XXXIII

 

 

    Alors que nous arpentons les couloirs de l’astroport, direction le vaisseau de Snaf Snof, mon regard est attiré par… oh, mes dieux ! À nouveau, j’écarte précipitamment mes compagnons et me jette au sol.

    – Qu’est-ce qui se passe encore, Nomis ? s’exaspère Zavid.

    – Regarde ! que je réponds, pas peu fier de ma nouvelle découverte, que j’exhibe sous son nez.

    – C’est un chiffon troué et plein de cambouis, et alors ?

    Je soupire : le lieutenant Zavid est tellement lente du cerveau, par moments.

    – Et alors ? Imagine que nous débarquions sur une planète qui n’a pas encore accès à la technologie du tissage : grâce à ce chiffon, je serai un dieu pour eux !

    – Oooooooh, comme c’est malin, snif.

    – Complètement barge, murmure Zavid en reprenant son chemin.

    Je l’ai parfaitement entendu mais préfère l’ignorer. Elle fera moins la maligne quand, grâce à ce chiffon, je prendrai le pouvoir sur une planète primitive !

    À la suite de Snaf Snof, nous entrons dans une aire d’arrimage. Je pense que nous n’avons pas tourné au bon endroit car face à nous, il y a un bateau à aube avec une grosse cheminée sur le dessus. Ce n’est qu’à ce moment que j’ai l’idée de vérifier que c’est bien un sol solide qu’il y a sous nos pieds et pas de l’eau. Ouf, c’est le cas. Un souci de moins !

    – On attend la prochaine grande marée pour décoller ? que je demande à Snaf Snof.

    – De quoi parles-tu, snif ?

    – Et bien… c’est un bateau, non ?

    – Un… ? Bien sûr que non, c’est un vaisseau spatial !

    – C’est drôlement bien imité, en tout cas, acquiesce Zavid.

    – Je vais ouvrir la rampe, ne restez pas devant, snif.

    – Pourquoi ? que je demande, interdit.

    Mais Snaf Snof a déjà composé le code d’ouverture de la rampe pendant ce temps, et dès qu’elle s’abaisse, des trombes d’eau s’échappent du vaisseau et m’emportent.

    Je crie mon indignation :

    – Gloub ej… gloub gloub… pouerk… gloub gloub… !

    Le flot des eaux finit par se tarir et je me relève laborieusement en recrachant l’eau avalée par inadvertance. Beurk, elle est salée. Quelques truites gisent au sol à mes côtés.

    – Mais enfin, qu’est-ce qui se passe ? que je finis par demander.

    – L’atmosphère du vaisseau est un peu humide, snif. Ça me rappelle ma planète natale.

    Je jette un œil dans la coursive du vaisseau, en proie à… une averse.

    – Un peu humide ? que je fais, incrédule.

    – Oui, mais ne vous inquiétez pas, tout est prévu, snif.

    Snaf Snof ouvre un placard et en sort une paire de bottes, un pantalon de pluie, un imperméable à capuche et des gants. Tandis qu’il commence à les enfiler, il ajoute :

    – Il y a des tenues de différentes tailles, je suis sûr que vous trouverez ce qu’il vous faut.

    Zavid, aussi perplexe que moi, demande :

    – Tu viens de quelle planète ? Kamino ?

    – Diantre non, snif ! Je finirai par mourir de déshydratation sur une planète aussi sèche !

    – Qu’est-ce que ce serait si tu allais sur Tatooine, que je dis.

    – Je suis issu d’un grand peuple d’explorateurs, nous avons déjà mis le pied sur Tatooine, snif.

    – Et que s’est-il passé ?

    – Disons que mettre le pied sur cette planète n’est pas tout à fait la formulation qui convient. Dès qu’ils ont baissé la rampe de leur vaisseau, toute l’eau à l’intérieur s’est évaporée, ainsi que l’eau de leur corps. Ils sont tombés en poussière en une seconde.

    Pendant cette conversation édifiante, nous sommes entrés dans la coursive. On est bientôt obligé de crier pour se faire entendre sous cette averse qui n’en finit pas. Et soit dit en passant, le poil de minougroar mouillé, ça pue.

    – Y’A PAS MOYEN D’AVOIR UN PEU MOINS DE PLUIE ? hurle Zavid.

    – MOI ÇA ME PARAÎT BIEN, JAI RÉGLÉ LE THERMOSTAT SUR ONDÉE D’ÉTÉ, SNIF.

    – JE SUIS D’ACCORD AVEC ZAVID, CEST QUAND MÊME UN PEU TROP HUMIDE À MON GOÛT !

    – BON, ET COMME ÇA ? demande Snaf Snof en triturant le thermostat.

    La violente averse se transforme en crachin.

    – C’est réglé sur « canicule », explique Snaf.

    – Je crois que tu vas devoir faire mieux, fait Zavid en crissant des dents et en approchant la main de son fouet-laser.

    – Mais je ne peux pas, c’est l’atmosphère la plus sèche qui puisse être réglée à bord.

    – Bon, je suppose qu’il faudra s’en contenter, commente Zavid, aussitôt calmée.

    – Au fait, Snaf, tu appartiens à quelle espèce ? que je demande.

    – Je suis un Rbeton, de la planète Rbetagne.

 

    Okaaaaay…