Le vol

Le père Le Faouder traversait la placette d’une allure soutenue. Il ne souhaitait pas se retrouver sous le déluge qui menaçait, s’il en croyait la couleur du ciel presque noir. Quand le premier éclair illumina le ciel, il courut presque jusqu’à l’auvent du commerce le plus proche. Moins une : la pluie s’abattit d’un seul coup dans un grand fracas, comme si le nuage qui la retenait jusque-là avait éclaté.
La placette se vida aussitôt, à une exception près. Un homme, sans imperméable ni parapluie, resta sous la pluie, indécis. Il donnait l’impression de s’être perdu et l’âme charitable du père Le Faouder ne fit qu’un tour.
– Par ici, mon brave ! hurla-t-il pour se faire entendre.
L’inconnu sursauta, comme s’il venait de se réveiller, avisa le prêtre sous son auvent et courut le rejoindre.
– Ça alors, mais c’est toi, Kerbellec ! s’exclama l’homme d’Église.
– Oh, mon père ! Comment vas-tu ?
– Bien, et toi ? demanda le père.
– Hélas, ça ne va pas fort. Je suis même au comble du désespoir.
– À ce point ? Si je peux faire quoi que ce soit pour toi, n’hésite pas à me solliciter ! Tu sais que ma porte est toujours ouverte, en tant que prêtre comme en tant qu’ami.
– Je crains que tu ne puisses rien pour moi. J’ai été cambriolé.
– Pas possible ? Toi, te faire cambrioler ?
– Oui, moi-même.
– Toi qui fais toujours changer régulièrement ta porte d’entrée pour adopter le dernier modèle le plus sécurisé au monde, et qui as des verres à tes fenêtres que même une balle ne pourrait percer ?
– Oui.
– Comment est-ce arrivé ?
– Je l’ignore, et la police aussi. Elle patauge complètement.
– Et qu’est-ce qu’on t’a volé ?
– Tout.
– Comment ça, tout ?
– Absolument tout ! Je suis rentré du travail, ma porte était fermée à triple tour, comme à l’accoutumée. Mais quand je suis entré, il n’y avait plus rien dans l’appartement ! Plus aucun objet personnel, aucun meuble, rien, je te dis !
– Incroyable ! Les voleurs sont de plus en plus hardis de nos jours ! Tu habites pourtant au quatrième étage, non ? Un tel remue-ménage a dû s’entendre, se remarquer ! Les voisins n’ont rien vu ou entendu ?
– Rien de rien. Et pourtant, la veuve Pichon – ma voisine de palier – passe la moitié de ses journées l’œil collé au judas de sa porte d’entrée. À croire que c’est de la sorcellerie !
Ces dernières paroles firent tiquer le père Le Faouder. Il scruta son ami d’un nouvel œil… un œil intérieur capable de lui révéler des choses qui sortent du champ de perception ordinaire. De légers picotements dans la nuque lui apprirent ce qu’il voulait savoir : Kerbellec avait vu juste. De la sorcellerie était à l’œuvre, son aura en était légèrement imprégnée.
– Écoute, Kerbellec. Je connais peut-être quelqu’un qui pourrait t’aider.
– Vraiment ?
– Oui, un jeune ami du nom de Barnabé. Il habite au manoir de Ty Losquet.
– Cette vieille bâtisse branlante ? Oui, je connais. Il fait quoi dans la vie, ce Barnabé ? On raconte que sa famille est bizarre, non ?
– Disons que ses défunts parents étaient des iconoclastes, et que lui suit sa propre voie, répondit vaguement Le Faouder. Il s’y connaît un peu en événements inhabituels, mine de rien. Va le voir, je lui passe un coup de fil pour le prévenir.
– Je ne crois pas que ça changera grand-chose, mais au point où j’en suis… c’est d’accord.
L’averse cessa aussi soudainement qu’elle était apparue, et Kerbellec remarqua :
– Ce n’est pas ce qu’on appelle un signe du destin, ça ?
– Qui sait, mon ami, qui sait…

La cloche sonna à la porte d’entrée. Barnabé posa son livre sur le guéridon, non sans y avoir glissé un marque-page là où il avait arrêté sa lecture. Puis il se leva pour aller accueillir son visiteur.
– Bien le bonjour, monsieur. François Kerbellec, c’est cela ? demanda-t-il après avoir ouvert la porte.
– En effet, jeune homme. Je… je me sens un peu bête d’être venu jusqu’ici, mais le père le Faouder semblait trouver que c’était une bonne idée.
– J’espère pouvoir vous aider, monsieur. Mais pour cela, la première chose à faire est de nous rendre chez vous. Il faudrait que je vois les lieux par moi-même.

Un quart d’heure plus tard, les deux hommes faisaient face à la porte blindée de l’appartement de Kerbellec. Ce dernier était mal à l’aise : qu’est-ce qui lui avait pris de faire appel à cet hurluberlu ? Le jeune homme à la longue chevelure noire soigneusement peignée n’avait pas décoché un mot pendant le trajet en voiture.
– Je passe le premier, restez derrière moi, prévint Barnabé.
Avant d’ouvrir, il posa la main sur la porte. Il y décela trois empreintes magiques : une de chair et de sang, les autres correspondant clairement à des artefacts. Il se concentra sur ses sensations. Un portail… et une clé de pouvoir.
Intéressant.
Barnabé n’était pas un homme loquace. Même en pensée.

Il entra et remonta la piste magique aussi sûrement que s’il voyait le cambrioleur faire le tour de l’appartement sous ses yeux. Cinq minutes lui suffirent pour savoir ce qui s’était passé.
Il se tourna vers Kerbellec.
– J’ai bon espoir de retrouver vos affaires, monsieur.
– Vraiment ? demanda Kerbellec d’un air dubitatif.
– Oui, les choses sont assez claires.
– Vous êtes bien le seul à le trouver, rétorqua sèchement Kerbellec.
À quoi donc s’amusait ce jeune homme ? N’était-il venu que pour se moquer de lui ? Il n’avait rien fait d’autre que se promener, comme un futur locataire en recherche d’appartement.
Barnabé sourit. Il avait tellement l’habitude qu’on le prenne pour un illuminé qu’il ne s’en offusquait plus depuis longtemps. Il se dirigea vers la fenêtre la plus proche et l’ouvrit. Il mit son pouce et son index entre ses dents, comme pour siffler, mais aucun son ne jaillit.
Pourtant, quelques secondes plus tard, une colombe se posa sur le rebord de la fenêtre.
– Salut ma belle, dit-il en caressant la tête de l’oiseau, qui se mit à roucouler d’aise.
– Mais qu’est-ce qui se passe ici ? demanda Kerbellec, de plus en plus perplexe.
– Je vous présente ma sœur Gwenned, dit Barnabé en montrant la colombe.
– Votre… sœur ?
– Oui. Nos esprits sont liés, nous pouvons ainsi communiquer par la pensée.
– Ah oui ? Et quel temps il fait sur votre planète ?
Barnabé soupira. Les gens étaient si terre à terre. D’un autre côté, comment leur en vouloir ?
– Pour ce qui est du vol, le cambrioleur est entré par la porte d’entrée.
– Impossible, il n’existe aucun double de la clé, et elle ne me quitte jamais !
– Peu importe. La présence d’une clé de pouvoir est palpable dans l’air, et ce genre de clé ouvre n’importe quelle porte close. Ensuite, le korrigan a fait le tour de l’appartement et…
– Le korrigan ? demanda Kerbellec, interloqué.
– Oui. C’est une sorte de lutin qui…
– Je sais ce qu’est un korrigan, merci ! Mais je crois que la plaisanterie est finie. Je vais cous demander de sortir, maintenant. Je n’ai pas de temps à perdre avec vos billevesées !
– Ensuite, continua Barnabé comme si l’interruption de son hôte n’avait pas eu lieu, il est parti par là, conclut-il en désignant du doigt le poêle à bois.
Kerbellec était si rouge de colère qu’il ne trouvait pas ses mots.
– Il s’est enfui instantanément, reprit Barnabé, peut-être très loin d’ici, en utilisant le poêle comme portail. Là encore, grâce à la clé de pouvoir. Mais vous ne me croyez pas, n’est-ce pas ?
– À votre avis ? ironisa Kerbellec.
– Ce n’est pas grave, j’ai l’habitude, dit Barnabé en se rapprochant de son hôte. Dormez, ajouta-t-il tout en lançant un sort.
Les yeux de Kerbellec se voilèrent et son corps serait tombé si Barnabé ne l’avait rattrapé. Il l’allongea délicatemen, posa deux doigts sur le front de Kerbellec et marmonna :
– Désolé de devoir effacer vos souvenirs de la dernière demi-heure, mais il est des choses qui doivent rester cachées.
Puis il se tourna vers Gwenned :
Tu as bien compris ce que tu dois faire ?
Parfaitement, Barnabé. Remonter la piste qui part du portail pour arriver à la destination du korrigan, puis revenir t’informer de sa localisation.
Tu es parfaite, comme à l’accoutumée, sourit Barnabé.
La colombe roucoula derechef, avant de prendre son envol.
Barnabé sortit de l’appartement et rentra chez lui à pied. Il appela le père Le Faouder pour l’informer de ne pas faire d’allusion devant Kerbellec à leur rencontre.

Arrivé à destination deux heures plus tard, il ouvrit le grand portail de sa propriété et sortit sa voiture du garage. Ne lui restait plus qu’à attendre des nouvelles de Gwenned. En attendant, il retourna à son cher fauteuil au coin du feu et se replongea dans la lecture de son livre, non sans avoir laissé une fenêtre ouverte pour la colombe.
Elle rentra en fin d’après-midi, alors que la nuit commençait à tomber. La pluie, hivernale et déprimante, était à nouveau de la partie.
– Salut ma belle. Quelles sont les nouvelles ?
J’ai trouvé le repaire du korrigan.
– Bien. C’est loin d’ici ?
À une demi-heure d’ailes.
– Dans ce cas, allons-y dès maintenant.

La piste les conduisit dans la vénérable forêt voisine. Lieu de mystère et habitat d’êtres oubliés, Barnabé la connaissait bien. Dans la nuit noire, les phares de la voiture peinaient à arracher des bribes de lumière à ce lieu inquiétant. Barnabé s’y enfonça, empruntant des chemins boueux de plus en plus défoncés, jusqu’à ce qu’il décide de finir le chemin à pied.
Il rabattit la capuche de son long imperméable sur son visage et marcha sous la pluie, une lampe tempête à la main et Gwenned sur son épaule. Ses bottes s’enfonçaient dans le sol avec un bruit de succion.
Il sentit la piste magique qu’il suivait acquérir de plus en plus de consistance au fur et à mesure qu’il se rapprochait de son auteur. Il fut bientôt en mesure de la percevoir sans devoir s’appuyer sur les sens plus développés de Gwenned.
Ses pas le conduisirent jusqu’à un chêne multicentenaire dont les racines noueuses formaient un entrelacs torturé. On n’y voyait goutte avec de simples yeux, mais le trou sur lequel Barnabé porta le regard brillait de mille feux dans son spectre de perceptions magiques.
Dès qu’il posa le pied dans le trou, l’ouverture s’agrandit pour le laisser passer.
Aucun charme répulsif ni aucune défense à l’entrée, se dit-il. Trop confiant, ce korrigan
Les créatures magiques avaient tendance à vivre dans des lieux repliés sur eux-mêmes afin de ne pas être décelés par les habitants du monde normal. Pour qui savait comment y accéder, des endroits enchanteurs voire de véritables villes ou palais se révélaient à la vue.
En l’occurrence, Barnabé se retrouva dans un long couloir. Tapis moelleux au sol, tapisseries clinquantes aux murs entre lesquelles des torches repoussaient la nuit. Il éteignit sa lanterne et s’avança vers la lumière plus soutenue qu’il distinguait au bout.
Arrivé sur le seuil, il eut l’impression d’avoir mis les pieds dans une immense brocante. Dans la grotte immense, un incroyable capharnaüm régnait. Des étagères entières étaient remplies de bibelots, des tableaux ornaient les murs, des meubles s’entassaient pêle-mêle. Barnabé vit même deux voitures et un carrosse dans un coin.
Il entendit du bruit et s’approcha en suivant un sentier à peine dessiné dans un bric-à-brac sans queue ni tête.
Le korrigan était petit, le visage ridé et grimaçant. Comme beaucoup de ses pairs, il ne portait plus le costume traditionnel, sorte d’uniforme aux vives couleurs. Par contre, il arborait le classique chapeau pointu avec grelot au bout.
Il marmonnait et trépignait, les yeux brillant de convoitise, autour d’une besace bien plus grosse que lui. Il y plongea la main, en sortit une pile de papiers qu’il lança derrière lui. Recommençant l’opération, une couette se retrouva dans sa main. Il s’en recouvrit et murmura « chaud » avec un grand sourire. Il la posa sur une pile de livres au sol. L’objet suivant semblait vouloir lui résister, vu comme il marmonnait et peinait à le sortir. Une gazinière émergea bientôt, et l’être à l’apparence chétive eut du mal à la pousser un peu plus loin.
Barnabé ne put s’empêcher de sourire. Les korrigans étaient vraiment d’indécrottables chapardeurs… mais celui-ci était allé trop loin. D’un sortilège muet, Barnabé l’immobilisa à distance et se para d’un bouclier protecteur, au cas où la créature lui lance un sort ou une malédiction.
Le korrigan poussa un couinement de peur et de surprise et chercha en vain à se dépêtrer du filet invisible. Il siffla de rage en découvrant Barnabé. Les relations entre les sorciers humains et les korrigans n’avaient de tout temps jamais été au beau fixe, aussi chacun vivait généralement dans son coin.
Le lutin lança sort sur sort, et sur le filet et sur le sorcier, mais rien n’y fit : Barnabé les dissipa tous les uns après les autres. La petite créature fluette gémit d’impuissance avant de se calmer, vaincue.
– Bien le bonjour, mon ami. Je me nomme Barnabé. Nous avons à parler tous les deux.
– Je ne suis pas ton ami, et je n’aime pas les sorciers. Tu ferais mieux de me libérer sur-le-champ si tu ne veux pas subir de terribles représailles de la part des miens !
– On peut les appeler tout de suite si tu veux, répondit Barnabé avec calme. Mais je doute qu’ils soient ravis d’apprendre que tu aies commis un cambriolage aussi peu discret dans le monde non-magique. Qui subira alors les conséquences de ses actes, à ton avis ? Toi ou moi ? Tu connais la règle d’or : nous autres êtres de magie pouvons vivre parmi les humains… tant que nous faisons profil bas. Sinon…
– Tu exagères, sorcier. Ce que j’ai fait ne mérite pas que tu fasses un rapport à mes supérieurs. On a vu pire ! Pour les humains, ce ne sera qu’un petit mystère de plus, sans conséquence…
– Sûrement pas, korrigan. Tu vas ramener tous les objets que tu as volés chez ce pauvre homme, sinon je te signale aux autorités. Commettre un tel acte, qui plus est quelques jours avant Noël, est inqualifiable !
– C’est bon, c’est bon, marmonna le korrigan. Je ramènerai tout. – Bien. Fais-le et je passerai l’éponge.
Barnabé relâcha son emprise sur la créature magique et tourna les talons. Pourtant… pourtant quelque chose clochait toujours, il en eut la certitude. Il capta des bribes d’émotions en provenance du korrigan. Du soulagement, ce qui était compréhensible… mais pas pour les bonnes raisons. Le petit être cachait quelque chose d’autre et était ravi que Barnabé n’ait rien décelé.
Le sorcier fronça les sourcils.
– Ta duplicité est patente, mon ami. Tu es trop content de toi, c’est louche.
Le korrigan déglutit nerveusement et ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à la besace. Barnabé concentra ses pouvoirs sur l’artefact et comprit.
– Cette besace n’est pas à toi ! Elle porte une signature qui… non ! Tu n’as tout de même pas fait cela ?
– Hum, eh bien c’est-à-dire que…
– Tu as volé cette besace ! affirma Barnabé, incrédule. Et la clé de pouvoir, aussi, je le sens maintenant !
– En fait, je…
– À qui appartiennent ces deux objets ? demanda Barnabé en se rapprochant, l’œil noir.
La réponse murmurée par le korrigan sidéra Barnabé.
– Tu es complètement fou, ma parole ! Ne te rends-tu donc pas compte qu’après un tel sacrilège, tu risques rien moins que ta vie ! Il est évident que toutes les forces qui comptent dans notre monde vont se lancer à tes trousses et n’auront de cesse de te retrouver !
– Je pensais être plus malin qu’eux… bougonna le korrigan.
– Je serais toi, je me ferais oublier pendant quelques siècles. Rentre toutes les affaires du dénommé Kerbellec dans la besace, utilise la clé de pouvoir pour te transporter chez lui et remets tout en place. Ensuite, tu reviens ici me confier la besace et la clé de pouvoir. Leur propriétaire légitime va en avoir grand besoin, il faut les lui rendre dans les meilleurs délais.
Ainsi fut fait. Le korrigan s’échina à garnir la besace puis disparut avec elle. Une heure plus tard, il était de retour, morose. Il ne dit pas un mot quand Barnabé tendit la main, mais lui donna la clé de pouvoir et la besace.
Une fois les deux précieux artefacts en main, Barnabé salua le korrigan et retourna à sa voiture. Avec un peu de chance, le double vol n’avait pas encore été signalé.
Il trouva une feuille de papier dans la boîte à gants, griffonna quelques mots dessus et plia la missive. Puis il comprima la besace sur elle-même jusqu’à ce qu’elle ne soit pas plus grande qu’une bourse tenant dans la main. Il y plaça la clé de pouvoir et la lettre, referma le cordon de la bourse et la passa autour du cou de Gwenned.
– Tu sais où tu dois rapporter cet objet, n’est-ce pas ? demanda-t-il à la colombe.
Oui. Je filerai plus vite que le vent. Je n’ose songer aux conséquences si le propriétaire légitime ne récupère pas très vite ses artefacts.
Elle s’envola et disparut dans la nuit.
Barnabé tourna la clé de contact, alluma ses phares.
Bon, je vais pouvoir retourner à mon livre…

Cher Père Noël,

Je viens de retrouver la besace qui vous sert à transporter tous les jouets de la terre, ainsi que la clé de pouvoir qui vous permet d’ouvrir la porte de toutes les habitations dépourvues de cheminées.
Je les confie aux bons soins de Gwenned pour vous les remettre et vous souhaite par avance un joyeux Noël.
Cordialement,
Barnabé

Le Père Noël replia la lettre et écrasa une larme d’émotion.
Brave petit. Quand je pense que je n’avais pas encore remarqué la disparition de mes artefacts… Quel drame cela aurait été si j’avais dû annuler ma tournée…