J’ai de très bons souvenirs des lectures d’Arsène Lupin de Maurice Leblanc. Ces romans étaient vite addictifs, par le biais d’un procédé d’écriture bien particulier, à savoir le cliffhanger. Leblanc était un merveilleux conteur, et quoi de mieux pour accrocher son lecteur que de le laisser en plan à la fin de chaque chapitre, sous la forme d’un suspense ou d’un retournement de situation ?

    Depuis, on a pu retrouver ce procédé sur divers supports.

    Notamment des séries télé : Lost est l’exemple le plus frappant, sauf qu’à démarrer cette histoire sans avoir la fin en tête, ses auteurs sont trop partis dans tous les sens et qu’en fin de compte, trop de cliffhangers tuent les cliffhangers. D’une manière plus générale, les séries-feuilletons tels que Alias et récemment l’excellent Justified explorent également cette veine. Pour les séries plus classiques, composées d’épisodes plutôt indépendants les uns des autres, le cliffhanger est une technique qui revient de temps en temps, dans le cadre d’une intrigue à plus long terme qu’un épisode. Le plus souvent, il est utilisé au dernier épisode de la saison en cours, histoire de susciter le désir d’avoir la suite à la saison suivante (alors même que souvent, les studios n’ont pas encore décidé de la poursuite de la série ou non).

    S’il y a bien un tout autre genre de publication qui use et abuse du cliffhanger, c’est bien le manga. Pour les grosses séries telles que Naruto et One Piece, pour reprendre les plus célèbres actuellement en cours, il s’agit de publier une vingtaine de pages toutes les semaines ou presque. Or en vingt pages, les histoires n’avancent qu’au compte-goutte, si l’on songe qu’à l’heure où j’écris ces lignes, Naruto en est à son 638ème chapitre (histoire entamée par son auteur en 1999) et One Piece à son 714ème (depuis 1997). Ces séries à suspense connaissent un tel succès planétaire que, parues sur papier au Japon tous les lundis ou mardis, elles sont disponibles sur le Net, traduites en anglais puis en français, au pire le mercredi. Au niveau de l’addiction, c’est réussi, car les auteurs savent où ils vont et font peu à peu monter la sauce, pour le plus grand plaisir de leurs lecteurs… 

    À mon modeste niveau, il m’est arrivé de distiller du cliffhanger par-ci par-là, mais sans trop y avoir pensé consiemment. Puis, avec le temps, j’ai décidé de m’essayer au genre. Mon galop d’essai a été Kerdan Majoline, une fan-fic Star Wars écrite uniquement selon ce procédé. Publiée sur le forum SWU, cette histoire a connu un succès assez intéressant qui m’a encouragé à aller plus loin, d’autant qu’elle m’a permis de me familiariser avec ce type d’écriture.

    Moi, intéressé par ce type d’histoire, Mickaël, éditeur de Pennti Éditions, intéressé pour en publier… Il n’y avait plus qu’à ! Suite à un briefing entre nous la semaine dernière, on a posé les bases ce que pourrait être un tel feuilleton, au moins sur la forme : une dizaine de chapitres de trois pages word, qui ferait en fin de compte 16 000 mots environ, et qui représenterait le premier tiers d’une histoire au plus long cours. Deadline : fin août.