Épisode 7

 

 

    Bon, Barbatruc est donc un p’tit gars. Mouhahahaha ! J’ai gagné ! Champagne ! Bien joué gamin !

    Parce que bon, avec déjà quatre femmes à la maison – oui, je suis assez psychopathe pour compter la chatte avec –, c’est bien gentil d’avoir un harem mais à un moment, il faut quand même penser à rétablir l’équilibre cosmique de la galaxie à la maison.

    C’est fait, ouf ! Adieu le rose ! Adieu les robes ! Adieu les poupées ! Allez crever, les Monster High ! On va pouvoir passer aux choses sérieuses : pizza bière foot. Quoique peut-être pas tout de suite, à la réflexion.

    En attendant, on peut se consacrer à l’étape suivante, à savoir le prénom.

 

    Pas de fille, ça veut dire pas de prénom de fleur, merci mon dieu ! Donc pas d’Ortie, ni de Ronce, c’est déjà ça de gagné. On peut aussi oublier Brenda, comme la stagiaire blonde aux gros seins (cherchez pas, c’est une de mes amies imaginaires qui s’insère parfois dans certains de mes textes).

    Ce ne sera pas non plus Barbe, un prénom qui eut son succès en Bretagne (peut-être ailleurs en France aussi, mais vu que mes recherches généalogiques se cantonnent à la Bretagne, j’avoue l’ignorer) mais qui ne semble pas super terrible à porter de nos jours.

    Pas de Monique, celle qui rit quand on la… euh… ni de Thérèse, celle qui… bon, OK, j’arrête avec mes running gag de gros beauf.

    Pas de Jacquette non plus (avec probablement Dedévédé comme deuxième prénom), encore moins de Victoire, qui aurait encore accentué mon sentiment de défaite, moi qui voulais un garçon.

    Et surtout, SURTOUT, ça évitera à Madame de l’affubler d’un nom de fleur, ce qui était son dada. Bon, je n’aurais rien contre l’appeler Coquelicot si ça avait un enfant non désiré, mais comme ce n’est pas le cas, on peut oublier.

    Bref, on peut fermer la porte à tout cela. Une bonne chose de faite. On peut donc passer aux choses sérieuses, désormais : les noms de garçons.

 

    Étrangement, j’en avais déjà plein en tête. Prémonition ? Prescience ? Génie incompris ? Difficile à dire.

    En premier lieu, Simon. Parce qu’on a beau dire, ça pèterait, Simon Simon. Ça aurait en plus donné plein de situations marrantes à l’avenir.

    Genre avec la gendarmerie :

    – Vous vous appelez ?

    – Simon Simon.

    – Vous vous foutez de ma gueule ? Ah bah puisque c’est comme ça, je vais vous foutre au cul toutes les prunes possibles et imaginables.

    – Mais m’sieur…

    Chez le docteur :

    – Vous vous appelez ?

    – Simon Simon.

    – Je vois. Vous venez donc me voir pour que je soigne vos bégaiements.

    – Ah mais non, j’ai un rhume.

    – Voyons, nulle honte à avoir d’être bègue, monsieur. D’ailleurs, ça me fait penser à une blague : vous savez avec quoi on ramasse la papaye ?

    – Euh… non.

    – Avec une foufourche ! Arf ! Arf ! Arf !

    Dans n’importe quelle administration française :

    – Votre nom ?

    – Simon.

    – Comme le prénom ?

    – Oui.

    – Votre prénom ?

    – Simon.

    – Comme le nom ?

    – Oui.

    Étrangement, en proposant ce prénom, je me suis vu opposer un veto de Madame. Bon, je dois avouer que le contraire m’aurait surpris.  Et ceci dit, fait véridique cette fois-ci, un de mes ancêtres s’appelait Nicolas Nicolas. Qu’est-ce qu’on peut être con, dans cette famille, et ça n’a pas l’air de dater d’hier…

 

    Sinon, on avait toujours la possibilité de partir sur les prénoms désuets mais qui reviennent parfois à la mode. Les Jean-Louis, les Raymond, les Marcel et tous les autres. Il faut savoir mettre en avant notre glorieux patrimoine. C’est dans cet esprit que j’ai proposé Adolphe, qui s’est vu opposer un violent veto.

    D’autres prénoms claquent pas mal et pourraient poursuivre le Barbatruc toute sa vie, bien sûr, mais sans nul doute dans le bon sens : je pense à Jésus. Ou à Prince (ah non, zut, il vient de prouver qu’il est tout de même mortel, donc moins intéressant). Ou à Parfait. Ce dernier avec comme deuxième prénom Modeste.

    Ou alors on se la joue culturelle. Comme j’ai fait de longues études d’histoire sanctionnées par des diplômes qui… euh… non, rien, pas de diplômes, en fait, on pourrait l’appeler Germain Romain, histoire de rappeler l’antagonisme entre ces deux peuples à l’époque de l’Empire Romain (si, si, souvenirs, c’est dans les livres scol… dans le film « Gladiator »), et qui pourrait être un moyen de les réconcilier symboliquement. Hein ? C’est trop vieux, et en plus on s’en fout ?   Hum… c’est pas faux.

 

    Bon. Les stars gagnant plein plein de pognon, elles pourraient être une source d’inspiration exceptionnelle ! Voyons cela…

    Le fils de Nicholas Cage : Kal-El, soit le vrai prénom de Superman. Y’a pas à dire, ça claque. Et ça irait bien avec mon T-shirt Superman, justement.

    Le fils d’Ashlee Simpson (je la connais pas, celle-là, je dois être devenu has been. Elle est de la famille d’Omer ?) : Bronx Mowgli. Okaaay… je crois que décidément, la coke fait des ravages sur le cerveau des stars. Et que suivre leur exemple n’est peut-être pas exactement l’idée du siècle. Ni de l’année. Ni même de la minute, encore moins de la seconde.

 

    En réalité, Madame s’est vite inquiétée à l’idée de trouver un nom de garçon, vu que ce n’est pas du tout ce qu’elle avait prévu. Elle s’est retrouvée dans la position de quelqu’un en maillot de bain, avec un tuba, des palmes et une bouée petit canard, face au côté le plus escarpé de l’Everest à grimper. En plein hiver et pendant la reine des tempêtes de neige.

    Mais en fin de compte, il nous a fallu en tout et pour tout cinq minutes, dans la voiture et en allant au restaurant, pour tomber d’accord sur le prénom.

 

    Y’a des jours c’est très simple, la vie…