Dans son livre Parts publié en 1987, Peter Simons se fixe deux objectifs :

  1. exposer les différentes espèces de méréologie éparpillées dans la tradition philosophique ;
  2. exposer les défauts philosophiques de cette tradition et suggérer quelques solutions à ces défauts.

La théorie formelle des touts et des parties habituelle s'appelle la méréologie extensionnelle classique (MEC). Historiquement, elle a pris deux formes :

  1. le calcul des individus de Leonard et Goodman ;
  2. la Méréologie de Stanislaw Lesniewski.

On peut porter deux critiques contre la MEC :

  1. elle soutient l'existence de certains individus appelés sommes méréologiques pour lesquels l'existence que nous en avons n'est pas évidente en dehors de la théorie elle-même ;
  2. la théorie n'est pas applicable à beaucoup d'objet autour de nous, c'est-à-dire qu'elle a peu d'usage comme reconstruction formelle des concepts de tout et de partie que nous employons actuellement.

On peut avancer deux raisons à ce caractère inapplicable :

  1. la logique sous-jacente à la MEC n'a pas les ressources nécessaires pour traiter les notions de modalité et de temporalité en connection avec la méréologie, comme les parties temporaires, les parties temporelles, les parties essentielles ou les parties permanentes essentielles.

    (Cette raison n'est pas interne à la MEC : on peut envisager de l'étendre pour s'occuper des concepts temporels et modaux)

  2. une raison, interne celle-là, appelée extensionnalité méréologique, c'est-à-dire la thèse selon laquelle les objets qui ont les mêmes parties sont des objets identiques.

En effet, si l'on accepte l'extensionnalité méréologique, on va se trouver confronté à deux problèmes :

  1. certaines choses (comme les êtres humains par exemple) possèdent différentes parties à différents moments du temps : elles sont méréologiquement variables. Or, une chose qui possède différentes parties à différents moments du temps ne peut pas être identique à la somme de ses parties à n'importe quel moment du temps, sinon elle serait différente d'elle-même ;
  2. certaines choses (comme les êtres humains par exemple) peuvent avoir des parties différentes tout en étant la même chose : elles ne sont pas modalement rigides dans leurs parties. Si l'on accepte la thèse selon laquelle des choses qui possèdent les mêmes parties doivent être identiques, alors une chose ne peut pas avoir d'autres parties que celles qu'elle possède actuellement : c'est la thèse de l'essentialisme méréologique, dont le meilleur représentant est Roderick Chisholm.

Quelle stratégie adopter si l'on veut préserver l'extensionnalité face à ces deux problèmes ? On peut en énumérer certaines :

  • réviser la logique de l'identité ;
  • soutenir que les objets ont des parties détachables ;
  • ignorer les questions modales ;
  • soutenir que les objets sont méréologiquement constants ;
  • remplacer les choses (continuants) par des processus (devenants)

La première partie du livre examine ces questions, la seconde traite de la méréologie des continuants et la dernière des relations entre modalités et méréologie à partir de la théorie de Husserl.