi voulut-il resserrer les pans de sa cape. Il s’avisa alors qu’il n’était vêtu que d’une simple tunique sombre. Étrange… d’autant plus qu’il ne portait jamais autre chose que sa cape, symbole de son pouvoir.</p>
<p>Elle était lourde et chaude, et lui conférait surtout un aura de prestige, car elle représentait un travail artisanal unique dans tout l’univers : le tailleur qui l’avait conçue avait mis près de deux ans à la confectionner, à lui donner sa teinte unique, noire baignée de reflets bleus selon la luminosité, et agrémentée de frises cousues de fil d’or.<br />
Elle conférait à l’unificateur des mondes zabraks une prestance inégalable. Comment était-il possible qu’il ne la portât pas en cet instant.<br />
Fronçant les sourcils, il s’assura qu’il portait bien le deuxième élément qui ne le quittait jamais. Ses rares cheveux se dressèrent sur sa tête quand il vit qu’il n’en était rien. Son sabrolaser <em>aussi</em> avait disparu.</p>
<p>Les brumes denses se dissipèrent tout à coup, comme aspirées par un vent violent que Ovelar Nantelek ne sentit pourtant pas. Il se trouvait en plein milieu de la salle du trône de Skelor I, dans le palais qu’il occupait depuis maintenant trente ans.<br />
Trente ans qu’il avait mis à profit pour ourdir ses vastes machinations, qui auraient dues le conduire à la conquête de la galaxie.<br />
Il entendit des bruits de pas venant du couloir derrière la double porte massive qui lui faisait face. Ils résonnaient d’autant plus que le silence était par ailleurs sépulcral. Quand ils se turent, Nantelek comprit que l’être qui en était à l’origine faisait face aux portes de la salle du trône.<br />
Celles-ci s’ouvrirent à la volée et claquèrent violemment contre les murs. Les bruits de pas reprirent. Les yeux mi-clos, Nantelek ne distingua d’abord pas l’être qui marchait ainsi sur lui. Une lumière aveuglante auréolait l’intrus. Quand sa vue s’adapta enfin à la débauche de lumière, il le reconnut.<br />
C’était la deuxième fois qu’ils se croisaient. Comme la première fois, Ovelar Nantelek se rendit compte que rien n’était réel. Que tout se passait dans son esprit, et que son corps endormi reposait dans son lit. Un rêve…</p>
<p>Il ne fut pas surpris de reconnaître Tel’Ay Mi-Nag, le Skelor trapu, dernier représentant de la lignée de Sith avec laquelle Ovelar Nantelek était en guerre. Dans ce rêve, quelque chose de primordial échappait à Nantelek. Il eut du mal à mettre la main dessus. Il finit par comprendre, ce qui provoqua un malaise sourd en lui. Ovelar Nantelek n’était rien du tout, qu’une coquille vide, un artifice n’existant que pour cacher à l’univers la véritable nature du Zabrak : il était avant tout, et à jamais, Dark omberius, Seigneur Noir des Sith, héritier en ligne directe des enseignements de Dark Bane, mort quatre cents ans auparavant.<br />
Pourquoi donc lui avait-il fallu tant de temps pour s’en souvenir ?</p>
<p>Imperturbable, Tel’Ay Mi-Nag continua à se rapprocher. Dix mètres…<br />
Dark Omberius invoqua à lui les forces du Côté Obscur de la Force. Si ce maudit Skelor, qui avait tué ses deux élèves, voulait un affrontement apocalyptique, il allait l’avoir !<br />
Mais la Force refusa de répondre à l’appel d’Omberius. Pire encore, il ne la sentit même pas.</p>
<p>Tel’Ay Mi-Nag décrocha le sabrolaser de sa ceinture et, empoignant le manche à deux mains, activa la lame. Elle jaillit avec son vrombissement caractéristique, bleue mais parcourue d’éclairs pourpres, comme si elle subissait un dysfonctionnement. Cinq mètres…</p>
<p>Le corps de Dark Omberius se couvrit de sueur, et il se mit à trembler. La Force se refusait toujours à lui. Il voulut tourner les talons pour fuir la promesse de mort qu’il lut dans les yeux noirs du Skelor, mais ses jambes refusèrent de lui obéir. Son cœur battant la chamade, il vit Tel’Ay Mi-Nag lever son sabrolaser au-dessus de sa tête. Dark Omberius ne parvint pas à quitter des yeux cette lame énergétique si étrange. Il sut qu’il n’y échapperait pas. Le sabre s’abattit sur sa tête.</p>
<p><br />***</p>
<p>Le hurlement de terreur que Dark Omberius poussa en se réveillant à ce moment-là retentit à travers le palais, et ses gardes du corps se précipitèrent dans ses quartiers, pensant à une attaque.<br />
Sans se poser de questions, ils défoncèrent sa porte et se déployèrent dans la chambre, armes au poing. Ils furent frappés par la panique qui déformait les traits de leur chef, et s’assurèrent rapidement, avec professionnalisme, que nul autre que leur maître ne se trouvait sur place. Cette vérification effectuée, ils durent se rendre à l’évidence : Ovelar Nantelek avait été la proie d’un simple cauchemar.<br />
Parmi les sept gardes du corps, deux osèrent laisser leurs yeux s’attarder sur Nantelek.<br />
Le premier détourna le regard, comme gêné de constater la faiblesse de son chef. Le second ne put empêcher un début de grimace de mépris envahir ses traits.<br /> Omberius capta des bribes de pensées, qui ne laissaient aucun doute sur le fait que son aura venait d’en prendre un sacré coup auprès de ses hommes.<br />
Quelque chose sembla se rompre à l’intérieur de son crâne, comme si une digue avait brusquement cédé face à l’assaut d’eaux déchaînées. Il rugit, de plus en plus fort :<br />
– Faible ? J’ai l’air faible ? MOI, FAIBLE ? ALLEZ TOUS REJOINDRE LE CHAOS !<br />
Le Côté Obscur de la Force s’empara de son être et des éclairs de Force, plus puissants et plus mortels que tout ce qu’il avait expérimenté jusque-là, jaillirent de ses doigts tendus vers ses hommes. Vingt secondes plus tard, les gardes du corps n’étaient plus que corps calcinés, recroquevillés au sol. Leurs cris d’agonie ne lui avaient même pas donné de baume au cœur.<br />
Haletant, il attendit que ses mains cessent de trembler et que son cœur se remette à battre à un rythme normal.</p>
<p>Il fallut dix minutes pour que d’autres serviteurs osent venir s’enquérir de la situation. Redevenu maître de lui, Omberius leur ordonna sèchement de se débarrasser des corps.</p>
<p>L’heure était bien plus grave qu’il ne l’avait soupçonné. Cet avertissement de la Force serait le dernier, il le sentit. Non seulement il n’avait pas réussi à faire rejoindre le Chaos à Tel’Ay Mi-Nag, mais celui-ci était plus que jamais son ennemi mortel. Dark Omberius se demanda s’il avait une chance de s’en sortir vivant. Était-il assez puissant pour donner tort à la Force elle-même ?<br />
Pour la première fois de son existence, il en douta, et se mit à réfléchir aux conséquences que sa mort provoqueraient.</p>
<p>À son grand désarroi, il dut remettre son estime de soi en perspective. Il était au bord de l’échec sur le plan politique, ce qui ne lui faisait ni chaud ni froid. Conspirer était aussi naturel que respirer pour les Sith de sa lignée. Sa propre existence ne comptait pas, mais à une seule condition, et de taille : que son Ordre ne disparaisse pas avec lui.<br />
Et c’était là que le bât blessait. Ses deux élèves ayant été tués par Tel’Ay Mi-Nag, s’il venait à mourir à son tour, il aurait totalement échoué, et la quête de pouvoir initiée par Dark Bane se conclurait par un échec cuisant dont Omberius porterait toute la responsabilité.<br />
L’Ordre Sith était sa seule raison de vivre, il n’en était que le serviteur, dépositaire de ses secrets, et voilà qu’il l’avait amené lui-même au bord du gouffre. Cela ne devait pas arriver. À aucun prix. Il lui fallait un nouvel apprenti, urgemment. Et il lui fallait consigner toutes ses expériences dans son holocron, pour la postérité.<br />
Il contacta ses alliés Ho’Din de la planète Moltok, afin qu’ils lui amènent sur-le-champ leurs prisonniers les plus sensibles à la Force. Même si le temps jouait contre Omberius, et qu’il n’aurait sûrement pas le répit nécessaire pour former correctement un apprenti, lui montrer la voie à suivre pouvait suffire. À long terme, l’holocron de Dark Bane pourrait se charger du reste, si Dark Omberius venait à disparaître entre-temps.</p>
<p><br />***</p>
<p>Après le chaos qui y avait régné ces dernières semaines, les choses étaient en train de sa calmer au Sénat. Grâce aux efforts continus de Marcus Valorum, ses conseillers et alliés politiques, ainsi que l’Ordre Jedi, la raison revenait peu à peu dans les rangs des sénateurs.<br />
L’Hégémonie Zabrak, en proclamant son indépendance vis-à-vis de la République, avait ouvert une faille dangereuse pour l’union galactique, et des dizaines de mondes s’y étaient allègrement engouffrés pour rejoindre les sécessionnistes. Au pire de la crise, quarante-sept mondes avaient annoncé leur retrait de la noble institution.</p>
<p>Le chancelier Valorum n’avait eu de cesse de stigmatiser les sécessionnistes, et avait vainement tendu la main aux rebelles. Sa campagne électorale avait pris un nouveau tournant, se basant sur la solidarité entre les membres de la République, et l’aide nécessaire qu’il fallait apporter à ses ressortissants les plus défavorisés.
Plus que ses bonnes intentions et que toutes les pressions politiques qu’il chercha à exercer, la bataille entre la flotte de Ver’Liu So-Ren et celle de l’Hégémonie Zabrak fut l’événement qui le servit le mieux. Beaucoup de sénateurs furent horrifiés par cette attaque perfide lancée sans avertissement, dans un seul but qui n’échappa à personne : tuer Ver’Liu So-Ren, sans conséquence aucune pour les dommages collatéraux. Valorum insista lourdement sur ce dernier point, qui s’était traduit par des centaines de morts dans les camps.</p>
<p>La hâte de nombreux mondes prêts à entrer en rébellion fut douchée par des méthodes aussi violentes, aussi immorales, et renforça au contraire le camp des mondes loyalistes. Les désaffections dans les rangs des sécessionnistes furent nombreuses, comme si l’ardeur et la fièvre étaient soudainement tombées, comme si les conséquences d’un potentiel conflit avaient été évaluées à leur juste valeur, conduisant à la volte-face des mécontents.<br />
L’Hégémonie Zabrak campa sur ses positions, par la voix d’Ovelar Nantelek, mais elle perdit beaucoup de crédits et d’alliés. Pire, elle était désormais marginalisée.</p>
<p>Marcus Valorum s’affirmait à nouveau comme étant l’homme de la situation, chaque jour un peu plus, et une grande majorité de sénateurs resserra les rangs derrière lui, prête à lui apporter son soutien. Les élections promettaient d’être une formalité.</p>
<p>Comme il reprenait du poil de la bête politiquement parlant, Marcus Valorum voulut pousser son avantage plus loin, et décréta que tout monde ayant rallié l’Hégémonie Zabrak serait pardonné, sans sanction, s’il revenait dans le giron de la République. Il offrit à l’Hégémonie elle-même de joindre à nouveau l’alliance galactique, mais y posa une condition <em>sine qua non</em> : que Ovelar Nantelek, désigné comme étant responsable de tous les maux récents, soit livré aux forces républicaines.<br />
Ce faisant, il comptait affaiblir l’Hégémonie de l’intérieur, en s’appuyant sur d’éventuelles dissensions. Il reprenait de plus en plus confiance en lui, et se sentait pousser des ailes, surtout après avoir frôlé la catastrophe d’aussi près. Dans les prochains jours, ses adversaires allaient comprendre le sens du mot <em>implacable</em>…</p>
<p><br />***</p>
<p>Dark Omberius fut ravi d’apprendre que le vaisseau ho’din qui ramenait des êtres sensibles à la Force arriverait deux heures plus tard. Son bonheur ne connut plus de borne quand le spatioport de Terdra-City annonça que le vaisseau des mercenaires zabraks et trandoshéens venait de sortir d’hyperespace.<br />
– Mobilisez une compagnie entière pour accueillir nos invités. J’arrive. Je superviserai moi-même leur exécution, fit-il avant de couper la communication et de se préparer à quitter le palais.<br />
Son communicateur sonna à nouveau, et il fronça les sourcils en constatant que l’appel provenait encore de l’astroport.<br />
– Quoi ?<br />
– Monseigneur, il se passe quelque chose. Le vaisseau ne répond à aucun appel.<br />
– Il se dirige vers Skelor I ?<br />
– Oui, monseigneur.<br />
– Envoyez une frégate à sa rencontre et tenez-moi informé des événements.<br />
–À vos ordres, monseigneur.<br /></p>
<p>En arrivant au contrôle de l’astroport, Omberius apprit que le vaisseau de ses mercenaires s’était mis automatiquement en orbite de la planète. La frégate qui l’escortait annonça qu’aucun signe de vie n’avait été détecté à bord. Omberius ordonna que le vaisseau soit remorqué jusqu’à l’astroport.</p>
<p>Un quart d’heure plus tard, la frégate atterrissait avec sa proie, emprisonnée par un rayon tracteur. Omberius, qui attendait sur le tarmac, un nœud au creux de l’estomac, activa fébrilement la commande d’ouverture et s’engouffra à bord.<br />
L’odeur putride de la mort assaillit sur-le-champ ses narines, et il ne tarda pas à tomber sur des cadavres, le plus souvent démembrés par ce qui ressemblait fort à des coups de sabrolaser. Il explora tout le vaisseau, en comptant les morts au passage. Il en était à douze quand il entra dans le cockpit. Avec les trois derniers corps qu’il y découvrit, le compte était bon : les quinze mercenaires qu’il avait envoyé sur Kashyyyk s’emparer de Tel’Ay Mi-Nag et d’Anaria étaient morts. Sur la verrière, quelques mots écrits dans du sang :</p>
<p><em>J’arrive</em>.<br />
<em>Tel’Ay Mi-Nag</em>.</p>
<p>Dark Omberius se mit à trembler, et il continua même après avoir épuisé toute sa panoplie de techniques de relaxation.</p>
<p><br />***</p>
<p>Anaria était au bord de l’épuisement, et avec son genou vrillé d’une douleur sourde, elle n’était pas en mesure de se défendre contre leurs agresseurs. Elle n’était pas inquiète pour autant : avec Tel’Ay présent à ses côtés, elle ne donnait pas cher de la peau des hommes de main de l’Hégémonie Zabrak.</p>
<p>Sa surprise fut immense de voir son comparse lever les mains en signe de reddition. Elle grogna son dépit, mais Tel’Ay tourna la tête vers elle et lui fit un clin d’œil. Elle se le tint pour dit et se laisser menotter et emmener par les mercenaires. Elle voulut dire un mot à ses parents, mais rien ne lui vint.<br />
Ses parents et le Wookiee brun ne bougèrent pas : tenus en joue par les assaillants, ils avaient vite compris que toute velléité de résistance se conclurait par leur mort.</p>
<p>Quant à Tel’Ay, après qu’il eut été privé de son sabrolaser, il fut attaché avec des menottes massives faite d’un métal noir brillant. Dès qu’elles eurent été mises à ses poignets, il sentit ses sens et ses pensées se brouiller, et la Force le fuir. Ses adversaires n’avaient rien laissé au hasard : il avait déjà entendu parler de ce type de menottes, conçu spécialement pour affaiblir les utilisateurs de la Force.<br />
Le Trandoshéen qui s’était emparé de son sabrolaser jeta l’arme sur le sol de la plate-forme et la détruisit de plusieurs coups de blaster.<br />
Tel’Ay ne put s’empêcher de sourire, quand une pensée cohérente parvint à filtrer le brouillage mental induit par les menottes : le sabrolaser de Séis ainsi détruit, c’était la dernière trace de l’existence de son ancien condisciple qui venait de disparaître.</p>
<p>Tel’Ay avait l’impression de voir à travers un prisme déformant, et il ne put prendre la mesure de son nouvel environnement. Les murs bougeaient, comme s’ils étaient vivants, se rapprochant et s’éloignant de lui, alternativement. Il avait parfois l’impression de tomber lentement, de dériver, et à l’inverse, il pensait voler dans les nuages, comme bercé par une douce brise. À mois qu’il ne dérivât dans une rivière à la température douce, si douce… Dans son esprit se succédèrent des vagues de chaud et de froid.</p>
<p>Anaria, elle, était dans son état normal. Elle gémit de consternation en voyant les yeux grands ouverts de Tel’Ay, qui ne regardaient rien. Le Skelor semblait tourné vers un monde intérieur, et totalement coupé du reste de la galaxie.<br />
La soute où ils furent conduits était tapissé de cages collées les unes aux autres. Chacun eut droit à la sienne propre, le plus éloigné qu’il fut possible l’une de l’autre.
Dans un excès de zèle, leurs menottes furent rattachées à un anneau, à environ un mètre cinquante du sol. Torture physique latente, qui les obligeait soit à rester debout, soit à se laisser pendre sans qu’ils puissent s’asseoir. Nul doute pour Anaria qu’au bout de quelques heures seulement, ils seraient ankylosés des bras comme des jambes. Simple et redoutable technique…</p>
<p>Anaria ne cessa de scander le nom de Tel’Ay comme une litanie, en espérant le faire revenir à la réalité de leur situation. Quand elle renonça, un quart d’heure plus tard, cela faisait déjà dix minutes qu’il était en train de fredonner un refrain quelconque, toujours le même. C’était la première fois qu’Anaria l’entendait chanter, et il chantait si mal qu’elle pria pour que ce soit aussi la dernière.</p>
<p>Tel’Ay nageait dans le bonheur. Comme la vie était belle ! Qu’il était bon de se trouver dans un tel cocon de tranquillité. Il était en paix avec lui-même, avec l’univers entier. Il sourit largement, juste pour le plaisir du geste, heureux d’être content, à moins que ce en fut l’inverse. Il n’en savait rien et s’en moquait éperdument. Rien ne comptait vraiment.</p>
<p>Il utilisa la Force, d’abord inconsciemment, puis s’amusa des sensations qu’il éprouvait en essayant de s’en servir : il sentait le flux d’énergie monter des menottes et lui enserrer l’esprit, l’empêchant d’utiliser ses pouvoirs. La Force en lui chercha à jaillir, vainement, et il insista dans ses efforts, tandis que tournoyait dans sa tête l’image d’un poisson pris dans un filet de pêcheur mais qui tentait tout de même de s’enfuir.<br />
Il cessa de fredonner et voulut imiter le cri du poisson. Après un long moment de réflexion, il éclata de rire : les poissons ne pouvaient pas crier puisqu’ils vivaient sous l’eau. son hilarité se transforma en fou rire, qui dura suffisamment pour lui donner mal au ventre.<br />
Se reprenant quelque peu, il se demanda quel bruit ferait un poisson s’il pouvait parler. Il se mit à jouer avec des <em>blop</em>, des <em>blip</em>, des <em>blep</em>, et les associa au hasard, s’émerveillant des consonances ainsi obtenues.<br />
<em>Blop, blop, blep, blip, blip – blap, blup, blep, blep – blip, blip, blep – blip, blip, blep</em>… tiens, il aimait particulièrement cette suite-là. Il continua à la répéter dans une litanie sans fin, et finit par froncer les sourcils. <em>Blip, blip, blep</em> – quelque chose lui échappait – <em>blip, blip, blep</em> – mais quoi ? Ce nom, car c’en était un, se dit-il – <em>blip, blip, blep</em> – était connu de lui. Ce n’était d’ailleurs pas un concept abstrait ni un nom au hasard – <em>blip, blip, blep</em> –, mais quelqu’un qu’il avait connu. Très bien, même.<br />
<em>Blip, blip, blep</em>… Ce nom véhiculait un aura d’infinie tristesse, mais son attention vagabonde focalisée dessus ne voulait pas le lâcher. <em>Bild, dip, lep</em> – il se rapprochait, il le sentait… <em>Bildilep</em>… <em>Bidibel</em>… <em>Dibidel</em>…<em>DIBIDEL</em> !<br />
Tel’Ay crut que son crâne allait exploser, quand la vision de sa défunte famille s’imposa à son esprit : sa femme Dibidel, tenant leur fils Ro’Lay dans ses bras. Il se vit tendre les mains vers eux, et des éclairs de Force en jaillir pour les anéantir. Il éclata en sanglots. La scène défila à nouveau. Et encore. Et encore…</p>
<p>Tel’Ay se mit debout, le visage vide de toute expression. Des caresses insidieuses de pouvoir, émanant des menottes psychotropes, cherchèrent à envelopper son esprit pour le renvoyer dans des divagations sans queue ni tête. Il les repoussa d’un simple effort mental.<br />
La honte l’envahit, toutes ses facultés retrouvées. Se faire piéger par un tel artefact, inventé par les anciens Sith, alors que lui-même en était un maître. Il éprouva un immense mépris pour lui-même, et de la haine pour ses ennemis.<br />
Il la contint. Il n’était pas un ancien Sith, mais un Tanietien. Il transformerait sa haine en une armure inviolable, sous contrôle. Telle était la seule et unique clé de la victoire, sur lui-même et sur l’univers : la puissance sous contrôle.<br />
Il grimaça un sourire sans chaleur. Ses geôliers allaient en faire l’expérience. Mais ils n’auraient pas l’occasion de divulguer la leçon qu’il allait leur donner. Pas dans cette vie, pas sous cette forme…</p>
<p>La force physique d’une Wookiee ne suffisait pas pour venir à bout de l’anneau qui retenait les menottes. Anaria en avait fait l’expérience depuis qu’elle avait été enchaînée là. Les poignets en sang, elle avait fini par renoncer. Vu son genou blessé, qui n’avait pas pu être soigné avant qu’ils soient embarqués à bord et qui depuis avait doublé de volume, elle ne pouvait pas non plus se servir de ses jambes comme levier.<br />
Au moins, se dit-elle, Tel’Ay, après être passé du délire aux larmes, en passant par des fous rires, s’était-il enfin tu. Elle regarda dans la direction du Skelor quand un bruit métallique émana de sa cage.<br />
Elle vit avec stupéfaction que l’anneau qui retenait les menottes de Tel’Ay au mur était en train de se recroqueviller sur lui-même, comme écrasé par une pression invisible. Libéré du mur mais toujours menotté, Tel’Ay marcha jusqu’aux barreaux de sa cage, leva les bras bien haut au-dessus de sa tête, et les abattit violemment sur l’un des barreaux. Ses entraves cédèrent.</p>
<p>Les barreaux métalliques avaient un diamètre d’environ cinq centimètres. Renforcés au possible, il fallait avoir la force d’un rancor pour espérer pouvoir les tordre. Tel’Ay n’avait pas besoin de la puissance d’un rancor. Il avait mieux que cela : la Force.</p>
<p>Les sens déployés et prêt à agir sur la Force, il entendait du bruit derrière la porte qui ouvrait sur la soute. Comme de juste, leurs geôliers disposaient de caméras internes de surveillance et avaient déjà remarqué qu’il s’était libéré.<br />
Il ressentit la présence de quinze ennemis à bord, dont pas moins de huit derrière la porte, prêts à surgir brusquement. Leurs intentions étaient si transparentes. Il n’y avait qu’une trace raisonnable de peur dans leurs esprits disciplinés de mercenaires. Cela n’allait pas durer, décréta Tel’Ay.</p>
<p>La porte s’ouvrit et ils la franchirent au trot, armes braquées sur lui, décidés à se déployer en éventail. Le premier à entrer fut agrippé au col par une main télékinétique, qui le jeta dans les bras de Tel’Ay. Paniqué, il appuya deux fois sur la détente de son blaster, mais ses tirs se perdirent. Quand il s’écrasa sur les barreaux de la cage du Skelor, celui-ci s’empara prestement du blaster et tira à bout portant dans la tête de son ennemi, avant de l’agripper pour se faire un rempart de son corps.<br />
Les autres tirèrent aussitôt, criblant de tirs le corps de leur défunt compagnon. Tel’Ay devait faire vite : vu comme ils s’acharnaient, son rempart humain allait rapidement de retrouver en morceaux. Il tira deux fois sur la serrure de sa cage, ce qui suffit à la mettre hors service.</p>
<p>Il lâcha ensuite quelques salves à l’aveugle. Ses adversaires s’égaillèrent dans un bel ensemble, cherchant des abris inexistants. Tel’Ay prit le temps de scruter rapidement de haut en bas le mort qu’il tenait toujours, et s’aperçut avec une immense plaisir qu’il portait possédait une dague, reposant dans un fourreau attaché en haut et en bas de la cuisse. Le Skelor laissa tomber le blaster et s’empara de la dague. Voilà qui lui suffirait amplement pour l’usage qu’il lui destinait.</p>
<p>Mobilisant ses pouvoirs, il fit passer une partie de sa force vitale dans la dague, qui brilla légèrement avant de reprendre son aspect normal. Parmi les techniques des anciens Sith, Tel’Ay avait toujours apprécié celui qui permettait d’énergiser les objets, pour en faire des armes dont les propriétés se rapprochaient de celles d’un sabrolaser.<br />
Comme ce n’était pas avec vingt centimètres de lame qu’il pourrait se défendre efficacement contre les mercenaires, il se baissa pour découper le bas d’un des barreaux de sa cage.<br />
Sa protection s’étiolait à vue d’œil, au fur et à mesure que ses ennemis s’acharnaient dessus. Un bras finit par tomber, et un tir parvint enfin à transpercer le ventre du mort. Tel’Ay se releva et coupa le barreau à mi-hauteur, de manière à disposer d’une lame d’un mètre pour se défendre.<br />
Il termina en même temps qu’un tir lui transperça la cuisse. Ignorant la douleur, il s’empara de son bâton de métal et y transféra à nouveau de la Force. Il lâcha le corps mort et donna un grand coup de pied dans la porte de la cellule, sa lame énergisée bien en main.</p>
<p>Que pouvaient faire des mercenaires, même bien entraînés, face à un maître Sith ? La réponse était très simple, aux yeux de Tel’Ay : mourir. Il leur fit apprendre consciencieusement cette leçon, l’un après l’autre, en se jouant des tirs dont ils l’arrosèrent copieusement. En deux minutes, tout était fini dans la soute. Trois de plus, et les seuls occupants du vaisseau encore en vie étaient Tel’Ay et Anaria.</p>
<p>Tel’Ay libéra ensuite Anaria et soigna leurs blessures respectives à coups de patchs de bacta trouvés dans l’infirmerie miniature de bord.<br />
Il coupa ensuite l’hyperpropulsion, avant de se lancer dans des calculs compliqués pour prendre un nouveau cap : Velinia III. Au moment de leur enlèvement sur Kashyyyk, il avait trouvé très bien que les mercenaires veuillent le mener à son ennemi. Mais après un minimum de réflexion, il ne faisait aucun doute qu’Omberius aurait préparé un comité d’accueil mortel. Tel’Ay ne pourrait pas débarquer sur Skelor I sans un maximum de discrétion. Toute autre approche reviendrait à se jeter dans la gueule du chien akk.</p>
<p>Une fois en orbite de Velinia III, ils furent récupérés par une navette affrétée par Seperno, après qu’ils se furent identifiés. Tel’Ay griffonna un message sur la baie du cockpit, à l’intention de Dark Omberius, exercice certes puéril, mais qui dans le meilleur cas pourrait mettre une pression supplémentaire sur les épaules du Seigneur Noir des Sith. Cette fois-ci, pour changer, c’était Tel’Ay qui annonçait à son ennemi son entrée en guerre.<br />
Il réussit à programmer lui-même les coordonnées du vaisseau des mercenaires pour Skelor I, signe que ses progrès en astronavigation étaient décidément probants, mais il laissa le soin aux ingénieurs de Seperno d’installer une minuterie pour qu’il puisse quitter le bord avant l’entrée en hyperespace.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XVIurn:md5:744fe35ca526d81d764ea5265d77446d2012-02-09T09:59:00+01:002013-07-08T15:48:01+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Une fois n’est pas coutume, ce chapitre est exclusivement centré sur Anaria…</p> <h2>Chapitre XVI</h2>
<p>Quand les traits luminescents de l’hyperespace laissèrent place à l’éternel tissu ténébreux serti de joyaux d’argent, une immense sphère baignant dans des tons émeraude striées de traînées nuageuses apparut devant les yeux de Tel’Ay et Anaria, aux commandes du transporteur PX-7 de Séis. Kashyyyk.</p>
<p>Même si Anaria tentait de le cacher, Tel’Ay ressentait son extrême nervosité à l’idée de se retrouver sur son monde natal, sur lequel elle n’était perçue que comme une lâche, une paria.<br />
Avant leur départ de Velinia III, le Skelor s’était plongé dans l’étude des technologies liées aux transports spatiaux. Mettant à profit des méthodes cognitives utilisant la Force, il avait emmagasiné dans son esprit des dizaines et des dizaines de plans de vaisseaux, et avait poussé le luxe jusqu’à se lancer presque fébrilement dans l’apprentissage des calculs de plongée en hyperespace.<br />
Il ne fut donc pas peu fier de voir qu’à leur réintégration dans l’espace normal, Kashyyyk était au rendez-vous. Quand il avait annoncé à Anaria qu’il allait rentrer lui-même les coordonnées de la planète, elle n’avait pas protesté, se contentant d’arborer une moue dubitative… et de surveiller attentivement le Skelor quand il avait programmé l’ordinateur. Elle n’avait pas eu à intervenir : il avait bien appris sa leçon.</p>
<p>Quand la console de communication bipa, Anaria l’ignora… jusqu’à ce que le regard froid dont Tel’Ay la gratifia soit trop pesant à supporter.<br />
– Ici contrôle de l’astroport de Thikkiiana. Identifiez-vous et faites part de vos intentions.<br />
Une dernière hésitation, et Anaria répondit :<br />
– Naveromanaria. Je veux terminer mon éducation, en conformité avec les traditions de notre peuple. Je viens passer l’épreuve du <em>hrrtayyk</em>.<br />
Un long silence suivit cette déclaration. Finalement, la voix du contrôleur spatial lâcha :<br />
– Je vous envoie les coordonnées d’atterrissage.<br />
Il coupa la communication sans autre forme de procès, et Anaria poussa un long soupir de soulagement. Tel’Ay ne pipa mot, bien qu’il sentît la peur panique contre laquelle sa compagne s’efforçait de lutter. Elle devait désormais se débrouiller seule, estimait-il. Il avait fait sa part en réussissant à la convaincre de venir jusqu’ici, ce qui avait été loin d’être une mince affaire.</p>
<p>Tel’Ay, désireux d’améliorer son pilotage, prit les commandes pour faire atterrir le transporteur, et y parvint sans trop de mal. Par la verrière du cockpit, il avisa trois Wookiees. Un à la fourrure brune, et deux autres ressemblant fortement à Anaria, pourvus comme elle d’une fourrure argentée zébrée de noir.<br />
– Allons-y, on a assez perdu de temps comme ça avec cette histoire, fit le Skelor en se débarrassant de son harnais de pilote.<br />
– Je… je ne suis pas certaine d’être prête, avoua Anaria sans bouger, les mains légèrement tremblantes.<br />
– Alors, décide-toi vite, moi j’y vais, rétorqua Tel’Ay. Je me demande ce qu’ils vont penser de toi quand ils verront que tu n’oses pas sortir.<br />
Il marcha d’un bon pas jusqu’à l’écoutille du vaisseau, et sourit intérieurement en activant l’ouverture. Il sentait distinctement la présence d’Anaria dans son dos.<br />
– C’est à toi de passer la première, dit-il sur un ton plus doux.<br />
Cette fois, elle n’hésita pas. Elle descendit la rampe et marcha d’un pas déterminé vers ses trois congénères.<br />
Tel’Ay lui emboîta le pas en surveillant leur comité d’accueil. Il commençait à avoir par-dessus la tête de ces créatures hautaines, si méprisantes envers Anaria. Qu’importaient les conséquences, il était prêt à jouer du sabrolaser et à les couper toutes les trois en morceaux si elles levaient la main sur sa compagne de route.
Il ressentit de l’hostilité et de la colère de la part des Wookiees, mais pas de violence contenue. C’était déjà ça de pris.</p>
<p>Anaria s’inclina avec respect devant ses hôtes, qui restèrent impassibles. Tout en ayant conscience du chaos qui régnait sous le crâne d’Anaria, Tel’Ay ne put s’empêcher d’admirer la Wookiee, pour la voix ferme avec laquelle elle annonça :<br />
– Le passé ne peut être changé. Le présent et donc l’avenir, si. Je ne suis pas venue pour être jugée, ni pardonnée. Je suis venue revendiquer mon statut de membre à part entière de la société wookiee, en passant mon rite de passage. Dès que je l’aurai réussi, je quitterai Kashyyyk.<br />
– Je pense en effet que cela vaudra mieux, rétorqua le plus grand des deux Wookiees argentés en la fusillant du regard.<br />
Le, ou plutôt la – devina Tel’Ay – deuxième Wookiee argentée, plus chétive, lui sembla plus émue, bien qu’elle ne prononçât pas une parole.<br />
Le Skelor eut la confirmation de ce qu’il commençait à soupçonner quand le troisième Wookiee, à la fourrure brune et à la carrure impressionnante, annonça à ses deux compagnons :<br />
– Puisque votre fille est prête, je propose de commencer dès maintenant.</p>
<p><br />***</p>
<p>Trois jours. Ils n’avaient eu que trois jours de tranquillité pour se remettre de leurs aventures.<br />
Anaria était handicapée par son épaule en cours de guérison. Les baumes des guérisseurs rodiens et skeloriens étaient relativement efficaces, mais il s’en faudrait de plusieurs semaines avant qu’elle ne récupère toutes ses capacités physiques.<br />
Elle n’avait pas eu droit à un traitement au bacta, qui avait été réservé aux blessés les plus sérieux.</p>
<p>La colonie de Velinia III avait été transformée en un vaste hôpital, afin de soigner les victimes de la récente bataille. Des appels à l’aide avaient été lancées à travers l’espace, et des médicaments ainsi que des produits de première nécessité ne cessaient d’affluer depuis lors.<br />
Tous pansaient leurs blessures. Et tout s’était bien passé… pendant trois jours.</p>
<p>À vrai dire, ce qui se produisit ne fut qu’un micro-événement à l’échelle de la colonie. Mais elle prit une importance essentielle aux yeux de Tel’Ay et d’Anaria.
Alors que tous deux inspectaient les postes de sécurité disséminés à travers la ville, ils croisèrent <em>son</em> chemin. Deux mètres vingt de muscles recouverts d’une épaisse fourrure brune, indubitablement wookiee…<br />
Anaria se tendit instinctivement, et Tel’Ay comprit ce qui allait suivre. Cela recommençait, comme à bord du <em>Carolusia</em>. Il ne se souvenait que trop bien des deux Wookiees qui avaient battus Anaria, sans raison apparente. Du moins sans raison que sa compagne ait cru bon de lui expliciter.<br />
Et comme ce jour-là, Anaria lui supplia de ne pas intervenir. Il accéda à sa requête, et resta en apparence impassible, pendant que le Wookiee assénait une grêle de coups à la compagne du Sith.<br />
Pendant cette correction, Tel’Ay appela une équipe médicale par comlink. Quand elle arriva, le Wookiee abandonna sa victime et s’en fut le plus tranquillement du monde.<br />
Anaria gisait au sol, un œil poché, crachant du sang entre ses dents, et le corps couvert d’ecchymoses.<br />
L’équipe médicale s’activa autour d’elle. Pour Tel’Ay, la honte était presque palpable dans l’aura d’Anaria. Et des sentiments de satisfaction de soi et de justice rendue agitaient l’esprit du Wookiee.<br />
<em>Pas pour longtemps</em>, décida le Sith, qui marcha résolument derrière le Wookiee, avant de le rattraper et de se planter devant lui, mains sur les hanches.<br />
Même si sa tête de Skelor n’arrivait qu’au niveau du torse du Wookiee, Tel’Ay le fusilla du regard, avant de lui lancer :<br />
– C’est quoi le problème avec Anaria ?<br />
– Dégage ou je t’écrase, misérable insecte ! beugla son interlocuteur.<br />
– J’aimerais bien te voir essayer, boule de poils, fit Tel’Ay, sourire carnassier aux lèvres, tout en approchant ostensiblement sa main du sabrolaser qui pendait à sa ceinture.<br />
– Tu t’expliques spontanément, où on fait ça à ma manière ? ajouta-t-il.<br />
Le Wookiee hésita. Le Skelor ne semblait pas intimidé. N’était-ce que de l’esbroufe basée sur l’arme mythique qu’il arborait, où maîtrisait-il la Force ? Dans le premier cas, le Wookiee ne doutait pas une seconde de pouvoir venir à bout de l’arrogant importun. Mais dans le second, c’était une toute autre histoire…<br />
Il décida de tenter sa chance, tendit ses muscles massifs pour entrer en action… et s’immobilisa sur-le-champ, la lame du sabrolaser de Tel’Ay pointée sur le cou. Le Wookiee fut pris d’un frisson incontrôlable. Il n’avait pas réussi à suivre des yeux le mouvement du Skelor. Celui-ci aurait même pu le tuer, sans qu’il ne puisse rien faire pour se défendre.<br />
– J’attends, fit Tel’Ay, serein.<br />
– C’est une lâche, elle n’a jamais passé le rite de passage !<br />
– Et ça consiste en quoi, ce rite ?<br />
– Pour un Wookiee, cela consiste à prouver son courage et sa valeur, et à accéder au statut d’adulte honorable. Cette misérable femelle n’en a pas été capable. Elle est une honte pour les Wookiees !<br />
– Et c’est une raison pour la battre ?<br />
– Nos lois ne nous autorisent pas à mettre à mort les lâches, même s’ils sont une tache indélébile sur l’honneur de notre peuple. Par contre, tout Wookiee respectable ne manque jamais de rappeler à ce type de sous-être l’indignité de sa condition. Cette femelle ne fait que récolter les conséquences de ses actes.<br />
– À quoi reconnais-tu qu’elle n’a pas passé son rite de passage ?<br />
–L’honneur est au centre du mode de vie des Wookiees. Ceux qui dérogent à cette règle sainte sont bannis et contraints à l’exil, et connus de tous. Actuellement, il n’existe pas plus de <em>cent</em> de mes congénères à être comme elle.<br />
Cent seulement ? Un chiffre aussi ridiculement bas parut incroyable à Tel’Ay. Il comprit mieux la profondeur de l’honneur chez les Wookiees, et à quel point ils devaient se sentir humiliés par les gens comme Anaria.<br />
– J’en sais assez, annonça Tel’Ay, avant d’éteindre son sabrolaser et de l’attacher à sa ceinture. Va-t’en, maintenant.<br />
Le regard du Wookiee se durcit. Il n’avait pas l’habitude d’être traité avec autant de dédain. Il ravala pourtant sa colère et s’en fut lentement, tandis qu’une partie de Tel’Ay aurait préféré que le Wookiee en vienne à l’affrontement.</p>
<p>L’humeur sombre, Tel’Ay se morigéna de se faire du mouron pour Anaria. Que lui importait cette Wookiee, après tout ? Certes, ils commençaient à avoir une sacrée histoire en commun, mais tout de même…<br />
Il avait cédé à la faiblesse d’en venir à l’apprécier, lui, un Seigneur des Sith, alors que ses seuls buts auraient dus être de se débarrasser de ses ennemis, sans un regard sur les à-côtés. Était-il donc si peu Sith pour s’abandonner ainsi à ce qui ressemblait fort à de l’amitié ?<br />
Non. Les choses n’étaient pas aussi simple, il le savait. Sa colère avait une autre origine, sans pouvoir réellement l’expliquer.<br />
Il comprit soudainement, à travers un <em>flash</em> senti à travers la Force. Anaria était une composante essentielle de son avenir. Son destin passait par elle. Ni plus ni moins. Cette conclusion ne lui plaisait guère, mais il s’en remettait à la Force. Il devait préserver Anaria, quel qu’en soit le prix.</p>
<p>Poussant plus loin sa logique, il décida que le rapport de sa congénère avec ses semblables devait évoluer. Hors de question qu’elle passe le reste de son existence à se faire battre en plâtre à chaque fois qu’elle croiserait un Wookiee. Un accident arriverait fatalement : un jour, l’un d’eux frapperait trop fort…<br />
Il n’y avait qu’une seule solution : aller avec elle sur Kashyyyk. Elle devait impérativement se plier au rite de passage. Tel’Ay sourit froidement : il allait falloir la convaincre, maintenant…</p>
<p>Les médecins se précipitèrent au chevet d’Anaria quand elle se mit à hurler. Ils virent que Tel’Ay lui faisait face, impassible, les bras croisés. Il les ignora quand ils voulurent le faire sortir, et ils n’osèrent s’approcher de la Wookiee déchaînée, qui gesticulait rageusement et arrachait ses perfusions une à une.<br />
– Arrête de faire l’enfant, Anaria. De toute manière, je ne te demande pas ton avis. Nous allons sur Kashyyyk, et nous partons demain. Si tu n’as jamais trouvé le courage de te confronter à ton rite de passage, c’est parce que tu avais subi les séquelles de ta rencontre avec Dark Glaro. Ton esprit était atrophié par la blessure au sabrolaser, ce qui n’est plus le cas désormais.<br />
Il laissait passer un nouveau flot de rugissements, avant de conclure :<br />
– Tu refuses ? Soit. Peu m’importe, c’est là-bas que je me rends. Depuis notre rencontre, tu affirmes que tu as une dette de vie envers moi : tu n’as donc pas d’autre choix que de me suivre. Si tu ne le fais pas, tu détruis à jamais les derniers lambeaux de ton honneur. D’ailleurs, ajouta-t-il perfidement, je ne suis pas certain qu’un Wookiee n’ayant pas accompli son rite de passage ait le droit de contracter une dette de vie.</p>
<p>Tel’Ay tourna les talons et s’en fut, ignorant les hurlements rageurs de la Wookiee. Kashyyyk n’était pas si éloignée que ça de Velinia III. L’absence de Tel’Ay ne devrait donc pas être un problème pour son roi. Depuis la fin de la bataille, de nouvelles troupes républicaines étaient venues renforcer la sécurité de la planète, et Ver’Liu avait embauché des mercenaires supplémentaires.<br />
Tout le monde léchait ses blessures, dans un camp comme dans l’autre. Au Sénat, la situation politique s’enlisait et s’embrouillait, avec les élections de la chancellerie en toile de fond. Tout le monde marchait sur des œufs, chaque sénateur pesait soigneusement ses mots afin de se faire remarquer, en quête d’appuis politiques. Il n’y avait rien à attendre de ces gens-là avant les élections, un mois plus tard.</p>
<p>Ver’Liu, que le Sith trouva, comme souvent, au chevet de Sionarel toujours inconsciente, approuva distraitement la décision de Tel’Ay de quitter la planète pour deux semaines. Le souverain se remettait lentement de la violence de ses choix précédents. Il était si facile de succomber à l’attrait du pouvoir, quand tout un peuple fanatique était derrière soi.<br />
Il s’était juré de ne jamais refaire une telle erreur, et avait compris que tant que les élections ne seraient pas passées, il aurait les mains liées. Il s’était donc contenté de renforcer les défenses de la planète, et attendait désormais son heure.</p>
<p>Le lendemain matin, quand Tel’Ay alluma les systèmes vitaux du transporteur de Séis, il entendit le chuintement de la soute du vaisseau, signe que quelqu’un était en train de la fermer. Il ne se retourna pas quand la porte du cockpit s’ouvrit, et ignora Anaria, qui s’assit à ses côtés, au poste de copilote. Ils n’échangèrent pas un mot, et Tel’Ay fit décoller le transporteur.</p>
<p><br />***</p>
<p>Sur la plate-forme d’atterrissage de Thikkiiana, bâtie sur un arbre wroshyr aux dimensions démesurées, le Wookiee brun toisa Anaria et lui dit :<br />
– Au vu de ton passé, ton <em>hrrtayyk</em> sera l’un des plus difficiles qui ait été passé ses dernières centaines d’années. Si tu échoues, tu seras pardonnée et ta mémoire sera honorée, car tu seras morte en suivant la noble voie des Wookiees. Si tu parviens à y survivre, contre toute attente, tu accéderas à un statut envié de tous. Tu seras presque une légende vivante, avec toutes les responsabilités qui en découleront.<br />
– Je n’échouerai pas, grogna Anaria, toute trace d’hésitation disparue.<br />
– Nous verrons cela, rétorqua son interlocuteur. Nous allons savoir si le <em>rrakktorr</em>, le feu qui alimente le cœur des Wookiees, existe en toi.<br />
Tel’Ay sentait la peur qui rongeait le cœur de sa comparse, mais il devait admettre qu’elle la cachait bien. En revanche, il était inquiet des paroles prononcées par le Wookiee. Il avait contraint Anaria à venir jusqu’ici afin de garantir sa sécurité future, mais n’avait pas imaginé que l’épreuve qu’elle allait affronter serait si mortelle. Si elle mourait, que deviendrait l’intuition qu’il avait eu, selon laquelle Anaria était une pièce essentielle de son avenir ?<br />
Mettre le pied sur Kashyyyk n’avait peut-être pas été une si bonne idée, après tout. Mais il était trop tard pour faire machine arrière.</p>
<p>Le Wookiee brun reprit la parole, énonçant la mission qui attendait Anaria :<br />
– Tu descendras dans les profondeurs de Kashyyyk sans arme, mais tu as le droit de t’en confectionner une en route. Ton épreuve consiste à revenir avec la tête d’un dirawwak.</p>
<p>À la vive émotion qui étreignit les deux Wookiees argentés, Tel’Ay comprit qu’aucun d’eux ne s’attendait à revoir Anaria vivante. De son côté, elle hocha simplement la tête, comme résignée, et fit jaillir ses longues griffes rétractiles. Sans un regard en arrière, elle bondit hors de la plate-forme et se rattrapa à la branche d’un arbre wroshyr voisin. Elle sauta de branche en branche, toujours plus bas, et disparut de la vue de tous en quelques secondes seulement.</p>
<p>Tel’Ay leva les yeux vers l’immense Wookiee brun et lui demanda :<br />
– Qu’est-ce qu’un dirawwak ?<br />
– L’un des prédateurs les plus dangereux qui écument les sols. Il se présente comme un humanoïde, avec deux bras et deux jambes, et il est pourvu d’une épaisse fourrure brune. Les spécimens les plus petits mesurent trois mètres. Certains prétendent que les dirawwaks et les Wookiees sont apparentés. Comme nous, ils ont des griffes et des dents faites pour déchiqueter leurs proies, et le plus chétif d’entre eux est plus fort physiquement que le plus puissant des Wookiees. Sans parler de leur odorat, plus développé que le nôtre.<br />
– Charmant, ironisa Tel’Ay. Et qu’est-ce qu’il possède comme faiblesses ?<br />
– Je ne suis pas certain qu’il en ait une. Oh, j’oubliais : ses griffes sécrètent du venin pour paralyser ses proies.<br />
– Un Wookiee a-t-il déjà réussi à en tuer un ?<br />
– À ma connaissance, seul mon grand-père a réussi un tel exploit… armé de deux fusils-blaster lourds.<br />
– Il a dû devenir un sacré héros aux yeux des vôtres.<br />
– En effet, il a eu droit à des funérailles dignes des plus grands.<br />
– Funérailles ? Je croyais qu’il avait réussi à tuer le dirawwak ?<br />
– Cinquante mètres les séparaient. Le dirawwak s’est jeté sur mon grand-père, qui a tiré sans discontinuer. Avant de s’écrouler mort sur mon aïeul, le dirawwak a eu le temps de lui arracher la tête d’un coup de patte.<br />
Tel’Ay ne trouva rien à répondre. <em>Oui, c’était décidément une bien mauvaise idée de venir ici</em>, en fin de compte, pensa-t-il.</p>
<p>Telle une ombre, Anaria se faufile dans l’impénétrable jungle. À ce niveau, l’obscurité est presque totale. Thikkiiana est invisible, plusieurs centaines de mètres au-dessus d’elle, masquée par l’enchevêtrement des arbres.<br />
Étrangement, elle ne ressent plus la peur. Seul subsiste le <em>rrakktorr</em>. La soif de vivre, l’instinct du prédateur. Même le Wookiee le plus téméraire ne descend pas à ces profondeurs. Trop dangereux. Mais Anaria n’est plus une Wookiee. Elle <em>est</em> la jungle elle-même.<br />
Les fragrances capiteuses qui assaillent ses narines la retournent, la font presque régresser à un stade animal. La loi du plus fort s’applique en ces lieux, or les Wookiees n’y sont pas en haut de la chaîne alimentaire. Loin de là.<br />
Elle n’en a cure, grisée par un sentiment de toute-puissance. Seule Wookiee présente en ces niveaux dangereux, elle éprouve le sentiment d’être supérieure à ses congénères.<br />
Ils l’ont pourtant envoyée à la mort, et elle le sait. Elle reprend ses esprits et remet les choses en perspective. Elle est seule, désarmée, entourée de créatures parmi les plus dangereuses auxquelles l’univers ait jamais donné vie. Les ombres s’étendent partout autour d’elle, masquant la mort sous ses formes les plus diverses.</p>
<p>Au-dessus de sa tête, l’épais manteau d’enchevêtrements végétal lui fait désormais comprendre à quel point elle n’est rien, rien de plus qu’un minuscule grain de poussière.<br />
Elle se réfugie dans un arbre, à plusieurs dizaines de mètres du sol. Comment trouver un dirawwak ? Et surtout, comment le tuer ? Le tout en se jouant de tous les dangers qui peuvent survenir à n’importe quel moment ?<br />
Anaria n’en a aucune idée, mais les souvenirs lointains de sa jeunesse reviennent affleurer son esprit. Jusqu’à sa première rencontre avec Dark Glaro, elle était une Wookiee, une vraie, avec toutes les connaissances sur son environnement que cela supposait.<br />
Elle découvre avec étonnement que ces connaissances sont toujours présentes en elle, et qu’elles menacent de la submerger sous la forme de dizaines de conseils élémentaires de survie.<br />
Elle découvre les crocs, à nouveau habitée de l’instinct du prédateur. Elle arrache une courte branche déformée par une protubérance, pour s’en faire un gourdin. Sa vision, qui s’adapte enfin à l’obscurité crépusculaire qui règne en ces lieux, se plante vers le sol, à la recherche d’une sorte de buisson bien précise. N’en trouvant pas, elle se déplace d’arbre en arbre, bondissant et se propulsant grâce à des lianes, dont elle prend bien soin de tester la solidité… et de s’assurer qu’il s’agit bien de lianes. Les serpents de wylokk ont une capacité impressionnante à leur ressembler, et leur technique de chasse consiste à se laisser pendre dans le vide, jusqu’à ce qu’une proie passe à leur portée.<br />
Enfin, après quelques minutes de recherche intensive, elle trouve sa cible : un monticule vaguement sphérique, plus haut qu’elle. Cet arbre sans feuilles et pourvu de branches chenues dont l’extrémité se pare d’aiguilles de bois s’appelle un <em>hrosileyyn</em>. Ses aiguilles sont assez urticantes pour provoquer une paralysie mortelle en quelques secondes, même chez un Wookiee au sommet de sa forme.<br />
Elle tranche un mètre de liane et saute au sol. Elle assène un coup de sa massue improvisée au <em>hrosileyyn</em>, en prenant bien soin de rester hors de portée des aiguilles. Dès qu’elle en a détaché deux branches touffues, d’environ trente centimètres, elle les saisit avec prudence. Avec l’aide de son bout de liane, elle les attache à mi-hauteur de son gourdin. L’opération lui prend plusieurs minutes, et est très dangereuse : le moindre contact avec le <em>hrosileyyn</em> peut la tuer, mais elle ne doit pas non plus négliger de surveiller les ombres autour d’elle, où peut se cacher n’importe quoi.</p>
<p>Enfin, elle se redresse, satisfaite de son œuvre : si Anaria doit frapper, elle fera mal grâce à sa force. Et si cela ne suffit pas, les branches du <em>hrosileyyn</em>, qui dépassent du bout de son arme, égratigneront à mort son ennemi. En théorie…</p>
<p>Dans un tel environnement, nul n’a jamais essayé d’estimer la durée de vie moyenne d’un Wookiee. Parce qu’aucun d’entre eux n’a été assez fou pour le faire. Quoi qu’il en soit, même les plus téméraires des Wookiees pensent que cette estimation ne doit pas voler bien haut.<br />
Sur la plate-forme d’où Anaria est partie, les deux Wookiees argentés se pressent l’un contre l’autre. Déjà vingt-neuf minutes que leur fille est descendue. Ils craignent d’ores et déjà le pire.<br />
– Elle est toujours en vie, annonce Tel’Ay, en réponse à leurs pensées inquiètes, qu’il perçoit. Elle va bien et est prête à affronter son destin.</p>
<p>Anaria se demande comment trouver un dirawwak. Est-ce à elle d’aller à sa rencontre, ou le fera-t-il de lui-même ? À vrai dire, elle ne sait même pas, et nul ne peut lui répondre, si des dirawwaks vivent dans les environs. Elle ignore combien de sortes de prédateurs l’entourent, et lesquels vont l’attaquer les premiers. Elle pourrait bien être morte dans cinq minutes, après avoir succombé à son premier affrontement.</p>
<p>Combien d’ennemis devra-t-elle défaire avant de se retrouver face-à-face avec un dirawwak ?<br />
<em>Le nombre qu’il faudra</em>, décide-t-elle en poussant un rugissement de défi. Ce n’est que quand elle se tait à nouveau qu’elle remarque qu’un silence pesant s’est abattu sur la jungle. Peu à peu, des bruissements, des crissements, des raclements, des cris de rongeurs et de volatiles se font à nouveau entendre.</p>
<p>Elle avance lentement, aux aguets, en y regardant à deux fois où elle met les pieds. Des araignées-scorpions se cachent parfois sous certains types de mousse qui recouvre le sol, mais ses souvenirs la fuient. Quel types ? L’apprendra-t-elle quand il sera trop tard ?<br />
La première attaque vient de l’air, quand une nuée de ptérax, pas plus grands que le poing mais dotés par une nature vicieuse de becs acérés et tranchants, fond sur elle. Ils sont cinq.<br />
Elle lance un nouveau cri de défi pour les faire fuir, en vain. Son gourdin s’abat sur le ptérax de tête avec un craquement de mauvais augure pour le volatile, qui en heurte deux autres. Elle se contorsionne pour éviter l’attaque meurtrière des deux derniers, mais sa réussite n’est que relative : s’ils ne lui infligent pas de blessure mortelle, leurs becs aussi affûtés qu’une vibro-lame laissent deux sillons aussi profonds que sanglants sur sa poitrine.<br />
Pendant que ces deux-là reprennent de l’altitude pour un nouvel assaut, Anaria s’empresse d’écraser ceux qui sont tombés avec sa première victime. Elle est à nouveau prête à faire face aux deux derniers qui, plus malins que la première fois, attaquent séparément.<br />
Anaria se campe fermement sur des jambes robustes face au plus rapide des deux. Ce faisant, elle expose son dos à l’autre. Elle n’aura qu’une seconde de répit, avec un peu de chance, entre le moment où elle portera le premier coup et celui où il faudra se débarrasser du deuxième ptérax.</p>
<p>Au moment où son gourdin éclate le crâne du premier ptérax, elle se laisse tomber au sol, tout en se contorsionnant, arme devant elle, en une pitoyable tentative de se défendre contre l’autre créature. La seconde attaque ne vient pas, et Anaria comprend vite pourquoi : le ptérax a frôlé une liane, qui s’est avérée être un serpent de wylokk, et celui-ci s’est brusquement enroulé autour du ptérax lors de son passage en trombe.<br />
Anaria est fascinée par le spectacle : le serpent de wylokk s’est enroulé autour de sa proie et commence à la serrer, tout en prenant garde à bien rester hors de portée du bec de sa victime. Au bout d’une minute, la victoire du reptile est consommée. Le volatile ne tardera pas à l’être…</p>
<p>Anaria, bien que sauvée, se retrouve dans une situation plus que précaire : ses deux blessures saignent abondamment, et ne vont pas manquer d’attirer inexorablement de nouveaux prédateurs. Elle se rend compte avec tristesse que le moment de la curée se rapproche.</p>
<p>Il arrive même plus vite qu’elle n’aurait pensé, quand le silence se fait autour d’elle, soudainement. Un scorpion se laisse tomber sur son épaule. Elle s’en débarrasse prestement, d’un revers de la main bien senti, avant de s’éloigner d’une dizaine de mètres, au cas où il s’agirait d’un nid entier.</p>
<p>Instinctivement, elle sent <em>sa</em> présence avant même de <em>le</em> voir. <em>Il</em> descend des arbres vénérables en bondissant plus vite qu’un Wookiee, et avec une dextérité inégalable. Quand <em>ses</em> pieds touchent pesamment le sol, <em>il</em> prend aussitôt une posture de défi et pousse un long rugissement. Précédemment, le cri d’Anaria a fait taire les nombreuses créatures qui vivent dans la zone. Ce cri-là les fait fuir. La terreur des bas-fonds de Kashyyyk se tient devant Anaria. Un dirawwak.</p>
<p>Il mesure trois mètres cinquante et est deux fois plus large qu’Anaria. Il fait jouer ses griffes et ne prend pas la peine d’essuyer la bave qui lui monte à la gueule, signe indubitable de la faim qui le tiraille. Il fait crisser ses crocs et esquisse un ersatz de sourire de contentement. Les muscles noueux et saillants qui se laissent deviner sous sa fourrure brune indiquent qu’il serait capable de briser la tête d’Anaria entre ses bras comme une vulgaire coquille de noix.</p>
<p>Elle lève son gourdin en tremblant et se sent ridicule face à cette force de la nature. Elle a presque l’impression d’avoir un cure-dent à la main. Tétanisée, elle se rend compte que rien ne peut la sauver.</p>
<p>Sur la plate-forme, Tel’Ay murmure : <em>le moment est venu</em>. La mère d’Anaria, recroquevillée dans les bras de son mari, gémit sa peine et sa douleur.</p>
<p>Anaria reprend ses esprits. Sa vie se joue ici et maintenant. Si elle doit mourir, et tout indique que cela va arriver, elle le fera la tête haute. Elle s’empare d’une pierre de belle taille et la lance au visage de son ennemi. Il se contente de fermer les yeux et la pierre rebondit sur lui sans qu’il tressaille. Quand il plante à nouveau son regard dans celui de la Wookiee, il grogne… et se met à courir sur elle.</p>
<p>Elle tourne les talons et saute se réfugier dans l’arbre le plus proche. Tout en l’escaladant, elle se rappelle qu’un dirawwak, malgré sa taille et son poids, est encore plus à l’aise qu’un Wookiee dans les arbres. <em>Certes</em>, se dit-elle, <em>mais il n’a pas mon intelligence</em>.<br />
Elle s’engage sur un enchevêtrement de branches qui ploie sous son poids, et se retourne vers son poursuivant. Le dirawwak semble hésiter à la suivre, comme s’il savait que les branches ne résisteront pas à sa carcasse massive.<br />
Elle lance un cri de défi, prête à sauter sur une liane pendant à un arbre voisin au moment fatidique. Le dirawwak, enhardi par l’effronterie de la Wookiee, saute à son tour. Anaria est surprise par la vitesse de la bête et n’a pas le temps de se dégager. Les branches cèdent et tous deux tombent lourdement au sol, cinq mètres plus bas.<br />
Anaria se reçoit sur le genou, qu’elle entend distinctement craquer. Elle serre les dents, clopine jusqu’au gourdin qu’elle a lâché dans sa chute, et fait à nouveau face au dirawwak. Celui-ci est déjà debout et ne semble souffrir d’aucune séquelle de sa chute. Une lueur amusée court dans ses yeux, ce qui vexe profondément Anaria. Elle n’est qu’un jouet pour son adversaire.</p>
<p>Du coin de l’œil, elle avise le cadavre du ptérax broyé par le serpent de wylokk. Elle se dirige alors lentement vers lui, à reculons, sans lâcher le dirawakk des yeux. Quand son talon touche le cadavre du volatile, elle se replie sur elle-même et pousse le plus formidable rugissement qui ait jamais franchi ses lèvres.<br />
Le dirawwak ne peut résister et se jette sur elle. Anaria effectue un roulé-boulé et se redresse de l’autre côté de la dépouille du ptérax. Le dirawwak est presque sur elle, quand le serpent de wylokk, jusque-là immobile, se déploie brusquement pour enserrer le monstre.<br />
Anaria est soulagée de constater que le serpent s’attaque à qui l’approche, sans avoir conscience de la folie de s’en prendre à un dirawwak, bien trop puissant pour lui. Il ne faut que trois secondes au dirawwak pour empoigner le serpent de wylokk et pour le déchirer littéralement. Il n’en faut que deux à Anaria pour se jeter dans ses jambes en lui portant un coup de gourdin.<br />
Au moment où elle porte son coup et qu’elle voit les éraflures dues à la branche de <em>hrosileyyn</em>, une pensée incongrue lui vient à l’esprit : et si le dirawwak était immunisé contre ce poison ?<br />
Peu importe désormais, car son ennemi l’attrape par le cou et lui assène un formidable coup de butoir à l’épaule. Sous la violence du choc, elle entend ses os craquer, et sa main, qui retombe inerte, lâche le gourdin. La main du dirawwak se serre sur sa gorge, et elle sent l’air fuir ses poumons. Des tremblements, de plus en plus violents, l’assaillent, tandis qu’elle essaie vainement de faire lâcher prise au monstre qui la tient dans son étau mortel.<br />
Chose étrange, elle se rend alors compte que ses mains sont fermes. Ce n’est pas son corps meurtri et attaqué qui tremble, mais le bras qui tente de l’étrangler. Puis tout le corps du dirawwak, dont la prise sur la gorge d’Anaraia se relâche légèrement. Avant de libérer la Wookiee.<br />
Celle-ci rampe le plus loin possible, ignorant les protestations de son corps perclus de douleur, avant de se retourner. Le dirawwak est à genoux et hurle sa douleur, le feu qui coule dans ses veines. Anaria est désormais pleinement rassurée : le <em>hrosileyyn</em> est également efficace contre les dirawwaks.<br /></p>
<p>Dès que la bête immonde aurait succombé à l’empoisonnement, il ne restera plus à Anaria qu’à lui couper la tête. Elle n’a certes pas de lame, mais dispose d’un bec de ptérax…<br />
Elle comprend enfin qu’elle a réussi son rite de passage, son <em>hrrtayyk</em>.</p>
<p><br />***</p>
<p>Sur la plate-forme d’atterrissage, Tel’Ay resta immobile, indifférent aux retrouvailles émues entre Anaria et ses parents. Le Wookiee brun était abasourdi, les yeux plantés sur la tête du dirawwak, qui reposait à même le sol.<br />
Le Skelor était aux aguets. Au fur et à mesure qu’Anaria affrontait la pire épreuve de sa vie, il avait senti un malaise diffus l’envahir, qui n’avait rien à voir avoir le rite de passage. Quand il perçut des mouvements hors de sa vue, il sut que le moment était venu.<br />
Une quinzaine d’êtres surgirent soudainement, Zabraks et Trandoshans. Tous armés de pied en cap et pointant leurs blasters vers les cinq occupants de la plate-forme. L’un des Zabraks annonça :<br />
– Pas un geste ! Nous emmenons avec nous Tel’Ay Mi-Nag et la femelle wookiee Anaria. Vous serez jugés et exécutés pour crimes contre l’Hégémonie Zabrak !<br />
Tel’Ay ne perçut pas de danger, juste de la détermination. Était-il capable de se défaire de tant d’ennemis ? Il n’en était pas sûr. Par contre, la tournure prise par les événements lui sembla très intéressante. Ces imbéciles semblaient se porter volontaires pour les mener droit au cœur de l’ennemi de Tel’Ay. Voilà qui lui simplifierait énormément les choses.</p>
<p>Il se retint de sourire et se contenta de lever les bras en signe de reddition.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XVurn:md5:272185be0c3500fec3e1538ab795e22c2012-02-03T22:47:00+01:002013-07-08T15:48:33+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Suite et fin de la bataille autour du Malashli, avec un Dark Omberius affaibli et des révélations sur les Tanietiens, la Confrérie Sith à laquelle appartient Tel’Ay…</p> <p>chapitre XV</p>
<p>Tel’Ay Mi-Nag s’empara du sabrolaser de Dark Glaro. Avec celui qu’avait porté Séis, sa collection s’agrandissait. Ne lui manquait que le plus important symbole des héritiers de Dark Bane : le propre sabrolaser de Dark Omberius.<br />
Alors et alors seulement, la vengeance de Maal Gami, la rédemption de Tel’Ay Mi-Nag seraient accomplies.</p>
<p>– Tu vas bien ? demanda-t-il à Anaria qui se relevait en grognant.<br />
– Parfaitement, grommela-t-elle.<br />
Une explosion retentit et la pièce fut secouée d’un tremblement violent. Tous deux se retrouvèrent à terre.<br />
– Qu’est-ce que…<br />
– Il faut fuir, Tel’Ay ! Ce sont sûrement les forces de la République qui sont passées à l’assaut !<br />
– Sss… il serait dommage de se faire tuer par nos alliés de circonstance, en effet, énonça-t-il en se remettant sur ses pieds.<br />
Il se dirigea vers la porte mais, après avoir jeté un coup d’œil à sa compagne, s’arrêta et lui dit :<br />
– Je t’en prie, passe devant.<br />
Ce qu’elle fit en ricanant.</p>
<p>Elle fila comme l’éclair, n’hésitant jamais quand ils arrivaient à des embranchements. Tel’Ay avait du mal à suivre le rythme que les longues jambes de la Wookiee imposaient. Les secousses à bord se multipliaient, signe que les forces républicaines mettaient le paquet pour détruire le vaisseau-amiral ennemi.<br />
Quand Tel’Ay entendit une explosion derrière lui, et qu’il en sentit le souffle brûlant dans son dos, il comprit que le temps risquait fort de leur faire défaut.<br />
– Plus vite, Anaria, plus vite ! beugla-t-il.<br />
Elle s’arrêta au contraire brusquement, au sortir d’un coude. Le Skelor la rejoignit et fronça les sourcils face au spectacle de désolation qui leur faisait face : les parois étaient déchiquetées, des câbles pendaient du plafond disjoint, et des bouts de métal en fusion parsemaient la coursive, trop déformée pour être empruntée.<br />
Ils échangèrent un regard indécis. Tel’Ay se tint coi. Le temps des sarcasmes ou des reproches était révolu. Seule Anaria pouvait leur trouver une issue, et tous deux le savaient.<br />
Anaria réfléchissait furieusement, et finit par faire demi-tour au pas de course, après avoir fait signe à Tel’Ay de la suivre.</p>
<p>Une fois de plus, Tel’Ay était confronté à ses limites. En cet instant précis, il n’avait pas le contrôle direct de sa survie, et devait s’en remettre à sa compagne. Il se jura solennellement que ce serait la dernière fois. Il était un seigneur Sith. À ce titre, il ne devait compter que sur ses propres aptitudes.</p>
<p>Pour Tel’Ay, les coursives se ressemblaient toutes, mais Anaria parvint bientôt à retrouver un chemin vers le hangar principal du vaisseau.<br />
Une explosion déforma soudainement le sol sous leurs pieds. Une partie des panneaux métalliques qui le composaient s’affaissa, entraînant Anaria dans la déchirure béante qui s’était formée. Le Skelor ne put réagir à temps pour la sauver.</p>
<pre></pre>
<p><br />***</p>
<p>La fumée se dissipait lentement autour de ce qui avait été la porte de la passerelle. Il n’en subsistait rien. Gok’Ar, l’officier de sécurité qui assistait Tel’Ay, caché derrière une console sur la passerelle, lâcha Ver’Liu, qu’il avait entrelacé pour lui offrir un rempart de protection dès la première explosion contre la porte. Il sortit son blaster de son étui et releva prudemment la tête.<br />
Deux formes apparurent progressivement devant ses yeux : le jeune ami humain de Tel’Ay, Marton Karr, penché sur un petit être verdâtre vêtu d’une toge de Jedi.</p>
<p>Marton Karr avait rejeté la voie des Jedi, mais des sentiments contradictoires l’agitaient à la vue du Maître Yoda, inerte à ses côtés. Il avait du mal à croire qu’un tel être, véritable légende vivante, puisse mourir.<br />
Marton était épuisé et son corps tremblait comme une feuille agitée par le vent. Étrangement, alors que l’Ordre Jedi l’avait rejeté, il avait envie de voir Yoda survivre. Sa perte serait par trop immense pour la galaxie, même s’ils n’appartenaient plus au même camp.<br />
Mais que pouvait-il faire pour aider le Maître ? Il n’avait pas de compétences de guérison, et son niveau de perception de la Force avait toujours été considéré comme étant marginal par l’Ordre.<br />
Il apposa ses mains sur Yoda, et se connecta à la Force. Effort épuisant, après tout ce qu’il avait enduré récemment, mais il se força à le maintenir. Et maintenant ? Imiter le geste des guérisseurs était une chose, mais posséder leur savoir en était une autre.</p>
<p>Pourtant, il sentit bientôt un changement chez le Maître. Bien qu’il semblât inanimé, la Force était encore présente en lui, et une certaine connexion s’établit entre eux. La Force de Yoda semblait savoir que faire de celle de Marton, et le jeune humain sentit sa puissance être comme absorbée par le petit être vert.<br />
Il retira ses mains, troublé. Lui-même était épuisé et blessé. Se pouvait-il qu’il courre le risque de mourir en transférant des forces vitales à Yoda ?<br />
Il décida que l’existence d’un Maître Yoda était plus importante que celle d’un Marton Karr et, déterminé, reposa ses mains sur le Jedi. Le processus de transfert d’énergie se remit en route, et Marton dut mobiliser sa volonté pour rester en position, alors que ses instincts primaires lui criaient qu’il était en train de se faire voler son énergie, de se faire vampiriser. Pouvait-il en mourir ? Ou Yoda saurait-il s’arrêter à temps… Si le Maître avait été éveillé, Marton aurait su que oui, mais là… c’était comme si le corps de Yoda avait pris le relais de son esprit inconscient. Un corps en quête de survie, livré à lui-même, était-il lié aux contraintes morales de son utilisateur ?</p>
<p><br />***</p>
<p>Quand Tel’Ay arriva au bord du vide, il s’attendit à ne voir qu’un trou béant. Quelle ne fut pas sa surprise en constatant qu’Anaria avait survécu. Elle était empalée sur l’un des nombreux pitons métalliques et saillants qui émergeaient de la paroi verticale déformée, dix mètres plus bas. Une nouvelle explosion manqua de le faire la rejoindre, mais il put s’agripper au dernier moment.<br />
Anaria ouvrit les yeux, vit le Skelor et lui enjoignit de fuir.<br />
– Pas sans toi, répondit-il imperturbable.<br />
Derrière cet altruisme apparent se cachait surtout le fait que Tel’Ay était persuadé de n’avoir aucune chance de s’en sortir sans elle.<br />
Anaria avait été empalée sous l’épaule, à ce que vit Tel’Ay. Il alluma son sabrolaser, prêt à sauter pour la rejoindre et à se servir de sa lame pour s’accrocher à une paroi, avant de se reprendre. Qu’était-il donc en train de faire ? Il était un Maître Sith, et n’avait nul besoin de s’en remettre à son agilité et à son sabrolaser.<br />
Il remit son arme à sa ceinture, et se concentra, les yeux fermés. Il ne fut plus qu’un avec le corps d’Anaria, avec le piton qui le retenait prisonnière, avec l’air qui circulait entre eux.<br />
Anaria émit un hoquet de surprise quand son corps échappa à son contrôle, soulevé vers le haut, lentement. C’était comme si un filet invisible la soutenait, presque tendrement. Elle serra les dents pour ne pas hurler, au fur et à mesure que son corps s’élevait et que le piton métallique raclait les bords de sa blessure. Mais elle fut bientôt libérée, et continua à s’élever, jusqu’à la position de Tel’Ay. Celui-ci n’ouvrit les yeux que quand sa compagne se retrouva debout à ses côtés.<br />
– Bon, on y va ? lança-t-il, impatient de fuir et désireux de couper court à toute forme de remerciement.<br />
Elle acquiesça de la tête, et totalement indifférente à sa blessure, prit son élan et sauta par-dessus le vide, le Sith sur les talons.</p>
<p><br />***</p>
<p>Marton Karr avait l’impression d’avoir été vidé de toutes ses forces quand il fut comme relâché. Il s’affaissa aux côtés de Yoda qui, lui, se redressa en tremblant. Ver’Liu et sa suite les entouraient, indécis quant à la conduite à tenir.<br />
– Fuir nous devons, affirma Yoda d’une voix incertaine. Peu de temps résistera le vaisseau.<br />
Il fit signe à Gok’Ar d’emporter Marton et ils se mirent à courir à travers les coursives, à un rythme que Ver’Liu jugea trop lent. Mais il ne se sentait pas le cœur à rabrouer le Maître Jedi. Celui-ci avait fait tout son possible pour lui venir en aide, et Ver’Liu avait pleinement conscience que les tragiques événements n’étaient dus qu’à sa soif de vengeance. Il s’était perdu en chemin sur la route qui menait au trône, et il avait lui-même balayé ses convictions de dirigeant altruiste, dans un moment d’égarement et d’égoïsme…<br />
Yoda tentait de s’orienter, mais ses forces l’abandonnaient à nouveau. Sans Marton, il serait mort à l’heure qu’il était. Mais le Maître était doté d’une volonté de transparacier, et refusait que les efforts de l’ancien Padawan aient été accomplis en vain. Il était fermement décidé à les sauver tous.<br />
Les explosions qui retentissaient de plus en plus souvent, toujours plus proches, ainsi que les alarmes qui beuglaient, semblaient le narguer, comme si elles lui affirmaient qu’il ne réussirait pas. Il n’en avait cure. Il connaissait parfaitement ce type de croiseur et savait où se trouvaient les hangars à vaisseaux.</p>
<p><br />***</p>
<p>Tel’Ay fut soulagé qu’Anaria se montrât capable de les guider jusqu’au hangar, mais ce qu’il vit à travers le bouclier de rétention d’air le fit frissonner. Les renforts républicains étaient arrivés, mais plutôt que de fuir, les forces d’Omberius se consacraient exclusivement à une seule cible : le <em>Malashli</em>, vaisseau-amiral de Ver’Liu. Elles semblaient se moquer de leur propre survie et n’avoir qu’un seul but : débarrasser la galaxie de l’encombrante présence du souverain proclamé des Skelor.</p>
<p>Il empoigna son comlink et composa fébrilement la fréquence de Tchoo-Nachril.<br />
– Yoda ?<br />
– Occupé, je suis. Soyez bref !<br />
– Où êtes-vous ?<br />
– Toujours à bord du <em>Malashli</em>. Avec Ver’Liu, sa suite et votre élève.<br />
– La flotte d’Omberius vous a pris pour cible prioritaire. Fuyez le plus vite possible !<br />
– Nous y efforcer, nous tâchons.<br />
– Je suis à bord du vaisseau-amiral ennemi. Anaria et moi allons prendre un vaisseau pour vous récupérer. Où êtes-vous exactement ?<br />
– Vers le pont 14 nous nous dirigeons. Le hangar 5 s’y trouve.<br />
Tel’Ay observa attentivement le <em>Malashli</em> et s’efforça de compter les ponts qu’il distinguait. Quand son calcul fut fait, il se tourna incrédule vers Anaria. Elle secoua négativement la tête, étant parvenue à la même conclusion que lui : le hangar 5 du Malashli avait été détruit. Yoda et les autres ne trouveraient que destruction et vide spatial au bout de leur route.<br />
– Le hangar en question n’existe plus ! cria Tel’Ay. Réglez votre comlink comme une balise, nous arrivons !</p>
<pre></pre>
<p>Yoda s’arrêta net, et ceux qui le suivaient manquèrent de le percuter. Il fit appel à toute sa force défaillante et lança ses perceptions de Jedi au-delà de son environnement visuel.<br />
Le Sith avait raison. Ils allaient déboucher sur une porte anti-explosion, scellée car derrière, au contraire du hangar 5 qu’il avait cru pouvoir y trouver, ne subsistait que le vide spatial. Jamais ils n’auraient le temps d’arriver à un autre hangar, il le sentait…</p>
<p><br />***</p>
<p>Anaria aurait voulu voler une navette minuscule, qui leur aurait permis de s’infiltrer dans les coursives du <em>Malashli</em> pour récupérer leurs alliés. Malheureusement, il n’y en avait pas dans le hangar. Son deuxième choix se serait porté sur une frégate nantie d’un bras de dépressurisation avec sas intégré au bout, mais là encore, ses espoirs furent déçus.<br />
Ils volèrent donc une navette intermédiaire, trop grosse pour s’infiltrer à bord du croiseur, et pas assez imposante pour disposer d’un sas.</p>
<p>Ils s’envolèrent sans tarder, soucieux de fuir les lieux, et se lancèrent droit sur le <em>Malashli</em>, secoué par les explosions des nombreux impacts ennemis qui le lacéraient inlassablement. Tel’Ay programma les senseurs pour suivre le comlink de Yoda. Ainsi, ils pourraient rejoindre son groupe. Ce qui ne résolvait le problème de sa récupération.<br />
<em>Patience, chaque chose en son temps</em>, s’obligea-t-il à penser, alors qu’une partie de son être avait envie de hurler sa frustration.</p>
<p><br />***</p>
<p>Yoda s’arrêta net devant la porte anti-explosion. Derrière elle, le vide spatial était avide de les agripper de ses griffes mortelles.<br />
– Et maintenant ? demanda Ver’Liu sur un ton funeste.<br />
Yoda réfléchissait furieusement. Quand il releva la tête, une étincelle d’espoir et de détermination illuminait ses yeux.<br />
– Suivez-moi, fit-il en rebroussant chemin.</p>
<p><em>Plus vite, plus vite</em>, pensait Tel’Ay, comme pour encourager Anaria à accélérer. Il ne dit rien à haute voix. La Wookiee savait ce qu’elle avait à faire.<br />
Ils évoluaient avec trop lentement à son goût, mais il devait reconnaître que la tactique d’Anaria était très habile. Installée aux commandes et méprisant la blessure qu’elle avait reçue, elle rapprochait petit à petit leur navette du <em>Malashli</em> en prenant garde de se cacher derrière des débris, pour ne pas former de cible évidente.</p>
<p>– Mi-Nag ? demanda une voix rocailleuse dans le comlink du Skelor.<br />
– Oui, Yoda ?<br />
– Sur le pont 14, là où se trouvait le hangar 5, une porte anti-explosion vous trouverez. La faire exploser vous devez, et nous sortirons.<br />
– Bien reçu.<br />
Mille questions se bousculaient dans la tête de Tel’Ay, mais ce n’était pas le moment. Ils avaient si peu de temps…</p>
<p>Vint le moment où Anaria ne tarderait pas à devoir conduire la navette à découvert. Tel’Ay ouvrit un canal vers le vaisseau républicain le plus proche :<br />
– Équipe de secours en route vers Ver’Liu et Yoda. Demandons couverture de tirs contre les navires s’en prenant au <em>Malashli</em>. Urgent !<br />
Au bout de quelques interminables secondes, la réponse fusa :<br />
– Reçu, navette de secours. Tirs de soutien en cours.</p>
<p>Et de ce fait, les vaisseaux républicains lancèrent un feu nourri vers les croiseurs zabraks qui s’en prenaient au vaisseau-amiral de Ver’Liu. Par chance ou par l’action de la Force, la navette de Tel’Ay et Anaria put se retrouver au point de rendez-vous, face à la porte pressurisée, qu’Anaria distinguait à travers les débris du hangar.<br />
– Je tire ? demanda-t-elle.<br />
– Yoda ? fit Tel’Ay à travers le comlink.<br />
– En position, nous sommes. Agir, vous pouvez, répondit aussitôt le Maître Jedi.</p>
<p>Anaria ne se le fit pas dire deux fois, et lança une bordée de tirs de canons-laser sur la porte anti-explosions. Celle-ci explosa instantanément, et des débris furent éjectés, ainsi qu’un mince filet d’air, vite absorbé par le vide de l’espace.</p>
<p>Anxieux, Tel’Ay scruta la scène, et surtout l’ouverture qu’ils avaient dégagée. Mais rien n’en sortit plus.<br />
– Yoda ? Vous êtes où ? demanda-t-il dans le comlink.<br />
Nul ne lui répondit.</p>
<p>Il fit appel à la Force et s’aperçut avec surprise qu’il sentait des signes de vie parmi les débris. Il se pencha sur les senseurs et parvint à procéder à un agrandissement. Il vit une combinaison spatiale. Puis une autre, puis encore une autre…<br />
A la quatrième, il laissa tomber et ordonna à Anaria de se rapprocher. Il vérifia que la navette possédait des rayons tracteurs et, rassuré, alla en prendre les commandes au poste d’artilleur.<br />
Il y avait huit personnes en combinaison à la dérive. Il se focalisa vers une éventuelle présence humaine, et fut soulagé de trouver Marton, même si celui-ci semblait évanoui, ou pire. Anaria ouvrit la soute de leur vaisseau, et Tel’Ay put y acheminer son apprenti. Il en fit de même pour les six autres personnes, toutes Skelor d’après ses perceptions.<br />
Il hésita longuement devant la dernière silhouette qui dérivait paresseusement dans le vide spatial. Maître Yoda. L’être qui avait failli le tuer plus d’un an auparavant, mais qui l’avait épargné. Un Jedi, donc par essence un ennemi. Il serait tellement simple de le laisser dériver, jusqu’à ce que ses réserves d’air soient épuisées…</p>
<p><br />***</p>
<p>Anaria ignorait si leurs ennemis avaient compris qu’ils se livraient à une mission de sauvetage, mais qu’il en soit, le feu s’intensifia dans leur direction.
Dans l’intercom, elle cria à Tel’Ay de se dépêcher de terminer.<br />
Il lui répondit qu’elle pouvait les sortir de là, ce qu’elle fit aussitôt, les mettant sur une trajectoire qui allait leur faire contourner la silhouette massive du croiseur républicain, derrière lequel ils seraient à l’abri.</p>
<p>Dans la soute, Tel’Ay avait rétabli les systèmes de survie. Immobile, il contemplait le visage de Yoda, derrière son scaphandre spatial. Le Maître Jedi gisait à même le sol, comme les autres. Comme il aurait été facile de le supprimer à ce moment ! Tel’Ay en avait parfaitement conscience, mais quelque chose le retenait. Même s’il n’aurait pas su dire quoi. Où plutôt si. Une part de sa réticence à se débarrasser définitivement de son ennemi venait de la Force elle-même, mais également de sa propre éthique, de ses propres sentiments.</p>
<p>Était-il donc un faible, incapable de faire perdurer les enseignements de Maal Taniet ?</p>
<p><br />***</p>
<p>La flotte droïde au service de Dark Omberius finit par comprendre qu’elle ne parviendrait pas à ses fins, et abandonna l’orbite de Velinia III, avant de fuir dans l’hyperespace.</p>
<p>Marton Karr et Yoda furent placés en cuve génératrice, et en sortirent comme neuf moins d’une semaine plus tard.<br />
Durant ce laps de temps, Ver’Liu So-Ren comme Tel’Ay Mi-Nag s’étaient isolés. Le premier était au chevet de Sionarel, toujours plongée dans un profond coma.<br /> Intérieurement, il remettait en cause toutes ses décisions récentes, dans une longue introspection. Il n’existait pas de chemin idéal à suivre pour reprendre son trône, sans que des effusions de sang de ses partisans soient versées. Maintenant qu’il avait à nouveau ouvert les yeux sur la précarité de sa cause et les responsabilités qui en découlaient envers son peuple, il hésitait quant à la marche à suivre. Il voulait remonter sur son trône, pour le bien de son peuple, mais n’était pas décidé à sacrifier celui-ci.</p>
<p>À son réveil, Yoda annonça qu’il rentrait au Temple Jedi de Coruscant. Avant cela, il se présenta un soir aux quartiers de Tel’Ay Mi-Nag sur Velinia III.<br />
À peine surpris, le Skelor le fit entrer. Les appartements de Tel’Ay étaient spartiates, seules quelques bougies lançaient des ombres fantomatiques sur les murs dépouillés. Tous deux s’installèrent dans des fauteuils qui avaient connu des jours meilleurs.<br />
– Que puis-je pour vous, Maître Yoda ? demanda Tel’Ay.<br />
– Vous voir je souhaitais, afin de vous remercier de m’avoir sauver la vie.<br />
– Vous avez épargné la mienne il y a un an, voilà qui rétablit la balance.<br />
– Je crains que pas si simples les choses ne soient, mais ceci un autre problème est. D’autres préoccupations j’ai en tête.<br />
– Comme ?<br />
– L’artefact Sith que vous arborez.<br />
– Le Gant de… que savez-vous à son sujet ?<br />
– C’est un objet Sith, amené sur Coruscant lors des guerres de Naga Sadow, il y a environ quatre mille cinq cent ans. C’était alors un simple Gant de Pouvoir, comme il en existait tant chez les Sith. Mais son porteur, Avesh Vèntorqis, y a déversé tout le Mal qui existait en lui, quand de camp il a décidé de changer, et d’intégrer celui des Jedi.<br />
– Je… l’ignorais totalement, Maître. Mais comment le Gant s’est-il retrouvé entre les mains de… enfin, je veux dire, quand a-t-il été perdu par l’Ordre Jedi ?<br />
– Un certain nombre d’artefacts Sith antiques l’Ordre Jedi possède, et même de nos jours, certains Maîtres triés sur le volet continuent de les étudier. Il y a un peu plus de six cents ans, l’un de ces Maîtres, Even Peltuis, certaines expériences sur le Gant de Vèntorqis a conduit, avec l’aval du Conseil Jedi. Mais la guerre contre la Confrérie Sith est survenue entre-temps, et Even Peltuis déclaré disparu a été. Certains érudits de l’Ordre, à travers des témoignages contemporains, des recoupements et des méditations très poussées dans la Force, pensent que Even Peltuis est devenu Maal Taniet, le premier Maître de votre lignée Sith.<br />
Tel’Ay Mi-Nag était abasourdi, mais n’en laissa rien paraître. Alors comme ça, la Confrérie dont il était le dernier Maître était issue d’une mouvance à la fois Sith et Jedi ? Voilà qui était fascinant. L’histoire de la Confrérie affirmait que Maal Taniet était le nom du créateur de la Confrérie, pas un pseudonyme. Et il s’était toujours revendiqué comme un Sith, ce qui expliquait que la Confrérie se soit cachée des Jedi pendant ces derniers siècles… Si le créateur de la Confrérie avait été de surcroît un Jedi, cette entrée dans la clandestinité était d’autant plus compréhensible.<br />
– Et… qu’est devenu ce Avesh Vèntorqis ?<br />
– Jamais un véritable Jedi il n’a pu devenir, sans pour autant basculer à nouveau vers le Côté Obscur de la Force. D’après les analyses des érudits de l’Ordre, à jamais un Clair-Obscur il est resté.<br />
– Un Clair-Obscur ?<br />
Yoda hésita avant de poursuivre :<br />
– Certains êtres ne sont pas faits pour être des Jedi, ni des Sith. Ils oscillent entre ces deux pôles. Clairs-Obscurs l’Ordre Jedi appelle ces êtres. Avesh Vèntorqis est resté vivre au sein de l’Ordre jusqu’à sa mort, mais jamais la paix de l’esprit il n’y a trouvé. Quoi qu’il en soit, du Gant de Vèntorqis vous devez vous méfier. À l’origine simple Gant de Pouvoir, il a été investi de pouvoirs maléfiques. Possible est-il qu’il veille à ce que qui quiconque l’utilise ne bascule pas du Côté Lumineux de la Force. Possible est-il que seul son pouvoir fasse que votre Confrérie ait survécu à travers les siècles, plus que par la volonté des Maîtres de votre lignée.<br />
– Les Tanietiens seraient donc manipulés par le Gant ?<br />
– Peut-être. Et en avoir conscience pourrait vous aider dans vos choix futurs.<br />
– Pour rejeter l’utilisation du Gant et devenir un Jedi, par exemple ? demanda Tel’Ay sur un ton agressif.<br />
– Non. Pour que vous ayez l’objectivité de suivre votre propre voie, sans être dépendant d’un artefact qui, quoique vous en pensiez, influe sur vos capacités et votre libre-arbitre.</p>
<p>Quand Yoda prit congé de son hôte, un peu plus tard, Tel’Ay se retrouva avec de nombreux sujets de réflexion.</p>
<p><br />***</p>
<p>Trop vite. Il avait voulu agir trop vite. Ce qui était le comble pour l’héritier d’un Ordre Sith caché depuis quatre cents ans, qui ourdissait des complots dans l’ombre, patiemment, jusqu’à ce qui aurait dû être l’heure de la revanche éclatante sur la République et les Jedi.<br />
Dark Omberius n’avait plus d’apprentis, sa flotte qu’il avait cru invincible avait subi de lourds dommages. Il avait perdu la main dans sa mainmise de la galaxie, et n’était pas certain d’avoir les cartes en main pour faire basculer à nouveau les événements en sa faveur.<br />
Pire, à cause de Tel’Ay Mi-Nag, l’existence de son Ordre était désormais sûrement connue des Jedi, or ce secret avait été sa meilleure garantie de survie.</p>
<p>Dark Omberius devait investir toute sa fortune dans la remise en état et le développement de sa flotte militaire, ne serait-ce que pour défendre ses positions et l’Hégémonie Zabrak proclamée indépendante. Mais même cela risquait de ne pas suffire, car il avait sous-estimé la capacité de la République à mobiliser des troupes armées.</p>
<p>Il avait besoin de temps. Heureusement, avec la campagne électorale pour la Chancellerie Républicaine qui battait son plein, un certain flottement régnait parmi les plus hautes autorités de la République. Ne lui restait plus qu’à espérer que ses machinations politiques visant à imposer un candidat qui lui serait favorable porteraient leurs fruits lors du vote, un mois plus tard.</p>
<p>Il avait chargé les scientifiques ho’din de Moltok de trouver des candidats nantis d’un fort potentiel de Force, mais les progrès s’avéraient pour l’heure inexistants. Ce point était à ses yeux le plus inquiétant : seul un nouvel apprenti garantirait la survie de l’Ordre Sith de Dark Bane. Rien d’autre n’aurait dû compter aux yeux d’Omberius, mais les moments à venir seraient trop critiques pour qu’il s’attelle à cette tâche primordiale.</p>
<p>Ver’Liu So-Ren avait encore survécu, mais il avait désormais perdu en importance aux yeux de Dark Omberius : le gamin avait été un danger à partir du moment où il avait attiré l’attention de la République sur Skelor I, et par extension sur l’avatar publique d’Omberius, Ovelar Nantelek. Maintenant que tous les yeux de la galaxie étaient tournés vers l’Hégémonie Zabrak et ses mondes alliés, la mort du jeune héritier du trône skelorien ne changerait plus grand-chose.</p>
<p>Dark Omberius n’avait donc plus que trois objectifs : limiter la casse politiquement et militairement, en espérant pouvoir se tailler un empire indépendant, même marginal. Reconstruire son Ordre en transmettant son savoir. Et surtout se défaire de son ennemi le plus dangereux, Tel’Ay Mi-Nag. Le cauchemar dans lequel il voyait le Skelor, armé d’un sabrolaser à lame pourpre entourée d’éclairs bleuâtres, venait de temps à autres se rappeler à son souvenir.</p>
<p>Dark Omberius n’avait pas peur de la mort. Mais elle ne devait pas survenir avant qu’il ait pu assurer la pérennité de son Ordre.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XIIIurn:md5:d0e5a5926dfc83625de0857773ccbdd42012-02-01T22:29:00+01:002013-07-08T15:49:27+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Une bataille spatiale en perspective…</p> <h2>Chapitre XIII</h2>
<p>La console de communications lança un trille dans le silence sépulcral du bureau de Dark Omberius. Celui-ci, voyant que la fréquence utilisée correspondait à celle de son apprenti, bascula l’interrupteur d’un geste négligent.<br />
La silhouette imposante du Jaabimien apparut, un air de jubilation à peine contenu sur le visage.<br />
– Salutations, mon maître, fit-il en s’agenouillant.<br />
– J’ose espérer que vous m’apportez de bonnes nouvelles, Lord Glaro ? demanda froidement le Seigneur Noir des Sith.<br />
– Oui, mon maître. Suite à la mort de Tchoo-Nachril, il y a une semaine, nous avons testé l’<em>Égalitaire</em> sur un autre cobaye pourvu d’un taux de midi-chloriens significatif, pour un résultat identique : sa connexion avec la Force l’a quitté, et il est mort peu après. D’après les Ho’Din, le virus est désormais stable… suffisamment pour être utilisé à plus grande échelle. Monseigneur, nous sommes désormais prêts à éradiquer les Jedi. L’Ordre Sith va à nouveau régner en maître sur la galaxie !<br />
– Bien. Six cents ans de travail dans l’ombre vont enfin payer ! Nous allons pouvoir agir au grand jour. Quittez Moltok avec l’<em>Égalitaire</em> et rejoignez-moi sur Skelor I. Notre flotte est quasiment opérationnelle : le chantier naval de Skelor I a bien travaillé durant toutes ces années, et nous disposons de trois croiseurs, et nos droïdes usinés sur Clereian se révèlent assez compétents pour servir d’équipage. Quant à mes relations privilégiées avec certains groupes de pirates, elles nous permettront de compléter nos effectifs avec dix-huit navires de soutien, d’escorte et de reconnaissance, de type corvettes.<br />
– Toujours pas de solution quant à la présence d’éventuels chasseurs, maître ?<br />
– Non. Nous nous en passerons. De toute manière, la Marine Républicaine est inexistante, ou presque. Nous écraserons aisément son ersatz de flotte, si elle ose se montrer. Elle n’aura rien de plus gros à nous opposer que des corvettes.<br />
– Coruscant tombera sans coup férir, maître ! s’enthousiasma Glaro.<br />
– Nous ferons d’abord un crochet par Velinia III. Nous allons anéantir Ver’Liu So-Ren et Tel’Ay Mi-Nag, et ne laisser que ruines et débris de leur misérable colonie. Ensuite, nous irons mettre la République à genoux ! Entre-temps, nos activistes du Sénat auront semé troubles et confusion. Nous ne pouvons pas échouer, Dark Glaro ! Plus que jamais, la Force est notre servante !<br />
– Qu’elle le soit à jamais, mon maître, sourit Glaro avant de couper la communication.</p>
<p><br />***</p>
<p>Tol Guela, sénateur représentant l’Hégémonie des Cinq Mondes Zabraks au sein du Sénat Galactique, s’admira dans une psyché et ajusta soigneusement les plis délicats de sa toge en précieux tissu. Il fit signe à son assistante de passer un dernier coup de brosse dans ses longs cheveux, et s’assura que sa manucure était irréprochable.<br />
Parfait ! Tout cela était parfait ! Il incarnait à merveille la dignité d’un grand homme politique, ce qu’il allait devenir d’ici quelques minutes, le temps de quitter son bureau particulier et d’entrer dans la grande salle du Sénat Galactique. Ses discours récents l’avaient mis en vue, ce qui lui plaisait énormément, mais ce n’était rien à côté de la bombe qu’il allait lâcher à la face de la République ! Il se délecta à l’avance de l’expression qu’arborerait Marcus Valorum, inepte chancelier à ses yeux.</p>
<p>Quand le grand moment arriva, un peu plus tard, il était prêt. Valorum le dévorait des yeux quand il annonça :<br />
– Sénateurs, la parole est à Tol Guera, sénateur représentant les mondes de l’Hégémonie Zabrak.<br />
Tol Guera se leva lentement, solennellement. Il laissa ses yeux balayer tranquillement le vaste amphithéâtre, avant de prendre la parole le plus calmement du monde.<br />
– Mes chers amis, l’heure est grave. Bien plus que certains ne le pensent. Je crains que la corruption ne se soit installée au sein des plus hautes instances de la République. Mon cœur ne peut s’empêcher de saigner quand je songe aux meurtres des sénateurs Jeroed’Erfey et Aar Gamonn. Il est extrêmement rare que des sénateurs soient assassinés, comme vous le savez tous, mes chers amis. Mais que devons-nous penser quand deux meurtres ont lieu dans un laps de temps aussi court ? Que devons-nous penser en nous souvenant que nos défunts et estimés collègues étaient des piliers de l’opposition à la politique menée par le chancelier Marcus Valorum et ses soutiens ? Et que devons-nous croire en constatant que ces deux disparitions coïncident avec l’approche des élections à la chancellerie ?<br />
Ce fut à peine si Tol Guela put poser ses deux dernières questions dans l’explosion d’applaudissements et d’indignations qui eut aussitôt lieu. Imperturbable, il joignit les mains devant lui et attendit que le brouhaha décroisse. Il sourit intérieurement : la situation était déjà très tendue… et les choses n’allaient pas s’arranger, loin de là, quand il aurait terminé son discours.<br />
Enfin, Marcus Valorum parvint à ramener un calme relatif. Il assigna Guela à comparaître ultérieurement devant la commission d’éthique du Sénat, ce qui lui valut quelques huées. Celles-ci redoublèrent quand le chancelier menaça de censurer Tol Guera si ses paroles suivantes relevaient également du domaine de la diffamation. Le Zabrak ne dit rien, mais hocha la tête, un masque de contrition sur le visage. Valorum sembla hésiter, puis lui fit signe de reprendre.<br />
– Je crains qu’il n’y ait désormais une fracture profonde au sein de cette assemblée, et je ne pense pas qu’elle soit réparable. Partout où je tourne les yeux, je vois des murs se matérialiser devant moi, je vois des obstacles se dresser pour empêcher certains d’entre nous d’accomplir notre tâche, qui est de défendre les intérêts de nos peuples respectifs.<br />
La République est une grande et belle entité… ou du moins le fut-elle jadis. Mais aujourd’hui, il s’y produit des événements aberrants, des indignités, des illégalités ! La noble association des mondes de la République doit permettre de dégager bonheur et prospérité pour tous, mais je me dois de constater, à mon corps défendant, que certains en profitent plus que d’autres.<br />
Récemment, les mondes zabraks ont été montrés du doigt, voire cloués au pilori, à cause de la soi-disant crise skelorienne, qui n’est qu’un complot, un prétexte pour s’en prendre à mon peuple !<br />
Mais, reprit Guela en haussant le ton pour se faire entendre parmi les exclamations qui recommençaient à fuser, le peuple zabrak refuse de servir de bouc émissaire à l’incompétence des dirigeants de la République ! C’est pourquoi je vous annonce solennellement que l’Hégémonie des Cinq Mondes Zabrak a décidé de dissocier son avenir de celui de la République Galactique !</p>
<p>Sachant que le chaos qu’il avait lui-même provoqué n’était pas prêt de retomber, Tol Guela tourna les talons et quitta sa capsule sénatoriale. Ovelar Nantelek, président de l’Hégémonie, et connu dans un cercle très restreint sous le nom de Dark Omberius, serait ravi de savoir que ses instructions avaient été suivies à la lettre. Ne restait plus aux alliés politiques que Guela avait inlassablement travaillé qu’à se déclarer à leur tour en faveur d’une scission avec la République, et l’institution galactique serait suffisamment paralysée pour que la flotte d’Ovelar Nantelek ait le champ libre pour imposer l’indépendance des Zabraks.</p>
<p><br />***</p>
<p>Toutes les forces de sécurité de Coruscant furent mises sur le qui-vive peu de temps après, afin de garantir le maintien de l’ordre. Les conséquences de la décision zabrak eurent des répercussions immédiates, au moins politiques : plusieurs mondes affichèrent ouvertement leur volonté de quitter la République à leur tour, pour former une alliance avec l’Hégémonie Zabrak. La crise était partout. La présence de dizaines d’ambassadeurs Jedi fut requise au Sénat pour calmer les esprits, et Valorum, ses alliés et ses conseillers entamèrent un long marathon de consultations auprès des sénateurs.</p>
<p><br />***</p>
<p>Il ne fallut que quinze jours à Ver’Liu So-Ren pour mettre sur pied une flotte pour attaquer Skelor I. Il était à la tête d’une fortune conséquente, fruit de dons généreux pour la cause skelorienne, mais il n’avait ni les connaissances ni les appuis nécessaires pour monter un tel projet, ce qui n’était pas le cas de bien du monde dans la colonie de Velinia III.<br />
Tel’Ay n’était pas le dernier à connaître des mercenaires aux forces intéressantes et, en prospectant discrètement auprès des colons Rodiens, il repéra puis approcha des anciens pirates. La colonie n’était pas seulement peuplée d’êtres ruinés et désireux de recommencer leur vie ; d’autres n’étaient là que pour se faire oublier suite à des activités illégales qui avaient mal tournées. Se les adjoindre fut un jeu d’enfant pour Tel’Ay, qui se contenta de menacer de les dénoncer.<br />
Un seul, remarié et récent père, eut la mauvaise idée de vouloir résister. Tel’Ay fit enlever le fils de l’ancien pirate et menaça de le faire tuer si le père ne faisait pas jouer ses contacts. Dès que cette histoire eut été propagée dans les milieux louches de Velinia III, il se ne se trouva plus grand monde pour oser tenir tête à Tel’Ay.
Le gamin fut enlevé par deux des soldats de sécurité placés sous les ordres de Tel’Ay, et celui-ci les envoya à quelques centaines de kilomètres de là, dans un avant-poste reculé… après leur avoir spécifiés qu’ils répondraient de la vie de l’enfant sur la leur.<br />
En cas de nécessité, Tel’Ay n’hésiterait pas à tuer qui que ce soit pour parvenir à ses fins. Mais il refusait de tuer aveuglément un innocent… du moins pas sans raison sérieuse. Raison que dans ce cas précis, il n’avait pas.</p>
<p>Le Sith se dépensa sans compter au cours de ces quinze jours, au fur et à mesure que des groupuscules armés arrivaient pour leur prêter main-forte, après avoir été grassement payés.<br />
Son plan était simple : faire en sorte que la flotte de Ver’Liu soit la plus puissante possible, afin d’occuper efficacement les défenses de Skelor I. Pendant ce temps, il se glisserait discrètement à terre et partirait à la recherche de Dark Omberius. Et dès qu’il l’aurait trouvé, il vengerait son maître et prouverait la supériorité des héritiers de Maal Taniet sur ceux de Dark Bane.</p>
<p>Tel’Ay se trouvait à bord du <em>Malashli</em>, une corvette appartenant à un mercenaire Rodien et qui leur servait de quartier général, quand il reçut par comlink le dernier rapport général qu’il attendait. Il ne put s’empêcher de sourire, avant de détourner les yeux de la baie panoramique de la passerelle, par laquelle il voyait la flottille disparate manœuvrer, parfois laborieusement, en orbite de Velinia III. Il rejoignit Ver’Liu et le capitaine du bâtiment, un Rodien de petite taille répondant au nom de Diro.<br />
– Votre majesté ?<br />
– Oui, Tel’Ay ?<br />
– Je vous annonce que notre flotte est prête à partir, sire. Nous n’attendons plus que votre signal.<br />
– Bien, Tel’Ay. Quels sont les effectifs, en fin de compte ?<br />
– Nous avons trois corvettes, quinze transports légers, ainsi que quarante-deux chasseurs, regroupés en quatre escadrilles d’une dizaine d’éléments chacun.<br />
– Parfait, jubila Ver’Liu ! Nul n’a vu une pareille flotte depuis des centaines d’années ! Rien ne pourra s’opposer à nous !<br />
– En effet, sire, répondit Tel’Ay sur un ton neutre.<br />
Le Sith ne s’était pas encore fait à l’évolution radicale de Ver’Liu. Le jeune idéaliste qui voulait sauver son peuple s’était mu en un despote implacable, qui ne rêvait que de faire couler le sang. S’il avait eu la Force, il aurait fait un bon Sith. En attendant, Tel’Ay avait hâte de s’esquiver : ce jeune chien fou allait bientôt récolter les conséquences de sa folie vengeresse, et Tel’Ay, les devinant funestes, ne tenait pas à être à ses côtés quand elles s’abattraient sur lui.</p>
<p>Ver’Liu, enfoncé dans un confortable fauteuil installé récemment près de celui du commandant de bord, ne s’était jamais senti aussi oppressé. Une petite voix intérieure ne cessait de tenter de le raisonner depuis quinze jours, mais il l’ignorait consciencieusement. Le temps des gamineries était révolu. Celui de frapper durement, et de récupérer son dû, était venu.<br />
Il ouvrait la bouche pour ordonner le départ, quand l’officier assigné aux senseurs cria :<br />
– Commandant, un vaisseau vient de sortir de l’hyperespace. Et en voilà un autre ! Et encore un !<br />
– Par les enfers pourpres, s’exclama Diro, c’est une véritable flotte ! Il en arrive encore et encore ! Levez les boucliers et préparez-vous à tirer ! Officier comm, ordonnez à nos bâtiments de se regrouper autour de nous.<br />
– Qui sont ces gens ? demanda calmement Tel’Ay au commandant.<br />
– Je ne sais pas, monsieur, répondit Diro, penché sur une console crachant en permanence des données actualisées. Je détecte trois croiseurs et dix-huit corvettes.<br />
– Nos trois corvettes, quinze transports légers et quarante-deux chasseurs feront-ils le poids ?<br />
Le Rodien se tourna vers Tel’Ay mais ne répondit pas. Son teint verdâtre virant clairement au livide, et la peur qui se lisait dans ses yeux suffirent à Tel’Ay pour se faire une idée de la situation…et de savoir qu’il était temps pour lui de quitter les lieux.</p>
<p>Tel’Ay s’engouffra dans les coursives de l’appareil, en direction de sa cabine. Puisqu’en fin de compte cette flotte ne servirait pas son but, il fallait qu’il l’abandonne, et qu’il retourne à la surface de Velinia. Il avait des personnes à y récupérer. Marton et Anaria étaient toujours en convalescence, et recommençaient à peine à marcher.
Dans sa cabine, il prit le sabrolaser de Séis, qu’il accrocha à sa ceinture, et l’écrin qui contenait le Gant de Vèntorqis. Il se dirigea ensuite vers les hangars du vaisseau, indifférent aux alarmes tonitruantes qui mugissaient à tout va comme aux impacts de tirs ennemis sur la coque, qui faisaient trembler le <em>Malashli</em>.
Son plan initial consistant à débarquer discrètement sur Skelor I, il avait quelques jours plus tôt fait le tour des navettes de transport de fret contenues dans le hangar principal. Après avoir jeté son dévolu sur une navette courtaude LP108, et s’être assuré que même un pilote aussi médiocre que lui s’en sortirait avec les commandes, il avait procédé à quelques essais avec, pour ne pas être pris au dépourvu le moment venu.<br />
Il déverrouilla l’écoutille de la navette et leva le pied pour y entrer, quand une étrange sensation l’arrêta. Quelque chose ne collait pas… ou plus précisément, le dérangeait. Mais quoi ? Il étendit ses perceptions de Sith, et sut qu’il y avait effectivement quelque chose, quelque part, aux lisières de la portée de son pouvoir. Il ne savait quoi, mais sentait que c’était important. Ses yeux tombèrent sur l’écrin qu’il avait à la main, et il se morigéna de ne pas y avoir pensé plus tôt. Le Gant de Vèntorqis pourrait peut-être lui permettre d’exacerber son pouvoir.<br />
Il ouvrit l’écrin et regarda l’artefact. Celui-ci avait beau être le symbole de son Ordre, Tel’Ay ne s’en méfiait pas moins, car un jour, il avait paru doté d’une volonté propre. Et si les Sith de mouvance tanieitenne avaient un leitmotiv, c’était bien celui de toujours garder le contrôle, en toutes circonstances. Ne jamais céder au Côté Obscur de la Force… ni au pouvoir de ses artefacts et autres avatars. <br />
Tel’Ay savait pertinemment que le Gant, qu’il utilisait comme un outil, était en fait source de bien plus de puissance, mais il n’avait pas les compétences nécessaires pour affiner cette certitude.<br />
Il enfila le Gant et se plongea dans la Force. Une vision surgit aussitôt. Un être encapuchonné lui faisait face. Il sut instinctivement que cet être était la cause du malaise qui l’avait assailli un peu plus tôt. Et qu’il s’agissait d’un Sith de l’école de Bane. Maître ou élève, peu importait à Tel’Ay. Il était en guerre contre ces Sith là.
Sa résolution prise, il pénétra dans la navette, mit les circuits en marche, et décolla. Non pas en direction de Velinia III, mais du vaisseau-amiral ennemi, où il savait pouvoir trouver son adversaire.</p>
<p>Comme il se savait mauvais pilote, il garda le Gant de Vèntorqis. Juste au cas où il se manifesterait d’une manière ou d’une autre, en vue de l’aider. Il franchit le champ de rétention d’atmosphère du hangar, couplé aux boucliers du vaisseau.<br />
Une explosion de lumière l’aveugla aussitôt, et il se demanda brièvement s’il venait de se faire abattre. Comme sa tête tournait, il en déduisit qu’il était encore en vie, et se risqua à ouvrir un œil. L’espace au-delà du cockpit était devenu fou, et virevoltait dans tous les sens. Les alarmes de contrôle de l’assiette de la navette hurlèrent leurs avertissements dans les oreilles de Tel’Ay, qui grogna et s’arc-bouta sur les commandes. Petit à petit, il parvint à stabiliser l’appareil, et put enfin s’occuper de son environnement.</p>
<p>La situation n’était guère brillante. L’un des croiseurs ennemis n’était plus qu’un amas informe de duracier, et dérivait lentement en se consumant dans les couches de la haute atmosphère vers Velinia III. Si le tiers des vaisseaux les plus importants de l’adversaire avait été détruit, les défenseurs Skelors payaient le prix fort en échange : seule la corvette de Ver’Liu, de laquelle Tel’Ay arrivait, était encore intacte, ainsi qu’une dizaine de transporteurs.<br />
Ce n’était pas une bataille. Mais un massacre.</p>
<p>Tel’Ay se sentit plus sûr de lui aux commandes, et mit le cap sur le croiseur abritant son ennemi Sith. Quand une pluie de tirs de laser s’abattit autour de lui, et que l’un d’eux déchiqueta son aile bâbord, il se demanda un peu tard s’il n’avait pas été présomptueux dans sa manœuvre. Avisant une corvette adverse, il incurva sa trajectoire pour aller se cacher derrière. Tel’Ay estima que cet appareil allait encore se rapprocher du croiseur, ce qui lui permettrait de rester en sécurité pendant son approche.<br />
Quand les turbolasers de la corvette l’abreuvèrent d’un tir nourri, il se maudit. Tout à son idée de se cacher, Tel’Ay avait tout simplement <em>oublié</em> que cet appareil aussi était un ennemi, qui ferait tout pour l’abattre.<br />
Il reprit sa trajectoire initiale, non sans effectuer quelques manœuvres d’esquive, dans une tentative maladroite pour être une cible moins facile à détruire. La Force lui lança un avertissement juste avant que les alarmes de collision ne se mettent à hurler, et il fit partir brusquement sa navette en vrille. Un morceau de coque en fusion déchira le ciel, à l’endroit même où il se tenait un instant plus tôt.<br />
Tel’Ay parvint à reprendre la contrôle, à son grand étonnement. Se pouvait-il qu’il commençât enfin à améliorer ses compétences de pilote ? Un tir qu’il n’avait pas anticipé et qui racla tout le côté tribord de la navette, emportant des plaques de duracier au passage, lui apprit que non.<br />
Il trouva tout de même un angle d’approche vers le croiseur, où la zone de feu paraissait moins importante qu’ailleurs. C’est à ce moment qu’une nouvelle question vint le tarauder : comment allait-il franchir les boucliers du croiseur, s’il parvenait à s’en rapprocher assez ? Et par où allait-il aborder le vaisseau capital ?</p>
<p>Il manqua d’entrer en collision avec un chasseur allié, avant que celui-ci ne soit pas touché par un tir provenant d’une corvette, jusque-là cachée derrière une épave qui brûlait et vomissait des corps par les brèches multiples qui zébraient sa coque.<br />
<em>Je hais le pilotage</em>, se dit Tel’Ay en serrant les dents. Quatre tirs simultanés s’abattirent sur le croiseur, dont les boucliers tinrent bon. Pourtant, le Skelor sut instinctivement qu’ils avaient été affaiblis l’espace d’un instant. Suffisamment pour qu’en cas de récidive, lui puisse passer à travers ?<br />
Il se dirigea d’instinct vers un point précis, tout près des boucliers du bâtiment, tout en slalomant pour éviter les tirs rageurs destinés à se débarrasser de lui. Il eut l’impression qu’il allait écraser son manche à balai, tellement sa main se crispait dessus. Mais l’événement qu’il attendait se produisit : pas moins de cinq tirs, autant de coups de boutoir, tentèrent de percer les boucliers du croiseur et, s’ils échouèrent, Tel’Ay sut qu’un coup de plus les aurait mis hors service. Il accéléra au maximum, en pestant contre le fait qu’il ignorait comment redistribuer encore plus de puissance vers ses réacteurs et, à l’issue d’un choc sonore qui le laissa sourd quelques instants, il franchit les boucliers.<br />
Son tableau de bord devint fou : des dizaines de diodes y clignotèrent frénétiquement. Des étincelles jaillirent de certains équipements, et de la fumée fit son apparition dans le cockpit. Pourtant, ces vapeurs se dissipèrent vite… trop vite au goût de Tel’Ay. Elles furent aspirées vers le bord du cockpit, accompagnées d’un sifflement de mauvais augure.<br />
<em>Une fuite. J’aurais peut-être dû mettre un scaphandre ? D’un autre côté, je suis à peu près certain que si j’en avais mis un, il n’y aurait pas eu de fuite.</em><br />
Il se concentra à nouveau. Ce n’était pas le moment de divaguer. Il s’acharna sur son manche à balai pour faire prendre à la navette la direction du hangar le plus proche, en contrebas sur sa droite. Les commandes avaient énormément de mal à répondre, mais au moins, on ne lui tirait plus dessus.<br />
Un écran bleuté courait tout le long de l’ouverture du hangar. Était-ce un simple champ de contention destiné à retenir l’atmosphère, ou était-il doublé d’un nouveau bouclier ? Tel’Ay l’ignorait et, arrivé à ce stade où il n’avait qu’une hâte, à savoir quitter ce cercueil volant, il décida qu’il s’en moquait éperdument et fonça. De toute manière, il n’avait pas la moindre arme à bord de sa navette. Et la Force le préviendrait s’il filait vers la mort. En principe.</p>
<p>La navette franchit sans mal le champ de contention, et Tel’Ay la fit s’écraser au sol, après avoir oublié de sortir les trains d’atterrissage. Le cockpit refusa de s’ouvrir, aussi l’aida-t-il à grands coups de sabrolaser. Quand ses jambes flageolantes touchèrent enfin le sol, elles refusèrent de le soutenir et il chancela. Il eut un haut-le-cœur, et se remit debout dès qu’il eut fini de vomir.<br />
Un coup d’œil autour de lui lui apprit qu’il était en parfaite sécurité dans le hangar. Seuls des droïdes s’y trouvaient et ne faisaient pas attention à lui, trop occupés à réparer une barge-speeder. Il se focalisa sur la Force et, à sa grande surprise, ne sentit qu’une seule présence organique à bord. Puissante dans la Force, de surcroît. Son ennemi, quel qu’il soit.<br />
Sourire de prédateur aux lèvres, il s’engouffra dans la première coursive venue.</p>
<p><br />***</p>
<p>Ver’Liu était horrifié par la situation : son orgueil et sa soif de vengeance allaient-ils donc les condamner à la mort ? Il s’était laissé griser par son pouvoir et n’avait pas hésité à engager son peuple dans une guerre qu’il avait cru pouvoir gagner à l’issue d’un seul fait d’armes. Non seulement il n’avait pas pu porté l’estocade le premier, mais l’ennemi avait anticipé son projet, et l’avait contrecarré de manière imparable. Une plus grande flotte, une plus grande puissance de feu.<br />
Ver’Liu sentit la honte lui brûler les joues. Il aurait voulu mourir à cet instant précis. Il n’était sorti de son trou à rats de la Station <em>Carolusia</em> que pour faire mourir son peuple à cet endroit, après qu’il l’eut suivi aveuglément. Il se dégoûtait. Ver’Liu le Boucher !…Voilà comment l’Histoire allait le juger, se dit-il.<br />
Autour de lui, les hommes du capitaine Diro accomplissaient leur devoir, rapidement et avec efficacité. Le capitaine lui-même semblait calme, bien que tendu, tandis qu’il donnait ses instructions à ses subordonnés, tout en gardant un œil vers la représentation tridimensionnelle de la bataille, afin d’assurer un semblant de cohésion au reste de leur flotte, qui s’amenuisait minute après minute.<br />
Mais que pouvait faire Ver’Liu, désormais ? Ordonner la retraite ? Et pour aller où ? Une telle décision aurait condamné la colonie, son peuple comme celui de Seperno, qui l’avait accueilli… et Sionarel, également, toujours plongée dans un profond coma, qu’aucun médecin n’avait été capable de guérir ni même d’expliquer.
Qu’est-ce qu’il lui restait à faire ? Prendre le masque de l’impassibilité, pour montrer à quel point il aurait été digne jusqu’au bout ? Quelle farce. Une vaste farce macabre, dont il était à l’origine…<br />
Il fut tiré de son abattement par l’officier en charge des senseurs, qui s’écria par-dessus les alarmes :<br />
– Capitaine Diro, des vaisseaux viennent de sortir de l’hyperespace. Deux croiseurs et deux corvettes.<br />
– Allons bon, bougonna Diro sans quitter la bataille des yeux. Amis ou ennemis ?<br />
– Ils envoient un message sur toutes les fréquences, capitaine, fit l’officier des communications.<br />
– Sur écran.<br />
Un Ithorien en uniforme de la Marine Républicaine apparut, et dit :<br />
– Ici le capitaine Ael Tamaï. Sur ordre du Chancelier Marcus Valorum, je suis ici pour protéger Velinia III, monde républicain. Flotte étrangère, cessez le feu sur-le-champ et préparez-vous à être abordés.</p>
<p>L’espoir venait subitement de changer de camp.</p>
<p><br />***</p>
<p>Dark Glaro écrasa de rage la commande des communications. Pour qui se prenait ce maudit capitaine républicain, et d’où est-ce qu’il sortait ?<br />
– Demande***instructions***monseigneur*** fit le droïde qui commandait le croiseur.<br />
– Nous ne gagnerons pas, crétin ! Nous sommes désormais en infériorité numérique !<br />
Il réfléchit en faisant les cent pas, avant de reprendre la parole :<br />
– Nous avons des navettes de transport. Fais-les bourrer de droïdes armés, et qu’ils atterrissent ou s’écrasent sur le croiseur principal ennemi. Deux cibles : tuer Ver’Liu So-Ren et Tel’Ay Mi-Nag. Que tous nos vaisseaux disponibles convergent vers le croiseur et ouvrent le feu ! Au mieux, nous le détruirons. Au pire, ça couvrira l’approche de nos droïdes. Exécution !<br />
– Reçu***monseigneur***.</p>
<p>Dark Glaro sentit ses entrailles se nouer. Depuis quand la République disposait-elle de croiseurs militaires en état de marche ? Le démantèlement des anciennes flottes était terminé depuis des centaines d’années, et seuls des vaisseaux civils croisaient, désormais. La République se contentait de faire la police entre les mondes, dépêchant au besoin des corvettes, leurs plus gros vaisseaux connus. Comment l’existence de croiseurs républicains avait-elle pu échapper à Dark Omberius ?<br />
Le Seigneur Noir des Sith avait toujours affirmé que si les Sith montaient une flotte de guerre, ils ne trouveraient personne pour s’opposer à eux. Il s’était lourdement trompé ! Pire, leur propre flotte risquait d’être détruite à son premier engagement, ce qui impliquait qu’ils ne pourraient ni défendre l’indépendance de leurs mondes indépendants nouvellement constitués, et encore moins prendre Coruscant pour établir un nouvel empire Sith, but ultime d’Omberius.<br />
Glaro était anéanti : Omberius prévoyait toujours tout, toute sa vie n’avait été que manipulations élaborées pour asseoir sa domination sur la galaxie. Et il avait échoué. Et lui, Glaro, avait toujours placé Omberius sur un piédestal, le jugeant plus malin à lui seul que tous les Jedi et politiciens de Coruscant réunis. Comme il s’était bercé d’illusions ! Alors qu’ils s’étaient crus tout près de dominer la République, voilà que les Sith étaient à nouveau menacés d’extinction !</p>
<p>Glaro n’eut pas le temps de pousser plus avant ses funestes réflexions. Il ressentit la présence d’un être organique à bord… puissant dans la Force, qui plus est. Un Jedi téméraire ? Parfait, Glaro allait pouvoir passer ses nerfs sur lui. Et se servir de l’<em>Égalitaire</em> pour lui arracher ses pouvoirs, et sa vie.</p>
<p><br />***</p>
<p>L’éternelle quiétude de l’espace fut dérangée quand un chasseur surgit de nulle part et se matérialisa non loin de Skelor I. Le cockpit, minuscule, avait été adapté à la morphologie de l’être qui le pilotait. Le teint vert, une longue chevelure brune qui lui tombait dans le dos, de grandes oreilles pointues, soixante-six centimètres et des mains tridactyles. Un air déterminé, également. Ainsi que la Force.<br />
Sans perdre de temps, Yoda ouvrit les évents d’aération et calcula la trajectoire la plus directe pour la planète-mère des Skelors. Senseurs à longue portée en route, tournés vers la planète, il commença à enregistrer les données quand sa console de communications bipa.<br />
– Ici Yoda.<br />
– Ici Maître Lijeril. Il y a du changement, et pas des moindres. Je viens d’apprendre que Ver’Liu So-Ren, qui a rassemblé une flotte de mercenaires au large de Velinia III, vient d’être attaqué par une autre flotte…qui semble provenir de Skelor I, d’après nos estimations. La flotte de réserve de la République est elle aussi en route.<br />
– En rien, cela ne concerne ma mission.<br />
– Certes, mais comme vous n’êtes pas loin, j’aimerais que vous y alliez, Maître Yoda. Nous avons besoin d’un Jedi expérimenté là-bas, pour tenter de ramener tout le monde à la raison, et de minimiser les pertes.<br />
– Contrariante, cette nouvelle est. Un bain de sang, la présence d’un Jedi pourrait en effet éviter. Dix secondes pour rentrer les nouvelles coordonnées et réinitialiser le moteur hyperdrive, et en route je serai, Maître. <br />
Yoda fit ses préparatifs en soupirant lentement. Il était frustrant de devoir faire demi-tour si près du but. Il jeta un dernier coup d’œil à Skelor I, avant de faire virer son chasseur.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XIIurn:md5:c511739c521883819749886c96b6f1c72012-01-30T09:02:00+01:002013-07-08T15:49:51+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Un court chapitre, au cours duquel le Conseil Jedi débat sur les origines d’un Sith tel que Tel’Ay, tandis que Ver’Liu prend une décision radicale…</p> <h2>Chapitre XII</h2>
<p>Dark Glaro ne décolérait pas. Il était passé si près de la mort face à ce maudit Chevalier Jedi Whiphid ! Heureusement, le coup de sabrolaser qu’il avait reçu en travers de la poitrine n’avait fait que transpercer l’un de ses poumons. Blessure sérieuse mais pas mortelle, que les chercheurs Ho’Din n’avaient pas mis longtemps à soigner.
L’envie de gratter la synthéchair qu’on lui avait appliqué ne le quittait guère, démangeaison irritante qui ajoutait à son courroux envers Tchoo-Nachril, et surtout contre lui-même. Comment pouvait-il revendiquer de devenir un Maître Sith s’il manquait se faire tuer à son premier affrontement sérieux ?<br />
Si jamais Dark Omberius, son maître, en concluait qu’il était trop faible pour espérer lui succéder un jour, il aurait beau jeu de l’éliminer rapidement. Glaro devait absolument marquer des points auprès de son maître, et vite.</p>
<p>Le Jaabimien avait tout de même dû subir une opération chirurgicale, car il avait refusé catégoriquement que sa jambe coupée soit remplacée par une prothèse cybernétique. Profitant d’avoir sous la main des scientifiques et des installations de haut vol, il leur avait ordonné de greffer son membre perdu. Cette technique médicale avait tendance à se perdre, car les chirurgiens estimaient plus simple et plus économique le recours aux prothèses, mais aucun d’eux n’avait osé émettre la moindre objection.</p>
<p>Il avait recouvré son intégrité physique trois jours auparavant seulement, mais se tenait déjà sur ses deux jambes, maladroitement. Le Côté Obscur de la Force l’aidait à vaincre la douleur.<br />
La seule bonne nouvelle était que l’<em>Egalitaire</em>, le virus anti-utilisateurs de la Force développé par les Ho’Din, semblait porter ses fruits, si Glaro en croyait ses sens. Par une vitre qui occupait tout un pan de mur, le Sith pouvait voir ce qu’il restait de Tchoo-Nachril, et surtout sentir sa présence décliner dans la Force. Nul doute qu’elle était en train de s’échapper de lui, petit à petit. D’après les scientifiques, il s’en faudrait encore d’une semaine pour être certain que la perte de la Force serait définitive, même s’ils n’avaient guère de doute sur la question.</p>
<p>Une alarme retentit sur l’une des consoles médicales des Ho’Din, et plusieurs données sur des cadrans s’affolèrent. Glaro sonda Tchoo-Nachril, et vit que la Force disparaissait de son être, de plus en plus vite.<br />
– Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il aux scientifiques, qui s’activaient sur leurs écrans.<br />
– On dirait qu’il se meurt, répondit l’un d’eux. Mais je ne comprends pas pourquoi. Logiquement, il ne devrait perdre que la Force, pas la vie.<br />
– Disons que c’est un bonus, rétorqua Glaro.<br />
Il sentit la dernière parcelle de Force quitter le corps du Jedi, et les données vitales reportées sur les écrans indiquèrent la cessation de toute activité. Tchoo-Nachril venait de mourir.<br />
– Réitérez l’expérience sur un autre être sensible à la Force, pour voir si le résultat est le même. Et s’il l’est…mon maître pourra enfin entrer en guerre ouvertement contre la République.</p>
<p><br />***</p>
<p>A bord du <em>Metak Tenak</em>, le calme revint après la mort de Lar’Jon. Amo’Kar fut très choqué d’apprendre la trahison de son frère, et donna aussitôt sa démission du Conseil. Ver’Liu la refusa dès qu’il eut repris conscience sur Velinia, deux jours plus tard, Amo’Kar lui étant en effet d’une fidélité à toute épreuve, et d’une efficacité certaine pour le seconder.<br />
A la grande satisfaction de Maître Mateseeres, Tel’Ay avait levé l’interdiction d’atterrir sur Velinia III. Même si le Skelor avait appris de la bouche même de Lar’Jon que celui-ci n’était pas seul à vouloir tuer Ver’Liu, il estima ne rien pouvoir faire d’autre pour le moment, à part continuer à faire surveiller de près son roi. Tâche dont Anaria s’acquittait à merveille.</p>
<p>Tel’Ay fut très occupé dès que le débarquement commença. En liaison avec ses officiers et l’administration de Velinia III, il fit sortir les Skelors par groupes, qui furent aussitôt dirigés vers leurs nouveaux foyers, des bâtiments préfabriqués érigés à la hâte pour les accueillir.<br />
Si Seperno, chef de la colonie, n’avait écouté que son sens de l’amitié pour consentir à recueillir la diaspora skelorienne, il s’était entre-temps rendu compte qu’avec onze mille ressortissants, le nombre des Skelors serait largement supérieur aux cinq mille colons déjà présents. Dès cette prise de conscience, il avait renoué des contacts dans toute la galaxie afin d’attirer de nouveaux colons, Rodiens comme lui, pour contrebalancer la supériorité numérique de ses invités.</p>
<p>Rapidement, les pensées de Tel’Ay se détachèrent pourtant de l’énorme travail que requérait le débarquement. Il sentait un danger latent, et le doute s’insinuait en lui : que faisait-il ici, en bordure de la République, au lieu de lutter directement contre son ennemi ? Dark Omberius avait ordonné la mort de Ver’Liu So-Ren, à partir du moment où celui-ci avait fait état de ses prétentions au trône de Skelor I.<br />
Qu’était devenue la planète des Skelors, quels secrets cachait-elle pour que le seigneur des Sith ne veuille visiblement pas que quiconque s’en approche ? Tel’Ay avait-il raison d’investir son temps et son énergie à protéger Ver’Liu So-Ren, un être dont, au fond, le sort lui était totalement indifférent, bien qu’il éprouvât un certain respect pour lui ?<br />
Il se demandait également ce qu’était devenu Tchoo-Nachril. A s’attaquer sans le savoir à un bastion Sith, il était probablement déjà mort, mais s’il avait eu le temps de faire un rapport au Conseil Jedi, nul doute que la position et la vie d’Omberius seraient très compromises.</p>
<p>Marton Karr ne le lâchait pas d’une semelle depuis qu’il avait démissionné du Corps Agricole. La question de son entraînement n’avait pas encore été abordée, le temps manquant pour cela, et Tel’Ay n’avait rien contre le fait de laisser mariner l’ancien Padawan. Comme s’il avait compris qu’il était testé et jaugé, Marton tentait de se faire une place aux côtés de Tel’Ay, l’aidant et le secondant pour résoudre des problèmes de moindre importance.<br />
Il tâchait de faire preuve de patience, attendant son heure. Il avait déçu les Jedi, et comptait bien ne pas réitérer une telle erreur auprès de son nouveau Maître. Ce qui l’inquiétait était qu’après l’enquête, Maître Berio Mateseeres semblait avoir disparu, or il avait du mal à croire que le Jedi en resterait là vis-à-vis de Tel’Ay et de lui-même.</p>
<p><br />***</p>
<p>Maddeus Oran Lijeril, Grand Maître de l’Ordre Jedi, était perplexe, alors que la réunion du Conseil Jedi allait démarrer. La cause en revenait à l’ordre du jour.<br />
– Ça y est, j’ai réussi à stabiliser la liaison, l’image ne va pas tarder, annonça Mecti Laminer, la Maître Besalisk, en faisant courant deux de ses mains sur le panneau de contrôle de l’unité de communication hyperspatiale.<br />
L’image bleutée d’un humain d’une cinquantaine d’années apparut, au front haut et dégarni, et dont le bas du visage était mangé par une barbe poivre et sel soigneusement taillée. Il salua ses frères Jedi et attendit leur bon vouloir.<br />
– Maître Berio Mateseeres, c’est un plaisir de vous voir sain et sauf, fit Lijeril. Qu’en est-il de la mission de nous vous avons confié, à savoir évaluer la menace représentée par ce Tel’Ay Mi-Nag ?<br />
– J’ai beaucoup d’éléments de réponse, et ils ont tendance à recouper ce que Maître Yoda et le Chevalier Tchoo-Nachril ont déjà avancé.<br />
– Très bien, dit Lijeril. Reprenons depuis le début. Maître Yoda, vous avez été le premier à être confronté à ce Skelor. Rappelez-nous en quelles circonstances et quelles conclusions vous en avez tiré.<br />
– L’an dernier, par le Conseil je fus mandé pour enquêter sur l’existence de deux personnes usant de sabrolasers de couleur orangée, et visiblement dotés de la Force. La piste sur Icksimma m’a conduit, où j’ai découvert que le Chevalier Jedi Durkiga Stilon ils avaient éliminé. Les empreintes laissées dans la Force sur le lieu du forfait ne laissaient aucun doute : le Côté Obscur s’était déchaîné à cet endroit. Mon lot de Jedi sombres j’ai affronté au cours de ma vie, mais là, différente était l’impression. Jamais une telle sensation de maîtrise et de puissance dans le Côté Obscur je n’avais encore rencontré. Un Jedi sombre est à la base un Jedi, et quand son idéal il trahit, il utilise la Force pour faire le Mal d’une manière rudimentaire, instinctive. Rares sont les Jedi sombres qui apprennent de réelles techniques obscures. En cette occasion, pourtant, l’utilisation de techniques meurtrières parfaitement maîtrisées j’ai ressenti, comme jamais auparavant. A mes yeux, aucun doute il ne faisait donc que les deux êtres étaient des Sith, et non de simples Jedi sombres.<br />
« Je les ai poursuivis jusqu’à les retrouver, sur la planète Nal Hutta, et mes soupçons se sont confirmés lors de notre affrontement. Ils se servaient aussi bien des techniques obscures que moi de celles des Jedi. Qu’ils avaient été formés pour le faire, cela implique.<br />
« Je les ai combattu et vaincu. »<br />
Yoda se tut, plongé dans ses pensées.<br />
– Et ? demanda Lijeril.<br />
– Hum… pas de malveillance pure et dure je n’ai senti en eux, comme on aurait pu s’y attendre. Mais cela ne changeait rien pour moi au fait qu’il fallait les ramener au Temple pour qu’interrogés ils soient. Seulement…une sensation étrange j’ai eu, intuition ou vision, qui m’a indiqué qu’ils ne représentaient pas un danger pour la galaxie. Et qu’ailleurs qu’entre nos mains était leur destin. Aussi les ai-je laissé là et suis-je rentré au Temple. Souvent ai-je médité sur cet événement depuis, et ma conclusion reste la même sur ce que j’ai éprouvé ce jour-là.<br />
– Pour sa part, continua Lijeril, Tchoo-Nachril a fait état dans ses rapports d’un être qui agit sans se préoccuper des notions que nous connaissons sous les noms de « bien » et de « mal ». Comme s’il choisissait de suivre une voie qu’il s’est lui-même choisie. Sa morale semble être changeante selon les circonstances, selon que cela serve ou non ses buts. Maître Mateseeres, vous êtes réputé dans l’Ordre pour votre capacité à savoir jauger les gens. Qu’en est-il de celui-là ?<br />
– Mes conclusions vont dans le même sens que celles de Yoda et Tchoo-Nachril. Il a un but personnel et fera tout pour l’atteindre, sans trop se préoccuper des dégâts collatéraux. Enfin, dans une certaine mesure, en tout cas. Il maîtrise suffisamment le Côté Obscur pour ne pas se laisser consumer par lui. A ce titre, Il est moins dangereux qu’un Jedi Noir ou qu’un ancien Sith. En fait, ses méthodes sont plutôt celles d’un mercenaire, dont la Force serait un outil et non une fin en soi. Et si les mercenaires ne sont pas des enfants de chœur, ils ne sont pas non plus des monstres insensibles ou assoiffés de sang.<br />
– Maître Tempeï-Liy, vous êtes notre Archiviste en Chef, reprit Lijeril. Que pensez-vous de tout cela ?<br />
– Il a toujours été difficile d’obtenir des données fiables sur les Sith, répondit le Maître Caamasi. Pour nous, ils sont morts sur Ruusan il y a quatre cent ans. Les rares qui n’ont pas pris part à cette bataille étaient des seigneurs subalternes, jugés par leurs pairs comme étant trop peu puissants pour être d’un quelconque utilité. Ils ont disparu et je doute fort qu’ils aient pu créer des écoles de pensées issues de celle des Sith. Néanmoins, j’ai mené des recherches qui se sont avérées assez fructueuses. Nous possédons une liste de cinq Maîtres Sith, qui ont refusé d’intégrer la Confrérie des Ténèbres de Kaan. Deux d’entre eux sont morts, et nous savons en quelles circonstances. Sur les trois qui restent, un m’intéresse particulièrement. Il se nommait Maal Taniet, et surtout…il utilisait un sabrolaser de couleur orange vif, comme les deux Adeptes du Côté Obscur rencontrés par Maître Yoda.<br />
– Je trouve l’hypothèse hasardeuse, avança Lijeril. C’est peut-être une simple coïncidence.<br />
– Ce n’est pas tout. Maal Taniet a quitté les Sith, mais ne s’est pas contenté de disparaître. Suite à une machination tortueuse, il a réussi à mettre la main sur le Gant de Vèntorqis, un artefact Sith qui était entre nos mains depuis trois mille ans. D’après les études qui ont été faites sur cet objet, ses pouvoirs semblent particulièrement adaptés aux Clairs-Obscurs.<br />
– Aux… ? Ces utilisateurs de la Force ni vraiment bons, ni vraiment mauvais ?<br />
– Oui.<br />
– Pardonnez-moi, Maître Tempeï-Liy, mais cela n’en reste pas moins qu’une théorie.<br />
– Non, Maître Lijeril, c’est une certitude. Vous êtes un guerrier, et vos réflexes au combat ont été façonnés par la Force, qui vous guide et vous soutient lors des conflits. Pour ma part, je manie très mal le sabrolaser, mais la Force m’est un atout primordial quand je dois recouper ou trouver des données dans nos archives. Pour moi, il ne fait aucun doute que Tel’Ay Mi-Nag est issu d’une école Sith crée par Maal Taniet. Ce Maître était un Clair-Obscur, et je pense que c’est cette philosophie qu’il a transmise à ses héritiers.<br />
– Si je comprends bien, ce Mi-Nag ne doit pas être considéré comme étant une menace mortelle pour la paix galactique ?<br />
– Oui, Maître Lijeril. Tel est mon avis. De la même manière, je ne parlerais pas de lui comme d’un Sith. Plutôt d’un <em>Tanietien</em>.<br />
– S’il n’est pas un Sith, nous n’avons aucune raison de nous en prendre à lui, sauf si ses actes le justifient, ajouta Yoda. Or depuis que je l’ai laissé partir, il n’a à notre connaissance rien de commis de répréhensible. Au contraire, dirais-je, puisqu’il a pris fait et cause pour un jeune dirigeant qui veut sauver son peuple.<br />
– C’est oublier un peu vite qu’auparavant, il a tué la Jedi Durkiga Stilon, grogna Lijeril en repensant à son ancienne Padawan. Mais si la Force vous a alors indiqué qu’il fallait laisser ces deux <em>Tanietiens</em> en vie, Maître Yoda, je suppose que n’avons plus qu’à nous incliner face à sa volonté ?<br />
– C’est également mon avis, Maître.<br />
– Bon. Maître Mateseeres, Tel’Ay Mi-Nag ne doit plus être considéré comme un danger. Annoncez-le lui.<br />
– Bien, Maître. Encore une chose. Un des anciens Padawans, qui servait dans le Corps Agricole, a démissionné pour se mettre au service de Mi-Nag.<br />
– Vous pensez que Mi-Nag l’a manipulé ?<br />
– Je n’irais pas jusque-là. Disons que chacun d’eux a fait un pas vers l’autre.<br />
– Hum. Il faudra les garder à l’œil. Et ce fait pourrait être utile : il sera plus facile de suivre deux êtres qu’un seul. Bien, si personne n’a plus…<br />
Ljeril s’interrompit en voyant Yoda porter la main à son cœur, et serrer fortement l’accoudoir de son siège.<br />
– Maître Yoda, que se passe-t-il ?<br />
– Mort…mort est mon ancien Padawan. Disparu Tchoo-Nachril a.<br />
La vague de souffrance qui avait assailli Yoda reflua. Il garda longtemps la tête baissée, mais quand il la redressa, une lueur de mauvais augure brillait dans ses yeux.<br />
– Sur Skelor I, je me rends sur-le-champ.</p>
<p><br />***</p>
<p>Trois jours après leur installation sur Velinia III, les Skelors commençaient à peine à s’organiser dans leur nouvelle vie. Ils étaient surtout dans l’attente de bonnes nouvelles concernant leur roi, qui n’était pas encore sorti de l’inconscience.<br />
Tel’Ay était aux abois, prêt à agir s’il sentait un nouveau danger menacer Ver’Liu. Il s’octroyait quelques heures de repos le jour, pendant que Anaria ou Marton Karr prenaient le relais.</p>
<p>Au début du quatrième jour, Ver’Liu ouvrit enfin les yeux. Encore très affaibli, il parla peu, se contentant de serrer la main de Sionarel, qui s’était refusée à quitter son chevet après le déménagement. Il reçut les visites d’Amo’Kar, Tel’Ay et Seperno, qui lui narrèrent les derniers événements. Mais il était encore trop groggy pour reprendre son rôle, aussi se contenta-t-il de prendre acte, le plus souvent en hochant la tête.<br />
Tel’Ay éprouva de la nervosité toute cette journée. Quelque chose se préparait, il le sentait dans ses os. Il fit doubler la garde autour de Ver’Liu, et recommanda à Anaria et Marton la plus grande vigilance. Lui-même passa une grande partie de son temps à inspecter les alentours et à sonder les gens qu’il croisait.<br />
L’étude du disque dur de l’ordinateur personnel de Lar’Jon était en cours d’analyse par des informaticiens skeloriens, mais ils butaient sur une série de fichiers cryptés. Peut-être y avait-il une liste des conspirateurs ? Tel’Ay voyait mal un traître faire preuve d’autant d’imprudence, mais il ne fallait négliger aucune piste.</p>
<p>A la fin de la journée, alors qu’il faisait une énième ronde autour des bâtiments préfabriqués qui entouraient le pavillon de Ver’Liu, plus imposant, une intuition dans la Force guida ses pas à l’entrée d’une ruelle.<br />
Il tomba nez à nez avec deux Skelors qui, au vu des pensées qu’il capta, n’étaient que haine… et satisfaction. Quand il leur ordonna de ne pas bouger, tout en les menaçant du sabrolaser rouge sang de Séis, ils tentèrent ni plus ni moins de s’empaler dessus. Tel’Ay les esquiva et les étourdit de deux manchettes bien placées.
Il alerta ses hommes, en tête desquels vint Gok’Ar, son adjoint, et la ruelle comme ses abords furent passés au peigne fin, afin de détecter une quelconque trace de danger. Recherches qui ne donnèrent rien.</p>
<p>L’instinct de Tel’Ay, conforté par les bribes de pensées arrachées aux conspirateurs, n’en démordait pas : quelque chose allait arriver. Il hésita entre torturer les deux Skelors pour les faire avouer, ou rejoindre Ver’Liu pour l’évacuer, et privilégia cette dernière option. D’autant qu’un sentiment d’urgence le saisit.<br />
Il fonça vers le pavillon de son roi et se saisit de son comlink pour ordonner à Anaria et Marton de faire évacuer Ver’Liu sur-le-champ.</p>
<p>Il sut que la bombe allait exploser une seconde avant qu’elle n’accomplisse son destin. Il courait alors dans le couloir principal du pavillon, et voyait, à trois mètres de lui, Anaria porter Ver’Liu dans ses bras velus, et Marton faire avancer Sionarel, qui suivait comme un automate, toujours brisée mentalement par l’attentat précédent.
Instinctivement, il érigea un bouclier de Force autour de lui, et se jeta sur Ver’Liu, qu’il arracha de l’étreinte protectrice d’Anaria. Quand l’explosion eut lieu, Tel’Ay avait déjà plaqué Ver’Liu au sol et lui faisait un rempart de son corps, toute sa puissance déployée pour les protéger.<br />
Cela ne suffit pas. Ils furent soufflés par la déflagration et balayés tels des grains de poussière par une tempête de sable, étroitement enlacés. Tel’Ay crut que l’onde de choc allait les déchiqueter, tellement la douleur qui l’assaillit fut terrible, mais son bouclier de Force tint bon.<br />
Il ne put s’empêcher de grogner et faillit perdre sa concentration quand ils s’écrasèrent contre un mur. Là encore, il tint bon, mais quand des bouts de duracier tordus et chauffés à blanc s’abattirent sur eux, son champ de Force ne fut pas suffisant à les contenir tous. Deux se fichèrent dans son dos, et un autre lui sectionna l’oreille gauche.<br />
Il cria mais puisa dans ses ultimes réserves pour tenir. Tenir, pendant que l’univers s’écroulait autour de lui, dans un silence sépulcral qui lui indiquait que ses tympans avaient été touchés. Il ferma les yeux quand une vague de chaleur vint le recouvrir, véritable fournaise qui amena à ses narines une odeur de chair brûlée.</p>
<p>Dès que l’air redevint respirable, Tel’Ay se redressa maladroitement et claudiqua jusqu’à la sortie du pavillon, un Ver’Liu toujours aussi inerte dans les bras. Epuisé, ayant l’impression d’avoir été roué de coups pendant des heures, il s’écroula dehors, à quelques mètres à peine du bâtiment en feu.<br />
Déconnecté de la réalité par le silence qui l’entourait, il vit des dizaines de personnes se précipiter vers Ver’Liu et lui. Des médecins pointèrent leurs scanners sur le roi, et ce que Tel’Ay y vit lui apprit que Ver’Liu n’était pas en danger.<br />
Son regard tomba sur Anaria, dont près d’un quart de la fourrure avait brûlé et présentait des cloques. Même à cette distance, il sentait les efforts qu’elle déployait pour ne pas hurler sa douleur. Tel’Ay se releva, les jambes flageolantes, et la rejoignit. A ses côtés, Marton et Sionarel, évanouis, n’avait pas l’air en meilleur état. Le Sith s’assura que son apprenti n’était pas en danger, avant de se pencher sur Sionarel. Il la regarda un long moment, comme indécis, avant de toucher le front de la jeune amie de Ver’Liu. Il laissa ensuite la Force agir, puis s’écroula à son tour.</p>
<p><br />***</p>
<p>Le lendemain, un Ver’Liu pâle comme la mort se rendit au chevet de Tel’Ay, évacué vers l’hôpital de Velinia III, en soins intensifs, comme les autres victimes de l’attentat.
Dès que le jeune souverain entra dans la chambre, le Sith ouvrit les yeux. Ver’Liu ferma la porte derrière lui, mais n’approcha pas plus. Il dit :<br />
– La situation est intenable, Tel’Ay Mi-Nag. Anaria et Marton sont sérieusement blessés et mettront du temps à se remettre. Sionarel est en meilleur état… physiquement. Elle est plongée dans un coma qui laisse dubitatifs les médecins. Elle pourrait en sortir un jour. Ou pas. Nous ne pouvons pas continuer comme ça. L’heure est à la riposte directe.<br />
Tel’Ay nota mentalement que sa surdité n’avait été que provisoire, puisqu’il entendait Ver’Liu. Il perçut aussi la dureté du ton employé, qui indiquait clairement que le temps des compromis et du pacifisme étaient révolus.<br />
– Et que… préconisez-vous, sire ? demanda péniblement Tel’Ay.<br />
– Nous rassemblons une flotte de mercenaires et nous marchons sur Skelor I.<br />
– Tout simplement ? ricana Tel’Ay.<br />
– Tout simplement. Depuis que la Galaxie est au courant de mes efforts afin de réclamer justice pour les Skelors, les dons affluent. Je suis à la tête d’une fortune suffisante pour nous attacher les services de professionnels de la guerre.<br />
– Ssss…voilà qui serait changer votre politique du tout au tout. L’agressivité dont vous voulez faire preuve va faire disparaître le crédit et l’estime que l’on vous porte au sein de la République. Tous vos soutiens vont vous abandonner. Et tout ça sur un coup de colère momentané.<br />
– Ce n’est pas un coup de colère momentané ! C’est une déclaration de guerre, ni plus ni moins. Ce sera les Zabraks ou nous ! Et tous ceux qui s’interposeront mourront !<br />
Tel’Ay ne répondit rien, se contentant de scruter le visage inflexible de Ver’Liu, déformé par une expression de haine farouche. Que de changements chez le jeune roi depuis leur rencontre. Toute l’estime que Tel’Ay lui avait porté jusque-là s’envola, remplacé par de la déception et de la tristesse. Il se révélait si ordinaire, en fin de compte. Tel’Ay se méprisa pour avoir investi autant d’énergie à l’épauler dans sa folle quête. A compter de cet instant, Ver’Liu So-Ren ne représenta plus rien à ses yeux.<br />
Cette amère constatation faite, son esprit travailla furieusement à évaluer les conséquences de ce coup de théâtre. Finalement, si le Skelor Tel’Ay Mi-Nag était déçu, les choses ne se présentaient pas si mal pour le Maître Sith Maal Kuun. Un assaut direct contre Skelor I allait peut-être lui permettre de débusquer Dark Omberius, ce qui avait toujours été son but.<br />
Dark Omberius était responsable de la disparition de la Confrérie de Maal Taniet, et Maal Gami, le maître de Tel’Ay, lui avait enjoint de le détruire. Ce qu’il comptait bien accomplir, en hommage à son défunt maître. Telle serait sa rédemption, et le changement profond survenu chez Ver’Liu allait déjà le lui permettre.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre Xurn:md5:5462794866fef03950e742a73e026cff2012-01-22T10:29:00+01:002013-07-08T16:05:35+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Un chapitre qui donne la part belle à Tchoo-Nachril, tandis que Tel’Ay continue ses manipulations vis-à-vis du jeune Marton Karr…</p> <h2>Chapitre X</h2>
<p>Quand Tchoo-Nachril revint à la conscience, il était perclus de douleurs. Il entra aussitôt dans une transe de guérison superficielle, pour restaurer ses forces. Prenant garde à rester immobile, pour ne pas se trahir aux yeux d’une éventuelle surveillance, il repensa aux événements qui l’avaient amenés là.<br />
Il fut brièvement honteux de n’avoir pas su mieux résister aux Zabraks, avant de se consoler en se remémorant qu’il n’avait cessé de tirer sur ses réserves depuis qu’il était sorti d’hyperespace. Néanmoins, à la réflexion, il fut assez contrarié en se rendant compte qu’il n’avait pas déployé toute sa puissance, afin d’en garder sous le coude en cas de nécessité. Jamais il n’aurait dû faire ce type de calcul. Il lui aurait fallu prendre chaque problème après l’autre, plongé pleinement dans la Force vivante, plutôt que de s’économiser en pensant à moyen terme. Pour le restant de son existence, sa main manquante serait là pour lui rappeler son erreur flagrante.</p>
<p>Cette leçon intégrée, il appela toute la puissance de la Force, et une explosion de douleur jaillit dans sa tête. Haletant et en sueur, il cessa aussitôt son effort et sentit la souffrance refluer pas à pas, lentement, pour laisser place à des élancements violents qui lui martelèrent les tempes.<br />
Il perçut qu’une sorte de bandeau lui enserrait le front, telle une improbable couronne. Il était allongé, nu, sur ce qui ressemblait à un lit métallique comme en employaient certains hôpitaux de la galaxie, et quand il tenta de bouger, il s’aperçut que ses membres et son cou étaient entravés, le clouant au lit. Au-dessus de sa tête, un plafond grisâtre orné d’un néon fatigué diffusait une lumière fantomatique.<br />
Il émit un sifflement de frustration, et perdit assez de sa maîtrise pour laisser échapper un gémissement impuissant.</p>
<p>Il entendit le chuintement d’ouverture d’une porte automatisée, et un humanoïde de très grande taille ne tarda pas à le surplomber. Peau verdâtre, longiligne, visage surplombé d’une touffe d’organes sensoriels en mouvement permanent, et qui rappela à Tchoo-Nachril des serpents. Un Ho’Din.<br />
L’être était l’image de la sérénité, et il arborait un sourire discret. Tchoo-Nachril y vit l’expression d’un être en pleine confiance, qui se sait inattaquable et supérieur.<br />
– Que…Qui êtes-vous, et qu’est-ce que vous me voulez ? demanda le Chevalier Jedi d’une voix hésitante, une lueur de peur dans les yeux.<br />
– Restez calme, mon ami. Vous énerver ne vous servira à rien.<br />
– Pourquoi…pourquoi est-ce que je ne peux pas utiliser la Force ? Qu’est-ce que vous m’avez fait ?<br />
Le sourire du Ho’Din s’élargit.<br />
– Remarquable artefact que ce…appelons-le un inhibiteur de Force, pour simplifier. Une invention de génie, assurément, fruit de travaux très poussés. Savez-vous d’où jaillissent les impulsions de midi-chloriens dans un cerveau humanoïde ?<br />
– De nulle part et de partout tout à la fois, répondit Tchoo-Nachril, l’air perplexe.<br />
– Bien sûr que non, s’esclaffa le Ho’Din. En fait, quand un être fait appel à la Force, nos analyses ont montré que les impulsions de midi-chloriens provenaient du cerveau reptilien, du moins chez les mammifères.<br />
– Mensonge ! Nul n’a jamais déterminé avec précision les mécanismes inhérents à la Force !<br />
– Nous, si, se rengorgea l’être originaire de Moltok.<br />
– Vous dites n’importe quoi, ricana Tchoo-Nachril. Je suis sûr que vous avez simplement branché votre truc inhibiteur sur l’activité cérébrale en général. Plus de précision est impossible.<br />
– Croyez ce que vous voulez, rétorqua l’autre, méprisant. Quoi qu’il en soit, les Jedi ne seront bientôt plus qu’un souvenir. Grâce à votre contribution à nos recherches.<br />
– Je ne me soumettrais jamais, je lutterais jusqu’au bout ! s’écria nerveusement Tchoo-Nachril.<br />
– Vous avez déjà lutté, et perdu. Vous n’avez plus aucun espoir de vous en sortir. Bientôt, vous aurez perdu la Force d’une manière <em>définitive</em> !<br />
–Vous êtes un imbécile, fit Tchoo-Nachril d’une voix glaciale, toute trace de fébrilité envolée.<br />
– Que…commença le Ho’Din, décontenancé par le changement soudain de ton du Whiphid.<br />
– Pensez-vous sérieusement qu’un Chevalier Jedi soit si facile à briser ? Croyez-vous vraiment que je suis votre prisonnier ?<br />
– Mais…<br />
– Votre arrogance vous a poussé à me dévoiler vos buts, ce qui était évidemment le but de ma petite comédie. Je suis ravi de voir que ma prestation, bien que fort médiocre, ait eu un tel succès.<br />
Le Ho’Din fit deux pas en arrière, machinalement.<br />
– Je vois que votre propre cerveau reptilien, qui commande l’instinct de survie, fonctionne bien, persifla Tchoo-Nachril. Voyons ce qu’il en est du mien, qui est capable d’agir sur ses midi-chloriens !</p>
<p>Le Chevalier Jedi effleura la Force, et une pointe de douleur surgit. Quand il augmenta son contrôle, son mal de crâne se renforça d’autant. Serrant les dents, il se jeta soudainement dans la Force, tel un nageur dans un océan. Une vague de souffrances le repoussa : il eut l’impression d’être frappé de centaines de coups de poignard, qui laissa son corps pantelant et tremblant. Il fit appel à toute la puissance de sa volonté pour faire exploser la Force en lui, s’engageant ainsi dans une bataille mortelle contre l’appareil qui le maintenait prisonnier.<br />
Jamais, de toute sa vie de Chevalier Jedi, il n’avait autant souffert qu’à cet instant, mais cela ne le fit pas reculer. Il avait dit au Ho’Din qu’il lutterait jusqu’au bout et qu’il ne serait pas brisé, et était pleinement décidé à adapter ses actes à sa déclaration d’intention. Tchoo-Nachril était au cœur d’un réacteur en fusion, son corps n’était plus qu’une coquille brisée, compressée de toutes parts. Il ne fut bientôt plus capable de penser sciemment, et s’accrocha désespérément à la Force, minuscule lumière fuyante dans un néant de noirceur. Son esprit se déconnecta de son physique, ce qui ne l’empêcha pas de percevoir un bruit terrible digne d’un holocauste.</p>
<p>Et il se retrouva dans son corps, presque en état de choc. La douleur avait disparu, le laissant presque vidé de toute force. Il perçut des étincelles, vit de la fumée autour de lui, et parvint à bouger la tête. L’appareil qui lui emprisonnait le crâne avait été brisé.<br />
Il s’assit laborieusement, le souffle court. Ses yeux larmoyants tombèrent sur le Ho’Din qui, en proie à la panique, avait gagné la porte de la pièce et tentait d’y rentrer un code d’une main tremblante.<br />
Un geste de Tchoo-Nachril et le Ho’Din fut projeté contre la porte. Son geôlier tomba au sol avec un cri de surprise, sonné.<br />
Tchoo-Nachril aurait dû être au bord de la mort. Peut-être l’était-il, d’ailleurs. Et pourtant…peut-être était-ce dû au fait de s’être connecté à la Force avec une intensité qu’il n’avait atteinte jusque-là, mais il la sentit plus réceptive que jamais à son contrôle. Il s’en drapa avec une facilité déconcertante et son corps fut comme neuf, en meilleur état qu’au summum habituel de sa force.</p>
<p>Le Ho’Din parvint à se relever, et activa l’intercom.<br />
– Alerte ! Le prisonnier tente de s’échapper ! fut tout ce qu’il parvint à dire avant de s’écrouler à nouveau.<br />
Tandis que des alarmes se mettaient à retentir derrière la cloison, Tchoo-Nachril marcha sur la porte et empoigna le Ho’Din terrorisé comme s’il ne pesait rien.<br />
– Le code ? demanda-t-il.<br />
– Je…je ne peux pas vous le dire. <em>Il</em> me tuera si je vous le donne !<br />
Le Jedi le toisa, avant de le lâcher, car il sentit qu’étonnamment, même si Tchoo-Nachril lui inspirait une peur bleue, le Ho’Din ne dévoilerait rien. Qu’à cela ne tienne. La Force n’avait jamais été aussi puissante en Tchoo-Nachril. Il se concentra sur le boîtier de commande et les touches qui le composaient. Il visualisa l’objet, et en projeta une version 3D dans son esprit. Explorant le dessous des touches de cette image virtuelle, il s’en rapprocha pour voir lesquelles étaient le plus usées, signe qu’elles étaient les plus utilisées. Il en identifia six, et s’attela aussitôt à entrer les deux cent dix combinaisons possibles, à une telle vitesse que le Ho’Din ne vit qu’une tache floue à la place de la main de Tchoo-Nachril. Trente secondes suffirent pour que la porte s’ouvre dans un chuintement.
Le Whiphid releva le Ho’Din et l’attrapa par le bras.<br />
– Vous venez avec moi. Le Conseil Jedi aura bien des questions à vous poser.<br />
– Mais…vous êtes complètement fou ! Vous n’espérez pas sortir vivant d’ici, tout de même ?<br />
Le sourire carnassier qui apparut sur le visage de Tchoo-Nachril donna sa réponse au Ho’Din.<br />
– Où est mon sabrolaser ?<br />
– Je ne vous dirais rien !<br />
Mais tout en prononçant ces paroles, une image apparut dans l’esprit de l’ex-geôlier, et dans l’état d’hyperréceptivité dans lequel il se trouvait, Tchoo-Nachril n’eut aucun mal à la capter. Son sabrolaser tournait lentement, prisonnier d’un champ de force portatif, dans une pièce encombrée qui ressemblait à une salle de trophées, ou à un musée. Le Ho’Din ne contrôlait pas ses pensées, et Tchoo-Nachril en extirpa deux nouvelles informations. La localisation de la pièce en question (niveau 7, salle B-11), qui lui fit se rendre compte qu’il était à bord d’un navire de taille respectable, et surtout une nouvelle image : celle d’un humain de haute taille engoncé dans une bure, au visage buriné par les ans et encadré par de longs cheveux blonds dont les pointes étaient tressées, tout comme sa barbe. Le visage de l’homme qui terrorisait le Ho’Din, encore plus que Tchoo-Nachril.<br />
– Merci, lâcha laconiquement ce dernier, avant de tenter de s’orienter.<br />
Tout allait se jouer dans les prochaines minutes. Le Chevalier Jedi n’était pas un féru de l’utilisation du sabrolaser, car il adhérait pleinement au principe qui disait que ce n’était pas le sabrolaser qui faisait le Jedi, mais la Force. Ceci dit, il n’était pas obtus pour autant, et dans la situation présente, avoir son sabrolaser lui faciliterait énormément la tâche.<br />
Ne pas traîner dans ce couloir. L’ennemi était en route. Si le Ho’Din ne lui serait d’aucun secours, Tchoo-Nachril sentit qu’il suivrait tout de même sans se rebiffer, trop inquiet pour sa sécurité pour se rebeller. Le Whiphid lâcha brièvement son prisonnier, avant de le plaquer contre un mur avec son moignon.</p>
<p>Il fit courir sa main sur le mur, à la recherche de…là, il avait trouvé ! Les impulsions électriques qui partaient du boîtier de commande de la porte se déplaçaient de relais en relais, et le mèneraient au plus proche terminal informatique. Il se mit en marche, bras dessus bras dessous avec le Ho’Din. Ses sens aiguisés entendirent, en marge des alarmes tonitruantes qui continuaient de retentir allègrement, des bruits de pas métalliques qui se rapprochaient. Ils enfilèrent un couloir sur la gauche, puis un autre, avant que Tchoo-Nachril ne s’arrête devant une porte.<br />
Blindée. Probablement anti-explosion, et dont le boîtier était désactivé. Le niveau de sécurité de cette pièce, d’où les impulsions électriques étaient les plus importantes du secteur, selon la Force, était à l’évidence plus élevé que dans l’ancienne cellule de Tchoo-Nachril. Voilà qui supposait une chose intéressante, à savoir que le lieu de son emprisonnement avait été improvisé. Peut-être que la machine infernale à laquelle il avait été soumise n’était qu’expérimentale, ou avait été installée à la hâte.<br />
Sans trop y croire, Tchoo-Nachril tenta d’ouvrir la porte à l’aide de la télékinésie. Comme il l’avait pressenti, elle ne bougea pas d’un pouce. Le système hydraulique qui la commandait était trop puissant pour ses pouvoirs.<br />
Main sur le mur, il chercha une faille dans les circuits qui couraient en dessous, mais s’aperçut vite que la commande d’ouverture ne pouvait se faire que d’un terminal…comme celui qu’il percevait derrière la porte, justement. Frustrant. C’est alors qu’il détecta une onde particulière émettant sur un spectre ténu, à tel point qu’il n’avait fait qu’effleurer son existence jusque-là, sans plus la remarquer. Elle provenait de la pièce hermétique, mais aussi du Ho’Din.<br />
Bien sûr ! Il se tourna vers son prisonnier, et sourit de toutes ses dents quand il l’obligea à faire face à la porte. L’autre obtempéra sans un mot, avant de déglutir nerveusement quand Tchoo-Nachril s’empara de son avant-bras, dans lequel avait été implantée une puce de commandement, utilisable dans les cas d’extrême urgence. Reliée au système nerveux de son porteur, celui-ci pouvait la déclencher pour agir sur certains systèmes du vaisseau, et la captation des ondes alentours indiqua à Tchoo-Nachril qu’en l’occurrence, le Ho’Din était capable d’ouvrir la porte.<br />
Il implanta de l’inquiétude, un malaise latent, puis de la peur dans l’esprit de son prisonnier, avant d’enchaîner par une légère pointe de douleur, issue de sa récente expérience en la matière, et lui dit :<br />
– Soit tu ouvres cette porte, soit je fais de toi un légume, après t’avoir annihilé l’esprit.<br />
– Vous bluffez, les Jedi ne font pas ce genre de choses, s’étrangla le Ho’Din.<br />
– Avertir le Conseil Jedi de ce qui se trame ici en plus important que tout, et je suis prêt à tout pour remplir cette mission, rétorqua Tchoo-Nachril en priant pour son bluff fonctionne.<br />
Il sentit l’indécision qui déchirait son interlocuteur, et découvrit avec surprise que ce dernier avait déjà subi des sévices mentaux par le biais de la Force. Un ou des Jedi Noirs étaient liés à cette affaire, nul doute là-dessus. Les ennemis de Tel’Ay Mi-Nag, peut-être ? Mais avant qu’il ne puisse réfléchir plus avant à ces implications, le Ho’Din répondit d’une voix chevrotante :<br />
– Pitié, je ne veux pas revivre ça. Je vais ouvrir.</p>
<p>Dès qu’ils furent entrés et que la porte se fut refermée derrière eux, Tchoo-Nachril endormit le Ho’Din après lui avoir imposé la main sur le front, et il se jeta sur le terminal principal de la pièce. Il navigua de manière intuitive, handicapé par sa main manquante, mais ne fut pas long à trouver un plan du vaisseau. Il repéra leur position, celle du hangar des navires, dans lequel, s’il en croyait les données sous ses yeux, il trouverait un transporteur susceptible de leur faire quitter les lieux. Comme de juste, son sabrolaser ne se trouvait évidemment pas sur le chemin. Il mémorisa les plans de la moitié du navire avant de réveiller le Ho’Din. Les choses avaient été relativement faciles jusque-là, mais cela n’allait pas durer.<br />
Pour les déplacements à bord des navires de grande taille, il existe tout un réseau d’ascenseurs. Il arrive néanmoins qu’ils soient en panne, ou désactivés. Pour éviter que dans le premier cas, nul ne puisse se déplacer, des couloirs de maintenance, étroits, sillonnent les vaisseaux capitaux. C’est tout naturellement vers le plus proche que Tchoo-Nachril entreprit de se diriger.<br />
Dès qu’il eut ouvert le panneau derrière lequel il savait trouver le couloir, il jeta un coup d’œil dedans. Eclairé tous les dix mètres par un néon blafard, le conduit était carré et ne faisait pas plus d’un mètre de côté. Il poussa le Ho’Din en avant, en ignorant ses faibles protestations.<br />
Tout en cheminant laborieusement, presque cassés en deux comme ils l’étaient, Tchoo-Nachril se demanda combien de temps il allait pouvoir tenir sur ce rythme. La Force brûlait en lui telle une torche, mais il ignorait tout des mécanismes qui alimentaient ce processus. C’était comme si une porte s’était ouverte dans son esprit, le connectant à…à quoi, au juste ? Il n’en avait aucune idée, mais sentait que cette aubaine ne durerait pas. D’une manière ou d’une autre, le feu s’éteindrait, la porte se refermerait. Quel que soit ce phénomène, il avait forcément ses limites, et le Jedi pria la Force pour qu’il dure suffisamment longtemps.<br />
Vingt minutes leur suffirent pour se retrouver non loin de la salle où était exposé le sabrolaser de Tchoo-Nachril. Le Whiphid percevant clairement la présence d’une patrouille de droïdes derrière le panneau, grâce aux émissions électriques qu’elle émettait, il fit reculer de cinq mètres le Ho’Din, passa devant lui, et se jeta sur le panneau qui ouvrait sur le couloir, tout en projetant un coup de boutoir de Force devant lui. Le panneau céda aisément, et le Jedi effectua un roulé-boulé dans le couloir, au terme duquel il se releva face à ses adversaires. Une poussée de Force ravageuse les envoya s’écraser au sol et contre les murs, démantibulés avant même d’avoir eu le temps de tirer.<br />
Tchoo-Nachril enregistra leur image dans un coin de son esprit, sans s’y arrêter plus avant. Il se consacrerait à leur étude plus tard. Il ordonna au Ho’Din de le rejoindre, ce qu’il fit après une brève hésitation. Un simple regard à son prisonnier suffit pour que celui-ci comprenne qu’il devait ouvrir la porte, ce qu’il fit en tremblant.<br />
La pièce des collections était la jumelle de celle où Tchoo-Nachril avait eu accès au terminal informatique. Dix secondes plus tard, le Jedi avait désactivé le champ de force qui retenait son sabrolaser, et il éprouva de la satisfaction à sentir son arme, si familière, dans le creux de sa main. Ils ressortirent aussitôt. L’étape numéro un de son plan était achevée, et ils devaient désormais quitter les lieux.</p>
<p>Tchoo-Nachril, même avec son sabrolaser, éprouvait toujours le besoin de s’entourer d’autant de précautions que jusque-là. Il ne disposait plus que d’une main pour se battre, et devrait adapter son style en conséquence, alors qu’il n’y était pas habitué. De plus, se déplacer au grand jour dans le vaisseau faciliterait leur interception, et leur parcours renseignerait trop vite l’ennemi sur les intentions de Tchoo-Nachril. S’il n’avait pas déjà compris, ce qui était fort probable.<br />
Le Jedi eut une mauvaise surprise en voulant regagner le conduit de maintenance. Une cloison anti-explosion l’obturait désormais. Il la fixa quelques secondes, perplexe. La détruire, ainsi que toutes celles qui suivraient, déclencherait probablement des alarmes indiquant des anomalies au centre technique du vaisseau, et leur piste serait dès lors aisément traçable. Tchoo-Nachril avait perdu l’avantage de la surprise. Puisque quel que soit le chemin qu’il choisisse d’emprunter, il serait repéré, il décida de rester dans les couloirs principaux, où il aurait plus de champ pour se défendre. Il donna le signal du départ au Ho’Din effrayé.</p>
<p>Le Jedi, aux aguets, mit ses pouvoirs à contribution pour éviter de tomber nez à nez avec des patrouilles ennemies, quitte à effectuer quelques détours. Dès qu’il estimait que changer de route les éloignerait trop de leur objectif, il se jetait sur ses adversaires. Par deux fois, ils tombèrent sur un groupe de droïdes. Tchoo-Nachril eut peu de tirs de blasters à repousser, juste le temps de lancer une poussée de Force, qui fut à chaque fois suffisant pour se débarrasser des soldats artificiels.<br />
Le troisième et dernier écueil avant d’arriver au hangar ne fut pas aussi facile à franchir. Cinq Niktos et Zabraks, armés et retranchés derrière un canon-laser portatif. Tchoo-Nachril s’arrêta juste avant de franchir le coude du couloir qui le mettrait dans leur ligne de mire. Dévier un tir de blaster était une chose, mais celui d’un canon-laser en était une toute autre. La puissance de l’impact ne pouvait être contrée au sabrolaser que si on tenait la garde de celui-ci des deux mains, et qu’on prenait la précaution de renforcer la puissance de ses bras avec la Force. Tactique impossible à mettre en place pour le Whiphid, au vu de son état physique.<br />
Qu’à cela ne tienne. Il projeta ses sens sur le canon-laser et étudia sa structure, ainsi que les circuits qui le composaient. Bien que peu familier avec la technologie ho’din, de laquelle était issue l’arme, il ne tarda pas à identifier le moyen de la désactiver, même s’il ressemblait fort à une technique que n’aurait pas renié un utilisateur du Côté Obscur.<br />
Il allait passer à l’action quand il sentit une détermination nouvelle émerger chez son compagnon. Il fit aussitôt volte-face et lui lança, menaçant :<br />
– Oublie ça tout de suite.<br />
Cela fut suffisant pour dégonfler toute velléité de rébellion chez le Ho’Din. Si le Jedi lisait dans ses pensées, il était bel et bien piégé. D’un autre côté, il commença à se rendre compte que sa meilleure chance de survie, paradoxalement, était l’intraitable Whiphid. Même s’il ne l’avait aidé qu’à son corps défendant, ses employeurs ne s’embarrasseraient pas de ses explications et le feraient sans nul doute passer de vie à trépas dès qu’ils auraient analysé les événements. S’il devait être fait prisonnier par le Conseil Jedi, celui-ci, au moins, épargnerait sa vie.</p>
<p>Tchoo-Nachril se concentra à nouveau sur le canon. Sur toute arme existait un système de sécurité, pour prévenir les accidents. En l’occurrence, il était régi par un bouton qui, une fois enclenché, envoyait une impulsion électrique en direction du tube et provoquait deux choses. L’obturation du tube, et le blocage des commandes. Tchoo-Nachril crut qu’il n’allait pas réussir sa manœuvre subtile, après quelques essais infructueux, mais il parvint finalement à tromper les systèmes de sécurité du canon, en altérant un signal électrique. Le conduit du tube se ferma à sa base, tandis que la gâchette de tir était de son côté toujours opérationnelle.<br />
Les bras le long du corps, sabrolaser allumé au cas où, il s’avança dans le couloir. Ses ennemis le repérèrent aussitôt et le servant du canon déclencha le tir…et l’explosion de l’engin meurtrier.<br />
Le Jedi soupira. Il devrait répondre de la vie de ces cinq hommes. Devant le Conseil, mais également et surtout devant sa propre conscience. Plus tard.</p>
<p>Il fit signe au Ho’Din de le rejoindre et ils se faufilèrent parmi les débris du canon-laser. Juste derrière, la porte du hangar, enfin. Le Ho’Din l’ouvrit, toujours grâce à la puce implantée dans son avant-bras. Le double battant commençait à peine à s’effacer qu’une lame pourpre en surgit et transperça de part en part le crâne du Ho’Din. Tchoo-Nachril sentit son pelage se hérisser. Il n’avait rien perçu, aucun signe avant-coureur ni avertissement de la Force ! Il franchit l’ouverture, sabrolaser activé à la main. Face à lui, une silhouette noire, encapuchonnée, sabrolaser rouge sang tenu à deux mains, comme sortie d’une légende Jedi . Ou plutôt Sith.</p>
<p><br />***</p>
<p>Le Maître Jedi Berio Mateseeres était pour le moins contrarié. La situation n’avait rien de simple. Détaché auprès du Corps Agricole, il avait reçu l’ordre du Conseil Jedi de mettre son navire, le Metak Tenak, à disposition de Ver’Liu So-Ren et des siens, afin de les convoyer jusqu’à Velinia III. Le Conseil l’avait essentiellement mis en garde contre le chef de la sécurité de So-Ren, qui revendiquait son héritage Sith. Pour des raisons politiques, l’existence de ce Sith était tolérée, mais Mateseeres avait conscience de l’explosivité potentielle de la situation.<br />
Ses ordres étant d’éviter tout contact avec l’adepte du Côté Obscur, il avait donné des instructions en ce sens à ses aides, et ce Tel’Ay Mi-Nag semblait avoir adopté la même attitude de son côté. Mateseeres espérait donc que l’équilibre fragile qui régnait à bord perdurerait jusqu’à l’arrivée sur Velinia III. Ce vœu pieux ne fut plus qu’un souvenir quand la sonnette de ses quartiers retentit. Il alla déverrouiller la porte, et sa sérénité de Jedi fit place à un torrent d’émotions violentes quand il vit l’être qui se tenait devant lui. Le Sith skelorien, Tel’Ay Mi-Nag.<br />
Celui-ci, l’air grave, s’inclina profondément, tout en prenant le soin de présenter ses paumes en avant, comme en signe de paix, et dit :<br />
– Veuillez m’excuser de vous déranger, Maître Mateseeres. Je suis confronté à un événement qui, à mon grand regret, m’oblige à prendre contact avec vous, contrairement à la ligne de conduite que je m’étais fixé en embarquant sur ce navire.<br />
– Je vous écoute, répondit Mateseeres d’une voix ferme, dès que l’entraînement de toute une vie lui eut rendu presque instantanément sa sérénité Jedi.<br />
– J’ai conscience que mon existence n’est tolérée que parce que je suis sous la protection de Ver’Liu So-Ren, et qu’au moindre acte de traîtrise ou d’agressivité, je serai traqué et exterminé, quoi que puisse dire ou faire mon roi. Or je me trouve dans une situation délicate, que je souhaite clarifier de suite avec vous.<br />
– Laquelle ?<br />
– L’un de vos anciens Padawan est venu à moi et nous avons eu une conversation ensemble. Je tiens à vous assurer que cette rencontre n’a pas eu lieu de mon propre fait, afin de ne pas être en porte-à-faux vis-à-vis de vous. Quelle attitude souhaitez-vous que j’adopte si une telle situation venait à se renouveler ?<br />
– La réponse me semble évidente, répondit Mateseeres en fronçant les sourcils. Je vous interdis formellement d’adresser la parole aux miens, et le coupable va recevoir des instructions fermes de ma part. Qui est-ce ?<br />
– J’ignore son nom. c’est un jeune humain, qui doit avoir quinze ou seize ans standard. Blond et ancien Padawan, à ce qu’il m’a dit.<br />
– Marton Karr, laissa échapper Mateseeres. Je lui parlerais, et cet incident ne se reproduira pas. Je vous remercie de m’avoir averti de ce qui se passait.<br />
– Je ne suis pas assez fou pour défier des Jedi, répondit Tel’Ay en haussant les épaules.<br />
Il s’inclina une nouvelle fois et prit congé. Mateseeres ne vit pas le sourire en coin que le Skelor se permit tandis qu’il s’éloignait des quartiers du Maître Jedi.</p>
<p>Marton Karr subit les remontrances de Berio Mateseeres, et sembla contrit sur le coup, quand le Maître lui eut fait comprendre qu’il aurait pu compromettre gravement la sécurité de tous à bord. Si les excuses qu’il proféra semblèrent satisfaire Mateseeres, elles parurent creuses à ses propres oreilles.<br />
Les braises du conflit existaient en Karr avant sa rencontre avec Tel’Ay, et ce dernier avait suffisamment soufflé dessus pour que les flammes de la frustration et de la discorde jaillissent chez le jeune humain.<br />
Celui-ci se réfugia dans un mutisme boudeur pendant les deux jours suivants, ressassant sans cesse de sombres pensées. L’idéal des Jedi, qu’il avait soutenu toute son existence, s’éloignait de lui à grands pas, sans qu’il parvienne vraiment à comprendre pourquoi.<br />
La seule conclusion, qui revenait de plus en plus souvent au terme de ses réflexions tumultueuses, était que les Jedi ne lui permettraient jamais de réaliser son potentiel de Force. Pire, ils lui avaient menti, en lui présentant les Sith comme étant tous des monstres assoiffés de sang. Or, il avait l’intime conviction que Tel’Ay Mi-Nag n’était pas de ceux-là, qu’il était différent. Si Marton Karr avait cru, depuis son éviction de la voie des Jedi, qu’il pourrait se contraindre à ne plus utiliser la Force pour le reste de sa vie, il se rendait désormais compte que celle-ci, qui faisait partie intégrante de son être, lui manquait terriblement. Il la sentait en lui, le tourmentant chaque seconde un peu plus, désireuse de sortir, de jaillir, de briller.</p>
<p>Quand il n’y tint plus, il se faufila subrepticement hors de ses quartiers, lors du cycle nocturne du navire, désireux de voir Tel’Ay Mi-Nag. Il en voulait au Sith de l’avoir vendu auprès de Mateseeres, et les sentiments qui bouillonnaient en lui exigeaient une explication. Sa frustration avait trop grandi, il lui fallait la déverser.<br />
Il enfila les coursives désertes et se présenta à un corps de garde tenu par deux Skelors, avant de demander à voir Tel’Ay Mi-Nag. L’un d’eux, après lui avoir lancé un long regard méfiant, partit à la recherche de son supérieur et moins de cinq minutes plus tard, il revint, le Seigneur Sith à ses côtés.<br />
Tel’Ay avait une lueur triste dans les yeux. Il demanda à ses hommes de garder pour eux la visite de Marton karr, et il l’entraîna dans une petite pièce vide.<br />
– Tu prends de grands risques en venant ici, Marton Karr, dit-il d’une voix douce.<br />
– Je me sens trahi, cracha l’ancien Padawan. Pourquoi avez-vous été dire à Maître Mateseeres que nous nous étions vu ? Nous n’avons rien fait de répréhensible, nous avons juste eu une conversation. Et pourtant, vous n’avez rien eu de mieux à faire que de courir voir mon maître pour me dénoncer, comme si j’avais commis un crime !<br />
– Tu es aveuglé par tes émotions, mon garçon. Reprends ton contrôle. Un utilisateur de la Force doit réfléchir au-delà des apparences, au-delà du court terme. Ne te rends-tu donc pas compte que ton acte a failli déclencher une guerre à bord du <em>Metak Tenak</em> ?<br />
– Vous vous moquez de moi ?<br />
– Pas le moins du monde, mon garçon. Les pratiques Sith sont interdites sur le territoire de la République, ce qui aurait déjà dû conduire à mon extermination. L’an dernier, j’ai affronté un Jedi du nom de Yoda. Il m’a vaincu avec une facilité déconcertante, mais m’a pourtant laissé la vie sauve, pour une raison que j’ignore. Aujourd’hui, je bénéficie de la protection temporaire de Ver’Liu So-Ren, et ma présence peut aider à stabiliser un peu la confusion ambiante. Par contre, il n’y a aucun doute à mes yeux que dès que la crise sera résolue, les Jedi s’empresseront de me mettre hors d’état de nuire, c’est-à-dire de me tuer, car pour eux, quoi que je fasse et quoi que je dise, je suis un ennemi héréditaire et mortel.<br />
– Quel rapport avec moi ?<br />
– Je suis comme un équilibriste, qui doit faire attention à ne froisser personne, car mon existence même est considérée comme une menace. En venant me voir, tu as failli rompre cet équilibre précaire. Si les Jedi à bord avaient décidé que j’avais essayé de te corrompre, comme ils disent, ils auraient pris les armes contre moi sans hésiter, et je sais que mon roi ne l’aurait pas toléré. S’en serait suivie une guerre, Skelors contre Jedi, qui se serait sans nul doute poursuivie sur Velinia III, entraînant mon ami Seperno, responsable de la colonie républicaine sur cette planète, dans ce conflit où tout le monde aurait quelque chose à perdre, et rien à gagner. Diplomatiquement, j’étais obligé de rendre compte de notre conversation à ton Maître. Tu comprends cela ?<br />
Marton Karr réfléchit longtemps, et se rendit effectivement compte de l’extrême imprudence dont il avait fait montre. Et dont il faisait encore étalage en ce moment même, en ayant provoqué cette nouvelle rencontre. La tête basse, repentant, il dit d’une voix éteinte :<br />
– Je suis désolé. Je n’avais pas envisagé les choses sous cet angle. Je…<br />
Il se tut. Tel’Ay, faussement compatissant, posa la main sur son épaule, avant de lui dire :<br />
– Chacun de nous suit la voie qu’il s’est tracé. Je n’irais pas contre ma nature, de cela je suis certain. De même que toi, élevé en Jedi, qui continuera pour le restant de tes jours à servir l’Ordre, puisque tu crois en ses idéaux.<br />
A ses mots, Marton Karr, les yeux brillants d’une lueur farouche, releva la tête et rétorqua :<br />
– Je ne crois plus en leurs idéaux. La Force est en moi, j’ai toujours vécu en elle et à travers elle, et je veux pouvoir m’en servir à nouveau ! Sans elle, je suis handicapé, brimé !<br />
Tel’Ay fit mine de réfléchir un long moment.<br />
– Comment comptes-tu faire pour user de la Force ?<br />
– Je…en aucun cas auprès des Jedi, de cela je suis sûr. Ils ne le permettraient pas.<br />
Quand il leva des yeux suppliants vers Tel’Ay, celui-ci sut que le fruit était prêt à être cueilli. Le Skelor sembla hésiter longtemps, puis acquiesça de la tête en soupirant.<br />
– Je vais t’aider, mon jeune ami. Malgré les difficultés que cela risque d’engendrer, j’estime que tu mérites qu’on te laisse ta chance.<br />
Tel’Ay s’empressa de réfréner la joie qui inonda alors Marton Karr.<br />
– Ecoute, nous ne devons plus nous revoir. Voici mon comlink, réglé sur ma fréquence personnelle. Je te contacterai dès que j’aurais mis au point les détails de ton débarquement sur Velinia III. En attendant, nous ne nous connaissons plus. Cache au plus profond de toi ce que tu ressens, et ne commets pas d’imprudence.<br />
Mélange de soulagement et de fierté, Marton Karr s’empressa d’acquiescer et s’empara du comlink. Tel’Ay le renvoya, prétextant que plus ils s’attarderaient, plus ils auraient de chances d’être découverts.</p>
<p>Un sourire satisfait illumina ses traits quand il fut seul. Maître Maal Kuun avait désormais un élève.</p>
<p><br />***</p>
<p>La tranquillité à bord du <em>Metak Tenak</em> dura une semaine, avant de prendre fin la veille de l’arrivée sur Velinia III. Ce soir-là, Ver’Liu s’octroya un repos bien mérité, lui qui passait seize heures par jour à organiser l’accueil des Skelors avec Seperno, via communication hyperspatiale. Régler des centaines de détails s’avérait très fastidieux, et tant qu’à se relâcher, il invita Sionarel à partager son dîner. Ils passèrent un excellent moment dans le calme, dans une ambiance feutrée, sans avoir conscience que le terme le plus judicieux qui s’appliquait à ce genre de soirée était « romantique ».<br />
Un peu de vin alderaanien avait accompagné leur repas délicat, et Ver’Liu tombait un peu plus amoureux à chaque seconde qui passait. Il en arriva à un point où il envisageait de déclarer sa flamme à Sionarel, dans les yeux de laquelle il croyait lire de l’attente.<br />
Après qu’il leur eut servi du thé <em>orsunc</em>, il y eut un silence gêné, moment d’éternité pendant lequel tout paraît possible. Instant où une décision, un acte, peuvent changer des avenirs. La question qui tiraillait Ver’Liu était : <em>dois-je l’embrasser</em> ? Le problème était qu’il ignorait la réponse. Pour se donner une contenance, il porta son verre de thé à sa bouche et avala une gorgée du breuvage traditionnel skelorien. Il fit la grimace et reposa brusquement le verre. La pièce se mit à tourner, de plus en plus vite. Il vit Sionarel, qui se mouvait au ralenti, avancer lentement vers lui, une expression de peur sur le visage, tout en prononçant des mots qu’il n’entendait pas. Il aurait voulu la rassurer, lui dire qu’il n’avait jamais été aussi heureux que ce soir-là, car elle était à ses côtés. Lui dire qu’il l’aimait, et que nulle n’était aussi belle qu’elle. Lui dire qu’il avait sommeil, qu’il sentait qu’il s’y enfonçait doucement, et qu’il ne craignait plus rien, puisqu’elle était là. Il ne put prononcer aucune de ces belles paroles.</p>
<p>Tel’Ay et Marton venaient de se retrouver pour faire un dernier point sur l’arrivée sur Velinia III. Le Sith avait tout organisé. Une de ses équipes de sécurité prendraient en charge Marton, et lui feraient quitter le navire par la soute à bagages, au cas où les Jedi montrent le bout de leurs appendices nasaux lors du débarquement des Skelors. Il n’eut pas le temps de rentrer dans les détails qu’un cri déchira les entrailles du vaisseau.<br />
Tel’Ay déploya ses sens, et sentit Marton faire de même, maladroitement. Le Skelor sentit la panique de Sionarel, et s’y accrocha comme à une balise, tandis qu’il courait à travers les couloirs pour la rejoindre. Son sang se glaça dans ses veines quand il vit que la Force le menait aux appartements de Ver’Liu.<br />
Les gardes étaient déjà entrés et entouraient leur roi, qui gisait inerte, bave aux lèvres, dans les bras de Sionarel. Tel’Ay s’ouvrit un passage et se pencha sur Ver’Liu. Il ne respirait plus.<br />
– Faites venir un docteur ! cria Tel’Ay, avant de se tourner vers Sionarel.<br />
« Que s’est-il passé ? » fit-il en la secouant, tandis qu’elle pleurait toutes les larmes de son corps.<br />
Elle parvint à balbutier le mot « thé », et Tel’Ay se jeta sur le breuvage. Il fit passer une gorgée dans sa bouche, et ses sens de Sith détectèrent immédiatement le poison. La formation de tout Sith passait notamment par l’apprentissage de tous les poisons, aussi Tel’Ay l’identifia sur-le-champ. Du vinauriais, connu pour déclencher des réactions chimiques empêchant l’oxygène d’atteindre le cœur.<br />
Il s’agenouilla à nouveau aux côtés de Ver’Liu, et posa sa main sur le torse glacial de l’adolescent. Il regretta de ne pas avoir le Gant de Vèntorqis avec lui et se mit à l’œuvre. Voyageant dans l’infiniment petit, comme il l’avait fait pour guérir Anaria, il repéra l’agglomérat de molécules de vinauriais, qui obstruait les artères coronaires du myocarde de Ver’Liu. Il tenta de détruire ces cellules infectieuses en les faisant exploser, mais prit conscience de la vanité de ses efforts, qui lui prendraient des heures. Heures que Ver’Liu n’avait pas à vivre. Il tenta une mesure désespérée, dont il n’était même pas certain qu’elle fut possible. Il <em>repoussa</em> le groupe de vinauriais un peu plus avant dans l’artère, et provoqua une explosion de Force légèrement plus importante. Le dosage fut bon, mais les cellules restantes se regroupèrent à nouveau et repartirent vers leur but. Il réitéra sa manœuvre délicate à trois reprises, avant de s’estimer satisfait. Les cellules de vinauriais n’étaient plus assez nombreuses pour causer de dommages irréparables.<br />
Un docteur arriva sur ces entrefaites et entreprit un massage cardiaque. Bientôt, le cœur de Ver’Liu se remit à battre.<br />
Légèrement tremblant, Tel’Ay se remit debout. Il ne fit pas attention au regard éperdu d’admiration que lui lança Marton. Il avait un problème majeur sur les bras. Il y avait un assassin, sans doute skelorien, à bord de ce navire.</p>
<p><br />***</p>
<p>Combien de temps la Force allait-elle continuer à affluer en Tchoo-Nachril, telle était la question qu’il se posait tandis qu’il faisait face à son adversaire, qui se contentait de le jauger en silence. Ses yeux brillaient d’un éclat d’or, sous l’obscurité de sa capuche. Une barbe blonde, tressée, descendait jusqu’à sa poitrine. L’homme correspondait parfaitement à l’image mentale que le Jedi avait capté dans l’esprit du Ho’Din défunt. Tel était donc l’ennemi ? Intéressant. Il engagea la conversation, espérant glaner des informations supplémentaires à rapporter au Conseil Jedi.<br />
– As-tu un nom, Jedi dévoyé ?<br />
– Je ne suis pas un <em>Jedi dévoyé</em>, comme tu dis, répondit le Jaabimien d’une voix rauque. Je suis un Sith, et je m’appelle Dark Glaro.<br />
<em>Sith</em> ? <em>Dark</em> ? Voilà qui ne plaisait pas du tout, mais alors pas du tout à Tchoo-Nachril. Après Tel’Ay Mi-Nag, voilà qu’il rencontrait un autre être héritier des ennemis séculaires des Jedi. Mais à la différence du Skelor, qui ne semblait pas décidé à se laisser entièrement absorber et diriger par le Côté Obscur de la Force, l’humain se paraît du titre de <em>Dark</em>, qui avait été porté par les plus farouches ennemis de la République en d’autres temps.<br />
– Et n’espère pas rapporter ces informations à quiconque, Jedi. Ta fuite s’achève ici.<br />
L’interpellé ne répondit rien, et se contenta de se mettre en garde. Chaque adversaire se connecta à la Force. Tchoo-Nachril décida de sa tactique : renforcer son bras grâce à la Force, et utiliser la forme III du combat au sabrolaser, le Soresu, technique principalement défensive, du moins tant qu’il n’en saurait pas plus sur les capacités de son ennemi. Il se mit en position et attendit sereinement que Dark Glaro passe à l’attaque.</p>
<p>De son côté, Dark Glaro rayonnait. Il était enfin mis à l’épreuve ! Dark Omberius, son Maître, estimait qu’ils étaient prêts à affronter la République, et il lui revenait le privilège d’être le premier à porter un coup direct à l’ennemi tant haï. L’heure de la vengeance avait sonné, et à titre personnel, Dark Glaro était d’autant plus ravi qu’il allait enfin pouvoir évacuer toute la frustration emmagasinée ces dernier temps. Et ce combat ne pourrait que lui servir, à titre personnel. L’expérience qu’il en tirerait ne pourrait que lui être bénéfique, dans le but qu’il caressait depuis qu’il était en âge de penser : prendre la place de son Maître.</p>
<p>Il passa à l’attaque sans plus attendre, en assenant plusieurs coups puissants, de taille, rien que pour juger de la valeur de son adversaire. Il se méfiait du Whiphid : après tout ce qu’il avait encaissé, celui-ci ne semblait même pas affaibli, et la perte de sa main n’avait pas l’air de l’handicaper. la Force était très puissante en lui.<br />
Tchoo-Nachril, imperturbable, ne céda pas un pouce de terrain. Intérieurement, il commença déjà à s’inquiéter. Même s’il mettait le plus grand soin à le cacher, il ne parvenait à contenir les assauts du Sith qu’avec difficulté. Si l’un et l’autre ne changeaient pas de tactique, Glaro finirait par l’emporter. Malheureusement pour le Jedi, Glaro continua à se battre de la même manière, se faisant plus pressant à chaque seconde. Tchoo-Nachril rompit l’engagement en exécutant un saut périlleux arrière, et décida de répondre à la violence par la violence. <em>L’Ataro devrait être plus efficace</em>, pensa-t-il, <em>d’autant que le vaste hangar s’y prête</em>.</p>
<p>Il se jeta sur Dark Glaro, bien décidé à ce que ce combat soit le plus bref possible. Il chercha à le déborder, à le faire douter, en exploitant toutes les failles qu’il croyait percevoir dans la défense de son ennemi. Quand il n’en décelait pas, il frappait tout de même comme un sourd, en espérant transpercer la défense du Sith. Rien n’y fit. Au contraire, le visage de Dark Glaro s’illuminait de plus en plus. Il s’amusait comme un fou. Il avait la totale maîtrise du combat. Il avait compris, dès que Tchoo-Nachril avait abandonné la technique du Soresu, que celle-ci n’était pas efficace face à lui. L’Ataro ne pouvait pas le vaincre, car les techniques se basant sur l’attaque étaient la spécialité des Sith.<br />
Tchoo-Nachril s’entêtait pourtant. Bien qu’ayant conscience de la précarité de sa position, car il ne voyait nul moyen évident de vaincre Dark Glaro, il s’obstinait. S’il parvenait à prolonger le statu quo entre eux, la différence se jouerait à l’endurance. Et il était particulièrement bien pourvu de ce côté-là.<br />
Il lui fallu quinze minutes de combat acharné, quasiment sans temps mort, pour percevoir que Dark Glaro jubilait et ne faisait que jouer avec lui. Même au jeu de la résistance, Tchoo-Nachril, qui commençait sérieusement à fatiguer, ne faisait pas le poids. Le Jedi, bien conscient de se rapprocher à grands pas de ses limites, décida d’abandonner toutes les techniques qu’on lui avait inculqué, pour se concentrer sur ce qui faisait réellement sa force : l’improvisation.<br />
Lors de l’assaut furieux suivant, et alors que le sabrolaser de Dark Glaro fonçait à la rencontre du sien, il se laissa tomber à terre et faucha les pieds du Sith, déséquilibré par son attaque avortée. Glaro parvint à lever une jambe juste à temps, mais son pied d’appui fut sectionné sur le coup, entraînant sa chute.<br />
Quand Tchoo-Nachril, toujours à terre, voulut porter un nouveau coup à Glaro, celui-ci parvint à intercepter la lame verte du Jedi. Son sourire avait disparu au profit d’une grimace de douleur, et son front dégoulinait de sueur, ce qui donna du baume au cœur de Tchoo-Nachril.<br />
Chacun voulut lancer une poussée de Force sur l’autre, simultanément, et tous deux furent balayés par la puissance du choc. Ils roulèrent sur quelques mètres. Tchoo-Nachril bondit sur ses pieds et marcha résolument sur Glaro, qui se contenta de se mettre à genoux, irradiant de haine. Alors que le Jedi allait frapper, il eut la surprise de voir le Sith lâcher son sabrolaser et tendre les mains vers lui.<br />
Des éclairs bleu-blanc jaillirent de l’extrémité de ses doigts et percutèrent Tchoo-Nachril de plein fouet. Etourdi et sous le choc, celui-ci en lâcha son sabrolaser, tandis que Glaro, lèvres serrées, continua de bombarder son corps d’arcs électriques.<br />
Tchoo-Nachril se sentit sombrer dans les ténèbres, et tenta de lutter, malgré la douleur. Le fait qu’elle soit moins importante que celle distillée par l’inhibiteur de Force comptait bien peu, tandis qu’il sentait son corps à bout de forces s’abandonner. Il eut un dernier réflexe. Le sabrolaser de Glaro reposait à la droite du Sith, allumé, et Tchoo-Nachril projeta sa télékinésie sur l’arme. Elle transperça le Sith au niveau de l’estomac.<br />
La dernière vision de Tchoo-Nachril, avant de s’écrouler inconscient, fut Dark Glaro en train de cracher des gerbes de sang.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre IXurn:md5:4c939d709c032cccc8fc4b62f87ab7712012-01-20T13:37:00+01:002013-07-08T16:13:35+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Tchoo-Nachril commence son enquête sur Skelor I, tandis que Tel’Ay fait connaissance avec un jeune ex-Padawan Jedi…</p> <h2>Chapitre 9</h2>
<p>Alors qu’il se plaçait sur le bon vecteur hyperspatial, Tchoo-Nachril fit défiler sur son écran les maigres informations que le Conseil Jedi lui avait transmis concernant Skelor I. La plupart d’entre elles dataient d’avant la révolution survenue trente ans plus tôt.<br />
La planète se caractérisait surtout par des marécages, même si de vastes plaines dites centrales parcouraient un continent plus vaste que les autres. On y trouvait également la capitale, Billolougue, construite dans le fond d’une vallée entourée de crêtes, non loin de la côte est. Restait à savoir si le lieu existait encore.<br />
Peu de ressources intéressantes, à l’exception du bois de volin et de quelques espèces animales quelque peu exotiques, du moins aux yeux du Whiphid.</p>
<p>Tchoo-Nachril mit son chasseur au point mort, et se pencha sur les données relatives au système spatial de Skelor. Aucun élément naturel ne semblait exister pour faciliter une approche discrète. Ni champ d’astéroïdes, ni pluies de comètes, ni anneaux planétaires. Le climat n’offrait pas de couverture intéressante, telle que des orages magnétiques ou autre élément perturbant la bonne marche des senseurs.<br />
Son arrivée serait forcément détectée. Si la défense de la planète était drastique, il y laisserait peut-être la vie. Il se fit cette réflexion de manière détachée, car être un Jedi exposait très souvent au danger. Non pas qu’il s’en moquait ou mésestimait le danger, mais il vivait avec cette épée de Damoclès chaque jour. Elle n’était qu’une donnée parmi d’autres dans son existence.<br />
Il décida rapidement de sa ligne de conduite et rentra les coordonnées hyperspatiales dans l’astronavigateur…après avoir pris soin de modifier une décimale. Un pari osé, mais qui pouvait s’avérer payant.</p>
<p><br />***</p>
<p>Le fait que la République abandonne Ver’Liu relança d’autant la question de l’émigration skelorienne. La situation à bord du <em>Carolusia</em> était déjà suffisamment explosive pour que le commandant Veckmar Talorin permette aux Skelors de demeurer là. Malheureusement, lui et Ver’Liu savaient que désormais, la République n’affréterait pas de navire pour permettre l’exode, et encore moins pour protéger l’héritier du trône sur Velinia III.</p>
<p>La solution vint au cours d’un briefing informel que tinrent Ver’Liu, Tel’Ay, Anaria, Seperno, ainsi que les frère et sœur Nal’Kia et Sionarel, ces deux derniers conviés par Ver’Liu. Le jeune dirigeant tenait surtout à la présence de Sionarel. Il était fortement attiré par elle, et pensait lire des promesses d’avenir commun dans ses yeux. Il ne souhaitait néanmoins pas s’engager d’une quelconque manière tant qu’il ne saurait pas ce que l’avenir lui réserverait. Constater que le République l’avait abandonné le confortait dans son attitude. Il était sur la corde raide et pouvait aussi bien chuter que grimper, même si cette dernière option semblait s’éloigner à grand pas.<br />
Il s’adressait à elle d’un ton formaliste, presque guindé, et elle avait adoptée la même attitude. Ni l’un ni l’autre ne l’aurait avoué, mais ils avaient du mal à s’empêcher d’être ensemble. Pour couper court à toute rumeur, Ver’Liu l’avait officiellement nommée conseillère, tout comme son frère Nal’Kia.<br />
Tel’Ay, qui s’intéressait à Sionarel pour son potentiel dans la Force, suivait avec attention et un brin d’amusement les relations entre les trois jeunes Skelors. Pour ses sens de Sith, il crevait les yeux que Ver’Liu et Sionarel s’aimaient. Les sentiments de Nal’Kia n’en étaient pas moins marqués : il était partagé entre la fierté qu’il éprouvait à l’idée que sa sœur puisse un jour devenir la reine des Skelors, et une méfiance instinctive de frère aîné, qui lui ordonnant de ne jamais laisser ces deux-là seuls.</p>
<p>Lors de la réunion, Ver’Liu afficha un calme d’autant plus méritoire que Tel’Ay sentait qu’il bouillonnait intérieurement. Seperno émit l’idée d’affréter des cargos indépendants pour effectuer le transfert de population, avec l’inconvénient que venir à bout de cette tâche prendrait sans doute des mois d’allers-retours incessants, au vu de la taille limitée de ce type de vaisseaux.<br />
Ils venaient de passer deux heures à chercher une solution au problème, en vain. Les échanges animés s’étaient tus depuis quelques minutes déjà, et chacun réfléchissait dans son coin, jusqu’au moment où Anaria émit un grondement de triomphe, s’attirant ainsi l’attention de tous. Elle se mit à parler en shyriiwook avec volubilité, à tel point que Tel’Ay, qui traduisait ses paroles, avait de la peine à la suivre.<br />
– Seperno, si j’ai bien compris la situation sur Velinia III, vous avez signé un contrat avec un consortium industriel ?<br />
– En effet, répondit le Rodien. Avec les Industries Percecœur, un groupe coruscanti, pour être plus précis.<br />
– Ils disposent de croiseurs pour convoyer le bronzium. Demandez-leur de nous en prêter ou de nous en louer un.<br />
– Mais…je ne suis pas sûr qu’ils veuillent se mêler de politique. Ils ne sont là que pour amasser de l’argent, aussi je doute fort qu’ils puissent quoi que ce soit pour nous.<br />
– Avec tous les dons que vous avez reçu, sire, reprit la Wookiee en se tournant vers Ver’Liu, vous devriez avoir les moyens de louer un de leurs croiseurs.<br />
– Cela ne changera rien à un fait essentiel, intervint Tel’Ay. Acheminer les Skelors sur Velinia III est une chose, mais les protéger en est une autre. Ce qu’il faudrait, c’est qu’un navire armé reste en permanence en orbite de la planète, par sécurité. Il faudrait donc acheter un croiseur, l’armer et embaucher un équipage. Cela prendrait des mois.<br />
– Il ne faut pas forcément un croiseur pour se protéger, Tel’Ay, dit Seperno. Des batteries anti-aériennes au sol, voire un canon à ions et/ou un générateur de bouclier, peuvent remplir le même rôle de manière efficace.<br />
– Cette dernière idée me semble la plus raisonnable, répondit Ver’Liu. Je vais demander au commandant Talorin de m’aider à acquérir de telles armes.<br />
– J’ai peut-être ce qu’il nous faut pour transporter les Skelors, reprit pensivement Seperno. Nous pourrions demander au Corps Agricole Jedi.<br />
- Les Jedi dépendent de la République, ils refuseront, répondit Tel’Ay.<br />
– Je suis dirigeant d’un monde appartenant à la République, et le <em>Carolusia</em> du commandant Talorin est un allié de la République. Velinia III a toujours besoin de colons, et si les Skelors restent ici, les troubles iront en s’intensifiant. Nous ferions d’une pierre deux coups. Les Jedi devraient se sentir obligés d’intervenir, au nom du bien commun. De plus, le projet de mettre en place des colonies sur les frontières de la République a été initié par le Corps Agricole, à l’origine.<br />
– Je suis contre, grogna Tel’Ay.<br />
– Mon ami, je sais que vous n’aimez pas les Jedi, rétorqua Ver’Liu, mais cette idée vaut le coup d’être creusée. Suivez-moi, Seperno, nous allons contacter Talorin et lui présenter cette solution.</p>
<p><br />***</p>
<p>Quand une alarme discrète se fit entendre dans le cockpit, Tchoo-Nachril quitta instantanément sa transe Jedi. Il avait programmé l’ordinateur de bord pour le réveiller dix minutes avant le retour en espace normal. A compter de cet instant, il devrait faire preuve d’une concentration sans faille. Tout pouvait mal tourner, à n’importe quel moment.<br />
Sa stratégie était d’atterrir le plus vite possible. Plus il sortirait de l’hyperespace loin de la planète, plus ses éventuels ennemis auraient du temps pour l’intercepter. La trajectoire qu’il avait rentré ne l’amenait donc pas en position orbitale, mais <em>traversait</em> la planète elle-même. Bien sûr, cela n’arriverait pas. L’ordinateur de bord plongerait le chasseur dans l’espace normal, assez brutalement sans doute pour griller le circuit hyperspatial. Et pas assez pour détruire le chasseur lui-même, espérait Tchoo-Nachril, qui avait confiance en la robustesse de son appareil.<br />
Repartir serait un tout autre problème, mais cela n’inquiétait pas le Chevalier Jedi. Tant de choses pouvaient se produire d’ici là…Un problème après l’autre. En attendant, il devait compter sur la Force vivante, afin d’être capable de réagir très vite à tout événement survenant à court terme.</p>
<p>Même s’il s’y était préparé, le basculement hors de l’hyperespace surprit Tchoo-Nachril par sa violence, surtout qu’il fut accompagné par un bang sonore qui mit à mal ses tympans. Des alarmes retentirent à bord et une épaisse fumée envahit le cockpit. Le chasseur désemparé partit en vrille, indifférent aux efforts du Jedi, qui s’arc-bouta en vain sur les commandes inertes.<br />
Un raclement de mauvais augure se fit entendre à l’extérieur, comme si une partie de l’appareil menaçait de se désolidariser. Tchoo-Nachril mit la Force à contribution pour stabiliser son appareil, puis lança le programme de détection d’avaries sur sa console. Comme il l’avait prévu, l’hyperpropulseur avait fondu. Il le coupa car même dans son état, il tentait encore de pomper de l’énergie dans d’autres systèmes, provoquant des anomalies et autres courts-circuits. Le Jedi reprogramma en quelques secondes les paramètres afin de répartir équitablement l’énergie. Il coupa tous les circuits pour réinitialiser ces changements, et les ralluma. Tous les voyants passèrent au vert, à l‘exception des boucliers et du moteur bâbord, dont la puissance oscillait.<br />
Le système de ventilation se mit à ronronner et chassa la fumée. Enfin, les commandes répondirent et la console des senseurs revint à la vie. Tchoo-Nachril reprenait la main. Il mit en marche tous les enregistreurs, dans un large spectre d’analyse.<br />
<em>Voilà qui est mieux</em>, nota-t-il mentalement, jusqu’à la Force le prévienne d’un péril imminent. Il poussa les moteurs à leur maximum et repartit en vrille, volontairement cette fois-ci. Deux traits de laser fendirent l’espace à l’endroit où il se tenait une seconde plus tôt.<br />
<em>Au temps pour l’approche discrète</em>, regretta-t-il. Les données affluèrent sur le panneau des senseurs, et l’œil aguerri de Tchoo-Nachril interpréta instantanément ce qu’il y vit : des dizaines de navires différents, de toutes tailles. La plupart bien au-dessus de sa propre position, en orbite haute, mais une douzaine de navires plus petits, sans doute des chasseurs, était sur ses talons.</p>
<p>Le Jedi fonça droit sur la planète, à plusieurs centaines de kilomètres à l’heure, et mit le cap sur l’ancienne capitale de Skelor I. Il estima qu’il lui faudrait quinze minutes pour arriver au niveau du sol. Il lança une recherche sur les modèles de chasseurs ennemis dans ses bases de données, et la réponse apparut au bout de quelques secondes. Des Ailes-Triangials, à la vitesse de pointe moins élevée que son propre chasseur Effilium.<br />
Il se fondit dans la Force et ne fit plus qu’un avec son navire, une fois sa stratégie arrêtée. Il devait esquiver ses adversaires avec le minimum de manœuvres, sinon il serait immanquablement rattrapé. Pour ce faire, et même si cette poursuite n’avait rien à voir avec un combat au sabrolaser, il s’inspira de la troisième forme de combat au sabrolaser, le Soresu, pour se défendre. L’économie de mouvement dans un périmètre réduit. Il esquiva au plus juste les tirs ennemis, dont plus d’un roussit sa carlingue sans lui faire de dommage plus conséquent.<br />
Il fut bientôt hors de portée, mais ses adversaires ne semblaient pas prêts à abandonner la poursuite. Devant lui, à travers le cockpit, le sol n’était pas visible, caché sous une épaisse nappe de brouillard. L’idéal pour se cacher. Par contre, ce qui l’inquiéta fut, paradoxalement, de constater que nul vaisseau ne surgissait de la brume pour l’intercepter. Ce fait, rassurant en soi, l’était moins pour Tchoo-Nachril. Il se dirigeait vers Billolougue, or si l’ancienne capitale tenait encore ce rôle, il était logique de penser que ses défenses seraient opérationnelles. Si ce n’était pas le cas, le Jedi allait devoir enquêter pour trouver trace de la nouvelle capitale, et trouver un moyen pour s’y rendre.<br />
Dès qu’il plongea dans l’épais rideau cotonneux, il réduisit sa vitesse, coupa tous les systèmes non vitaux et régla les senseurs sur leur portée minimale. Les émissions dégagées par son appareil seraient ainsi bien moindres et, avec un peu de chance, elles ne seraient pas détectées par les autochtones.<br />
Dans leur nouvelle configuration, les alarmes de bord ne l’avertiraient qu’au dernier moment d’un éventuel obstacle. Il pouvait encore moins compter sur ses yeux, qui ne distinguait rien d’autres que les épaisses chapes de brume au-delà du cockpit. Pour anticiper d’éventuels problèmes, ne lui restait que la Force, dans laquelle il devait rester immergé.</p>
<p>Après deux heures de vol, il atteignit presque son but, s’il en croyait ses instruments gyroscopiques. Il réduisit sa vitesse au maximum et fit descendre lentement son chasseur. Il était toujours impossible de distinguer quoi que ce soit, mais les senseurs lui indiquèrent quand le sol ne se trouva plus qu’à cinquante mètres de sa position. Il surveilla attentivement son environnement, afin d’éviter un éventuel obstacle surgissant du brouillard dense. Une tache verte finit par apparaître sous son appareil, et Tchoo-Nachril put enfin voir qu’il surplombait une prairie.<br />
Il analysa la topographie par écholocalisation. D’après ses données, la crête derrière laquelle Billolougue avait été bâtie se trouvait à deux cents mètres de là. Il s’y dirigea prudemment, et dès qu’il en eut atteint les contreforts, il se posa et coupa tous les circuits.<br />
Un froid glacial s’insinua dans le cockpit dès qu’il l’ouvrit. L’air était gorgé d’humidité et chargé de lourdes flagrances de plantes en décomposition. Rien d’insurmontable pour un Whiphid, surtout Jedi. Son épaisse fourrure protégeait le natif de Toola des températures basses.<br />
Il fut ravi de s’extirper enfin du chasseur, et de pouvoir se dégourdir les jambes. Le sol était recouvert d’une mousse gorgée d’eau, tel un épais tapis de verdure. Sabrolaser au flanc, macrojumelles autour du cou, il escalada prestement la crête. Arrivé en haut, il se retrouva à surplomber une brume blanchâtre et insondable, à couper au couteau. Si une ville se trouvait là-dessous, rien ne l’indiquait. Ni lumière ni son. Le silence omniprésent était très pesant, et donnait à Tchoo-Nachril la sensation aiguë de se trouver dans un cimetière.<br />
Il porta les jumelles à ses yeux et les régla sur une vision 3D qui devait pouvoir percer le brouillard. Il ne fut pas déçu par le résultat, qui confirma ses pires craintes.</p>
<p>L’endroit était mort. Intégralement. Tchoo-Nachril ignorait quelles armes avaient été à l’œuvre en ces lieux, mais ne restaient que des ruines, des pans de murs noircis qui émergeaient difficilement d’une végétation vivace et sauvage, comme désireuse d’effacer les traces de Billolougue.<br />
Le Chevalier Jedi éprouva de la pitié pour tous les êtres qui avaient vécu à cet endroit, et qui avaient été privé de leur demeure. Peut-être même de leur vie. Il se rendit compte qu’il éprouvait un malaise certain en contemplant la ville fantôme. La Force semblait lui murmurer que des événements atroces avaient eu lieu ici. Comme hypnotisé par cette sensation persistante, il descendit la crête et entra dans la ville.<br />
Une fine brise, pas assez forte pour dissiper les volutes vaporeuses, le fit frissonner. Il ressentit énormément de souffrances, à un point tel qu’il manqua vaciller. Il reprit son contrôle et s’arrêta au beau milieu d’une artère, qui avait due être importante au temps de sa splendeur. Alors qu’il se rendait compte de la vulnérabilité de sa position, il ressentit une <em>distorsion</em> dans la Force, sorte d’anomalie comme il n’en avait jamais connue. Une vague sensation de gêne, de déformation de son environnement.</p>
<p>Un ricanement parvint à ses oreilles, et une ombre émergea de la brume. La créature était de taille modeste, et Tchoo-Nachril l’identifia comme étant un Skelor aux écailles ternies. L’être, qui semblait âgé de centaines d’années, claudiqua maladroitement vers lui. Les haillons dont il était vêtu rappelaient vaguement une tenue Jedi, et la distorsion de la Force, erratique, émanait clairement de lui.<br />
Les yeux du Skelor brillaient d’une lueur fiévreuse qui n’était pas sans rappeler le regard d’un fou. Il s’arrêta à quelques pas de Tchoo-Nachril et prit la parole, d’une voix rocailleuse :<br />
– Quoi toi faire ici, Jedi ?<br />
– Je cherche des renseignements sur cette planète. Que s’est-il passé ici ?<br />
– Zabraks venir, il y a longtemps. Raser la ville pierre par pierre. Tuer ou déporter tous les habitants.<br />
– Où se trouve la capitale, désormais ?<br />
– Continent Terdra, mille clicks au sud-est. Ville de Zabraks.<br />
– Hum…qui es-tu, mon ami ?<br />
– Moi être Jedi, avant, répondit tristement la créature, avant de se taire, comme perdue dans ses pensées.<br />
– Et qu’est-il arrivé ? demanda doucement Tchoo-Nachril.<br />
– Moi céder à attachement. Peur de perdre cause attachement, et bien sûr perdre elle. Haine venir alors. Perdre voie des Jedi aussi.<br />
Un élan de compassion envahit Tchoo-Nachril à ces paroles, et il reprit :<br />
– Je peux t’aider, si tu le souhaites. Quand je quitterai ces lieux, je retournerai sur Coruscant, au Temple. Si tu veux venir avec moi, tu retrouveras tes frères et sœurs Jedi. Nous serons tous là pour toi.<br />
Le Skelor resta longtemps silencieux.<br />
– Etre trop tard pour moi. Perdre chemin, seulement trouver vide.<br />
– Je peux te guider sur la route du retour.<br />
– Autre aider moi. Remplir vide en moi. Remplir avec noir, mais mieux que pas remplir du tout. Moi retrouver utilité ici.<br />
– Laquelle ?<br />
– Fantôme parmi les fantômes, moi veiller sur les lieux. Moi gardien de Billolougue.<br />
– Et quel est ton rôle, en tant que gardien ?<br />
Le vieux Skelor planta ses yeux tristes dans ceux de Tchoo-Nachril, et celui-ci comprit plusieurs choses, simultanément. L’être qui lui faisait face déformait volontairement la Force pour atténuer les perceptions du Jedi. Dans le seul but d’endormir sa méfiance, afin de mieux le trahir. Il l’avait piégé. Il sut qu’il était encerclé, avant même d’entendre les cliquetis caractéristiques de blasters dont la sécurité était déverrouillée.<br />
Comme en réponse à un geste négligent de l’ancien Jedi décrépi, la brume se dissipa lentement, dévoilant une trentaine d’humanoïdes cornus, armes braquées sur Tchoo-Nachril.</p>
<p><br />***</p>
<p>Au Temple Jedi, on avait coutume de dire qu’un Chevalier n’était jamais désarmé tant qu’il avait la Force à sa disposition. Fruit d’une longue expérience, cette maxime n’exprimait qu’une stricte vérité, qui avait le don de toujours émerveiller Tchoo-Nachril. Comme en ce moment, au milieu des ruines de Billolougue, cerné par les Zabraks. Par un réflexe acquis et développé dès son plus jeune âge, son cerveau travailla furieusement à lister toutes les manières possibles de se sortir de ce mauvais pas. Trois secondes plus tard, après avoir ébauché plusieurs dizaines de scénarios, il en choisit un et entra aussitôt en action.<br />
Une pierre surgie de nulle part heurta violemment le front du vieux Skelor, qui poussa un cri de douleur avant de s’écrouler inconscient. Cette diversion au pied levé laissa à Tchoo-Nachril le laps de temps nécessaire pour plonger derrière un pan de mur noirci. N’étant plus sous la menace de ses quelques trente agresseurs, il put se concentrer sur les sept Zabraks qui l’avaient dans leur ligne de mire. La lame d’énergie jaillit de son sabrolaser et sembla repousser d’elle-même les tirs ennemis. Le Jedi faillit lâcher son arme quand un trait de blaster lui transperça l’épaule, mais il serra les dents et se pinça mentalement les nerfs véhiculant la douleur. Trois des tirs qu’il retourna atteignirent chacun une cible, tandis que les quatre derniers Zabraks s’abritaient à leur tour.<br />
La Force le prévint d’un péril imminent, aussi élargit-il ses perceptions. Il « visualisa » la roquette qui fut lancée dans sa direction. Aidé de la Force, il n’eut que le temps de bondir sur ses pieds et d’accomplir un saut vertical de cinq mètres, que le muret derrière lequel il s’était abrité explosait sous l’impact.<br />
Tchoo-Nachril pria la Force pour que dans le tumulte et le feu de l’action, nul ne l’ait vu sauter. Ce vœu pieux resta lettre morte, et plusieurs tirs de blaster s’abattirent sur le Chevalier Jedi avant qu’il ne touche à nouveau le sol. L’un d’eux lui brûla la cuisse, et il n’eut pas d’autre réflexe que de placer sa main gauche en opposition à un autre trait qui filait droit vers son cœur. Une explosion de douleur l’assaillit quand sa main fut carbonisée, mais il n’en eut cure, concentré pour atterrir le moins brusquement possible au pied d’un pan de mur haut de trois mètres.<br />
Il ne put éviter de prendre appui sur sa jambe blessée et s’affaissa lourdement, immobile. Sa main droite lâcha son sabrolaser, qui roula un peu plus loin après s’être éteint. Les Zabraks se précipitèrent vers sa position, le doigt sur la gâchette, même si plus d’un fut rassuré de voir Tchoo-Nachril inconscient. Exactement ce que ce dernier escomptait. Il puisa dans toutes ses ressources pour faire s’abattre le mur. S’engagea alors une épreuve de force entre la résistance de la paroi et la volonté du Jedi. Alors que le Whiphid allait céder à l’épuisement, le mur s’affaissa avec fracas sur ses ennemis. Entendre leurs cris et l’écrasement de leurs corps ne lui procura aucune satisfaction.<br />
Profitant de la confusion, il rampa maladroitement pour s’éloigner, tout en étant conscient qu’il ne s’en sortirait pas. Au mieux, il avait éliminé une dizaine de Zabraks, soit à peine un tiers de leurs forces. Il n’arrivait plus à réfléchir, le sang battait à ses tempes. Même la Force le fuyait : il avait trop puisé dans ses réserves. Quand un tir de blaster, réglé pour paralyser, l’atteignit en plein dans le dos, il sombra dans l’inconscience.</p>
<p><br />***</p>
<p>Quand les Zabraks apprirent que le Corps Agricole acceptait de mettre un de ses navires à la disposition des Skelors, en vue de les amener sur Velinia III, ils tentèrent de provoquer une esclandre au Sénat, en accusant la République et les Jedi d’aider Ver’Liu So-Ren en sous-main, au risque de provoquer des troubles futurs.<br />
Marcus Valorum ayant fait passer des consignes à ses alliés, l’événement fut minimisé. Côté Jedi, Maddeus Oran Lijeril souligna qu’indépendamment de la situation politique sur Skelor I, les membres de ce peuple n’en avaient pas moins le droit de se regrouper en tant qu’espèce. Il insista également sur le fait que puisque Skelor I avait intégré la République, il était du devoir de la noble institution de veiller au bien-être de ses habitants, fussent-ils en exil, d’autant que les autorités officiellement reconnues de la planète ne remplissaient pas leur rôle à ce niveau-là. Ce dernier argument, aussi logique que perfide, eut le don de calmer les ardeurs belliqueuses des Zabraks.</p>
<p><br />***</p>
<p>Tout le monde poussa un grand « ouf » de soulagement le jour où le croiseur du Corps Agricole arriva et s’amarra au <em>Carolusia</em>. Deux journées supplémentaires furent nécessaires pour mettre les derniers détails au point, et les Skelors purent enfin embarquer. Une heure après que le dernier Skelor, Ver’Liu, ait posé le pied à bord du croiseur, celui-ci reprit son envol.</p>
<p>Tel’Ay sentit la présence de quelques Jedi à bord, mais aucun ne montra le bout de son nez, ce dont il leur fut reconnaissant. Au troisième jour de voyage, en revanche, et alors qu’il errait sans but parmi les coursives, il s’arrêta, avec l’impression d’être épié. Ce n’était pas la première fois qu’il le ressentait depuis qu’il avait embarqué et cette fois-ci, il voulut en avoir le cœur net. Il lança une sonde mentale…qui lui permit de percevoir qu’un utilisateur de la Force se trouvait non loin.<br />
Instinctivement, sa main se porta à son sabrolaser, et il lança :<br />
– Montre-toi, je sais que tu es là.<br />
<em>Indécision, excitation, peur…puis prise de décision</em>. Tel’Ay sut que la personne allait se montrer avant qu’elle n’apparaisse.<br />
Visiblement adolescent, indubitablement humain, il émergea d’une coursive secondaire. Tenue de Jedi, le sabrolaser en moins, ses cheveux blonds et lisses étaient coiffés à la mode des Padawan. De grands yeux gris lui mangeaient le visage, sous un front haut. L’air extrêmement nerveux, il se dandinait d’un pied sur l’autre.<br />
– Bonjour, jeune homme.<br />
– Heu…bonjour, monsieur, bredouilla-t-il.<br />
– Padawan Jedi ?<br />
– Euh…non, monsieur. Ancien Padawan, répondit-il presque sans amertume.<br />
– Vous êtes le Sith ? reprit-il brusquement après quelques secondes de silence.<br />
– Les nouvelles vont vite, répondit Tel’Ay en transformant son sourire en un rictus carnassier.<br />
– Comment…comment un Sith peut-il protéger des gens ? Je croyais que vous ne viviez que pour faire le mal ?<br />
– Les gens changent, rétorqua le Skelor. Regardes-toi. Tu dis que tu es un ancien Padawan, ce qui implique tu en as été un par le passé, donc que tu ne vivais que pour faire le bien. Qu’en est-il aujourd’hui ?<br />
– Je fais toujours le bien, répliqua l’humain, piqué au vif.<br />
– Alors comment se fait-il que tu sois un ancien Padawan ?<br />
– J’ai…échoué dans ma formation, avoua-t-il, honteux.<br />
– Ah ? Manque de potentiel, je suppose ? C’est un critère classique pour séparer le grain de l’ivraie.<br />
– Ça n’a rien à voir ! J’ai le potentiel ! C’est…mon attitude qui n’est pas assez jediesque.<br />
– Qu’est-ce que tu veux dire par là ?<br />
– Mais pourquoi est-ce que vous m’interrogez comme cela ? Vous croyez peut-être que je vais adhérer à vos vues ? Si c’est le cas, vous vous mettez le doigt dans l’œil !<br />
– C’est toi qui es venu me voir, sourit Tel’Ay, et c’est toi qui m’a questionné le premier. Mais si tu veux que nous en restions là, pas de problème.<br />
Le Sith salua et tourna les talons. Quand l’ancien Padawan lui cria « Attendez !», Tel’Ay ne put réprimer un sourire. Situation très intéressante. Il reprit un air impénétrable avant de refaire face au jeune humain.<br />
– Je…j’ai prouvé que je n’étais pas digne d’être un Jedi. Je suis trop…émotionnel, m’ont dit les maîtres.<br />
– Et tu les sers toujours après ça ?<br />
– Bien sûr ! Leurs objectifs sont nobles !<br />
– Hum…de mon point de vue, ça se discute, mais c’est une toute autre question. Il n’empêche que les Jedi ne manquent pas d’air.<br />
– Comment cela ?<br />
– A quel âge as-tu commencé ta formation ?<br />
– Comme tous les futurs Padawans, je suis arrivé au Temple avant d’avoir eu six mois.<br />
– Et tu as quel âge aujourd’hui ?<br />
– Quinze ans.<br />
– Donc, tu es en train de me dire que tes maîtres Jedi t’ont inculqué ce qu’ils savaient durant tout ce laps de temps ?<br />
– Oui. Enfin, ils ont essayé, vu que j’ai échoué.<br />
Tel’Ay ne put s’empêcher de ricaner, et l’humain s’empourpra de honte et de fureur.<br />
– Qu’est-ce qui vous fait rire ?<br />
– L’Ordre Jedi existe depuis plus de vingt mille ans. Depuis six cent ans dans sa forme actuelle, n’est-ce pas ?<br />
– Exact.<br />
– Depuis tant de millénaires qu’il forme des Jedi, tu ne crois pas que l’Ordre devrait être parfaitement au point au niveau de l’apprentissage de ses recrues ?<br />
– Tout le monde n’est pas fait pour être Jedi.<br />
– Là, je suis bien d’accord avec toi. Tes formateurs ont une pédagogie et un savoir inégalés, et tu vas prétendre que ce sont les apprentis qui échouent dans leur formation ? Pour ma part, je trouve que c’est un déni de responsabilité assez grave de la part de tes professeurs, pour masquer leur incompétence. Et j’ose espérer qu’on retire le droit d’enseigner aux maîtres qui échouent.<br />
– Vous n’y connaissez rien, et vous déformez la vérité ! Les choses ne se passent pas ainsi.<br />
– Si tu le dis, je ne demande qu’à te croire. Mais changeons de sujet, car je sens que chacun de nous va s’arc-bouter sur ses positions. Que fais-tu, maintenant que tu n’es plus un Padawan ?<br />
– J’ai été versé dans le Corps Agricole, où j’officie au sein de la logistique.<br />
– Mais pourquoi t’habiller toujours en Padawan ?<br />
– Parce que je suis toujours au service de l’Ordre. C’est une manière de lui rendre hommage.<br />
– Vraiment ? Où se trouve ton sabrolaser ?<br />
– Je n’ai pas le droit d’en porter. Et puis il ne me serait d’aucune utilité à bord.<br />
– Pas le droit de… ? Je trouve ça incroyable ! Comme tous les apprentis, tu as grandi en apprenant à te servir d’un sabrolaser, je me trompe ?<br />
– C’est exact.<br />
– Et quand tes maîtres ont décrété que tu avais échoué dans ta formation, ils t’ont privé de sabrolaser ? Et bien, voilà qui est pour le moins cruel. Il ne manquerait plus qu’ils t’aient interdit d’utiliser la Force !<br />
Le silence qui suivit fit comprendre à Tel’Ay qu’il avait fait mouche.<br />
– Seuls les Jedi ont le droit de se servir de la Force et d’un sabrolaser, finit par répondre l’humain, sur un ton monocorde de récitation.<br />
Les yeux brillants et le sourire aux lèvres, Tel’Ay porta l’estocade finale :<br />
– Je ne suis pas un Jedi, or j’utilise la Force et un sabrolaser.<br />
Sur ce, le Skelor salua de la tête, tourna les talons et s’en fut. S’il avait réussi à semer les graines de la confusion dans l’esprit de l’humain, il ne tarderait pas à le revoir. Il se pouvait même qu’il tint là son premier apprenti.</p>
<p><br />***</p>
<p>Quand Dark Glaro surgit de l’hyperespace, non loin de la Station Spatiale <em>Carolusia</em>, il était pour le moins furieux. Une panne d’hyperdrive l’avait contraint à atterrir en catastrophe sur une planète de troisième zone, où il avait perdu trois semaines, le temps que les pièces nécessaires à la réparation parviennent à la ville minable dans laquelle il s’était retrouvé coincé.<br />
Depuis qu’il avait quitté Coruscant, suite au meurtre d’Aar Gamonn, son maître Dark Omberius lui avait ordonné de se rendre en personne sur le <em>Carolusia</em> afin de tuer Ver’Liu So-Ren, vu que les Archanges de Norkaï avaient échoué dans cette mission. Glaro avait été d’autant plus ravi de recevoir un tel ordre qu’il savait trouver sur son chemin Tel’Ay Mi-Nag. Il avait hâte d’affronter ce défi à sa mesure, et prouver la supériorité des successeurs de Dark Bane sur ceux de Maal Taniet.<br />
Il ouvrit une fréquence avec les autorités d’appontement de la station, et se présenta comme un Jaabimien faisant régulièrement des affaires avec les Skelors. La réponse qu’on lui fit l’irrita au plus haut point : ceux qu’ils cherchaient avaient été évacués vers Velinia III, quatre jours auparavant.<br />
Alors qu’il cherchait dans son répertoire astrographique la localisation de cette planète, sa console de communications bipa, sur une fréquence qu’il ne connaissait que trop bien. Il ouvrit la liaison et dit :<br />
– Je suis à vos ordres, maître.<br />
– Je l’espère bien, seigneur Glaro, rétorqua froidement Dark Omberius. Où êtes-vous ?<br />
– Je viens d’arriver sur le <em>Carolusia</em>, et j’apprends à l’instant que les Skelors sont tous partis. Je m’apprête à partir à leur recherche.<br />
– Oubliez cela. Il y a du nouveau.<br />
– Des ennuis, maître ?<br />
– D’une certaine manière, oui. Un Jedi a été capturé alors qu’il fouinait sur Skelor I. J’ai donné l’ordre qu’il soit envoyé sur Moltok. Je veux que vous vous y rendiez pour l’interroger, avant de le livrer à nos scientifiques Ho’Din. Il sera très utile à leurs recherches.<br />
– A vos ordres, maître, soupira Glaro, frustré de comprendre que le combat auquel il aspirait ne serait pas être livré de sitôt.<br />
– Que la Force soit votre servante, Dark Glaro.<br />
– Qu’elle soit votre esclave, maître.</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre VIIIurn:md5:b78180b86779618e3bcc838b1e34c7902012-01-19T08:57:00+01:002013-07-08T16:13:52+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Un chapitre dans lequel sont évoqués le rapport d’Anaria avec ses congénères wookiees, et surtout l’évolution du rapport de la planète Skelor I vis-à-vis de la République…</p> <h2>Chapitre 8</h2>
<p>Coruscant, trois ans plus tôt.<br />
Tel’Ay marchait d’un pas rapide, Dibidel sur ses talons, à travers un réseau de ruelles serpentant entre des masures basses et disparates. Ce quartier était sorti de terre deux ans plus tôt, quand des réfugiés, victimes indirectes de conflits mineurs à travers la galaxie, avaient choisi de rallier Coruscant pour prendre un nouveau départ. Entre les guerres rodiennes, les incidents aux frontières Hutt et la guerre de succession dans le secteur Sennex, la zone avait vite été occupée par des dizaines de milliers de nécessiteux, qui s’étaient attelés à se doter d’habitations aussi précaires qu’anarchiques.<br />
Pour lutter contre l’accroissement de ce bidonville, qui menaça vite de prendre des proportions tentaculaires, le Sénat avait lancé des missions d’exploration sur les frontières de la République, dans le but de trouver des mondes colonisables. Les réfugiés furent vivement encouragés à devenir pionniers.<br />
Les deux Skelors n’en menaient pas large, et avaient hâte de quitter les lieux. Les dix croiseurs affrétés pour les colonies partaient ce jour, et Dibidel n’entendait pas rater celui qui les amènerait sur Velinia III. Leurs maigres possessions étaient rassemblées dans un sac porté par Tel’Ay, et ne contenait guère plus que la somme demandée pour l’embarquement.<br />
Une nouvelle vie s’offraient à eux. Par amour pour sa compagne, Tel’Ay Mi-Nag avait renié la voie des Sith, et presque sans regret, il avait désassemblé son sabrolaser la veille. Pour la première fois de sa vie, il était en paix avec lui-même, habité par un sentiment d’invincibilité auquel les sentiments de Dibidel envers lui devaient beaucoup. Nul remords d’avoir accepté de renoncer à la Force pour la suivre. Elle était digne de ce sacrifice.</p>
<p>Tel’Ay commençait tout juste à mesurer les conséquences du sacrifice consenti. Il devait apprendre à vivre sans le recours de la Force, et la nouveauté de cette situation le laissait encore parfois désemparé. Il était comme privé d’un sens primordial.<br />
Un autre problème important avait vu le jour : il n’avait jamais craint grand-chose de la part des êtres dépourvus de la Force, allant même jusqu’à les considérer comme <em>handicapés</em>, or voilà qu’en rejoignant leurs rangs, il était devenu aussi faible qu’eux. Plus, d’ailleurs, si l’on considérait qu’ils savaient vivre de cette manière, contrairement à lui.<br />
Dans le bidonville infâme, fréquenté notamment par une faune déguenillée et parfois agressive, il n’avait plus les armes pour se défendre efficacement.</p>
<p>Quand Tel’Ay déboucha sur une place minuscule d’où partaient de nouvelles ruelles, il s’arrêta en constatant que le chemin qu’il comptait prendre était le théâtre d’une rixe. Plusieurs personnes avaient encerclé un pauvre hère et semblaient s’acharner sur lui. Ignorant les cris de détresse de la victime et les ricanements des agresseurs, il empoigna le bras de Dibidel et décida d’emprunter une autre artère. Elle se dégagea d’un coup sec.<br />
– Qu’est-ce que tu fais, Tel’Ay ?<br />
– Quelle question ! Le tour, bien sûr.<br />
– Quoi ?<br />
– Je ne tiens pas à ce que tu reçoives un mauvais coup, donc nous allons contourner ces types.<br />
– Le Skelor avec qui j’ai l’intention de passer le reste de ma vie serait-il un lâche, en fin de compte ? demanda-t-elle, méprisante.<br />
– Mais…non. Je suis juste prudent, et ne me mêle pas de ce qui ne me regarde pas.<br />
– Si tu étais à la place de ce malheureux, tu prierais pour qu’on vienne t’aider ! Reste là si tu veux, moi j’y vais !<br />
Elle n’attendit pas sa réponse et se dirigea rapidement vers le groupe. Tel’Ay jura sourdement et la suivit : qu’est-ce que cette femelle arrogante pensait donc pouvoir accomplir, du haut de son mètre cinquante-cinq ? Tel’Ay ne la dominait que de dix centimètres, mais son expérience du combat était celle de toute une vie, Force ou pas.</p>
<p>Dibidel sauta sur le dos d’un des agresseurs, un Barabel aux griffes acérées, et elle lui fit une clé d’étranglement.<br />
Tel’Ay se glissa derrière un Twi’lek armé d’une barre métallique. Dès que l’être aux lekkus leva son arme pour l’abattre une énième fois sur sa victime, Tel’Ay la lui arracha des mains et le frappa lourdement au crâne. Des os craquèrent et le Twi’lek s’écroula comme une poupée de son, un gargouillis indistinct au bord des lèvres.<br />
Un coup d’œil suffit à Tel’Ay pour voir qu’il restait quatre ennemis. Ceux-ci s’étant bien entendu rendu compte de la présence des deux Skelors, ils abandonnèrent leur proie, pauvre silhouette verdâtre affalée sur le sol, un bras pitoyablement levé devant elle dans un vain geste de défense.<br />
Un silence extrêmement pesant s’installa sur les lieux. Tel’Ay tenait sa barre comme un sabrolaser, et ne montrait nulle trace de peur. Dans son dos, il entendait les halètements du Barabel, occupé à tenter de se débarrasser de Dibidel. Un frisson intérieur parcourut Tel’Ay. Il ne pouvait pas l’aider sans se mettre lui-même en danger. Il sentit la Force monter en lui, cogner aux portes de sa conscience, comme si elle le suppliait de la libérer.<br />
Il l’ignora, et chargea.</p>
<p>Trois de ses adversaires étaient armés d’une barre de métal similaire à la sienne, et le dernier de ce qui ressemblait à un morceau de montant de porte en bois. Tel’Ay croisa le fer avec l’un des hommes, un humain qui s’était porté en avant. Mal lui en pris. Tel’Ay écarta prestement la lame adverse d’un violent revers, avant de le frapper vivement à la tempe, sans que l’autre ait compris ce qui lui arrivait. Tel’Ay sut alors que ses ennemis ne possédaient aucune notion d’escrime, et qu’ils ne savaient pas se battre. Vingt secondes lui suffirent pour les mettre tous à terre, inconscients ou morts, sans que lui ne récolte plus que des élancements dans les bras, à manier sa lourde barre.<br />
Dès qu’il eut porté son dernier coup, il se retourna prestement pour secourir sa compagne, mais vit qu’elle n’avait aucunement besoin de lui. Le Barabel était à genoux, la langue pendante, et n’avait plus la force de lutter contre l’étranglement. Une lueur farouche dans les yeux, et malgré les multiples griffures sur ses avant-bras, Dibidel continua à serrer jusqu’à ce que l’être reptilien meure.<br />
Elle reprit son souffle et, rejointe par Tel’Ay, marcha vers la victime, toujours au sol mais consciente. Un humanoïde à la peau verte. Elle s’agenouilla et fit :<br />
– Ne bougez pas avant que nous vous ayons examiné. Je me nomme Dibidel Rdan-Emqer, et voici mon compagnon, Tel’Ay Mi-Nag.<br />
– Seperno. Merci beaucoup, répondit le Rodien en transformant ses grimaces de douleur en un sourire.</p>
<p><br />***</p>
<p>En descendant du transporteur qui l’avait amené sur le <em>Carolusia</em>, Seperno fut accueilli par un bien improbable trio. Une Wookiee à la fourrure grise zébrée de noir, dont la haute taille était renforcée par sa silhouette longiligne, un Chevalier Jedi Whiphid, à l’apparence inquiétante et, cerise sur le gâteau, par un ami qu’il croyait mort depuis un an : Tel’Ay Mi-Nag.<br />
– Mais que…Tel’Ay ? C’est incroyable ! s’exclama-t-il.<br />
– Je suis ravi de te revoir, Seperno, répondit Tel’Ay avec un large sourire sincère aux lèvres.<br />
Quand les yeux à facettes de Seperno s’emplirent d’émotion, une boule serra la gorge de Tel’Ay. Il n’avait pas pensé que revoir le chef des colons de Velinia III, parmi lesquels il avait vécu deux ans, raviverait avec autant de force des souvenirs, souvent liés à Dibidel. Ils n’en étaient que plus douloureux, et il eut soudainement honte d’avoir fait venir le Rodien. Jamais il n’oserait lui avouer ce qu’il avait fait.<br />
– C’est un miracle, Tel’Ay, un miracle, reprit Seperno, la voix rauque, en se jetant dans les bras du Skelor. Comment une telle chose est-elle possible ? Et…Dibidel ? Elle a survécu aussi ?<br />
Tel’Ay n’eut pas la force de répondre, et se contenta de secouer négativement la tête.<br />
– J’en suis désolé, mon ami, répondit Seperno. Elle était si…si…<br />
Le Skelor crut qu’il allait devenir fou, en voyant tant de compassion et de tristesse dans l’expression de Seperno. Le Rodien allait l’aider, nul doute là-dessus. Mais si Tel’Ay lui annonçait qu’il avait lui-même assassiné Dibidel, Seperno se ferait un plaisir d’essayer de le tuer, et ne se priverait pas de le haïr. Le Skelor se maudit de faire preuve d’autant d’hypocrisie.</p>
<p>Ils passèrent le reste de la journée ensemble.<br />
Tel’Ay raconta à Seperno une version légèrement tronquée de la vérité sur les événements survenus un an plus tôt. S’il ne se présenta pas comme étant un Sith, il reconnut être un utilisateur non-Jedi de la Force, et confia qu’il avait été le sauveteur masqué qui avait libéré les colons rodiens des mines de Geddino, aux côtés de Kuun Hadgard. Il déclara avoir retrouvé Dibidel et leur fils Ro’Lay morts, et ne cacha pas être ensuite tombé dans une longue catatonie qui l’avait amené au bord de la mort.<br />
Il lui résuma ses agissements depuis sa « résurrection » d’une manière très sommaire, en lâchant seulement qu’il avait pris fait et cause pour l’héritier légitime du trône de Skelor I, Ver’Liu So-Ren, et qu’il avait besoin d’un lieu de rassemblement pour son peuple en exil.</p>
<p>Seperno résuma à son tour ses actions. Après leur libération, les Rodiens furent amenés sur Coruscant pour se refaire une santé. Seperno et les siens voulurent retourner sur Velinia III. Ces pionniers ne voulaient pas abandonner leur nouvelle vie. Ils reçurent les moyens de reconstruire la colonie, grâce à de généreux mécènes émus par leurs pérégrinations, et Seperno profita de son séjour dans la capitale de la République pour recruter plusieurs centaines de colons supplémentaires.<br />
À ce jour, ils étaient près de six mille, et avaient réussi à assurer leur autarcie alimentaire en développant suffisamment l’agriculture. Cerise sur le gâteau, la colonie connaissait une forte expansion depuis la découverte de gisements de bronzium, minerai aux capacités anti-radioactives et entrant dans la composition d’alliages recouvrant les vaisseaux spatiaux. Un contrat avait été signé avec un consortium de la République en vue de son exploitation, et les crédits ne cessaient d’affluer depuis, ce qui était d’excellent augure pour l’avenir.</p>
<p>Tard dans la soirée, ils prirent part à une réunion de travail avec Ver’Liu et ses conseillers, en présence du commandant Veckmar et de Tchoo-Nachril. Ver’Liu rassura Seperno concernant les frais qu’engendreraient le déménagement des Skelors, car les sommes que sa cause récoltaient depuis qu’elle était connue gonflaient jour après jour. Veckmar fut soulagé de voir que sa station allait bientôt revenir à une situation normale, et Tchoo-Nachril fut chargé de demander aux instances républicaines le renforcement des défenses de Velinia III, sous la forme d’un croiseur de combat.<br />
Tel’Ay était content de lui. Tout se déroulait selon ses plans, mais ce n’était pas le moment de s’en réjouir. Il n’oubliait pas que le seul but de toute cette planification était de contrecarrer Dark Omberius.</p>
<p><br />***</p>
<p>La tension était presque palpable dans le vaste amphithéâtre du Sénat de la République. Les échanges étaient vifs, et le chancelier Marcus Valorum devait user de tout son talent de politicien pour éviter que le débat tourne au règlement de comptes. Surtout en cette période préélectorale, où tous les candidats déclarés mettaient un point d’honneur à se montrer, et où les candidats potentiels tâtaient le terrain, en se demandant de quelles failles ils allaient pouvoir profiter pour tenter de s’imposer à leur tour.<br />
Valorum avait repris à son compte la position du sénateur Duro défunt, Aar Gamonn, à savoir la défense de la cause de Ver’Liu So-Ren. En première ligne de ses détracteurs, le sénateur Zabrak, Tol Guela, qui non seulement représentait l’Hégémonie des Cinq Systèmes Zabraks, mais également plusieurs autres planètes vassales, dont Skelor I, désormais république et protectorat de l’Hégémonie. L’assemblée retint son souffle quand il demanda la parole au chancelier, qui la lui accorda sans broncher.<br />
– Mes chers amis, il est hors de question pour moi de faire un discours passionné, comme d’autres ont pu le faire. Il s’agit simplement de revenir à quelques notions simples, et surtout gravées dans le marbre, à savoir les lois galactiques. Je rappellerais donc en préambule l’un des principes fondateurs de la République, à savoir qu’elle n’a pas le droit d’intervenir dans la politique locale de ses membres. Ainsi, l’Hégémonie Zabrak, que je représente, mène sa propre politique comme elle l’entend, du moment qu’elle respecte les valeurs légales de la République, ce qui est précisément le cas. Si l’Hégémonie a passé des accords privilégiés avec d’autres mondes, qu’ils appartiennent ou non à la République, c’est son problème et pas celui de l’institution galactique centrale. Skelor I, de royaume, est devenu une république après une révolution, il y a de cela quelques trente ans. Même si ses dirigeants d’alors ont choisi d’intégrer l’Hégémonie Zabrak, je rappelle que ce monde n’appartient pas à la République galactique. Le Sénat n’a donc pas l’autorité pour décréter je ne sais quelles manœuvres politiciennes ou militaires sur ce monde.<br />
– Je vous remercie pour cet exposé, coupa solennellement Valorum, mais comme vous le soulignez, si Skelor I fait partie de l’Hégémonie Zabrak, elle n’est pas pour autant un monde républicain. La règle de non-ingérence sur les politiques locales ne s’appliquent donc pas ici.<br />
– Notre estimé chancelier a parfaitement raison sur ce point, rebondit Tol Guela avec grâce. Même si je trouve que les réactions concernant Skelor I sont disproportionnées, surtout trente ans après les faits qui sont reprochés aux dirigeants actuels, je ne me permettrais aucun commentaire là-dessus, et laisserait également de côté l’échéance électorale qui se rapproche à grand pas. Quoi qu’il en soit, Skelor I se sent aujourd’hui menacée par l’ingérence du Sénat, et a décidé d’accomplir un geste fort pour y mettre un terme. C’est pourquoi je suis habilité à vous annoncer que ce matin, un nouveau traité a été signé entre l’Hégémonie Zabrak et le monde de Skelor I, qui entre désormais de plein droit dans l’Hégémonie, et de ce fait dans la République elle-même.<br />
A ces paroles, une explosion de cris retentit dans l’hémicycle, de fureur comme de dépit. Tol Guela eut du mal à se faire entendre pour livrer sa conclusion :<br />
– Désormais, toute action de la République contre Skelor I serait illégale, aussi je demande solennellement que toutes les manœuvres allant en ce sens soient suspendues sur-le-champ.<br />
Il fallut cinq bonnes minutes à Marcus Valorum pour ramener le calme parmi les sénateurs déchaînés. Lui-même réfléchit fébrilement pendant ce laps de temps, mais ne trouva aucun argument valide à opposer au Zabrak, qui lui avait coupé l’herbe sous le pied d’une manière magistrale. Dès que le brouhaha ambiant eut baissé d’intensité, Tol Guela porta l’estocade finale :<br />
– Une dernière chose. J’ai appris de source sûre que les Jedi ont délégué l’un des leurs pour assurer la protection de ce prétendu héritier du trône skelorien. Maintenant que ce monde et ses dirigeants légitimes font partie de la république, il serait pour le moins étrange et incongru de voir un Jedi protéger l’ennemi d’un monde républicain.<br />
La perfidie de cette dernière attaque fit mouche, et Marcus Valorum, rouge de colère, n’eut pas d’autre choix que d’ajourner la séance. Il fallait qu’il parle le plus vite à Maddeus Oran Lijeril, Grand Maître de l’Ordre Jedi.</p>
<p>. ***</p>
<p>Alors que les détails du plan de déménagement des Skelors se mettaient lentement en place, Tel’Ay et Anaria éprouvèrent le besoin de changer d’air, et quittèrent le secteur skelorien, assez oppressant de fébrilité ces derniers temps, surtout après les mauvaises nouvelles reçues de Coruscant. D’héritier légitime soutenu par la République, Ver’Liu risquait de passer au statut de trouble-fête sectoriel, surtout s’il s’installait en exil sur un monde républicain. Seperno était prêt à argumenter qu’en tant que dirigeant de monde, il accueillait qui il voulait, mais la situation était encore très confuse au vu des derniers rebondissements au Sénat.<br />
– Par le Chaos, la République est vraiment dirigée par des incompétents ! lança Tel’Ay à Anaria, alors qu’ils marchaient sur la Grande Promenade du <em>Carolusia</em>. Pas foutus de prendre une décision et de s’y tenir !<br />
– Les choses ne sont jamais simples en démocratie. Il faut faire preuve de patience et de diplomatie, expliqua Anaria.<br />
– Ssss…dans des moments pareils, je trouve que les dictatures ont du bon. Justes ou non, leurs principes sont appliqués !<br />
– Jusqu’à ce qu’elles soient balayées par des révolution internes, tempéra la Wookiee.<br />
Tel’Ay n’insista pas sur le sujet, d’autant plus qu’il avait toujours regardé l’appareil politique avec une méfiance certaine.<br />
– Si tu scrutes les événements, reprit Anaria, tu t’apercevras que tous les…<br />
Elle se tut, s’arrêta brusquement, et une vive tension l’envahit. En suivant son regard figé, Tel’Ay vit la cause du trouble de sa compagne. Deux Wookiees à la fourrure châtain allaient bientôt croiser leur route. Ils étaient lancés dans une conversation animée, et se tournaient fréquemment vers Anaria et Tel’Ay. Ce dernier eut un mauvais pressentiment, vite confirmé par sa compagne quand elle lui dit :<br />
– Quoi qu’il arrive, quoi qu’ils me fassent, je te conjure, je te supplie de ne pas intervenir. C’est une affaire exclusivement wookiee.<br />
Entendre de telles paroles n’augurait rien de bon pour elle, mais comme elle semblait savoir ce qu’elle faisait, ou plutôt être résignée à ce qui allait se produire, Tel’Ay acquiesça de la tête. Les deux gigantesques Wookiees changèrent leur trajectoire et vinrent droit vers eux, à grand renfort de grognements menaçants. Suffisamment pour que tous les passants s’écartent prestement de leur route.<br />
L’un d’eux se planta face à Anaria, qui restait immobile, et la toisa avec mépris, les mains sur les hanches. L’autre se colla presque à Tel’Ay, qui put à peine planter ses yeux dans ceux de la créature, au vu de leur différence de taille. Quand il beugla à Tel’Ay de déguerpir s’il ne voulait pas se faire démembrer, le Skelor ne cilla pas. Il se contenta d’esquisser un sourire froid, dégagea d’un geste nonchalant le pan de sa cape qui cachait son sabrolaser, et croisa les bras.<br />
L’éclair de peur dans les yeux et l’instinctif mouvement de recul de son vis-à-vis indiquèrent à Tel’Ay que son attitude bravache avait fait mouche. Le Wookiee rejoignit son camarade, après avoir haussé les épaules et grogné dans sa barbe.</p>
<p>Tel’Ay assista alors à un spectacle dont il se serait bien passé, et il dut se faire violence pour ne pas intervenir. Les Wookiees abreuvèrent Anaria d’injures, la traitant de lâche et de honte pour leur clan, et que si la décision n’avait tenu qu’à eux, elle serait morte depuis longtemps. Et ils frappèrent. Tels d’improbables boxeurs se déchaînant sur des sacs d’entraînement, ils martelèrent le corps d’Anaria pendant cinq bonnes minutes. Elle ne laissa pas échapper une plainte. Ses lèvres furent explosées, son nez fut cassé, ses yeux pochés, plusieurs de ses dents cassées. Des tâches sanguinolentes apparurent ça et là sur sa fourrure grise, là ou ses adversaires frappaient. A chaque fois qu’elle tomba, elle se releva et fit face dignement à ses tortionnaires.<br />
Après ce qui sembla une éternité à un Tel’Ay bouillonnant de colère soigneusement gardée sous contrôle, les Wookiees se fendirent d’une dernière bordée d’insultes et de crachats, maudirent Anaria et quittèrent les lieux. Une équipe de sécurité, arrivée entre-temps mais qui n’avait pas osé intervenir face à ce déchaînement de violence, leur emboîta le pas à bonne distance, pour les surveiller en attendant que des renforts arrivent.</p>
<p>Tel’Ay la rejoignit et perçut son immense douleur. Mais pas seulement : il fut sidéré de ressentir qu’un sentiment de honte surpassait la souffrance chez sa compagne.<br />
– Tu m’expliques ? demanda-t-il sèchement.<br />
Elle secoua négativement la tête.<br />
Il se garda d’insister, comprenant que le moment n’était pas propice. Il lui fit signe de le suivre, et ils repartirent lentement vers le secteur médical de la station. Anaria avait du mal à mettre un pied devant l’autre, et Tel’Ay ne lui proposa pas de l’aider, sentant qu’une telle offre serait rejetée.<br />
Sur le chemin du retour, Tel’Ay eut une prise de conscience. A chaque fois qu’Anaria avait été frappée, il avait intérieurement souffert avec elle. il n’avait eu qu’une envie : bondir sur les deux agresseurs et les réduire en miettes, ce qu’il aurait été capable de faire sans problème. Il repensa à la conversation qu’ils avaient eu tous les deux, au cours de laquelle il lui avait avoué qu’elle n’était qu’un outil à ses yeux, et qu’il s’en débarrasserait une fois son but atteint. Il sut dès lors qu’il lui avait menti, pire, qu’il s’était menti à lui-même. Il éprouvait une affection certaine pour elle. Il ne pourrait ni la tuer ni la laisser tomber.</p>
<p><br />***</p>
<p>– La situation nous échappe totalement, tempêta Valorum en faisant les cent pas dans son bureau. Techniquement, Tol Guela a raison !<br />
– J’en ai bien conscience, répondit Maddeus Oran Lijeril.<br />
Mains croisées devant le visage, engoncé dans un fauteuil cossu face au bureau du chancelier, le Grand Maître de l’Ordre Jedi était l’image même d’une sérénité qu’il ne ressentait pas.<br />
– Nous n’avons donc pas d’autre choix que de relever Tchoo-Nachril de sa mission, pesta Valorum.<br />
– En effet, nous sommes pieds et poings liés dans cette affaire. Néanmoins…<br />
– Néanmoins ?<br />
– Toute cette affaire concernant les Skelors a un effet déstabilisant sur la République. Or les Jedi sont là pour servir la République et maintenir la paix en son sein. Je ne crois pas que nous puissions nous permettre de négliger ou d’ignorer la menace potentielle que représente cette crise.<br />
– Que proposez-vous, Maddeus ?<br />
– Maintenant que Skelor I fait partie de la République, il me semble frappé du bon sens que le Sénat y envoie une équipe plénipotentiaire, ne serait-ce que pour mieux connaître ce monde resté trop longtemps sous l’éteignoir.<br />
– Vous avez parfaitement raison ! Je vais faire ouvrir une procédure d’ouverture de voies diplomatiques. Et si nous découvrons qu’il règne là-bas une dictature, nous aurons peut-être l’ouverture nécessaire pour remettre en cause ses dirigeants !<br />
– Prenez garde, Marcus. Ce type de raisonnement pourrait vous conduire à mener des actions militaires, si vous n’y prêtez pas attention. Nous ne devons pas chercher la faille, mais dresser un portrait objectif de la situation.<br />
– Certes, reconnut Valorum, soudainement ramené à la raison. Il est parfois tentant de céder à la facilité quand, en tant que chancelier, on a les ressources et la puissance de la République à sa disposition. Cette grande responsabilité implique de marcher sur des œufs, je m’en rends compte tous les jours, comme une éternelle leçon qu’il faut réapprendre sans cesse.<br />
– Vous êtes un bon chancelier, Marcus : le doute et la remise en question sont indispensables à l’évolution saine d’un individu.<br />
– Allez dire ça aux sénateurs, rétorqua Valorum avec un sourire sans joie. Sans les Jedi pour nous rappeler les valeurs fondamentales que sont le bien commun et la compassion, je me demande ce que deviendrait la République ? Mais ceci est un débat qui nous éloigne de nos préoccupations. Je vais faire préparer une équipe diplomatique sur-le-champ.<br />
– Encore une chose, Marcus. Nous ne connaissons pas Skelor I, et il y a toujours le risque que l’équipe que vous envoyiez ne voit qu’une version édulcorée de la réalité effective sur la planète.<br />
– Il nous suffit d’inclure un ou plusieurs Jedi dans cette mission.<br />
– Ce serait en effet un plus indéniable. Mais je pense aller plus loin.<br />
– C’est-à-dire ?<br />
– Envoyer un Jedi en mission secrète sur Skelor I, pour découvrir ce que ses dirigeants passeraient éventuellement sous silence.<br />
– Une telle mesure serait illégale ! Imaginez qu’on l’apprenne ?<br />
– Une <em>intervention</em> serait illégale, nuança Lijeril. Dans le cas présent, il ne s’agirait que d’une mission d’<em>observation</em>. Tchoo-Nachril serait parfait pour cette mission. S’il est découvert, nous le lâcherons, en prétendant qu’il a agi de son seul chef, furieux d’avoir été écarté de sa mission initiale.<br />
– Vous parlez de le sacrifier ?<br />
– Dans le pire des cas, oui. C’est un Jedi, il fera son devoir.<br />
Marcus Valorum ne sut quoi répondre. Les Jedi faisaient parfois montre d’une froideur glaçante. Il finit par donner son accord du bout des lèvres, en priant pour que le pot aux roses ne soit jamais découvert. L’amalgame serait vite fait avec lui, et il perdrait les élections à coup sûr.<br />
– Je vais donner ses nouveaux ordres à Tchoo-Nachril, fit Maddeus Oran Lijeril, avant de se lever et de prendre congé de son auguste hôte.</p>
<p><br />***</p>
<p>Dès qu’il eut reçu ses instructions, Tchoo-Nachril ne perdit pas de temps en tergiversations. Il savait que Maître Lijeril était désolé de lui imposer une telle mission, mais ils savaient tous deux qu’elle pouvait avoir une importance capitale : comme souvent, la connaissance était la clé de tout.<br />
Ne restait plus au Chevalier qu’à faire ses adieux avant de partir.</p>
<p>Il dut affronter l’humeur massacrante de Ver’Liu So-Ren. La République avait annoncé qu’elle l’abandonnait à son sort. Pire, il était désormais considéré comme une menace pour la stabilité d’un monde républicain. Et voilà que son protecteur mandaté par le Conseil Jedi le quittait à son tour. Il avait été fou de croire qu’exposer la légitimité de sa cause suffirait à le faire reconnaître, et il s’en voulait d’avoir fait montre d’autant de naïveté.<br />
Ver’Liu eut l’impression de mieux comprendre ses ancêtres, qui n’avaient jamais daigné adhérer à la République, et son opinion sur les sénateurs et les Jedi en prirent également un coup.<br />
Tchoo-Nachril encaissa la bile que déversa Ver’Liu sur ses soi-disant alliés sans broncher. Il n’y pouvait rien et devait subir en silence. Il n’était pas habilité à révéler au jeune Skelor qu’il allait mener une mission secrète sur Skelor I, et qu’elle pourrait avoir une incidence sur un éventuel retour au pouvoir de la maison régnante. En fin de compte, il fut renvoyé comme un malpropre, ce qu’il ne releva pas. La réaction de Ver’Liu était parfaitement compréhensible, et le Jedi que Tchoo-Nachril était ne se préoccupait pas le moins du monde que son propre orgueil soit blessé.</p>
<p>Tel’Ay assista silencieusement à la scène. Pour une fois, sa compagne Wookiee n’était pas présente. Tchoo-Nachril avait appris que suite à une altercation avec des membres de son espèce, elle avait été contrainte d’effectuer un séjour dans une cuve à bacta, dans laquelle elle se trouvait encore à cette heure. A ses questions, Tel’Ay avait grogné une réponse inintelligible, et Tchoo-Nachril se l’était tenu pour dit.<br />
Quand le Jedi quitta le secteur skelorien, Tel’Ay lui emboîta le pas.<br />
– Tu me surveilles, Sith ? s’amusa Tchoo-Nachril.<br />
– Non, Jedi. Je m’interroge. Le désintérêt dont fait soudainement preuve la République et le Conseil Jedi me semblent pour le moins suspect. Il y a un aspect officieux derrière tout cela, n’est-ce pas ?<br />
Tchoo-Nachril ne répondit pas et resta pensif jusqu’à ce qu’ils atteignent le hangar dans lequel était parqué son chasseur. En temps normal, il aurait été aberrant qu’il donne des indications à quiconque sur une mission secrète. Qui plus est à un Sith. Sauf qu’un pressentiment troublant envahissait le Jedi. Comme s’il n’allait jamais revoir le Skelor. Et après tout, il était impliqué dans la situation présente jusqu’au cou, et leurs objectifs semblaient concorder. Il décida donc de faire montre de franchise, alors qu’ils étaient arrivés au pied de son chasseur.<br />
– Bon, Tel’Ay Mi-Nag, écoute-moi attentivement. La République est dans une impasse, mais elle souhaite tout de même savoir ce qui se passe réellement sur Skelor I. Je suis donc envoyé là-bas en mission secrète, pour en avoir le cœur net.<br />
– Je suis ravi de voir que la République compte encore s’impliquer dans cette crise. Mais fais attention à toi, Tchoo-Nachril. Je sens un grand danger planer au-dessus de ta tête.<br />
– Moi aussi, Sith, moi aussi. Cela ne m’empêchera pas d’accomplir mon devoir.<br />
– Si tu as besoin d’aide, et si jamais je peux te l’apporter, voici la fréquence de mon communicateur, dit Tel’Ay en lui communiquant les chiffres.<br />
– Et voici la mienne, répondit Tchoo-Nachril pour ne pas être en reste.<br />
– Bonne chance, Jedi, et que la Force soit ta servante !<br />
– Merci, Sith. Que la Force soit av…hum, en fin de compte, je pense qu’il serait malvenu de ma part de recommander à la Force de veiller sur un être tel que toi.</p>
<p>Tandis que Tchoo-Nachril procédait à la séquence de décollage, Tel’Ay s’éloigna en réprimant un sourire. Alors comme ça, cet imbécile allait mener son enquête sur Skelor I ? Planète aux mains de Dark Omberius, puissant seigneur Sith ? Le fou !<br />
Tel’Ay n’avait pas été tout à fait honnête avec Tchoo-Nachril. Ce n’était pas un grand danger qu’il avait senti pour le Jedi, mais bien sa mort. Ce dont le Skelor se lavait les mains. Un Jedi aussi doué que celui-là était assez dangereux pour qu’il se réjouisse de sa disparition prochaine. Bon débarras !<br />
De plus, Omberius serait peut-être obligé de se dévoiler à cause de Tchoo-Nachril, ce qui ne pourrait que servir les intérêts de Tel’Ay. Sans parler du fait que les Jedi ne laisserait pas la mort de l’un d’entre eux impunie. Oui, décidément, les prochains événements ne pouvaient pas manquer de le servir !</p>Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre VIIurn:md5:f2f1af63e41eb4fcdc953b97b32948ed2012-01-13T08:34:00+01:002013-07-08T16:14:31+02:00SrédéricTel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemptionfan-fictionromanStar Warstel ayécriture<p>Une improbable alliance Jedi-Sith, avec en toile de fond Skelor au coeur de la politique galactique…</p> <h2>Chapitre 7</h2>
<p>Tel’Ay Mi-Nag avait honte. Honte d’avoir laissé un futile plaisir personnel prendre le pas sur sa vigilance. Honte d’avoir été piégé par un Jedi, qui était par principe l’ennemi juré des Sith. Honte de ne pas avoir été digne du titre que son défunt maître, Maal Gami, lui avait conféré. Honte de réfléchir encore comme Tel’Ay Mi-Nag, et non pas comme Maal Kuun.<br />
Cette erreur ne se reproduirait pas, il s’en fit le serment intérieurement.<br />
Alors seulement, il se préoccupa du Jedi Whiphid qui, derrière lui, pointait la lame de son sabrolaser sur sa nuque.</p>
<p>Il n’eut que le temps de tourner la tête lentement vers son adversaire, car Ver’Liu intervenait déjà d’une vois ferme :<br />
– Rengainez votre arme, Chevalier ! Cet homme m’a sauvé la vie. Je ne saurais tolérer qu’il lui soit fait du mal.<br />
Tchoo-Nachril ne bougea pas d’un poil, mais répondit :<br />
– Je sens le Côté Obscur de la Force en lui. Je dois l’emmener avec moi sur Coruscant. Les Maîtres du Conseil Jedi voudront l’interroger.<br />
– Vos histoires de Côté Obscur me dépassent. Quoi qu’il en soit, au vu de son acte, cet homme ne peut pas être aussi mauvais que vous semblez le croire.<br />
– Il y a sûrement une raison cachée à ce sauvetage, rétorqua Tchoo-Nachril.<br />
Tout en prononçant ces paroles, qu’il était persuadé être véridiques, il se rendit compte que personne ne le croirait. Les circonstances faisaient de ce Jedi sombre un héros.<br />
– Vous prenez un gros risque, sachez-le, conclut Tchoo-Nachril en éteignant son sabrolaser et en l’accrochant à sa ceinture.<br />
Il croisa les bras et toisa Tel’Ay, qui se tourna vers lui, une lueur mauvaise dans l’œil. <em>Au moins, il n’a pas l’hypocrisie de jouer un rôle avec moi</em>, pensa le Jedi.<br />
– Que les choses soient claires entre nous, Jedi, fit Tel’Ay. Je suis ici pour protéger le roi de Skelor. (Puis, se tournant vers Ver’Liu) Vous êtes en danger de mort, sire, et pour des raisons qui ne regardent que moi, je veux vous aider à survivre face à vos ennemis.<br />
– Qui sont donc ces ennemis ? demanda Ver’Liu. Les usurpateurs zabraks ?<br />
– Ceux-là même, sire. Et au vu de l’importance que prend votre existence au sénat républicain, ils ne sont pas prêts de laisser les choses se tasser, au contraire.<br />
– Je vois… répondit Ver’Liu, occupé à réfléchir furieusement tandis que ses gardes reprenaient position autour de lui.<br />
Le regard de Ver’Liu balaya les cadavres de ses agresseurs, et quand il se tourna vers le chef de ses gardes, le sourcil levé en signe d’interrogation, ce furent Tel’Ay et Tchoo-Nachril qui répondirent à l’unisson :<br />
– Tous morts, sire.<br />
– Voilà qui est contrariant, fit Ver’Liu. Il sera difficile de remonter la piste.</p>
<p>Tel’Ay, pris d’une inspiration subite et désireux de prendre une longueur d’avance sur le Jedi, mit un genou à terre et baissa la tête, face à Ver’Liu, avant de reprendre la parole :<br />
– Sire, je souhaite me mettre à votre service, afin d’assurer votre sécurité, et si mon offre vous intéresse, bien sûr.<br />
– Relevez vous, mon ami. Le formalisme des anciens rois de Skelor est loin derrière nous, et je ne compte pas le faire revivre. J’accepte avec joie votre allégeance, ainsi que vos services. Dès que nous serons revenus dans le secteur skelorien, je vous nommerais chef de ma garde, et par extension chef de la sécurité. Nous réglerons les détails là-bas, avec mon assistant et mon responsable de sécurité actuel.<br />
– Cette nomination ne posera pas de problème à ce dernier ? s’enquit Tel’Ay.<br />
– Non, il n’occupe ce poste que par défaut, et contre son gré. Notre communauté s’agrandit trop vite pour que nous arrivions à l’encadrer correctement.<br />
– Dans ce cas, j’accepte avec plaisir, sire.<br />
– Quel est votre nom, mon ami ?<br />
– Tel’Ay Mi-Nag, sire.<br />
– J’avoue que je connais pas le nom de ce clan.<br />
– Pour tout vous dire, moi non plus, sire. Poussé par la curiosité, j’ai mené quelques recherches sur ce nom, afin d’en savoir plus, mais elles n’ont jamais débouchées sur rien.<br />
– Nous aurons peut-être plus de chance au quartier général.<br />
– Merci, sire. Ce serait un honneur et un plaisir pour moi de rencontrer des membres de mon clan, répondit poliment Tel’Ay, alors qu’il s’intéressait simplement au taux de midi-chloriens d’autres Mi’Nag, pour éventuellement commencer à rebâtir sa confrérie Sith.<br /></p>
<p>Des dizaines de membres de la sécurité du <em>Carolusia</em> surgirent à ce moment, au pas de course et arme au poing, suite à l’appel au secours que l’un des gardes de Ver’Liu avait lancé via comlink. Le chef de l’escorte pressa Ver’Liu de regagner le secteur skelorien, tandis que lui-même resterait commencer son enquête, avec une partie de son équipe.<br />
Tel’Ay et Tchoo-Nachril imposèrent leur présence à l’officier du <em>Carolusia</em>, pour « l’aider dans son investigation », après avoir promis à Ver’Liu de le rejoindre plus tard dans la journée. De son côté, Anaria était restée à l’écart, mais ne semblait pas désireuse de lâcher Tel’Ay d’une semelle.</p>
<p>L’officier du <em>Carolusia</em> et son équipe s’affairèrent aux premières constatations : ils prirent des holos des cadavres, prélevèrent des échantillons épidermique sur les cadavres, et inspectèrent les lieux à l’aide de divers scanners d’analyse. De son côté, Tchoo-Nachril remarqua un petit rongeur près d’un cadavre, sur le dos, les pattes en l’air. Une bonne partie de sa fourrure avait été brûlée par un tir de blaster, et la créature émettait de pitoyables cris de douleur.<br />
– Tu me poses un problème éthique, Jedi noir, lança Tchoo-Nachril à Tel’Ay, tout en prenant délicatement le rongeur entre ses grandes mains. Par définition, tout utilisateur du Côté Obscur de la Force est mon ennemi héréditaire, et l’une de mes attributions consiste à lutter contre le mal.<br />
Tel’Ay se rapprocha. Il sentit que le Whiphid utilisait la Force sur le rongeur, aussi déploya-t-il ses sens à son tour, désireux de glaner une nouvelle technique de guérison.<br />
– Le bien et le mal ne sont que des données subjectives, Jedi, répondit le Skelor, tout en pensant : <em>intéressant. Il ne guérit pas le rongeur, mais lui « présente » de la Force brute, dans laquelle l’animal peut puiser pour réparer ses dégâts physiques.</em> Les Jedi sont conditionnés pour faire le bien, mais les utilisateurs du Côté Obscur apprennent à se servir de leurs pouvoirs pour leur propre profit, pour les causes qu’ils estiment être justes…pas nécessairement pour faire le mal. Donne-moi cet animal, je vais te montrer.<br />
Tchoo-Nachril déposa prudemment le rongeur dans les mains de Tel’Ay, que ce dernier lui présentait en coupe. Le Skelor concentra son propre pouvoir de guérison, et sa vision vira au noir et blanc. Il insuffla peu à peu de la Force partout où des taches et zébrures noires apparaissaient sur le corps du rongeur, et les zones en question s’éclaircirent peu à peu, signe que les blessures se résorbaient peu à peu.<br />
– C’est exactement ce que je disais, Jedi noir, reprit Tchoo-Nachril. Même tes techniques de guérison sont invasives.<br />
– Que veux-tu dire par là ?<br />
– Tu imposes à cette créature de guérir, sans lui laisser le choix. De mon côté, je lui ai fait comprendre qu’en puisant dans ma Force, elle pourrait guérir, mais seulement si elle le désirait. Je lui ai offert une opportunité, en lui laissant son libre arbitre.<br />
– Tu crois que cette bestiole préférerait mourir plutôt que d’être sauvée ?<br />
– Je ne sais pas. Et c’est précisément la raison pour laquelle je lui laisse le choix.<br />
- Ton raisonnement est intéressant, Jedi, mais également stupide. Cet animal est gravement blessé, il doit souffrir comme jamais auparavant. Il ne doit souhaiter qu’une chose : que ses douleurs cessent. Il est plus facile pour lui de se laisser mourir que de lutter pour sa guérison, qu’il estime peut-être instinctivement comme étant impossible. Toi et moi connaissons le pouvoir de la Force, pas lui. S’il avait refusé de puiser dans la Force que tu lui offrais, tu l’aurais laissé mourir ?<br />
– En effet, répondit Tchoo-Nachril.<br />
– Tu es méprisable, Jedi ! Imagine un être tout le temps courageux, prêt à se battre à tout instant de sa vie. Il se retrouve gravement blessé, et pense sa fin proche. Pour la première fois de sa vie, il cède au désespoir, certain qu’il va mourir. Tu arrives, tu proposes de le guérir mais lui, du fond de sa déprime passagère, estime que c’est impossible et refuse ta proposition. A ce moment-là, tu le laisses crever, si j’ai bien compris ton raisonnement ?<br />
– Je prends soin de lui faire comprendre que je peux le guérir, pour qu’il soit certain d’avoir une alternative à la mort.<br />
– C’est ce que je te reproche, Jedi, rétorqua Tel’Ay en posant à terre le petit rongeur, guéri. Si ton offre est refusée pendant un instant de faiblesse, tu t’en laves les mains, te dis « tant pis pour lui, il a eu sa chance », et tu t’en vas la conscience tranquille, content parce que tu as fait ce qu’on t’a appris à faire, sans chercher plus loin que les apparences.<br />
– Ta démonstration est…pertinente, reconnut le Whiphid du bout des lèvres.</p>
<p>Tandis qu’il suivait des yeux le petit rongeur, qui disparaissait promptement dans une anfractuosité du mur, Tchoo-Nachril se remémora brièvement toutes les occasions où il avait confronté des blessés graves à ce choix. A plusieurs reprises, il n’avait en effet pas insisté quand certains avaient rejeté ses services. Il s’était alors contenté de les accompagner dans la mort, afin qu’ils ne périssent pas seuls. Ce faisant, il avait été persuadé d’avoir bien agi, en accord avec les préceptes qui lui avaient été inculqués. Et s’il avait fait fausse route ? Et si son raisonnement était biaisé ? Avait-il pris le chemin du Côté Obscur sans s’en rendre compte ? Pour en avoir le cœur net, il lui faudrait s’entretenir avec ses Maîtres.<br />
Le plus tôt serait le mieux, mais d’autres contingences passaient avant. Le Whiphid se tourna vers le chef des enquêteurs et demanda :<br />
– Vous avez trouvé quelque chose ?<br />
– Rien de flagrant, monsieur. Je vais faire enlever les cadavres et continuer nos analyses en laboratoire. Et il nous faut aussi découvrir comment ces tueurs sont arrivés là.<br />
Tchoo-Nachril opina du chef et se dirigea vers le cadavre Nassil Veraian, Tel’Ay sur ses talons.<br />
– Tu le connais ? demanda le Skelor.<br />
– C’est à cause de lui que je suis là. Il a assassiné le sénateur bothan sur Coruscant, ainsi que des dizaines d’innocents présents à ce moment.<br />
– Je t’adresserais bien des félicitations pour avoir attrapé ton homme, ironisa Tel’Ay, mais je sens que tu n’es pas très satisfait de la situation.<br />
– En effet. Le tueur est hors d’état de nuire, mais je n’ai pas découvert qui avait commandité le meurtre.<br />
Tchoo-Nachril omit de préciser que les données qu’il avait volé chez les Archanges de Norkaï étaient déjà en route vers Coruscant, et qu’une canonnière républicaine avait été armée à la hâte pour investir leur quartier général. Pour sa part, sa mission était terminée, mais il rechignait à laisser Tel’Ay Mi-Nag sans surveillance. Ce Jedi noir ne lui inspirait aucune confiance. Peut-être serait-il avisé de sa part de rester dans les parages, juste au cas où.<br />
– Et que comptes-tu faire désormais ? demanda Tel’Ay, faussement détaché.<br />
– Poursuivre notre conversation, et me sustenter. Je vous paye une collation, à toi et à ta…compagne ? fit-il en désignant Anaria, sentinelle silencieuse et vigilante, qui ne s’était jamais éloignée bien loin pendant ce temps.<br />
La Wookiee acquiesça bruyamment, et les yeux rivés sur Tel’Ay, elle le défia silencieusement de refuser cette offre. Le Skelor grimaça un sourire forcé, et tous trois se mirent à arpenter les couloirs de la station, à la recherche d’un restaurant.</p>
<p><br />***</p>
<p>Pourquoi rester toujours caché, quand ses pouvoirs surpassaient ceux de ses ennemis ? Telle était la question que Dark Glaro se posait. Son arrivée sur Coruscant se fit sans le moindre accroc. Masquant ses pouvoirs de Sith, il se rendit sur la rotonde du Sénat. Il eut du mal à retenir un sourire méprisant en croisant deux Jedi, incapables de percevoir sa vraie nature. Il observa pendant une demi-heure les allées et venues des gardes sénatoriaux, habillés d’armures bleues marines privilégiant l’apparat plutôt que l’efficacité, et dont le visage était ceint d’un casque qui dissimulait la majeure partie de leurs traits. Au bout de ce laps de temps, leur gestuelle et attitudes n’eurent plus aucun secret pour lui, et il put passer à l’action.<br />
Il déverrouilla un panneau d’accès à une salle de réunion, en utilisant la Force, après avoir sondé la pièce pour s’assurer qu’il y serait seul. Sur Coruscant, l’incroyable densité d’habitants, et la présence du quartier général des Jedi, terrés dans leur maudit Temple, faisaient que la Force ne cessait de hurler. Nul ne pourrait détecter ses petites utilisations du Côté Obscur dans cette cacophonie spirituelle.<br />
Tout était trop facile. Caché derrière la porte, Dark Glaro, les sens en éveil, avait repéré un garde, occupé à faire sa ronde. Il ne perçut pas d’autre présence proche dans le vaste couloir richement décoré. Dès que le garde passa devant la porte, Glaro la déverrouilla, prit une expression affolée et lança à l’homme en bleu :<br />
– Oh mes dieux ! Aidez-moi, monsieur, il est arrivé un grand malheur !<br />
Dès que le garde se fut retourné vers lui, Glaro s’engouffra à nouveau dans la pièce et se colla contre un mur, tout près de la porte.<br />
Quand le garde entra et passa devant Glaro sans le voir, celui-ci bondit, lui arracha son casque et lui fit une clé imparable au cou. D’une pichenette de Force, il ferma la porte, et desserra légèrement son emprise sur le garde.<br />
– Si tu cries, tu meurs. Si tu me mens, tu meurs. Compris ?<br />
L’autre gargouilla son assentiment, et Glaro se délecta de voir qu’il suintait littéralement de peur.<br />
– Où sont les quartiers d’Aar Gamonn ?<br />
L’homme bredouilla :<br />
– Je l’ignore, mais cette donnée se trouve dans mon bloc de données.<br />
– Alors, regarde dedans, rétorqua Glaro en lui libérant une main.<br />
Le garde attrapa son bloc de données d’une vois tremblante, et fit la recherche demandée après avoir rentré ses codes d’accès.<br />
– J’ai trouvé, fit-il d’une voix rauque. Treizième bloc, trente-septième niveau, appartement numéro deux.<br />
– Merci l’ami, répondit doucement Dark Glaro, avant de briser d’un geste sec le cou du garde.<br />
<em>Tout cela est trop facile, je m’ennuie</em>, se dit-il en se déshabillant, avant d’enfiler la tenue de garde.<br /></p>
<p><br />***</p>
<p>– Un peu de vers d’Anada ? demanda Tchoo-Nachril en tendant le plat d’insectes grouillants à Tel’Ay.<br />
– Volontiers. Rapproche ton verre, que je te serve de cette délicieuse cuvée ’93. Alors, Anaria, ton rôti de grenviaru à la sauce vidélienne est bon ?<br />
– Très, merci, fit-elle en souriant, amusée d’assister à une scène aussi surréaliste.<br />
Le Jedi et le Sith se comportaient avec une dignité à toute épreuve, feignant de trouver normal que deux ennemis héréditaires partagent une table bien garnie. Faisant assaut d’amabilités, ils évitèrent soigneusement de reparler de leur situation respective.</p>
<p><br />***</p>
<p>Aar Gamonn marchait la tête haute, la démarche fière, dans les couloirs démesurés et richement décorés du Sénat. Ses courtisans l’entouraient, groupe hétéroclite d’une vingtaine de personnes, composé de ses conseillers et de bureaucrates ambitieux, qui ne demandaient qu’à devenir ses collaborateurs.<br />
Son visage reflétait de la compassion et de l’intérêt pour les propos futiles dont sa cour l’abreuvait, et il n’avait pour seule hâte que de se débarrasser de tous ces parasites. Ces insectes l’empêchaient de savourer son triomphe, présent et à venir. Depuis son discours au Sénat, il était en tête des sondages, et la course à la Chancellerie semblait désormais pliée, tellement il avait d’avance sur son rival, Marcus Varolum, décidé à briguer sa propre succession. Valorum peinait de plus en plus à se faire entendre, tandis que lui-même avait le vent en poupe. Le pouvoir était à portée de ses mains, et il devait se retenir pour ne pas pousser un cri de triomphe.<br />
Parvenant enfin à ses quartiers, il s’y engouffra avec ses conseillers. Des gardes sénatoriaux, qui veillaient à l’entrée, empêchèrent les courtisans qui n’appartenaient pas à l’équipe d’Aar Gamonn de le suivre. Las de toute cette agitation, et vu l’heure tardive, il annonça qu’il se retirait dans ses appartements privés. Un sourire radieux barra son visage dès qu’il fut chez lui, le panneau d’ouverture verrouillé derrière lui. Comme la vie était belle !<br />
Il n’eut pas le temps de se rendre compte qu’il n’était pas seul. Sa tête fut détachée de ses épaules par un ample mouvement de sabrolaser, et elle vola à travers la pièce.<br />
<em>Par le Chaos, c’est la mission la plus nulle que j’ai jamais accomplie</em>, se plaignit intérieurement Dark Glaro en rengainant son arme.</p>
<p>Le Sith n’avait plus qu’à ressortir de la même manière qu’il était entré, c’est-à-dire en déformant les perceptions des occupants des quartiers d’Aar Gamonn, qui ne le verraient même pas. <em>Je vaut bien mieux que cela, il est grand temps que Dark Omberius s’en rende compte.</em></p>
<p><br />***</p>
<p>Leur repas plantureux terminé, et alors qu’ils buvaient un digestif, Tchoo-Nachril revint aux choses sérieuses :<br />
– Tel’Ay Mi-Nag, tu disais tout à l’heure au roi que tu voulais le protéger. Mais quel est ton véritable but : assurer sa survie, ou détruire ses ennemis ?<br />
– Les deux allant de pair pour l’instant, la question ne se pose pas.<br />
– Si, elle se pose. Je dois en savoir plus sur tes motivations, afin de définir ma propre ligne de conduite.<br />
– Vraiment ? fit Tel’Ay en souriant. Et si je te mens ?<br />
– Tu peux tenter ta chance, mais j’ai un don pour savoir quand on me dit ou non la vérité.<br />
– De mon côté, comme je suis très doué pour mentir, je me demande qui de nous deux gagnerait à ce petit jeu. Si ça peut te consoler, mentir ne m’arrangerait pas dans la situation présente : la vérité servira mieux mes intérêts. Jouons cartes sur table, Jedi. Je me fous éperdument du gamin, et si les circonstances étaient différentes, il pourrait crever sur place sans que je lève le petit doigt pour l’aider. Seulement, celui qui veut l’abattre est mon ennemi mortel et pour l’instant, la meilleure manière pour moi de lui mettre des bâtons dans les roues est de faire en sorte que le gosse reste en vie. Dès que sa sécurité sera vraiment assurée, je me mettrais en chasse, anéantirais la menace qui plane sur lui et disparaîtrais.<br />
– Et quelle est cette menace, cet ennemi mortel ?<br />
– Tu n’as pas à le savoir. Cela ne concerne que les adeptes du Côté Obscur.<br />
– Une lutte pour le pouvoir au sein des ténèbres, si je te suis bien.<br />
– Très poétique, railla Tel’Ay.<br />
Pris d’une inspiration subite, le Skelor poursuivit :<br />
– Si tu veux en savoir plus, il faudra te rendre sur Skelor I. C’est là que tout se trame, et tu pourrais être surpris par ce que tu y découvriras.<br />
– Hum…je dois m’en référer au Conseil des Jedi. Et leur faire part de ton existence comme de tes agissements. Je doute fort que les Maîtres tolèrent qu’un Jedi noir se charge de la sécurité de Ver’Liu So-Ren.<br />
– « Tolèrent » ? Vraiment ? Les Jedi ? On parle bien de ces utilisateurs de la Force n’ont pas levé le petit doigt pour aider la dynastie skelorienne à se maintenir sur le trône il y a trente ans ? Une telle ingérence de leur part pourrait être mal perçue, et maladroite de surcroît.<br />
– Ton roi a appelé la République au secours, et en tant que Chevalier Jedi, je suis le représentant d’une organisation au service de la République. De plus, le fait qu’un Jedi sombre se mette au service d’une cause qui semble juste me titille au plus haut point.<br />
– Là-dessus, tu n’as rien à dire. Le roi a accepté mes services.<br />
– C’est exact. Ceci dit, compte sur moi pour ne pas te lâcher d’une semelle en attendant d’avoir fait mon rapport à mes supérieurs, et d’avoir reçu de nouvelles instructions.</p>
<p><br />***</p>
<p>– Salutations, Marcus.<br />
– Maddeus, je suis ravi de te voir ! s’empressa de répondre le Chancelier, tout en se levant de son bureau pour venir saluer son ami, Grand Maître de l’Ordre Jedi.<br />
– Comment te portes-tu ? demanda le Jedi, en constatant la mine fatiguée de son interlocuteur.<br />
– Hum, je me demande comment ça pourrait aller plus mal ! Depuis que le corps d’Aar Gamonn a été retrouvé, il y a deux heures, le Sénat est en ébullition ! A peine deux semaines après le meurtre de Jeroed’Erfey, voilà qu’un nouveau sénateur est assassiné. Et cette fois-ci, c’est à peine si on ne m’accuse pas d’être l’instigateur de ce crime odieux.<br />
– Je suis au courant, oui. Pour ne rien arranger, le meurtre de Jeroed’Erfey ne sera pas résolu. Je viens de recevoir un rapport de Tchoo-Nachril : il a retrouvé le meurtrier, mais celui-ci était déjà mort quand il est arrivé. L’homme en question se nommait Nassil Veraian, et tentait d’assassiner Ver’Liu So-Ren quand il a été lui-même abattu.<br />
– So’Ren ? Qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans, celui-là ? Par la Force, ces maudits Skelors commencent sérieusement à me taper sur les nerfs !<br />
– Je crains que nous ne soyons pas au bout de nos surprises. D’après Tchoo-Nachril, la sécurité du roi de Skelor est désormais assurée par un Jedi sombre, depuis que celui-ci a déjoué la tentative d’assassinat de So-Ren.<br />
– Celle-là même où ce Veraian est mort ?<br />
– Celle-là même. La situation est confuse et préoccupante.<br />
– Et c’est intolérable, d’autant plus que nous n’avons pas le choix ! Je veux que des Jedi protègent coûte que coûte ce Skelor ! Nous devons montrer que nous maîtrisons la situation, et que les Skelors sont une préoccupation majeure pour nous.</p>
<p><br />***</p>
<p>Tel’Ay fut atterré de découvrir le secteur skelorien de la station <em>Carolusia</em>. Tout n’était que chaos indescriptible, entre les gardes qui tentaient vainement de mettre bon ordre dans la cacophonie, et les dizaines de personnes qui s’interpellaient de tous côtés.<br />
Il indiqua à Anaria une arche, non loin de là, gardée par une dizaine de Skelors à l’air revêche, arme à la main. Vu leur posture, Tel’Ay n’eut aucun mal à comprendre que Ver’Liu devait se trouver quelque part derrière ce cordon ce sécurité. Il laissa passer la Wookiee devant lui, et un chemin s’ouvrit prestement devant eux, d’autant plus qu’Anaria faisait facilement deux têtes de plus que le plus grand des Skelors.<br />
L’un des gardes avala sa salive quand Tel’Ay et Anaria lui firent face, et dit :<br />
– Je présume que vous êtes Tel’Ay Mi-Nag. Notre souverain nous a averti que vous voyagiez avec une Wookiee.<br />
– En effet, c’est bien moi.<br />
– Suivez-moi. Son altesse a ordonné que vous soyez amené devant elle dès votre arrivée.</p>
<p>Ainsi fut fait, et Tel’Ay prestement mené à une salle pourvue d’une grande table ronde. Ver’Liu présidait visiblement une réunion : une quinzaine de sièges étaient occupés par ses conseillers. Parmi eux, Tel’Ay avisa deux adolescents, qui devaient avoir sensiblement le même âge que Ver’Liu. Le souverain présomptif de Skelor I l’accueillit avec chaleur et sans formalisme, avant de faire les présentations.<br />
Tel’Ay ne tenta pas de retenir les noms de toutes les conseillers. Il se contenta de ceux du clan qui avait recueilli Ver’Liu : les parents, Amo’Kar et Seleniel, l’oncle Lar’Jon et les enfants, Nal’Kia et Sionarel. Un frisson intérieur parcourut Tel’Ay en posant les yeux sur Sionarel. Il émanait clairement d’elle un halo de Force, peut-être révélateur d’un potentiel de Force intéressant. S’il s’y prenait bien, il tenait peut-être là sa future première élève, susceptible de l’épauler pour faire renaître de ses cendres la confrérie de Maal Taniet.</p>
<p>Avec l’arrivée de Tel’Ay et d’Anaria, la réunion dévia de son but originel, qui était d’expédier tant bien que mal les affaires courantes. Le Sith fut prestement nommé responsable de la sécurité : son prédécesseur à ce poste, Gok’Ar Li-Var, fut le premier à le féliciter chaleureusement pour sa promotion. Tel’Ay put lire dans son regard un immense soulagement, et sut que la charge avait été trop lourde pour l’individu.<br />
Il eut droit à un résumé de la situation, qui n’était guère brillante : la station <em>Carolusia</em> ne suffisait d’ores et déjà plus à contenir et gérer l’afflux de réfugiés skeloriens, et les incidents entre Skelors et Zabraks se multipliaient, exacerbés par les meurtres perpétrés par les Archanges de Norkaï. De plus, l’attentat récent avait confirmé que Ver’Liu n’était pas en sécurité en ces lieux.<br />
L’esprit de Tel’Ay se retrouva vite à cogiter furieusement, en vue de trouver un nouvel endroit de rassemblement pour le peuple skelorien. Il eut bientôt une idée derrière la tête. Comme elle nécessitait un certain nombre de préparatifs, il décida d’en faire part le plus tôt possible à Ver’Liu, en privé.</p>
<p>Bien qu’il rechignât à l’admettre, Tel’Ay commençait à être conquis par Ver’Liu. Bien qu’entrant à peine dans l’âge adulte, le jeune Skelor faisait montre d’une maturité, d’un calme et d’un respect envers autrui impressionnants. Nulle trace chez lui d’ivresse du pouvoir, uniquement le désir farouche de servir au moins les intérêts de son peuple. Et Tel’Ay commençait à trouver que tous deux se ressemblaient, par certains côtés. Tous deux occupaient une position de dirigeants et devaient bâtir pas à pas leur communauté, Ver’Liu en tant que roi, Tel’Ay en tant que maître de confrérie Sith. Ver’Liu voulait redonner à son peuple la dignité dont il avait été privé suite à l’invasion zabrak, et Tel’Ay n’avait pour seule ambition que de pérenniser ce que ses propres maîtres lui avaient appris. Réhabilitation, retour aux sources, et regard tourné vers l’avenir.<br />
Il se prit même à penser que la cause de Ver’Liu, nonobstant ses ambitions propres, valait la peine d’être défendue. Il chassa vite ces pensées parasites, pour se recentrer pour son devoir. La seule menace importante était celle de Dark Omberius, pour lui comme pour Ver’Liu. Il devait s’assurer de la sécurité du souverain skelorien, et abattre son ennemi. Une ébauche d’idée lui vint, et il décida de la mettre en œuvre.<br />
Il confia Ver’Liu aux bons soins d’Anaria et quitta le secteur skelorien, désireux de préparer l’avenir le plus tôt possible.</p>
<p>Tel’Ay rencontra l’officier du <em>Carolusia</em> responsable des archives. De là, il eut accès au dossier de la colonie Velinia III. Avant de l’ouvrir, il poussa un long soupir, la tête pleine de souvenirs d’une autre époque.</p>
<p><br />***</p>
<p>Quand Tchoo-Nachril sortit de la bulle de communication hyperspatiale sécurisée, après avoir reçu pour instruction de la part du Conseil Jedi de protéger Ver’Liu So-Ren par tous les moyens laissés à sa discrétion, il se retrouva nez à nez avec Tel’Ay.<br />
– Quelles sont les nouvelles, Jedi ? demanda ce dernier avec une insouciance feinte.<br />
– Mon rapport est fait, et j’ai reçu mes ordres. Nous allons avoir un problème, Jedi noir.<br />
– De quel genre ?<br />
– Je suis chargé d’assurer la sécurité de Ver’Liu So-Ren.<br />
– Un peu tard…c’est la mission que je me suis moi-même donné, et je viens d’être nommé responsable de la sécurité du roi. Et il n’y a pas de place pour toi dans mon dispositif de protection, conclut-il en souriant largement.<br />
– Je m’en doute. Pourquoi crois-tu que je te dis que nous avons un problème ? Quoi qu’il en soit, ton roi a fait appel à la République, et la République répond en me détachant à son service.<br />
– Te voilà donc <em>de facto</em> placé sous mes ordres, Whiphid ? demanda Tel’Ay, large sourire aux lèvres.<br />
– Ne rêve pas, Skelor.<br />
– Quels sont tes ordres vis-à-vis de moi ?<br />
– Le Conseil est…perplexe, je l’avoue. L’antagonisme entre les Jedi et les utilisateurs du Côté Obscur fait que je devrais te capturer et t’amener au Temple Jedi, voire te tuer si cela s’avérait impossible. Mais comme tu as la confiance de Ver’Liu, te voilà intouchable.<br />
– Conclusion ?<br />
– On m’a ordonné de collaborer avec toi, dans un rôle d’électron libre, habilité à prendre les décisions que j’estimerais nécessaire pour garder ton roi en vie. Je ne dois pas me dresser contre toi, sauf si les circonstances l’exigent.<br />
– Voilà des ordres limpides, ricana Tel’Ay.<br />
– La situation étant elle-même très confuse, j’ai une latitude assez large pour les interpréter.<br />
– J’en prends bonne note, Jedi. Suis-moi, <em>partenaire</em>, fit-il en prenant Tchoo-Nachril par le bras.</p>
<p>Ils entrèrent dans une bulle de communication et Tel’Ay demanda à l’opérateur de la station une connexion vers la colonie républicaine de Velinia III. Il fallut cinq minutes pour qu’apparaisse une silhouette tridimensionnelle, dont l’image tressautait aussi souvent que le son sautait. Tchoo-Nachril reconnut sans peine un Rodien, de constitution solide.<br />
– Salutations, Seperno, fit Tel’Ay.<br />
– Sal…tations, Skelo…, répondit le Rodien. C’est…quel …ujet ?<br />
– La chose est trop délicate pour en parler via holonet. Sache simplement qu’il s’agit de payer ta dette vis-à-vis de Tel’Ay Mi-Nag et Dibidel Rdan-Emqer. A ce titre, j’aurais besoin que tu viennes sur le <em>Carolusia</em> le plus rapidement possible.<br />
Tel’Ay répéta ses paroles quatre fois, afin d’être sûr que son interlocuteur ait bien tout saisi. Il savait ce qu’impliquait la dette en question, et que Seperno viendrait, même son ami ne l’avait pas reconnu, du fait de la qualité médiocre de la transmission.<br />
Après un long silence, le Rodien répondit simplement, avant de couper la communication :<br />
– J’arrive.</p>
<p>– Qui est ce Seperno ? s’enquit Tchoo-Nachril.<br />
– Un vieil ami. Je lui ai sauvé la vie et l’ai accompagné, avec ma compagne, quand il a entrepris de mettre sur pied la colonisation de Velinia III. C’est un être en qui j’ai la plus grande confiance, je lui confierais ma vie sans hésiter. Il me croit mort, suite à une attaque d’esclavagistes survenue il y a plus d’un an. Par la suite, je les ai libérés, lui et les autres colons, mais sans dévoiler que j’avais survécu, car je ne voulais pas que quiconque apprenne que je maîtrisais la Force.<br />
– Et qu’a-t-il à voir avec ton roi ?<br />
– Rien, mais Velinia III pourrait servir de planète de rassemblement pour le peuple skelorien. Le <em>Carolusia</em> n’est pas adapté pour cela.<br />
– Une simple planète coloniale me semble être une cible de choix, surtout si Ver’Liu So-Ren a des ennemis puissants.<br />
– Bah, je connais bien Seperno. Un homme de grande envergure qui s’ignore ! D’après le rapport que je viens de lire, lui et les siens sont retournés sur Velinia III après leur libération, et la colonie est assez florissante. A ses débuts, nous étions moins de cinq cent là-bas. Apparemment, ce chiffre a été multiplié par dix cette année.<br />
– Il n’empêche que la sécurité de ton roi ne sera pas assurée dans un tel lieu. Un autre choix me semblerait plus judicieux.<br />
– Je ne suis pas d’accord. La République ayant décidé de soutenir Ver’Liu, elle sera obligée de prendre les mesures nécessaires pour sa survie. S’il décide de s’installer sur Velinia III, la République fera bien l’effort d’y déployer une flotte, ou au moins un vaisseau capital, tu ne crois pas ?<br />
– Je dois admettre que tu as raison. Et la colonie risque de se développer de manière impressionnante.<br />
– Ses habitants sont des réfugiés, qui ont été chassés de partout avant de s’y installer. Ils ont bien mérité une vie meilleure, et l’arrivée de Ver’Liu et de son peuple va le leur offrir.<br />
– Tu m’étonnes grandement, Tel’Ay Mi-Nag. Je n’aurais pas cru possible d’un adepte du Côté Obscur puisse faire preuve d’altruisme.<br />
– Tu as des amis, Tchoo-Nachril, et moi aussi. Je sais que les Jedi n’hésiteraient pas à sacrifier leurs amis si la paix et la justice devaient en résulter, ce qui n’est pas mon cas. Mes priorités ne sont que celles que je définis.<br />
– Echanger des points de vue avec toi est quelque chose de très intéressant, reconnut le Whiphid. Moi qui ne voyais les adeptes du Côté Obscur que comme des êtres ne vivant que pour faire le mal.<br />
Tel’Ay haussa les épaules :<br />
– Bah, Jedi lumineux ou sombres, nos similitudes me semblent plus importantes que nos divergences. La Force transcende toutes ces catégorisations mesquines.<br />
– Je ne serais jamais d’accord avec une telle généralisation, dit Tchoo-Nachril d’un ton placide qui suggérait qu’il comptait bien en rester là dans ce débat. Après un court silence, Il lâcha une phrase de manière presque anodine :<br />
– Tu as fait mention tout à l’heure de ta compagne. Qu’est-elle devenue ?<br />
– Je l’ai tué, cracha sèchement Tel’Ay Mi-Nag, l’œil dur, avant de tourner les talons.<br />
<em>C’est intéressant</em>, songea Tchoo-Nachril. <em>Une perte tragique, que les enseignements des Jedi auraient pu empêcher si ce Skelor en avait bénéficié…un être qui se dévoue pour ses proches…Se pourrait-il que Tel’Ay Mi-Nag puisse devenir un Jedi un jour</em> ?</p>