Le secret du destin dans la Force de la Mort de Mace Windu

Mace Windu est l’un des Jedi les plus puissants, les plus forts, les plus respectés. Son équanimité n’a pas d’égale : plus d’un Padawan a blêmi face à son impassibilité, même après lui avoir raconté la blague la plus hilarante de la République. Bref, c’est pas un marrant.
Jusqu’au bout, il resta fidèle à ses idéaux. Il affronta la mort avec sa dignité habituelle, à toute épreuve. Oyez donc la véritable histoire plus ou moins vraie de la mort de Mace Windu.

Rappel des faits connus : Mace Windu, super Maître Jedi ‘achement fort, avait réussi à acculer Palpatine dans un coin, juste à côté de la grande baie vitrée qu’ils avaient explosé tous les deux (pour la petite histoire, les débris de verre firent une belle chute de quelques kilomètres, tuant sur leur passage des dizaines de gens). Il y avait plein de vent, assez pour mettre à mal le brushing de Palpatine, tandis que Windu n’était pas handicapé par ce problème.
Mais Palpatine n’était pas à bout de ressources et lui balança des Eclairs de Force.
Rappelons que Windu n’est pas un lapin de trois semaines, si bien qu’il parvint à renvoyer les Eclairs de Force sur Palpy. Ce dernier vit alors sa tronche se transformer en zombie sorti tout droit d’Evil Dead XVIII. Quand à savoir si Palpy avait toujours eu ce visage, qu’il masquait grâce au Côté Obscur, ou si c’est la conséquence des Eclairs de Force, ce vaste débat ne pourra être tranché que le jour où l’on mettra la main sur son dermatologue.

C’est à ce moment qu’arriva Anakin Skywalker, l’esprit aussi brouillé que la majorité de vous autres lecteurs il y a quelques jours, au lendemain du réveillon. Il assista au dialogue shakespearien des deux duellistes, qui tentèrent chacun de le convaincre de la légitimité de leur position :
– Aide-moi, il veut me tuer ! cria Windu.
– Nan, c’est lui ! Je suis le Chancelier, merde ! rétorqua Palpy.
– C’est le méchant de l’histoire, je suis le gentil, boudiou !
– Même pas vrai ! T’as vu la tronche qu’il me fait ? répliqua Palpy en faisant une grimace (ou en restant impassible : vu sa tête, on ne voit pas la différence).
– C’est lui qu’a commencé !
– Il veut me finir !
– Oh, et puis crotte, je l’explose ! conclut Windu en se préparant à découper du Chancelier.
Pendant tout ce temps, Anakin sentit la fureur bouillonner en lui : il ne comprenait rien à ce que racontaient ces deux abrutis, mais n’avait qu’une envie : les faire taire. Quand Windu se prépara à achever son adversaire, Anakin posa les yeux sur Palpy et, par une association d’idées pour le moins douteuse mais qui intéresserait fortement un psychiatre freudien, vit en surimpression le visage de Padmé Amidala en danger. Ses doutes furent instantanément balayés par un aspirateur virtuel et en un éclair (pas de Force, c’est juste une impression pour dire qu’il va super vite), il sortit son sabrolaser et coupa la main armée de Windu.

Windu avait beau être super fort et cultivé, il ne trouva rien de plus spirituel à hurler que :
– Aaaaaaaaarrrrrrggggghhhh ! J’ai mal ! Bobo !
Ce à quoi Palpy, qui avait un peu plus de vocabulaire, répliqua en lui lançant 100 000 volts d’Eclairs de Force :
– Aucune limite à mon pouvoooooooooooooooooir !
D’où la réplique de Windu, néanmoins coupée au montage :
– Charles Trenet, sors de ce coooooooooorps !
Et il tomba par la baie, d’un magnifique plongeon digne du Crapaud, de la Confrérie des Mauvais Mutants.

C’est donc maintenant que les choses sérieuses commencent. Un homme, que dis-je un surhomme comme Mace Windu peut-il mourir ainsi, en s’écrasant au sol quelques kilomètres plus bas, comme une grosse merde ?
L’homme qui a maîtrisé le Vaapad, affronté Sora Bulq, tenu la dragée haute à Dark Sidious,et vaincu Jango Fett, entre autres, va-t-il être battu par cette simple petite chose anodine et stupide qu’est la gravité ? Hé oh, c’est un Jedi où pas ? Bien sûr qu’il ne peut pas mourir comme ça ! Ça manquerait de peps, de bravoure, d’un dernier baroud d’honneur !

Il faut bien reconnaître qu’au départ, vu sa position plus que précaire, il céda brièvement au défaitisme. Il regretta de ne pas avoir fait de testament, avant de se souvenir que les Jedi ne possédant rien, il n’avait rien à léguer. Ouf ! Un souci de moins !
Sa farouche détermination à survivre prit vite le dessus, et tandis qu’il tombait à travers les couloirs de circulation des speeders, il referma soigneusement sa cape autour de son cou. Il ne manquerait plus qu’il chope la crève !
Il voulut faire du stop, mais renonça vite : il faut dire qu’un moignon n’était pas très adapté à ce type de situation.
La terreur s’empara à nouveau de lui, et il cria :
– Help ! Help !
– Au lieu de l’anglais, tu ferais mieux d’apprendre à voler ! lui lança un Dug pince-sans-rire qui le frôla en speeder.

Windu reprit son contrôle : il n’avait pas le droit de renoncer, non, il ne le pouvait pas ! Il étendit les bras et se mit à planer plus ou moins, pour se rapprocher d’un immeuble proche. Il prit son élan et se jeta de toutes ses forces sur une baie vitrée. Le transparacier étant plus dur que son crâne obtus, il s’y écrasa sans y faire la moindre fissure. Quelque peu sonné, il se remit à tomber, en disant :
– Aïe, je be suis gassé le nez !
Mais il n’abandonnerait jamais ! Il était un héros, un vrai, l’un des plus grands Jedi ! Il fit appel à toute sa puissance et attira toute la Force des alentours en lui. Comme il força un peu trop la dose, toutes les personnes présentes dans un cercle de cinquante mètres autour de lui moururent, quand il aspira leur énergie vitale.
Il s’en rendit compte, et comme un Jedi est avant tout un être empli de compassion, il leur lança, à titre d’éloge posthume :
– Oups ! Désolé, mais c’est pour la bonne cause !
Il retrouva l’espace d’un instant ses yeux d’enfants quand il vit les dizaines de speeders des morts s’écraser un peu partout en explosant, et en lui offrant un magnifique spectacle pyrotechnique, qui devait rester gravé à jamais dans sa mémoire.



A nouveau requinqué à bloc, nonobstant sa main coupée et son nez cassé, il décida d’utiliser la technique d’Anakin dans AOTC pour attraper un speeder. Il parvint à en saisir un par le pare-chocs arrière, mais son visage se retrouva presque collé au pot d’échappement, dont il se prit les volutes de gaz dans les yeux, le nez et la bouche.
– Kof-kof…arrêtez-vous…kof-kof…siouplaît ! kof-kof…fit-il d’une toute petite voix étranglée par l’action pernicieuse du gaz carbonique.
Malheureusement pour lui, le conducteur ne l’entendit pas, entre le ronflement des moteurs et le casque sur ses oreilles qui lui distillait du Kotyo Tohel, que d’aucuns affirment comme étant de la musique.
De guerre lasse, Windu lâcha prise et agrippa un autre speeder, tout jaune, qui s’avéra être un taxi. Il cria :
– Aidez-moi ! Help !
– Mais bien sûr, monsieur, répondit simplement le chauffeur. Où dois-je vous déposer ?
– Au sol ! Au sol ! Merci, beugla Windu avec un immense soulagement.
Le conducteur se pencha brièvement sur sa console de pilotage et en manipula quelques boutons. Se retournant à nouveau, il dit :
– Ça vous fera trente dataris, payables d’avance.
La tuile pour un être normal, mais un défi à la portée de Windu ! Celui-ci ne se laissa pas abattre, et entreprit de mettre la main sur son portefeuille. Il fit un effort surhumain et attrapa le pare-chocs avec ses dents. Il parvint à extirper sa carte de crédit de ses robes de Jedi, mais un coup de vent violent la lui arracha des mains.
Le conducteur du taxi-speeder, se rendant compte que son passager n’avait plus un sou en poche pour payer la course, accéléra brusquement. Windu fut éjecté et se remit à tomber dans le vide, non sans regretter la perte de quelques-unes de ses dents, restées accrochées au pare-chocs.

Il mit à contribution toute la force de sa volonté. Non, il ne mourrait pas ! Une main en moins ? Et alors ? Un nez cassé ? Ce n’était pas la première fois ! Les poumons et les yeux ravagés par les fumées des pots d’échappement ? Un petit séjour en cuve à bacta et il n’y paraîtrait plus ! Quelques dents en moins ? Son dentiste était très compétent, il suffisait de regarder ses dents habituellement très blanches pour s’en convaincre.
Malheureusement, la chance l’abandonna. A sa tentative suivante pour s’accrocher à un speeder, il évalua mal la distance et s’encastra dans la verrière avant.
– Mon pare-brise, connard ! beugla le conducteur.
– Aidez-moi, par pitié, murmura Windu, le souffle coupé et, accessoirement, la colonne vertébrale sectionnée.
– Je suis pas assuré au tiers, ça va me coûter une fortune pour réparer, et il faudrait en plus que je t’aide ? Nan mais tu rêves, pouilleux !
Le conducteur étant un humain tout ce qu’il y a de plus banal et équilibré pour une planète comme Coruscant, il farfouilla dans sa boîte à gants et en sortit un blaster. Il tira sur Windu à bout portant, lui faisant un énorme trou dans la poitrine, et le décrochant du même coup, sous la force de l’impact.

Cette fois-ci, Windu sentit que la Force l’avait abandonnée. Il ne put éviter le speeder suivant, qui lui brisa les jambes. Au point où il en était, il n’eut même pas mal. Le dernier petit bout de cerveau minuscule qui fonctionnait encore en lui s’aperçut alors que le sol n’était qu’à vingt mètres de lui, et l’espoir renaquit. Contre toute attente, il allait survivre ! A se faire percuter de tous les côtés, il avait perdu énormément de vitesse, et il mit à contribution ses dernières forces pour se faire léviter. Il se posa comme une plume.

Il eut envie de crier sa joie à la face de la galaxie. Il avait réussi l’impossible ! Certes, il avait une main en moins, le nez cassé, les jambes brisées, la colonne vertébrale sectionnée, il était à demi aveugle et respirait difficilement, mais il l’avait fait ! Il était vivant ! V-I-V-A-N-T !
Une larme de soulagement coula sur son visage, et pour la première fois depuis longtemps, il fut en paix avec lui-même. La vision des choses les plus simples lui mit du baume au cœur. Le ciel nocturne, voûte étoilée pleine de promesses…la sarabande endiablée des speeders, festival de lumières colorées…une chorale improvisée d’ivrognes titubants…et ce petit escargot qui se dirigeait lentement vers lui, en sortant de l’anfractuosité d’un mur…suivi d’un confrère…puis d’un autre…puis d’encore un autre.
Comme Windu était un homme ‘achement cultivé, il reconnut sans peine le célèbre escargot-piranha de Coruscant. C’était finalement toute une colonie qui se précipitait lentement (oui, c’est possible !) vers lui, en se passant la langue sur leurs crocs minuscules mais acérés. Ils avaient l’estomac dans les talons qu’ils ne possédaient pas.

L’agonie de Mace Windu fut extrêmement longue et douloureuse.

Les quelques débris qui constituaient les restes de son corps furent incinérés dans les règles…enfin, celles des compacteurs d’ordures, quand ils furent ramassés avec les poubelles lors de la collecte du jeudi.