Fabien Tarrit rend hommage à Gerald A. Cohen :

« Il fut ainsi, dès son plus jeune âge, conduit à s’intéresser à l’oeuvre de Marx, et c’est en janvier 1966, au retour d’un séjour d’enseignement à l’université McGill, qu’il a commencé à étudier spécifiquement la conception marxienne de l’histoire. Ses travaux s’articulent donc autour du matérialisme historique, mais également de la philosophie politique. Ils forment un programme de recherche évolutif engagé avecKarl Marx’s Theory of History : A Defence, et la spécificité du parcours de Cohen lui confère une singularité au sein du corpus marxiste. Cet ouvrage a été jugé comme « le travail de philosophie marxiste le plus important jamais écrit en langue anglaise » (Alex Callinicos), qui a fait de lui « le chef de file des philosophes marxistes travaillant dans le monde anglophone » (Graheme Lock). Pourtant, cette autorité n’en a que faiblement franchi les frontières, et son oeuvre est relativement méconnue en Europe. Cohen a ainsi étudié le matérialisme historique du début des années 1970 au milieu des années 1980, en le défendant dans un premier temps avec les outils de la philosophie analytique (Karl Marx’s Theory of History : A Defence, 1978) avant de le réfuter (History, Labour and Freedom, 1988). Il s’est ensuite inscrit dans le débat libertarien autour concept de propriété de soi jusqu’au milieu des années 1990 (Self-Ownership, Equality and Freedom, 1995), et il a développé une critique rigoureuse de l’ouvrage de Robert Nozick, Anarchie, État et utopie (1974). Enfin, il s’est penché plus spécifiquement sur la philosophie politique normative (If You’re an Egalitarian, How Come You’re so Rich?, 1999), en s’inscrivant dans une critique de la théorie présentée par John Rawls dans Théorie de la justice (1971) et en se tournant vers la doctrine sociale chrétienne, qui serait la mieux à même de doter les individus d’une philosophie sociale. »

Gerald Cohen préparait un article pour le n°33 de Philomag, l’occasion de redécouvrir cette revue.