Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption, chapitre XXI
lundi, février 20 2012 | Tel'Ay Mi-Nag 2 : Rédemption
L’heure de l’ultime confrontation entre Dark Omberius et Tel’Ay Mi-Nag va bientôt sonner. Le Skelor investit le palais, à la recherche de son ennemi. De son côté, Omberius fait ses adieux à son apprenti avant de l’envoyer au loin, en sécurité…
Chapitre XXI
– Bien le bonjour, messieurs, fit Tel’Ay en s’inclinant profondément devant les deux immenses Togoriens qui encadraient la non moins grande porte du palais du gouvernement.
Les félinoïdes, engoncés dans leurs uniformes noirs arborant le logo à dominante verte de l’Hégémonie Zabrak, froncèrent les sourcils et gratifièrent le Skelor d’une expression de pur mépris.
– Qu’est-ce que tu veux ? dit l’un d’eux.
– Je suis un voyageur venu de loin, et je me demandais s’il était possible de visiter le palais ?
L’un des Togoriens rit grassement mais l’autre feula :
– Dégage ou je te réduis en cendres !
Tel’Ay arbora un sourire de carnassier.
– À vrai dire, je n’attendais pas une autre répartie de la part d’imbéciles sous-développés de votre genre.
Il s’ouvrit pleinement à la Force, attrapa son sabrolaser et l’alluma. Un moulinet plus tard, les cadavres fumants des Togoriens gisaient vers le perron. Le tout n’avait duré que le temps d’un battement de cil.
Tel’Ay franchit le palier, l’arme à la main. Sur sa gauche, dans une guérite en transparacier à dix mètres de là, un soldat zabrak sursauta en le repérant. Dès qu’il fit mine de se pencher sur sa console, Tel’Ay invoqua la Force : le Zabrak fut projeté en avant par une gifle invisible, qui l’envoya percuter la vitre blindée dans un bruit sourd. Il s’affala lourdement.
Une porte adjacente s’ouvrit et trois gardes en sortirent tranquillement. Tel’Ay se jeta sur eux avant qu’ils n’aient le temps d’évaluer la situation et joua gaillardement du sabrolaser. Des bruits de course se firent entendre derrière la porte et Tel’Ay soupçonna que cette partie du palais était tout bonnement le corps de garde. Il s’y engouffra, décidé à tuer tous ceux qu’il y croiserait.
Un tourbillon de mort s’abattit dans l’aile du palais : Tel’Ay était insaisissable et bougeait trop vite pour être suivi des yeux. Les couloirs étaient relativement larges, mais pas suffisamment pour constituer un avantage pour les ennemis du Skelor. Les gardes rencontrés se gênaient les uns les autres et n’osaient souvent pas tirer dans ces espaces confinés de peur de blesser leurs congénères. Quand enfin ils se rendaient compte que personne n’était capable d’arrêter l’envahisseur, ils se mettaient à tirer dans le tas. Cela importait peu pour Tel’Ay : il renvoyait les tirs ou se faisait un bouclier du corps de ses victimes, sans cesser d’avancer.
De temps à autre, un tir de blaster fusait de derrière lui, et un garde ennemi tombait à chaque fois. Le Skelor n’avait pas besoin de tourner la tête pour savoir qu’il s’agissait d’Anaria, occupée à lui faciliter quelque peu la tâche et à protéger ses arrières.
Totalement immergé dans la Force comme il l’était, Tel’Ay se sentait presque déconnecté de son corps. C’était comme s’il le commandait à distance, se contentant de donner des instructions. Bondir, esquiver, tailler dans le vif, avancer. Comme si le film des événements était déjà écrit et qu’il se bornait à le suivre. En filigrane, il sentait la présence de Dark Omberius qui brillait dans la Force, tel un soleil à son zénith dans un ciel exempt de tout nuage. Et son instinct le guidait sur le chemin qui menait à son ennemi.
Il se posa brièvement la question de savoir si Omberius l’avait lui aussi repéré et la réponse lui parut aussitôt évidente. Omberius ne pouvait ignorer que Tel’Ay était là. La confrontation des deux maîtres du Côté Obscur était inéluctable, et le Skelor sut qu’elle aurait lieu dans très peu de temps.
Le temps est venu, pensa Omberius. Il ne put s’empêcher d’éprouver une légère déception en songeant que deux maîtres Sith allaient bientôt s’affronter à mort : ce genre de pratiques était monnaie courante avant les batailles de Ruusan, et cause de la quasi-extinction des Sith. C’était un retour en arrière, une régression.
Il y avait là une faille intéressante à souligner : la Règle des Deux palliait aux affrontements entre Sith, sauf dans le cadre de la transmission du titre de Seigneur Sith. Sauf que Dark Bane et ses successeurs, à travers les siècles, avaient tout fait pour éradiquer leurs pairs survivants, afin de demeurer les seuls vrais Sith.
Ce faisant, on pouvait dire qu’ils retombaient dans les travers d’antan, affaiblissant le Côté Obscur de la Force en éliminant systématiquement les autres mouvances Sith. Il existait néanmoins une différence essentielle : Bane avait prouvé que son école, son enseignement étaient les plus importants. Ses ennemis Sith et ceux qui allaient suivre au fil des siècles ne valaient pas mieux que des enfants imparfaitement formés. Extrêmement rares avaient été ceux qui représentaient une réelle menace.
Omberius se demanda si son Ordre avait déjà affronté un maître aussi puissant que Mi-Nag. À ses yeux, la réponse était négative. Pour la première fois en six cent ans d’existence, son Ordre était en danger d’extinction. La faute au Skelor, mais aussi la sienne propre. Omberius avait été présomptueux de croire qu’il était prêt à mettre la galaxie à genoux, prêt à éradiquer les Jedi. Les centaines d’années de machination n’avaient pas suffit. L’Ordre Sith devait retourner dans l’ombre pour recommencer à ourdir ses plans.
Pour se racheter à ses propres yeux, Omberius décida que ses agissements avaient été un galop d’essai pour la conquête du pouvoir. Un échec, certes, mais riche d’enseignements. Ses successeurs devraient en tirer les leçons.
Il fit venir un officier droïd et donna des ordres pour faire évacuer en urgence tous les supports, documents et autres artefacts Sith qu’il entreposait dans son palais. Rien ne devait tomber aux mains de l’ennemi. Heureusement, la plus grande partie de ses richesses, de son héritage étaient cachés dans un endroit connu de lui seul. Ne restait plus qu’un détail à régler, et pas des moindres : faire ses adieux à son apprenti, qui risquait de se retrouver seul et d’avoir sur les épaules le poids de la renaissance des Sith. Car de l’affrontement qui se profilait avec le Skelor Sith, Omberius n’était pas sûr de sortir vivant. Son ego passant après ses devoirs, il devait prendre toutes ses précautions afin que sa lignée ne s’arrête pas avec lui.
Détruire les droïds et les mercenaires qui se dressaient sur son chemin était d’une facilité déconcertante pour Tel’Ay. Bien qu’il puisât allègrement dans la Force, sa puissance ne déclinait pas : le Gant de Vèntorqis émettait comme une résonance dans la Force et semblait restaurer sa puissance au fur et à mesure qu’il l’utilisait. C’était dangereusement grisant et Tel’Ay avait fort affaire pour garder le contrôle des pouvoirs qui l’envahissaient. À côté de cela, exterminer les gardes ne lui demandait aucun effort : il s’en remettait à son instinct, suffisant pour lui dire quand esquiver les tirs, bondir au milieu d’un groupe de soldats pour les mettre en pièces. Rien ne pouvait l’arrêter.
Tel’Ay mit en fuite les survivants de la dernière équipe ayant tenté de l’attaquer. Il sauta par-dessus les cadavres fumants et courut après les gardes. Quand ils franchirent un coude du couloir, Tel’Ay s’arrêta brusquement, averti par la Force qu’un danger sérieux menaçait.
Un coup d’œil jeté par-dessus son épaule lui montra Anaria qui déboulait, toujours occupée à veiller sur ses arrières. Il lui signe de tenir sa position et ferma les yeux. La Force afflua en lui et il devint partie intégrante de cette partie du palais, capable de visualiser sa position, ainsi que celle de ses ennemis les plus proches.
Le coude du couloir menait sur un corridor autrement plus large, qui lui-même conduisait à une porte gigantesque. Deux battants de deux mètres de large sur cinq de haut. Le danger se trouvait devant cette porte : un canon-laser portatif pointé sur le couloir. Si Tel’Ay avait fait deux pas de plus, il n’était pas certain qu’il aurait eu suffisamment de réflexes pour esquiver la puissance d’un tel tir. Mais connaître le danger changeait la donne.
Dark Omberius se tenait debout, immobile, la partie supérieure du visage cachée par le capuchon de sa cape rabattu sur ses yeux. Il émanait de lui une sérénité et une puissance qui donnaient presque des frissons au Duro Verinis. Il se sentait si inférieur à son maître. Les leçons distillées par l’holocron de Dark Bane avaient ouvert en grand les portes de la connaissance menant à la maîtrise du Côté Obscur de la Force. Verinis ne serait plus jamais le même : il avait pris conscience de son potentiel et des perspectives vertigineuses qu’il pouvait lui offrir.
Avant qu’il ne soit amené à Dark Omberius, sa vie avait été pitoyable. Il était différent de ses congénères, depuis le plus loin qu’il puisse se souvenir. Cette différence avait fait de lui un paria, car il utilisait de manière instinctive la Force, sans jamais avoir appris à la canaliser et à la ployer à ses désirs. D’une nature apeurée, il avait été molesté plus d’une fois dans sa jeunesse par de jeunes caïds. Jusqu’à ce que l’un d’eux s’écroule un jour mort à ses pieds, une main sur le cœur. Au plus fort des coups qu’il prenait, il avait justement prié pour que le cœur de son persécuteur lâche.
En deux autres occasions par la suite, des pensées vengeresses avaient conduit au même résultat. Mais il ne maîtrisait pas ce pouvoir mortel. Si ça a avait été le cas, ce ne sont pas trois cadavres qu’il aurait laissé derrière lui mais des dizaines. À quoi bon avoir un don si on ne savait pas l’exploiter ? À rien, surtout quand les essais tâtonnants ne donnaient rien pour le contrôler.
Un jour, sur Duro, Verinis s’était réveillé avec le sentiment d’un danger latent planant au-dessus de sa tête. Cette sensation l’avait accompagnée toute la journée, jusqu’à ce que l’immeuble dans lequel il résidait subisse une explosion due à une conduite de gaz défectueuse. Vingt-sept personnes étaient mortes ce jour-là. Un être fut retrouvé indemne parmi les décombres : Verinis.
Comme tout un chacun, il arrivait à Verinis d’être de mauvaise humeur, voire franchement imbuvable. Il avait remarqué en plusieurs occasions que dans cet état d’esprit, il semblait diffuser une sorte de malaise autour de lui, comme si ceux qui l’entouraient lisaient son humeur et semblaient désireux de s’en détourner le plus vite possible.
Il n’avait été qu’un gamin, dont le potentiel aurait pu ne jamais être décelé ni exploité. Et voilà qu’aujourd’hui, il se retrouvait apprenti Sith du seigneur Dark Omberius, héritier d’une longue lignée de maîtres dont la vie était dédiée au Côté Obscur de la Force. Il était fier. Et inquiet. Et rassuré.
Fier que Dark Omberius l’ait considéré assez puissant pour devenir potentiellement son successeur. Même s’il avait la lucidité de se rendre compte qu’il n’était sans doute qu’un choix par défaut.
Inquiet de voir les droïds de son maître empaqueter les possessions précieuses d’Omberius, son héritage de Sith, leur héritage. Comme si la fin était imminente, qu’une catastrophe se préparait.
Rassuré de voir Omberius si serein, tellement en phase avec la Force qui tourbillonnait autour de lui. Verinis était comme un primitif face à l’incarnation de sa déité : empli de crainte et de fierté.
Les lèvres d’Omberius bougèrent.
– Verinis.
– Oui, mon maître ? s’empressa de répondre le Duro en mettant un genou à terre, comme le lui avait appris l’holocron de Dark Bane, très à cheval sur la discipline.
– Comme tu peux le voir, notre trésor Sith est en train d’être évacué. Son joyau va l’être en même temps.
– Le joyau de notre trésor, maître ? demanda Verinis, sans comprendre.
– Oui. Toi.
Verinis ne put masquer sa consternation, provoquant la fureur de son maître.
– Ôte immédiatement cet air stupide de ton visage. Tu es un seigneur Sith !
– Oui, maître, fit Verinis, confus.
– Et relève la tête, tu es mon apprenti ! De grands changements risquent de se profiler à l’horizon.
– Sont-ils liés à cette grande puissance dans la Force que je détecte non loin d’ici et qui semble se rapprocher ?
– En effet, mon apprenti. Écoute-moi attentivement car nous n’avons pas beaucoup de temps. Le but des Sith est de prendre le contrôle de la galaxie, de faire tomber la République et d’éradiquer les Jedi, nos ennemis mortels. Voilà ce qui est important, voilà vers quoi tes efforts doivent tendre. C’est la ligne de conduite que j’ai suivi toute ma vie, en m’appuyant sur l’enseignement et les expériences de mes maîtres. J’ai complètement échoué dans ma tâche.
– Maître ?
– Tu ne dois pas commettre les mêmes erreurs que moi, mon apprenti. Tu vas retourner à la clandestinité la plus totale. J’ai commis une erreur en dévoilant notre existence. Je pensais que nous étions prêts à prendre notre revanche. Je me trompais.
– Me… cacher ? Mais que deviennent nos plans de conquête de la galaxie ?
– Depuis Dark Bane, nous avons passé des centaines d’années dans l’ombre de l’ombre, à ourdir nos plans. Patiemment. J’ai été présomptueux en pensant que le moment était venu de sortir de l’ombre. Nous n’étions pas prêts.
– Où avez-vous échoué, maître ?
– En plus de notre philosophie, tu devras apprendre à développer tes pouvoirs, Verinis. Un seigneur Sith a la puissance d’un maître du Côté Obscur. C’est un pouvoir qui s’acquiert avec le temps et l’entraînement, et je ne doute pas que tu l’obtiennes quand le moment sera venu. Mais cela ne saurait suffire : je suis bien plus puissant que toi et j’ai mis en branle des machinations alambiquées dont les graines ont été plantées par mes prédécesseurs depuis des centaines d’années. Pourtant, ça n’a pas suffit.
– Que faut-il de plus pour réussir ?
– Méfie-toi de l’orgueil, Verinis. Le mien pourrait être la cause de ma chute. Plutôt que de continuer à mettre en place les plans de notre ordre, je me suis détourné de notre mission. J’ai décrété que nous étions les seuls vrais Sith, et que les quelques écoles qui existent encore et se réclament de cette obédience devaient disparaître. Ainsi, j’ai cru avoir éradiqué l’an dernier la Confrérie Sith de Maal Taniet, mais je me trompais : la puissance dans la Force que tu ressens est celle de leur dernier maître, Tel’Ay Mi-Nag. Il sait que je suis son ennemi, et lui comme moi avons conscience que l’un d’entre nous sera mort avant la fin de cette journée.
– Vous ne pouvez pas mourir, maître !
- Cesse de dire des inepties, mon jeune apprenti. Le moment est venu de nous dire adieu. Tu vas suivre les droîds : ils ont ordre de t’emmener sur Korriban, qui est un bastion de notre pouvoir. De là, si je ne reviens pas, tu prendras le relais en tant que seigneur noir de la Sith. À travers toi, mes rêves et ceux de mes maîtres vivront.
Verinis sentit la peur l’envahir : sur le seuil de la porte qui menait à des connaissances infinies, voilà que son maître risquait de lui faire défaut.
– Que la Force soit ta servante, Verinis.
Omberius sembla hésiter, avant d’extirper un holocron d’une poche de sa cape.
– Ceci est mon holocron personnel. Il contient toutes mes réflexions sur la Force, la guerre, tout ce que j’ai édifié dans ma vie. Il te sera très utile pour ne pas reproduire les mêmes erreurs que moi. Si je reviens sur Korriban, je le récupérerai. Sinon, il deviendra ta propriété. Va, maintenant. L’ombre de la mort s’étend sur ces lieux.
– Maître, je ne sais pas quoi dire. Je…
– Va, j’ai dit !
– Oui, maître, répondit précipitamment Verinis, en espérant que les larmes qui lui perlaient aux paupières ne se voyaient pas.
Il se fendit d’un profond salut et tourna les talons.
Ce point capital réglé, Dark Omberius reporta son attention sur la grande porte en bois, hermétiquement fermée. Au-delà de cette porte s’étendait la salle du trône, avec ses larges colonnes de pierres. L’endroit parfait pour une embuscade et de ce fait, des dizaines de gardes s’y trouvaient, la main sur la gâchette. Même si Omberius doutait forcément que ce fut suffisant pour arrêter son ennemi skelor. Au bout de la salle du trône, une porte jumelle à la première : Omberius sentait la présence de Mi-Nag s’en rapprocher.
Omberius ferma les yeux et inspira profondément. Il laissa son esprit dériver dans les courants de la Force, grappillant de-ci de-là quelques parcelles de pouvoir. S’il ignorait être capable ou non d’abattre Tel’Ay Mi-Nag, il comptait bien l’affronter avec toute sa force.
Drapé dans la colère, la frustration et la haine, Omberius laissa ces sentiments tourbillonner en lui et gagner peu à peu en importance. Il arbora un sourire carnassier.
Viens, chien de Skelor, viens ! Je suis Dark Omberius, je ne te crains pas !
Gründer Valarian, mercenaire de son état, était adossé à l’un des piliers de la salle du trône. Il essuya sa main moite sur son pantalon et se maudit d’avoir oublié ses gants. Puis il remet le doigt sur la gâchette de son fusil-blaster.
Il vit autour de lui les autres mercenaires. Comme lui, chacun d’eux était protégé par un pilier. Il scruta la grande porte à double battant qui lui faisait face. Quand Ovelar Nantelek, le maître de l’Hégémonie Zabrak, l’avait franchie quelques minutes plus tôt, il avait ordonné aux mercenaires de tenir leur position et d’annihiler toute force ennemie qui pénétrerai dans la salle du trône.
À la question du chef de Valarian portant sur les effectifs de l’assaillant, Nantelek avait provoqué la stupéfaction des mercenaires en leur apprenant que les envahisseurs étaient au nombre de deux. En bons professionnels, aucun des guerriers n’avait moufté. Les informations distillées par Nantelek avaient expliqué beaucoup de choses : en plus d’une Wookiee, l’autre assaillant, Skelor de naissance, était un maître de la Force.
Gründer avait suffisamment bourlingué pour être au fait de la puissance qu’était capables de déployer les Jedi et leur mystérieuse Force. Et Nantelek avait assuré que le Skelor en question était plus dangereux qu’un Jedi, qu’il usait de ses pouvoirs pour tuer sans pitié.
Les mercenaires ne le sous-estimeraient pas, c’était certain.
Gründer passa une main sur son front ruisselant de sueur. Dans l’urgence, il n’avait pas eu le temps d’appliquer sur sa peau la crème spéciale qui l’empêchait de transpirer. Il n’était pas dans les meilleures conditions pour combattre et cela le contrariait.
Il quitta la porte des yeux et regarda l’autre porte, jumelle de la première, et par laquelle l’ennemi était censé arrivé. Les Jedi étaient puissants. Mais la compagnie de mercenaires aussi. Gründer savait que ses compagnons postés de l’autre côté avaient pour eux le nombre, ainsi qu’un canon-blaster portatif. Il ne voyait pas comment quiconque, même un maître de la Force, pourrait bien passer ce barrage mortel.
Son cœur battit plus fort quand les premiers tirs se firent entendre, au-delà de la porte. Une déflagration bien plus importante que les autres lui indiquèrent que le canon-blaster venait d’entrer en action. Un coup. Deux. Trois. Une explosion se fit entendre, suivie d’un effroyable bruit de tôles qui s’entrechoquaient.
Gründer Valarian ne parvenait pas à détacher son attention de la porte. S’il l’avait pu, il aurait remarqué que tous ses congénères faisaient de même, fascinés et extrapolant sur les événements invisibles à leurs yeux.
La porte tressauta dans ses gonds, comme attaquée par un bélier géant. Le bruit du choc déchira l’air. Les mercenaires s’agrippèrent à leurs armes. Un deuxième choc, tout aussi puissant, peut-être plus. Cette fois, des fissures apparurent au niveau des gonds, et un léger nuage de poussière s’éleva.
Quelques mercenaires, dont Gründer, mirent un genou à terre, prêt à tirer. Il déglutit : quel bélier gigantesque pouvait ainsi ébranler la porte ?
Au troisième choc, la porte commença à céder. Des panneaux de bois s’en détachèrent et tombèrent au sol. S’en suivit un moment de silence qui ne fit qu’ajouter à la nervosité des mercenaires. Puis l’apocalypse se déchaîna.
La porte explosa sur le dernier coup de boutoir, plus formidable encore que les autres, et Gründer vit avec stupéfaction le canon-blaster portatif traverser la porte. Il volait ! Lancé à pleine vitesse, il pulvérisa sur son passage plusieurs piliers de la salle du trône – avec les mercenaires réfugiés derrière – et alla s’écraser contre le mur en vis-à-vis.
Gründer tira, et l’air fut aussitôt saturé d’un nuage d’ozone et de fumée. Tous les mercenaires faisaient feu, conscients que s’ils ne touchaient pas leur cible dès le début, ils seraient éliminés les uns après les autres. Ils n’auraient qu’une seule chance de l’emporter.
Gründer comprit vite que lui et les siens ne feraient pas le poids. Le Skelor esquivait ou renvoyait tous les tirs avec une facilité déconcertante. Comme cela lui était aussi facile que de respirer. Une crainte superstitieuse envahit Gründer Valarian, qui envisagea pour la première fois de sa carrière d’adopter la stratégie de survie la plus méprisable qu’il connaissait et exécrait : se rendre. Cette idée avait à peine jailli dans son esprit qu’il se méprisa et éprouva une bouffée de haine et de rage envers ce Skelor, qui osait lui faire connaître une telle humiliation.
Il lâcha son fusil-blaster et s’empara de ses deux blasters de poing. Abandonnant la protection du pilier, il arrosa le Skelor d’un tir nourri. Bien qu’imprécis, le nombre de tirs pouvait finir par toucher sa cible. Et mieux valait mourir debout que de se rendre tel un faible.
Plongé dans la Force comme il l’était, Tel’Ay ressentait tout un maelström de pensées émanant des mercenaires. Il se nourrissait de leur peur, d’autant plus facilement qu’elle augmentait au fur et à mesure qu’il avançait, lentement mais sûrement. Le temps de se cacher était révolu. Tel’Ay sentait distinctement la présence dans la Force de Dark Omberius, derrière la porte qui lui faisait face. Ne restait qu’à éliminer les mercenaires, qui semblaient décidés à se battre jusqu’à la mort.
Tant pis pour eux. Ils ne sont rien.
Tel’Ay avait ouvert son esprit en grand pour mieux anticiper les gestes de ses ennemis. Cette stratégie faillit causer sa perte quand l’un des mercenaires surgit de derrière son pilier, un blaster dans chaque main. L’homme tira salve sur salve, et l’esprit de Tel’Ay reçut la haine qui émanait de l’être de plein fouet, comme une gifle mentale. Sa concentration en fut affectée quelques dixièmes de secondes.
Pendant ce très court instant, le temps parut ralentir autour de Tel’Ay. Pas comme d’habitude, où seuls ses adversaires semblaient se mouvoir lentement tandis que lui conservait sa vitesse normale. Mais un moment où lui-même bougeait lentement, son esprit étant toujours capable d’anticiper les événements mais son corps non.
Il vit distinctement le double tir qui allait venir à bout de ses défenses. Il porta la lame pourpre du sabrolaser de Dark Glaro en opposition au premier tir. Il sut que le timing serait bon et de fait, il parvint à détourner le tir. Mais celui qui suivait arrivait trop rapidement. Dès le départ, Tel’Ay avait su qu’il n’aurait pas le temps de le parer. D’un mouvement de poignet qu’il espérait suffisant, il plaça la garde du sabrolaser sur la trajectoire du tir et la lâcha.
Sa main ne s’était éloignée que de cinq centimètres à peine quand le sabrolaser fut touché. Dans un effort désespéré, Tel’Ay concentra la Force autour de sa main pour la protéger d’un bouclier, et autour du sabrolaser pour renforcer sa résistance.
Une onde de puissance émanant du Gant de Vèntorqis enveloppa la main du Skelor et le sabrolaser qui commençait à se disjoindre. Parmi les morceaux, Tel’Ay distingua le cristal synthétique du sabrolaser, de couleur rouge. Le cristal fut entaillé par le tir et se fissura.
Tel’Ay sentit pourtant l’emprise du Gant de Vèntorqis se faire sentir. Les morceaux du sabrolaser se rapprochèrent à nouveau les uns des autres et ils ne firent bientôt plus qu’un. De l’artefact Sith, des vagues d’énergie continuèrent à jaillir pour maintenir l’intégrité du sabrolaser, avec plus ou moins de réussite : la lame pourpre était désormais zébrée d’éclairs bleuâtres, signe indubitable de surcharge. Contre toute attente, il semblait pourtant fonctionnel, comme Tel’Ay s’en assura dans les secondes qui suivirent.
Il abandonna son attaque de front et se réfugia à son tour derrière un pilier. Indifférent aux tirs de blaster qui s’abattaient sur sa protection de pierre finement ciselée, il scruta avec attention le sabrolaser. Il n’aima pas la conclusion de sa rapide analyse : selon lui, si le Gant de Vèntorqis relâchait son emprise sur l’arme, le sabrolaser exploserait, tout bonnement. En attendant, estimant qu’il pouvait encore servir, il le lança à travers la salle du trône. Ayant conscience de la position de tous ses ennemis, ce fut un jeu d’enfant pour lui de faire filer le sabrolaser sur chacun des mercenaires, tour à tour. Des mercenaires étaient certes efficaces contre des menaces qu’ils pouvaient comprendre, appréhender. Mais face à l’imprévisibilité d’un sabrolaser dirigé par télékinésie, ils étaient aussi démunis que des enfants. Pas un ne survécut.
Quand Gründer Valarian vit le sabrolaser rouge zébré de minuscules flammèches bleues se jeter sur lui, il perdit toute sa volonté combative. Il se colla à son pilier en priant les dieux auxquels il ne croyait pas. Pas un ne l’écouta. Le sabrolaser trancha le pilier et la tête du mercenaire avec la plus grande facilité.
Tel’Ay récupéra le sabrolaser et s’avança vers la porte de bois. Il ignora les grognements d’Anaria. les entendit-il, d’ailleurs ? Rien n’était moins sûr. La présence de Dark Omberius, toute proche, brûlait son âme. Son destin se trouvait derrière la porte.
Tel’Ay entendit le bruit des verrous de la porte. Celle-ci ne tarda pas à s’ouvrir sous l’impulsion mentale de Dark Omberius. Le seigneur autoproclamé des Sith faisait face à son ennemi. Nulle peur ou contrariété en lui, juste de la détermination.