Le clone de Mara

Après la mort de sa chère et tendre Mara, Luke décanilla la tronche de Lumiya. Faut pas déconner, non plus ! C’était pas parce qu’il ne foutait plus rien ces dernières années qu’il allait continuer, surtout après un truc pareil !
Malheureusement, ça ne lui remonta même pas le moral. En espérant se sentir mieux, il récupéra la tête de cette garce et s’entraîna sur un stade de foot à tirer des coups-francs. Mais il n’avait décidément pas la tête (la sienne, pas celle de Lumiya) à s’amuser.
De guerre lasse, il entra dans un bar, bien décidé à se mettre la cuite de sa vie, de celle qui extermine tous les neurones déjà en mauvais état, et les autres. Bof ! Après avoir liché sept bouteilles de brandy corellien cul-sec, il dut se rendre à l’évidence : malgré son côté tafiole, il était encore un super Jedi, et son corps élimina toute l’alcoolémie au fur et à mesure qu’elle envahit son corps.
C’est alors que tout changea ! Un événement primordial qui lui redonna espoir ! Cilghal, la plus grande guérisseuse de l’Ordre, le contacta via comlink pour lui annoncer qu’elle avait réussi à récupérer quelques cellules-souches de Mara, et qu’elle était en mesure d’en produire un clone !
Dès qu’il coupa la communication, il sortit du bar et se mit à courir comme jamais auparavant. Cours, Luke, cours !…Oui, mesdames et messieurs, c’est exceptionnel, Casaque Blanche est en train de refaire son retard à la corde et va griller tout le monde dans la dernière ligne droite !…Rhalala, et voilà que Tyler va franchir la ligne d’arrivée, acclamé par la foule et salué par le drapeau à damier ! Il a su résister jusqu’au bout aux attaques de son coéquipier Fernando !…Et là, c’est le drame : la pauvre gazelle est repérée par le guépard, qui semble voler alors qu’il se précipite sur sa proie. Elle n’a d’ores et déjà plus aucune chance…Exceptionnelle Laure ! Bien que réfugiée chez les Spaghettiens, elle parvient encore une fois à battre son propre record du monde en nage papillon…Bref, il ne traîna pas en chemin.

Au centre médical, il rejoignit Cilghal dans son laboratoire et, fière d’elle, elle lui montra la cuve à bacta dans laquelle Mara, sa Mara, la seule, l’unique (oui, bon, d’accord, même pas vrai, c’est un clone), semblait dormir paisiblement. C’était comme si elle attendait qu’un baiser de son prince charmant ne la réveille. Luke tenta d’ailleurs cette bonne vieille technique, et embrassa fougueusement la cuve à bacta, sous les yeux quelque peu gênés de Cilghal et de ses assistants.
Il finit par se rendre compte que dans le genre stupide, il était bien parti pour gagner un prix, aussi recula-t-il légèrement. Il n’aurait plus manqué qu’un sub-paparazzi de Galactic Voici l’ait vu !
L’air de rien, et pour détourner l’attention, il demanda à Cilghal :
– C’est bizarre. Pourquoi le bacta a-t-il une couleur laiteuse ? D’habitude, il est plus transparent ?
– Oui, c’est vrai, Maître. On a mis du lait de Bantha dans le bacta…pour sa carnation, vous comprenez ?
– Ah oui, vous avez bien fait. C’est vrai qu’elle a la peau grasse, quand même…m’enfin, c’est parfait, elle sera contente !

QUAND SOUDAIN la catastrophe arriva. Le liquide de la cuve à bacta se mit à faire des bulles, de plus en plus, de plus en plus vite. Cela rappela à Luke la fois où il avait oublié le chat dans la machine à laver (enfin, oublié, c’est un bien grand mot, mais ceci est une autre histoire…) et qu’il l’avait regardé tourner dans l’eau bullée…euh, ça se dit pas en français, ça…les bulles aqueuses, peut-être ? Pas beaucoup mieux. Enfin bref, on s’en fout un peu, l’idée est passée, je pense.
Luke resta immobile, tétanisé, tandis que Cilghal se précipita : elle injecta plusieurs produits dans la cuve, très vite. Mais rien n’y fit : bientôt, l’électroencéphalogramme du clone de Mara fut aussi plat que le mont culminant belge.

Cilghal se détourna et fit face à Luke, bien embêtée.
– Euh…je ne comprends pas, maître. Mais, euh, bon, rassurez-vous, il nous reste encore deux cellules-souches, donc on a droit à autant d’essais ! On va réussir, c’est sûr…j’espère…je crois…peut-être…
Sur ce, ses yeux globuleux tombèrent par hasard sur les pieds de Luke, et ils s’agrandirent d’effroi. celui-ci baissa les siens, inquiets, et vit qu’il était positionné sur un tuyau, auquel il n’avait pas fait attention jusque-là. Sous son poids, le tuyau était écrasé.
– Euh…c’est quoi, ce truc ? demanda-t-il, inquiet.
– Et bien…l’arrivée d’oxygène pour la cuve à bacta, répondit Cilghal, gênée.
– Ah ? Et…ce pourrait être la cause de la mort du clone, vous croyez ?
– A vrai dire, j’en suis même certaine. Vous voyez, on va réussir la prochaine fois, le problème est trouvé et résolu !
– Euh…oui, je suis rassuré. Dites, Cilghal, pour se qui vient de se passer…
– Ne vous inquiétez pas, j’effacerais la mémoire de mes subordonnés !
– Parfait ! C’est peut-être un peu Côté Obscur, comme méthode, non ?
– Non, pas du tout !
– Si, si, j’en suis presque sûr !
– Et moi je vous dis que non !
– Bon, Cilghal, ça suffit, c’est qui le Grand Maître de l’Ordre, c’est vous ou c’est moi ? Si je vous dis que c’est Côté Obscur, c’est que c’est Côté Obscur !
– Vous commencez à me courir sur le haricot, Maître ! Vous voulez peut-être vous démerder tout seul avec les cellules-souches ?
– Mais bien sûr que c’est une technique du Côté Lumineux, il n’y a jamais eu photo ! D’ailleurs, ajouta-t-il en sortant un bloc de données, je l’inscris officiellement dans le cursus suivi par les élèves du praexum ! Cette erreur flagrante aurait dû être corrigée depuis longtemps !
– Merci, maître ! Bon, je prépare la prochaine cellule-souche. Revenez dans vingt-quatre heures et le clone sera prêt !

Vingt-quatre heures plus tard…la scène était la même, ou presque. Le tuyau noir qui convoyait l’oxygène avait disparu, au profit d’un tuyau aux couleurs changeantes, mais toutes fluorescentes. Qui plus est, il courait désormais au plafond, pour plus de sûreté. Ce qui n’empêcha pas Luke de scruter attentivement le sol avant de faire le moindre pas.
Cilghal lui sourit :
– Tout se passe à la perfection, Maître ! Dans dix secondes, tout sera fini et elle s’éveillera à la vie.
Luke sentit des larmes de bonheur perler au coin de ses paupières transies d’amour. Pour rester dans cette ambiance, il se serait bien roulé dans une verte prairie inondée de rayons solaires chatoyants, mais c’était malheureusement impossible dans un centre médical.
Les dix secondes fatidiques s’écoulèrent. Le liquide contenu dans la cuve fut évacué. Un sifflement se fit entendre. La porte de la cuve s’ouvrit.
Mara était resplendissante. Luke eut un étourdissement de joie en plongeant son regard dans les yeux verts de sa belle. La plus belle de la galaxie, selon lui, même trempée comme une soupe comme elle l’était. D’un autre côté, elle n’aurait pas été ridicule dans un concours de « Miss T-Shirt mouillé ».
Un fin sourire se dessina sur ses traits, et elle tendit la main vers son aimé. Tremblant d’émotion, Luke la lui prit délicatement. Elle posa un pied sur le sol carrelée, QUAND SOUDAIN, vu qu’elle ruisselait de bacta au lait de Bantha, elle glissa et s’étala de tout son long. L’arrière de son crâne heurta violemment le rebord de la cuve à bacta, et elle resta là, inerte, tandis que son sang commençait à se répandre autour de sa tête, en auréole.
Interdit, Luke n’esquissa pas un mouvement. Cilghal se précipita, glissa à son tour, mais exécuta un double axel suivi d’un triple saut périlleux arrière, avant d’enchaîner sur une pirouette vrillée sur le côté. Grâce à cette redoutable technique Jedi, elle évita de subir le même sort que sa patiente, qu’elle se mit dès lors à examiner attentivement. Quelques secondes plus tard, elle lança un regard empli de compassion à Luke et secoua la tête.

Le Maître Jedi explosa.
– Nan, mais c’est pas possible, vous vous foutez de moi, Cilghal ! Qu’est-ce que c’est que ce labo de merde ! Et qui m’a fichu une abrutie pareille à sa tête !
– Premièrement, l’abruti en question, c’est vous, Maître, au cas où vous l’auriez oublié. Deuxièmement, il nous reste une dernière cellule-souche, et ce labo est le seul capable de produire des clones !
– Euh…vous avez une serpillière ? Je vais vous donner un coup de main pour le ménage.

Vingt-quatre heures plus tard…la scène était la même, ou presque. Des tapis recouvraient le sol, des matelas avaient été collés sur les murs, et la cuve à bacta avait été également matelassée. Pour plus de sûreté, Luke avait fait installer un rayon tracteur pointé sur l’ouverture de la cuve.
Rien ne pouvait arriver ! Enfin, lui et Mara allaient se retrouver ! Luke en était encore plus heureux que la veille, car les factures commençaient à s’amonceler à la maison, et c’était toujours Mara qui s’en occupait.
Les dix secondes fatidiques s’écoulèrent. Le liquide contenu dans la cuve fut évacué. Un sifflement se fit entendre. La porte de la cuve s’ouvrit (pratique, le copier-coller !).
Et là, enfin, alors que des Anges vêtus de blanc immaculé se penchaient sur cette belle scène de retrouvailles, les deux époux furent enfin dans les bras l’un de l’autre. cupidon, taquin, leur décocha quelques flèches. Cilghal pava leur chamin de pétales de roses rouges. L’escadron Rogue passa devant la fenêtre et forma des cœurs avec les traînées de répulsion de ses ailes-X. Bref, ils étaient contents.
– Hum, fit Mara, les yeux brillants, toujours dans les bras de son époux, je sens quelque chose de dur contre moi !
– Oh, non ! J’avais complètement oublié le sandwich aux rillettes et cornichons dans ma poche, se désola Luke en s’écartant précipitamment et en fourrant sa main dans sa poche.
QUAND SOUDAIN un des pétales de rose se glissa subrepticement dans les rouages du rayon tracteur, et provoqua un court-circuit qui mit la machine en marche à pleine puissance. Mara IV Le Retour du Retour du Retour fut aussitôt happée par le rayon invisible, qui l’attira jusqu’à la pointe acérée de la machine. Elle s’y embrocha et ses membres pendouillèrent, inertes.

Quelques millions d’anges passèrent, avant que Luke ne réagisse.
– Je suppose que c’était le destin, maugréa-t-il. On va pouvoir retourner à nos activités habituelles, du coup. Je ne vous en veux pas, Cilghal, vous avez tout tenté pour la ramener à la vie ! C’est quoi, maintenant, la suite ?
– Inferno, je crois, Maître.
– Aïe ! J’espère que c’est pas mon branleur qui va me faire sa crise d’ado !